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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 14:16

En déambulant dans les rues de Lille, une vitrine m’a clairement attiré l’œil. La mode est au vintage dit-on. Et il n’y a pas que les magasins de vêtements qui semblent faire leur meilleur soupe dans de vieux pots. Observez plutôt :

 

 

Sylvan 2

La vitrine de Sylvain

 

 

Sylvan

En gros plan

 

Les néophytes ne verront assurément pas l’intérêt d’un tel cliché : des livres, parfaitement ordonnés, dans une étagère, au fond d’un salon studieux qui fleure bon l’effort intellectuel. Mais les habitués des salles de classe, spécialisée en Lettres auront noté un hic : tous ces beaux livres datent. Et datent beaucoup : Parcours méthodiques, Lettres Vives, Texto – Le français en séquence, Grammaire & Expression… Tous ces ouvrages ont vécu leur temps puisqu’ils datent de… 1997 ! 13 ans ! Si bien que pas moins de deux refontes des programmes sont intervenus entre temps ! Deux réformes, sans que cette boutique de soutien scolaire ne modifie ses supports pédagogiques. Etonnante démarche, de la part d’un commercial qui prétend apporter méthodes et rigueur aux élèves en difficulté.

Rajoutons à cela que l’expertise humaine est-elle aussi sujette à caution : les intervenants étant payés 14 euros brut de l’heure, soit 2,5 fois moins qu’une heure supplémentaire payée par l’Education Nationale, les candidats certifiés (détenteurs d’un CAPES) ou les agrégés (qui eux sont payés 4 fois plus en heures supplémentaires) ne se bousculent pas au portillon de ces aides scolaires.

acadomia2Aussi quand ces derniers entendent pallier ce que les carences que l’école s’évertue prétendument à démultiplier, osons dénoncer le vice caché. Ne nous étendons pas outre mesure sur la banderole brandie par le leader du marché, Acadomia, qui ose proposer le remboursement aux lycéens en Terminale qui ne seraient pas devenus bacheliers à l’issue de l’année. « BAC satisfait ou remboursé ». Avec un taux nationale de réussite au Bac aux alentours de 86%, et des mentions à la pèle, sans compter ceux qui parviennent à dépasser la moyenne exorbitante de 20/20 (sic) par le jeu des options, l’opération marketing a de longs jours devant elle.

 

Il faut dire que le sujet est sensible. A l’heure où l’on rabote sévèrement le budget des Français, en prétendant penser aux pauvres quand on supprime l’avantage fiscal des jeunes mariés, il est étonnant que le Gouvernement se refuse à revenir sur la niche fiscale que représente ces soutiens scolaires : 50% des heures payées bénéficient réduction fiscale pour un coût total à la Nation de 300 millions d’ euros… quand le budget de l’Education Nationale représente déjà 23¨% du budget, ce qui en fait devant la dette le premier pôle de dépense ! Certains ont bien essayé de s’attaquer au phénomène : Fin 2009, pendant l’exa men de la loi de finances pour 2010, le député UMP Lionel Tardy déposait un amendement visant à supprimer ce crédit d’impôt, rappelant que l’aide fiscale avait raté son but comme l’explique parfaitement Pierrick Prévert, militant à CAP21 : « cette aide fiscale a complètement raté son but : elle n’a ni favorisé l’accès au soutien scolaire à domicile, ni amélioré la qualité de l’offre — on le voit encore aujourd’hui — ni baissé le coût de l’aide scolaire.

Bien au contraire cette niche fiscale (…) a permis à des familles n’en ayant pas réellement le besoin de bénéficier d’un coup de pouce et aux sociétés privées d’augmenter leurs tarifs et d’étouffer les offres des organismes à but non lucratif. »

Laurent WAUQUIEZ Christine LAGARDEPour autant l’amendement, d’abord voté, a finalement été rejeté, les lobbys de soutiens scolaires pouvant compter sur d’autres soutiens de poids, cette fois-ci : Christine Lagarde, Ministre de L’Economie, de L’Industrie et de l’Emploi, et Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l'Emploi auprès de première citée au nom du développement du service à la personne afin d’endiguer le chômage… Service à la personne qui a bond dos, puisqu’à défaut d’enseignants motivés par la faible rémunération (non déduite, en outre, des impôts, elle !), ce sont des étudiants en Licence qui jouent au professeur à domicile… main d’œuvre non comptabilisée parmi les actifs et donc qui n’influent en rien les chiffres du chômage… Tout juste, le plafond des déductions fiscales a-t-il été ramené de 20000 ( !!!!!!!!) à 3000 euros par an. Par de quoi modifier la donne ou cesser la faillite des caisses de l’Etat.

 

cnilCe cadeau fait aux enseignes de soutien scolaire est d’autant plus paradoxal à l’aune des propos tenus par Luc Châtel lors de son discours de rentrée 2010, qui scandait que l’objectif principal de l’Education Nationale était de s’adapter aux élèves et de résorber les difficultés scolaires : « Mais, précisément, dans cette société de la connaissance, nous avons besoin d’une École qui soit en mesure d’évoluer, d’innover, d’expérimenter pour mieux répondre à sa mission : assurer la réussite de chaque élève. D’une École capable de s’adapter en permanence aux besoins des élèves qui lui sont confiés. Car, si j’ai une conviction, c’est que notre École a moins besoin de "grand soir" que de petits matins quotidiens. » Il avait oublié de préciser que ce n’était pas les accompagnements éducatifs mis en place qui allaient parvenir à l’objectif mais que l’Education Nationale allaient sous-traiter l’affaire par des entreprises privées… Reste à savoir si les enseigne de soutien scolaire serviront des croissants les petits matins quotidiens… Avec la certitude toutefois de ne pas avoir de "grand soir"… et pour cause : les professeurs sont en réalité des étudiants !

 

Toujours plus surprenant, quand on sait en outre, que la CNIL a récemment mis en exergue des pratiques qui se sont révélées être en totale contradiction avec l’éthique, la morale et la pédagogie, comme ce rapport suite à une enquête sur les dossiers « élèves » tenus par Acadomia qui relève « de(s) milliers de commentaires excessifs, voire injurieux, tels que 'gros con', 'cancer du poumon tant mérité' ou encore 'élève retourné en prison'", précise la CNIL. La Commission a pu aussi lire des expressions comme "mère salope", "gros crétin", "saloperie de gamin" ou "Parisien frustré", "sent le tabac et la cave". Sans occulter les informations à caractère intime sur la santé des clients tels que : "hospitalisé en urgence pour une tumeur cancéreuse au cerveau de grade 3".

 

acadomiaNon respect de la personne, de son intimité, de son intégrité, méthodes archaïques dispensées par un personnel non formé et mal payé, publicité outrageuse et outrancière, enrichissement sur le dos des contribuables…

 

Et pourtant le soutien scolaire continue de fleurir et d’avoir pignon sur rue.

C’est à se demander si Profadom, Sylvan ou Acadomia n’ont pas raté leur vocation : à défaut du soutien scolaire, n’auraient-ils pas mieux fait de se faire baptiser « soutien financier » ?

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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 15:18

C dans l’air, c’est une émission de référence. Celle qui chaque jour, même pendant la trêve estivale commente l’actualité. Inlassablement, tout y est décortiqué, de reportages en commentaires d’experts. On pourra toujours contester la notion d’experts, qui avec arrogance, s’arrogent les pleins pouvoirs de la vérité qui doit être dite (sans oublier ceux qui cèdent à la caricature du débat pavlovien comme Askolovitch et Ménard tous les matins sur ITélé), force est de constater que les invités d’Yves Calvi, malgré leur aplomb qui manque assurément de chleuasme et de modestie, savent de quoi ils parlent. Aussi, à l’énoncé des invités du plateau d’aujourd’hui, personne ne fut étonné de retrouver ces têtes bien connues.

Raphaëlle Bacqué, journaliste au Monde, auteur notamment de La Femme fatale et de L’Enfer de Matignon, Dominique Reynié, politologue, professeur à Sciences Po. Paris, et Pascal Perrineau, politologue, Directeur du Centre de Recherche Politique de Sciences Po… Du lourd. Très lourd même. Mais, facétieux, Yves Calvi a décidé de jouer avec les téléspectateurs. Au jeu des 7 erreurs. Ici dans un casting aussi restreint, il n’y en avait une… mais de taille !

 

 

 

Mais en quelle qualité le tout fraichement et contesté réélu Benjamin Lancar a-t-il été invité dans une émission censée évoquer un remaniement ministériel ? Quelle crédibilité a-t-il de pouvoir, à lui seul, représenter l’avocat de la défense dans une émission globalement à charge sur le climat qui règne sur le Gouvernement et la Droite en général ? S’était-il déjà exprimé sur le thème, de manière notable et singulière, sur le sujet, au point d’en faire un invité authentique dont les remarques s’avèreraient à coups surs fructueuses et riches d’enseignement ? En d’autres termes, Calvi a-t-il fait un coup ou bien a-t-il pallié sur le tard l’absence un invité d’une tout autre pointure qui se serait défaussé à la toute dernière minute ?

Autant de questions que les premiers mots de Lancar suffisent à justifier :

 

 

 

Erreur de casting, Monsieur Calvi ; et Lancar, qui aurait pu voir en cette l’occasion de se faire connaître auprès du grand public, et de placer des pions pour les années à venir (en tous cas pour ceux qui ne savaient rien, de ses casseroles, qu’elles soient de Seignosse ou de la république bananière qu’il a instauré chez les Jeunes Pop), s’est lamentablement torpillé, tout au long de l’émission. Preuve s’il en fallait qu’il n’avait pas compris l’enjeu d’une telle invitation :

 

 

  Lancar excelle dans l’attentat suicide raté, de ceux qui ont vocation à faire des victimes mais qui au fond ne tuent que le bourreau… Et aucune arme ne lui fait peur, pas même la mauvaise foi, à moins que ce ne soit de la naïveté la plus confondante.

 

 

 

Cette contre-attaque sur la Gauche est pathétique : qu’il s’attaque à la déclaration de Bartolone faite ce week-end est de bonne guerre. Mais c’était à lui de montrer, à partir de cet exemple que tous les partis connaissent quelques querelles intestines… Las, Lancar tombe lui-même dans son propre piège. Le djihadiste se fait exploser en espérant toucher l’ennemi… Il n’en effleure pas l’ombre un, se laissant seul, défiguré, à affirmer, avec une force qui inspire le respect venant d’un agonisant, qu’il n’y a aucune tension à l’UMP !

 

AUCUNE TENSION A L'UMP? Copé regrettant à tous les micros que Xavier Bertrand ait réduit l’Université de rentrée de l’UMP çà une peau de chagrin, c’est-à-dire une journée, alors qu’à la Rochelle le PS se payait le luxe « d’insulter» la majorité présidentielle pendant trois jours pour reprendre ses termes, Bertrand qui lui-même taxe Copé de « snipper » à mots à peine couverts, les députés de l’UMP qui grognent ouvertement… contre l’ouverture à gauche, puis plus gravement contre les dérives populistes sur le Roms, Morin qui tacle sur le même sujet en lisant le SMS d’un de ses collègues magrébin remerciant les Roms d’avoir pris le flambeau du « bouc émissaire »,  Madame Bachelot qui déclare être pour l’ouverture de « salle de shoot »… avant d’être sévèrement contredite par François Fillon lui-même quelques heures plus tard, sans oublier les frasques incalculables de Rama Yade qui ne doit son maintien qu’à une popularité devenu rare chez les Ministres et dont ne peut se passer un Président aussi dépourvu…

 

Faut-il encore multiplier les exemples jusqu’à l’indigestion pour montrer à quel point Benjamin Lancar est de mauvaise foi, aveugle ou carrément rendu stupide par son idolâtrie ? Les autres invités sourient, gênés de tant de gaucherie. Même les mineurs coupés du bout du monde au Chili depuis des semaines savent qu’il y a des tensions à l’UMP… Un sourd l’aurait entendu, un aveugle l’aurait vu, Lancar n’a ni vu ni entendu… Au royaume des aveugles, Lancar est le Roi… à moins que ce ne soit au Royaume des menteurs…

Nous parlions d’idolâtrie, et pour cause : non content de signaler lui-même l’erreur de casting, Lancar, qui n’a pas froid aux yeux, décide alors de jouer sa carte fond. 1 euro dans le jukebox, et la musique est lancée :

 

 

 

 

Pieux et fidèle, Frère Lancar nous témoigne de son illumination, et parle de sa foi. En pèlerin, il tente de convertir des spectateurs médusés par un tel hors-sujet, sachant que la question concernait Fillon et son départ probable… Dieu est amour… Et Sarkozy rend aveugle…

En bref, cette première sortie de qualité à la télévision, après déjà un passage remarqué sur Europe 1, est un raté monumental. Cet épisode aurait pu être anodin, et, à dire vrai, tomber dans les oubliettes aussitôt tourné… Rien qui ne vaille, a priori d’être noté. Rien qui ne vaille d’être commenté. Rien, non, rien de rien à retenir de cette pantalonnade qui montre l’incompétence du bonhomme. Tout juste un beau document à diffuser aux Enfants de la télé, le jour où il sera contraint et forcé de se reconvertir en comique ou en comédien…

Mais l’invitation de Calvi a de quoi déranger : pourquoi mettre en lumière ce président des Jeunes Pop, quand ceux des autres partis et Mouvement n’ont jamais eu cet honneur ? A moins que le présentateur n’ait voulu glissé une peau de banane à cet imposteur, auquel cas la tentative est une réussite. Enfin et surtout, cela revient à relativiser la notion d’experts et d’invités qui s’octroient un laissez-passer sur tous les plateaux de télévision pour, paraît-il, informer le spectateur, mais dont la participation ne consiste souvent qu’en une intoxication pure et simple. Qui leur attribue cette vocation d’ « expert » ? Parlent t-ils au nom de la vérité ou au nom de leur paroisse ? Font-ils acte d’analyse ou d’instrumentalisation ? Ont-ils à cœur d’informer le spectateur, de l’éclairer sous un certain jour ou de vendre leur dernier opus à tous prix ?

Aujourd’hui, le tour était trop gros et grossier. Mais qu’en est-il quand, plus fin et assurément plus habile, l’invité peut distiller des messages et des idées autrement plus pernicieux ? C’est-à-dire quand la rhétorique détraque la belle mécanique des idées ?

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 22:13

Le Peuple avait de quoi s’inquiéter. Ces coups de semonces furent une révélation, comme celle que connurent Adam et Eve en leur temps : atteint de cécité, il ouvrit enfin les yeux, et remarqua qu’aucun déplacement de sa Majesté ne s’effectuait sans une bunkerisation d’un périmètre acceptable pour que la contestation fût contenue. A coup de gaz et de matraques. Car décidément, le Roi n’admettait pas en ses terres la contestation. Que le premier qui jette la pierre soit arrêté. Les impudents qui proféraient la moindre insultes subirent le même sort. Et il en fut ainsi. Telle fut la volonté du Roi et ce que le Roi voulut, le roi l’obtint.

Roms3La Révélation étant faite, il était temps d’agir. Au plus vite. Bien qu’ayant mis une de ses favorites aux Sceaux, la Justice échappait encore à son irrésistible envie de pouvoir. Il lui fallait trancher. Net. Aussi, demanda-t-il à son commis, à l’humour auvergnat selon ses proches, de jeter l’opprobre sur les Juges, trop cléments, et dont la mansuétude faisait enrager le Peuple contre son innocente Majesté. Il fut diligenté pour dénoncer les remises de peine et les mises en liberté trop systématiques des récidivistes pour flatter désespoir populaire. Dans le même temps, on s’assura de ses amitiés en répondant systématiquement que la Justice avait fait son travail quand le footballeur-cambrioleur mit la main sur le trésor de la République. Je t’aime, moi non plus. La Justice fut donc convier à ne répondre qu’à un seul et unique impératif : celui de sa Majesté. Telle fut la volonté du Roi.

orwellSe voyant de plus en plus contesté, le Roi réfléchit. Il se rappela ce qui lui valut moult plébiscites et moult éloges éditoriaux. Le sentiment de la peur. Il relut George Orwell et sa ferme pour se rendre compte que l’ombre de Mr. Jones devait planer en permanence pour se faire respecter. Boule de Neige fut trouvée : les Roms. Priés de repartir, ils furent ramenés aux frontières… tout en étant chez eux. Les manchettes se firent un sang d’encre, certains évoquant mêmes les heures sombres de la déportation. Pour se défaire de cette odeur de soufre, il tenta de faire avaler une couleuvre de plus à son peuple, en faisant croire que l’origine des Roms était en terre étrangère. Napoléon (étrange que le tyran de la ferme fût aussi  le sobriquet du Roi…) tenta de faire illusion. Telle fut la volonté du Roi… mais pas celle de Bruxelles.

Il faut dire que la Capitale des Belges fut toujours un bouc émissaire idéal : les maux et l’inertie de la politique de sa Majesté lui étaient tout le temps imputée, faisant d’elle le gardien inflexible de notre geôle… mais le Roi n’oubliait jamais de lui faire les yeux doux, pour récupérer quelques écus ou pour lui envoyer ses ambassadeurs et autres déambulatrices des podiums aux couleurs Dior… Las, l’affaire des Roms ternit son image. Bonnet d’âne. Et dernier de la classe. Telle fut la déculottée du Roi.

déportationHumilié et déçu, le Roi passa alors à son arme ultime. Puisque tant de rhétorique, tant de contorsions aux cérémonials, tant de maquillage démasqué en mascarade ne suffisaient plus, il usa de la seule chose qu’il n’avait encore pas cyniquement usé : le mensonge. Le gentil Eric n’avait pas menti, il y avait moins de manifestants lors de la grève sur la réforme des retraites ce qui montrait que le Peuple en acceptait les grands principes grâce à la pédagogie du Gouvernement, L’autre Eric ne savait rien de ce qu’avait signé Brice, qui lui-même n’avait pas connaissance de ce que Eric prétendait ne pas connaître, La niche fiscale réservée aux jeunes mariés étaient une injustice pour ceux qui ne payaient pas d’impôts…. Et tant d’autres sornettes et balivernes que le Roi tentaient de faire avaler par l’entonnoir à ce Peuple ingrat qui l’avait porté aux nues et qui le détestait à présent sans ménagement. Telle fut la volonté du Roi.

Mais la volonté du Peuple triompha…

 RomsEt c’est alors qu’en 2012 de l’an de grâce, le Roi fut destitué. Telle fut la triste destinée de ce Roi despote que d’aucuns disaient de lui qu’il ne déviait jamais dans le totalitarisme. Pourtant, reprenons les péripéties de notre bougre : contester la justice, dénoncer la presse et sa liberté d’informer et de critiquer, se soumettre à la déportation, qui rappelons-le à sa Majesté désigne « la peine qui consiste à un exil dans un certain lieu, prononcé à l'encontre d'un condamné », les Roms étant affublés, dans une généralité grossière à tous les vices que la société s’évertue à décliner, trouver un ennemi juré pour justifier sa politique et enfin, pratiquer le mensonge quand tout va mal….

Alors, oui j’assume mon expression « dérives totalitaires ». Dans un Monde où la séparation des pouvoirs n’est qu’une archive, où les conflits d’intérêt se multiplient, où le pouvoir est détenu aux mains de quelques uns, les plus fortunés, où l’on abêtit le peuple pour mieux le dominer… alors oui, parlons de dérives totalitaristes dans les méthodes. Evoquons ces pratiques d’un autre âge, d’un autre temps, qui ne va pas de pair avec notre Histoire et la Patrie des Droit de l’homme dont l’adage « Liberté, égalité, fraternité » a pâle mine. Pardonnez moi, lecteur de ce conte, de m’inquiéter de lire en cette histoire la redite de Matin Brun. De ces petits moments de la vie, dont on se dit que ce n’est pas si grave mais qui chaque jour gagne un terrain suspect. Et je préfère, moi, le narrateur, être suspecté d’approximation lexicale, que de regretter amèrement de ne pas l’avoir formulé. Ou de l’éternelle préférence d’avoir des remords que des regrets…

 

Et comme toujours,le placide aux caricatures...

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23 septembre 2010 4 23 /09 /septembre /2010 08:37

sarkozy-robin-des-bois.jpgL’ère Sarkozy est fascinante. Fascinante vous dis-je. Jamais la fonction présidentielle n’aura suscité autant de légendes, de discussions et de débats passionnés. Lors de mes innombrables pérégrinations facebookiennes (délices exquises du néologisme que je goûte et offre à nouveau), j’ai été en proie à un doute. Un affreux doute. Mon jugement sur Nicolas Sarkozy sombrerait-il dans l’opposition primaire, voire primate ? Serais-je le participant inconscient à une surenchère, infinie, sur la qualification de sa politique au point d’en oublier le sens des mots à force d’en afficher la force des maux ? Méli-mélo qui débuta par une pensée, que j’émis, sans le moindre doute au départ, sur mon mur (virtuel, j’entends !) :

« J'en ai marre que le Peuple français passe pour un bouffon cautionnant les dérives totalitaires de l'autre cinglé !!!!!! Menteur avec ça ! Quelle image ! Merci aux 53% qui ont si bien voté le 5 mai 2007... (Remarquez les 47 autres, dont je fais partie, n'ont guère été plus éclairés...) ».

A cette note, un de mes « amis », puisque Facebook s’entête à placer de la familiarité là où il n’y a que contact informatique, s’est offusqué d’un des termes que j’ai employés. Non pas « cinglé » comme tout à chacun était en droit de s’attendre, mais « totalitaires ». Un dialogue s’en suivit ou plutôt un échange de mots car de dialogue il n’y eut point : mon interlocuteur butait sur le terme, fâcheux selon lui, quand bien même il fut en compagnie de « dérives », ne comprenant pas pourquoi je m’entêtais à comparer l’action de notre chef d’Etat à celle d’un pouvoir qui ressemblait en filigrane aux prémices d’un dictateur totalitaire.

J’aime le débat et l’argumentation. Et je suis tout à fait prêt à faire amende honorable quand je reconnais mes torts. La remise en question, parfois douloureuse, ne me fait pas peur. N’aimant pas la démesure, et craignant le réflexe pavlovien de l’opposant sans âme n’ait guidé mon âme, j’ai donc réfléchi. Et je me suis replongé dans l’histoire, la fabuleuse histoire de notre pays, depuis l’accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy.

Il était une fois le Ritz… Non, c’est plus fort que moi. Je focalise. J’efface tout et je recommence.

sarko carla disneylandIl était une fois une fabuleuse journée de mai, chaude et ensoleillée. La ferveur populaire emplit les rues de France et de Navarre. Le Roi avait dignement mérité sa couronne en terrassant la marâtre qui promettait d’enfermer les enfants dans des geôles gardées par la soldatesque armée. Le Roi avait les faveurs de tous, et sa Cour lui était toute acquise. On lui prêta le luxe d’un navire sans nulle pareille pour profiter d’un retraite éphémère bien méritée. Car il l’avait promis : son règne se tiendrait tambour battant. Promesse il fit, promesse fut tenue. Le Roi traversa les mois, dans une fascination populaire sans égale, multipliant les plébiscites que la presse commandait à foison. La dictature de la vindicte populaire se métamorphosa en exécuteur testamentaire du programme de la campagne. Ce que le programme voulait, la foule le désirait et le roi l’exécutait. Les mauvais esprits et autres esprits chagrins pouvaient broyer du noir : le Roi « Platine » brillait de mille éclats. Et ce n’est pas sa deuxième épouse qui vint troubler la fête. La belle avait déjà de longues dates préparer ses valises pour convoler en justes noces outre-atlantique. Qu’à cela ne tienne : le Roi en choisit une autre et un beau matin, dans le parc merveilleux de Disneyland, la princesse officialisa sa nouvelle aventure. Le roi, tel Cendrillon avait trouvé chaussures à talonnettes à son pied.

Mais la magie, soudain, se fit moins pressante, et les esprits chagrins purent déverser toute leur ire sur un Peuple désorienté. Y avait-il eu un début au désenchantement ? Nul ne le pourrait le dire avec précision. Toujours est-il qu’en accédant au pouvoir, le Roi avait ouvert la boîte de Pandore.

Pour commencer, il voulut récompenser sa noble Cour, en la préservant de l’horrible dîme qu’il réservait à ses travailleurs les plus courageux. Il dota ses membres d’un bouclier afin qu’il puisse défendre la moitié de leur fortune considérable qui croissait pourtant de manière exponentielle. Fin de la redistribution et retour au servage. Il en profita juste pour le symbole pour doper sa dote, bien maigre pour un Roi, et celle de ses dociles commis. Telle fut la volonté du Roi. Et le Peuple acquiesça.

edvigeEntre temps, ils voulut identifier tout le monde, afin de mieux les contrôler. Il fit appel à la Déesse Edvige pour ficher les habitants du Royaume. Apercevant le spectre d’une époque funeste, et pas si éloignée que cela, le Peuple s’offusqua de cette intrusion dans sa sphère privée. Las, le Roi recula… Le Peuple serait malgré tout fiché sans le savoir. Qu’à cela ne tienne. Telle fut la volonté du Roi. Et le Peuple finit par acquiescer.

Le Roi voulut que l’Eglise s’en mêla comme au bon temps du Royaume de France. Il déclara que le prêtre était au-dessus des enseignants. Terrible coup de machette sur la loi de 1905, comme il avait tenté de le faire, alors qu’il n’était que précepteur de l’Intérieur, quand il fit en sorte que l’Etat finança les lieux de culte. Sa tentative échoua, une fois de plus, alors que telle fut la volonté du Roi. Une bataille était perdue, mais la guerre…

casse toi pov conLa rumeur était tenace et un vent de révolte vint contrarier notre tête couronnée. Le Roi n’aimant pas la contestation, symbole du despotisme dont l’avait pourvu le règne durant, il demanda à un gueux, près d’une vache, de se casser, « pauvre con » qu’il était. A un autre qui lui cherchait querelle, il roula des mécaniques, près d’un port aux navettes restées à quai par la colère des pêcheurs. Pauvre pécheurs. Ne pas être fortuné n’est assurément pas un signe de bonne fortune. Le Roi fit taire toutes ces braves petites gens. Telle fut la volonté du Roi. Et le Peuple commença à s’inquiéter.

A tel point que la presse s’en mêla. Fervente et docile, elle décida de ne plus faire allégeance au Roi et de le défier à coup de manchettes cisaillées et incisives. La Cour en fut choquée. Elle cria au fascisme. Le peuple observa. Puis le coup de massue arriva : l’on bâillonna un des plus hardis, en sanctionnant la source d’un de ces gratte-papiers qu’il avait en horreur. Le Roi rappela alors, de sa main de fer, que la liberté de la presse s’arrêtait là où commençait la sienne. Telle fut la volonté du Roi…

Demain, je vous conterai la suite des mésaventures d’un Roi despote, aux relents totalitaristes mais qui jouissait  de la cécité des braves citoyens…

 

NDLR : Toutes les caricatrures sont issues du site http://www.leplacide.com, excellent site qui traite de l'actualité, au rythme d'une caricature par jour. Cliquez sur les images pour retrouver le site.

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 20:04

Suite du débat : Quick joue-t-il le jeu du communautarisme et l’enseigne est-elle crédible quand elle prétend ne pas céder à la discrimination ?

A l’heure où les débats sur la burqa ont fait couler beaucoup d’encre, débats qui ont abouti, on le sait, à une loi qui en interdit le port, votée depuis mardi dernier par l’assemblée, la question du communautarisme est clairement posée concernant l’initiative de Quick d’imposer le halal dans 22 de ses restaurants. Surtout que lors de la période d’essai portée sur 8 restaurants, aucune offre ne venait compléter la moindre alternative : c’était du halal ou rien d’autre (les commentaires rassurants disant que seuls les sandwichs à base de viande étaient concernés sont d’une hypocrisie grotesque sachant que la viande représente principale vente de la restauration rapide, et que la polémique ne risque pas de porter sur des frites, les sodas ou des glaces version halal…). Finalement, Quick a décidé de concevoir un sandwich non halal pour ceux qui ne voudraient pas en consommer… mais un sandwich déjà préparé et qu’il suffira de réchauffer sur place. S’il n’est pas prévu de diversifier l’offre dans ces restaurants proposant de la viande halal, c’est tout simplement pour des raisons budgétaires comme le rappelle Jacques Edouard Charret :

 

 

Etonnamment, ce compromis très en défaveur de ceux qui ne consomment pas halal semble satisfaire tout le monde, à commencer par la presse et le maire de Roubaix qui, rassuré de voir une offre diversifiée, a décidé de retirer sa plainte :

 

 

Oui mais voilà : ce qu’annonce le journaliste en présentation est erroné et le fruit d’une mauvaise interprétation : « le Burger au bacon va donc bel et bien partager l’affiche avec celui à la Dinde fumée » Faux. Seul un sandwich sera présenté et il ne sera pas concocté en cuisine pour les raisons invoquées par Charret (nécessité d’une double-cuisine trop ruineuse en coût). Il est donc surprenant de voir le maire PS de Roubaix retirer sa plainte au nom de la « variété » de ce qui est proposé, car un sandwich, qui plus est produit en amont, ne fait pas le poids face à l’offre halal qui se déclinera à toutes les sauces. Où se situe alors la variété pour celui qui ne souhaite pas consommer halal, c’est-à-dire celui qui ne veut pas contribuer financièrement au culte musulman, même en partie infime ? Vandierendonck a-t-il voulu enterrer l’affaire sous l’influence d’un PS qui était bien gêné lorsque le maire PS avait décidé d’en référer à la justice, surtout que sa plainte surgit en plein milieu des Régionales ? D’autant plus dans un contexte où la gauche ne peut se passer d’un certain électorat très sensible à la question religieuse, surtout la question musulmane, qu’elle soit intégriste, ou modérée ? C’est une hypothèse que l’on ne peut écarter.

Toujours est-il que l’annonce de l’arrivée d’un hamburger « de la diversité » a semble-t-il rassuré tout le monde, chacun ayant l’impression de pouvoir choisir :

   

 

Pourtant, il faudrait rectifier : tout le monde ne peut pas choisir ce qu’il mange mais peut manger… à la mode halal ! Car quid de celui qui voudra un sandwich au bacon ? Quid du juif pratiquant qui voudra manger cacher et qui ne mélange pas le lacté et le carné, comme le proposent toutes les sauces n’ayant pas pour base la moutarde et le ketchup et n’ayant pas de fromage ? Qui du végétarien ? Quid du végétalien ? Quid de l’allergique au gluten ? Tout le monde peut-il véritablement manger halal ? Evidemment non : Quick invite donc bien à ce que tout le monde mange comme un musulman. Nuance. Il n’y a finalement pas de choix comme le croient les consommateurs naïvement. La démarche est donc assurément communautariste. Pourtant, Quick tente d’embrumer tout le monde en revenant à son slogan favori : « Nous, c’est le goût »… et défie quiconque à sentir une différence entre une viande qui est halal et celle qui ne l’est pas. Opération gustative réussie :

 

 

Le problème, encore une fois, n’est évidemment pas le goût mais bien la certification halal qui impose un abattage de la bête que l’on peut déplorer, et surtout qui est facturée d’un montant reversé au culte musulman. L’on est en droit de ne pas vouloir financer une religion quand on mange un sandwich dans un fast-food.

Mais Charret persiste et signe et se défend d’entreprendre une démarche communautariste. A l’entendre, l’offre est faite pour que tout le monde puisse, sans contrainte alimentaire, se retrouver autour d’une table. Et le client n’y voit que du feu :

   

 

Pourtant, comme nous l’avons vu, ce n’est pas le cas. Le contraire risque même d’arriver : il y aura le Quick des Musulmans, et celui de ceux qui ne le sont pas. Indéniablement, Quick fait tout pour apaiser le climat social et sa démarche n’est en rien communautariste. Chansons, comme le disait Madame Jourdain. La confusion est telle que certains expriment une ignorance pour le moins confondante, qui montre que la stratégie et la rhétorique des dirigeants de Quick fonctionnent à merveille, et que certains intégristes pourraient profiter de l’opération pour tester la naïveté, le manque de résistance voire l’absence d’hermétisme à certaines de leurs idées : poudre aux yeux quand tu nous tiens…

 

 

A la vérité, cette hallali-sation des Quick est bien plus pernicieuse que l’on ne voudrait bien le croire. Quick se moque de plonger dans le communautarisme pourvu que l’affaire rapporte de l’argent. D’ailleurs, le patron de Quick France ne s’en cache pas :

  

 

Gagner de l’argent quitte à faire du communautarisme, ou de l’éternelle application de « la fin justifie les moyens ». Les initiateurs de ce concept ne veulent pas voir le danger de cette démarche, ou plutôt ils ne veulent pas en porter la responsabilité au nom de la libre concurrence… Pourtant, le dispositif est tout sauf inoffensif car, indirectement, il permet une redéfinition du concept de laïcité telle que certains visions intégristes voudraient l’entendre, comme l’explique parfaitement Caroline Fourest dans Frère Tariq, au sujet de Tariq Ramadan : « Ramadan a redéfini le mot laïcité comme un cadre garantissant la liberté de culte et non une séparation entre le religieux et le politique. » Plutôt que de parler d’islamisation des esprits comme le répètent à tort et à travers et de manière si peu nuancée certains extrémistes, nationalistes cette fois-ci, dénonçons tout de même la part grandissante du religieux dans les affaires publiques alors même qu’il devait se résoudre à n’évoluer que dans la sphère privée depuis 1905.

En tant que citoyens, et en dehors de tout débat portant sur le respect de la laïcité par la Caisse des dépôts et Consignations, nous sommes en droit de nous inquiéter quand des groupes religieux profitent de l’avidité de certains commerciaux, faille de notre système républicain, pour mieux asseoir le communautarisme et ainsi ouvrir la boîte de Pandore, la voie sacrée du prosélytisme. Car dire et répéter que c’est bon de manger halal et que ç’est bon pour tout le monde, quelle que soit sa croyance, c’est faire acte de prosélytisme, surtout quand on sait que Quick reversera une taxe au culte musulman.

Alors, en effet, Jacques Edouard Charret a raison quand il dit que Quick ne fait pas de discrimination, puisque, affirme-t-il « nous n’empêchons personne de venir dans notre restaurant ». Mais il tente un tour de force : celui de convertir le citoyen français, quel que soit ses convictions au halal. N’importe quel intégriste en rêvait. Quick l’a fait pour eux. De l’art du cynisme selon Quick : quelle irresponsabilité pourvu que cela tombe, en écus sonnants et trébuchants ! Il est donc urgent de dénoncer et de dire un mot, un seul : STOP. Cent fois STOP.

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 23:01

Pour une opération marketing, c’est une réussite. Le Quick halal, depuis ses débuts le 30 novembre 2009, jusqu’à sa pérennisation le 31 août de cette année avec pas moins de 22 restaurants sur les 358 que compte la chaîne, déchaîne les passions. Le dirigeant de l’enseigne ne s’en cache pas : Quick n’a pas de vocation philanthropique. L’opération fait scandale, mais surtout elle fait vendre : il faut dire que le marché halal porterait en France sur un budget d’environ 5,5 milliards d’euros avec une croissance à deux chiffres de près de 15%... Cela vaut bien une polémique.

 

Il n’empêche, l’affaire a pris une ampleur importante. Outre la plainte déposée puis retirée par le maire PS de Roubaix, René Vandierendonck, Marine Le Pen est montée au créneau, plus vite que tout le monde pour dénoncer la démarche de Quick. Car l’initiative de ce géant de la restauration rapide n’est pas banale : il ne se contente pas de proposer des produits halal à ses clients, mais ne propose que du halal pour ses produits carnés. Sans aucune possibilité de choisir… au moins jusqu’à l’automne 2010. D’où cette légitime question : Est-il acceptable qu’une enseigne participe au communautarisme dénoncé par certains politiques et autres observateurs, en ne proposant qu’une viande halal à ses clients ?

QUickCommençons tout d’abord par appréhender la limite de ce débat : s’agit-il d’une question politique qui engage la République ou bien alors une simple question sociétale ? En d’autres termes, y-a-il un conflit éthique entre la loi républicaine et laïque et cette décision d’uniformiser le halal dans certains points de vente. A priori, l’on serait tenté de penser que ce débat ne pose pas le problème  de la laïcité. En effet, contrairement à certains établissements scolaires, qui lassés des polémiques, et certainement aussi par faiblesse, ont fait le choix sidérant de ne proposer que de la viande halal, alors que l’école est exclusivement laïque, et que ce territoire de l’état n’est pas censé déroger aux principes de 1905 qui sépare le religieux de l’état, les restaurants Quick sont une chaîne privée et n’ont pas à se soumettre aux mêmes obligations. D’ailleurs, le Directeur de Quick France s’est réjoui dans sa conférence de presse du 31 août de la décision de Justice rendue à Lille pour l’affaire roubaisienne, qui par la voix du procureur, précise que Quick ne fait que répondre à une demande du consommateur, tout comme l'ont bien compris des concurrents directs (en l’occurrence de petites chaînes de hamburgers et surtout de kebabs) qui proposent une offre similaire sur les trottoirs d’en face. Le problème, c’est que la Justice, et certains commentateurs ont occulté un détail, et non des moindres : l’actionnaire majoritaire (à 95% !) de la société Quick n’est autre que la Caisse des dépôts et des Consignations, depuis qu’elle fut cédée par la CNP d'Albert Frère en 2007 suite à l'OPA amicale de CDC Capital Investissement, une filiale de la Caisse. Est-il nécessaire de rappeler que la Caisse des dépôts et consignations est une institution financière publique, placée sous le contrôle direct du Parlement, qui exerce des activités d'intérêt général pour le compte de l'État et des collectivités territoriales ? N’a-t-elle pas le devoir, concernant ses intérêts, de veiller à ce que le droit français s’applique, notamment concernant la séparation stricte du religieux et de l’état ? Eric Zemmour en fit un procès éclairant et pertinent sur RTL :

 

 

Que l’actionnaire majoritaire de Quick cautionne la vente exclusive dans certains points de vente (même partielle d’ailleurs) de produits qui font l’objet d’une taxation finançant le culte musulman pose un grave problème quand celui-ci est public et du domaine de l’état ! L’état n’a pas à financer de manière directe ou indirecte les cultes religieux ! Ce que semble franchement oublier le directeur de Quick France lors de sa conférence de presse du 31 août, ne considérant que l’aspect pécuniaire de la démarche sans aucunement se poser la question qui fâche, de la CDC et du respect de la séparation de l’église et de l’Etat :

 

 

 

Comme d’habitude, dès qu’il s’agit d’islam, on traite la chose religieuse d’une manière différente de s’il s’était agi de la religion juive ou catholique, au nom d’un tiers-mondisme obscur et embrouillé. Car soyons clair : la démarche consistant à ne proposer que de la nourriture cacher aux clients aurait été tout aussi scandaleuse. Ainsi, sous le fallacieux prétexte de l’islamophobie, on tente de nier la loi de 1905 en dénonçant une polémique stérile :

 

 

 

Même les journalistes s’y mettent, craignant d’emboîter le pas à Marine Le Pen, comme Jérôme Pasquier, journaliste à StrasTV (chaîne strasbourgeoise), dont le commentaire off est pour le moins partial, et relève de l’ignorance la plus totale de l’affaire et de ses enjeux avec la laïcité :

 

 

 

Marine Le Pen montre une fois de plus sa dangerosité tant son habilité est manifeste sur l'affaire : du pain béni contre la vague halal, elle aiguise ses couteaux... de quoi se mettre en appetit. Elle commande même un dessert, en se posant même comme la seule garante de la loi républicaine face à la loi du marché… L'ultime rempart contre la mondialisation. Estomaquant. Les altermondialistes et autres tiers-mondistes ont qtout intérêt à se montrer plus clairvoyants, car la laisser seule là-dessus est certainement ce qu’il y a de plus dangereux et de plus redoutable…

 

 

 

Mais on préfère, faute d’arguments, la contrer bêtement. Car c’est bien de bêtise que fait preuve Claude Askolovich ce jour-là, omettant plutôt d’attaquer de manière pertinente sur le mensonge de la probable future présidente du FN (« une majorité » de grandes surfaces ne vendent pas de la viande halal sans en avertir le client, Madame Le Pen, tout juste existe-t-il quelques enseignes, qui ne respectent pas le contrat de sincérité avec le client) et préférant en venir à une question, totalement hors-sujet pour le coup, celle du goût :

 

 

 

La polémique du Quick halal se résumerait-elle à une histoire de goût ? C'est bien ce que l'on tente de nous faire croire, comme nous le verrons demain dans la suite du débat : Quick joue-t-il le jeu du communautarisme et l’enseigne est-elle crédible quand elle prétend ne pas céder à la discrimination ?

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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 14:23

LucetElise Lucet prépare son teasing avec délectation. Un moment fort est à venir. Un témoignage. Alors que l’horreur a frappé dans la forêt de Marcq-en-Barœul ce week-end, par la faute d’un déséquilibré récidiviste, la première victime de ce criminel, offre, à visage découvert, un dévoilement pour le moins saisissant sur son ressenti. Elle le sait : il allait recommencer. Comme une prémonition. Et même davantage. Comme si cela était évident. Prévisible. Comme si, finalement, on ne l’avait pas assez écouté. Car de toute évidence, il ne fallait pas le laisser sortir. Et pourtant, on l’avait libéré, alors qu’elle savait. Et de faire de nos acteurs de justice des criminels par complicité…

 

 

Seulement voilà. Ce témoignage, qui sera repris par d’autres chaînes, notamment celles qui diffusent les infos en continu n’est pas sans poser des problèmes éthiques.

Cette victime était sure et certaine que le violeur allait récidiver. Soit. Mais quelle victime d’un viol est-elle persuadée du contraire ? N’est-ce pas là une évidence qui décrédibilise sa « vision » ? Pourtant, et le journal le rappelle, 4% de ces délinquants récidivent, seulement, quand pas loin de 100% des victimes pensent qu’ils vont à nouveau frapper. « seulement » : j’ai bien conscience que l’adverbe va choquer. Mais il tente seulement de mettre en exergue la différence fondamentale qui existe entre une perception et les faits, entre la subjectivité et l’objectivité, entre une information et une opinion. Et c’est bien là que le bât blesse : est-ce le rôle d’un jité de mettre en lumière une opinion, poignante et déroutante, plutôt qu’une information passée en quelques secondes sous la forme d’un tableau et d’une voix off ? Les informations se mêleraient-elles, sans contradicteur, à l’exposition, voire l’exploitation de l’émotion à l’état brut ? Ne peut-on pas soupçonner ici une once de démagogie : parce que finalement qui osera dire qu’il n’a pas été touché par ce qu’il a vu et entendu ? Qui osera contredire les propos d’une femme meurtrie qui a le courage de parler, le visage découvert ? Qui au mieux viendra nuancer sa vision et lui expliquer qu’on n’est pas toujours juste quand on est partie prenante ?

Alors, nécessairement, emporté par la tempête émotionnelle, le spectateur est comme pris en otage, et ses ravisseurs exigent de lui une empathie sans faille, qui vise automatiquement à remettre en question la remise en liberté de ces criminels. Qui vise à montrer que la justice ne fait pas bien son travail. Qui vise aussi à imposer l’idée que l’impunité est pugnace, message porteur quand le tout sécuritaire est de mise. Est-ce là le rôle du service public que de véhiculer même subrepticement ces idées, ou pour le moins de la laisser penser ? Cela ne revient-il pas à prendre position, contre toute déontologie journalistique, et de nier que 96% de ceux qui ont commis l’irréparable, ne récidivent pas et ont le droit d’être réhabilités, comme tout citoyen qui a payé sa peine ?

Encore une fois, le sujet est sensible et je prends le risque d’être mal compris. Me fera-t-on le procès de défendre l’indéfendable ? C’est probable. Ce n’est pourtant absolument pas ce que je fais. De toute évidence, le cinglé qui a opéré dimanche dernier était bel et bien un malade qui devait rester enfermé. Mais ce n’était assurément pas à sa première victime d’en décider et de l’affirmer tel un dogme inaliénable. La justice ne se fait pas d’émotions mais d’une rigueur cartésienne, qui certes, peut choquer mais qui est essentielle au principe d’égalité. Est-il nécessaire de rappeler que la peine de mort était très majoritairement défendue quand Badinter l’interdit en 1981 ? Et qu’aujourd’hui encore, elle compte ses plus fervents défenseurs chez ceux qui estiment que les délits sexuels envers les mineurs et les femmes ne trouvent pas de plus juste punition ? Ceux-là même qui n’ont pas lu Hugo :

Mais, reprend-on, – il faut que la société se venge, que la société punisse. – Ni l’un, ni l’autre. Se venger est de l’individu, punir est de Dieu.

La société est entre deux. Le châtiment est au-dessus d’elle, la vengeance au-dessous. Rien de si grand et de si petit ne lui sied. Elle ne doit pas “punir pour se venger” ; elle doit corriger pour améliorer. Transformez de cette façon la formule des criminalistes, nous la comprenons et nous y adhérons.

Préface de la nouvelle Le Dernier jour d’un condamné, par Victor Hugo.

De la même manière, le jité n’a pas vocation à être le revival de Bas les masques ou l’antichambre de Reservoir prod : il peut, évidemment, se faire le porte-parole des victimes et de leurs émotions. Mais en aucun cas il ne peut prendre parti, au-delà de la justice elle-même, et surtout confondre une opinion avec une information.

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27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 19:33

eveneGrand ménage sur le web en cette rentrée littéraire 2010 : le premier site culturel Evene.fr, qui pouvait s’enorgueillir de plus de deux millions de visiteurs uniques par mois (et même 3 millions en décembre 2009), voit sa rédaction se réduire comme peau de chagrin : il ne reste aujourd’hui qu’un seul des 30 membres qui composaient la rédaction après la notification du licenciement de 24 d’entre eux. Plus grave encore : 5 d’entre eux ont leur contrat d’auteur se terminer sans mesure de licenciement, et ce malgré l’illégalité de leur statut (contrat de « droit d’auteur » rendu illégal par leurs activités qui leur valaient un statut de pigiste en CDI). Alors que la rumeur courait depuis le printemps, l’officialisation du changement de cap fut annoncée hier par l’AFP qui interrogea à ce sujet Bertrand Gié, Directeur des nouveaux Médias du Figaro, groupe dans lequel s’inscrit Evene. A l’unisson, l’ensemble des médias reprit fidèlement les propos de Gié, comme parole d’Evangile omettant un procédé journalistique bien connu qui différencie l’opinion de l’information : le recoupement des déclarations. Faute d’une éthique et d’un professionnalisme dignes de ce nom, une tribune fut offerte à Bertand Gié qui entendait ainsi mettre fin aux rumeurs qui prêtait au Figaro l’intention de dissoudre une équipe de rédaction devenue progressivement hostile, au point de refuser la refonte du projet proposée par ses services et de décider d’un plan social collectif alors que  ce n’était « pas notre volonté au départ »précise-t-il. Et d’ajouter qu’ils avaient « envisagé une quinzaine de départs, mais le plan a été étendu à l’ensemble des salariés ». Et le Directeur des médias du Figaro de se justifier habilement par l’argument a contrario, digne de la plus rutilante des rhétoriques : « si Le Figaro a investi dans Evene.fr, c’est qu’il croit en son potentiel, c’est pas pour qu’une telle marque nous échappe ». Sauf que ces déclarations ne sont pas du tout du goût des anciens collaborateurs d’Evene qui crient à la manipulation.

Mais ne cherchez pas leur version du conflit : elle n’a pas été relayée. Incroyable conception du journalisme que de ne pas donner de contradicteurs quand la source est partie prenante. Cela relève de deux comportements aussi condamnables l’un que l’autre : l’incompétence ou le désir de propagande. L’un comme l’autre sont tout proprement inacceptables selon la déontologie du métier. Mais, là aussi, comme au Palais Brongniart, la Crise n’en finit plus de battre son plein. Les journalistes prétexteront la reprise difficile d’une rentrée qui s’annonce chaude, ou bien encore l’incongruité de contredire Bertrand Gié, quand il s’exprime avec tant de bonne foi. Il n’empêche qu’il aurait suffi à ces vecteurs « d’informations » de prendre leur téléphone et de recouper l’information pour apprécier plus justement l’affaire. Les Nouveaux démocrates se proposent de vous en faire la démonstration en vous exposant les faits.


figaroTout commence comme un joli conte de fées. Christophe Chenebault et Christelle Heurtault décident de créer alors un site, en 1999, à visée populaire baptisé citationsdumonde.com. La volonté d’étendre leur portée et de toucher au plus près de la culture les incite à transformer le site, pour explorer des horizons plus lointains : nait alors Evene.fr en 2001. Le succès que connaitra ce site s’explique par sa volonté de toucher à tous les niveaux de la culture, de la plus populaire à la plus élitiste, pour la rendre accessible à tous. La littérature et les spectacles, puis le cinéma ou encore la musique viennent compléter les rubriques du site. Le site, s’il ne gagne pas encore d’argent est en pleine évolution, et la voie du succès est toute tracée quand en 2006, il gagne un clic d’or pour le « meilleur site média 2006 ». Devenu entre-temps premier site culturel français, référencé en tête des recherches dès qu’un internaute tape le nom d’un auteur, Evene ne cesse de se développer, avec une vingtaine puis une trentaine de collaborateurs. Si bien qu’en 2007, craignant que ce beau projet ne supporte pas seul l’éventualité d’une crise, et souhaitant très certainement faire fructifier leur belle création, les deux créateurs laissent le Groupe Le Figaro acheter cette pépite que lorgnait déjà le groupe Lagardère. Pacte avec le diable ? Assurément pas selon, eux, épaulé par Pierre Conte, Directeur Général adjoint du Groupe Figaro et Président de Figaro médias qui tente de rassurer tout le monde en garantissant l’assurance au site de se donner « tous les moyens se poursuivre sa croissance de façon autonome et ambitieuse », souhaitant « faire d’Evene le référent pérenne du secteur, mais également relancer l’offre Figaroscope.fr ». Pour faire taire tout début de polémique et pour assurer la passation des pouvoirs, Pierre Conte laissa Christophe Chenebault et Christelle Heurtault à la tête de la rédaction. Un grand groupe sécurisant, une audience prospère, un web en croissance exponentielle, la jolie récompense sonnante et trébuchante des créateurs : tout était beau dans le meilleur des mondes. D’ailleurs les années 2007-2008 ne connurent pas d’affres particulières, Pierre Conte laissant les collaborateurs continuer le travail qui leur avait valu de trouver la clef du succès.

contratMais il y avait un ver dans le fruit. Et cela, le Figaro « ne pouvait pas l’ignorer » comme le confesse sous couvert d’anonymat, un des anciens collaborateurs du site : la rédaction se composait en large majorité de pigistes à temps partiel illégalement employés en droit d’auteurs. En 2007, au moment du rachat l’équipe de composait alors de 3 rédacteurs en CDI, à savoir Mélanie Carpentier, Jean-Nicolas Berniche et Michaël Demets, et d’une quinzaine de collaborateurs rémunérés en droit d’auteurs, ou stagiaires. De la même manière, l’année 2009 vit se succéder pas moins de 63 personnes sous contrat en droit d’auteurs, reconnu comme travail dissimulé aux yeux de la loi pour le travail de journaliste, Le Figaro ne renouvelant pas la moitié d’entre eux. Entre temps, et malgré un succès populaire jamais discuté, le chiffre d’affaires a fini par stagner (2,294 millions d’euros en 2008, 2,190 en 2009, et un prévisionnel 2010 de 2,283 millions) quand les charges ne cessèrent d’augmenter (2,5 millions en 2008, 2,8 pour la prévision 2010, notamment dues aux nouveaux locaux et à un projet de modernisation du site bien vain, la v3 ne voyant finalement jamais le jour). Stagner,  « ce qui est une gageure en période de crise », rappelle un ancien salarié du site. Mais ce fut trop au goût du Figaro et de Pierre Conte.

billetsMais les financements et la gestion des ressources humaines ne suffisent pas à expliquer la déroute. Le rachat d’un tel site supposait une vision commune entre la rédaction existante et les nouveaux propriétaires. Et c’est bien là que le bât blesse. Après le départ des deux créateurs en 2009, qui purent ainsi profiter de la plus-value que leur avait rapporté leur création, Anne Pican fut nommée Directrice d’Evene, tout en le restant pour TéléMagazine.fr et le Figaroscope.fr, Bertrand Gié, Directeur des Nouveaux médias pour le Groupe du Figaro chapeautant le tout. Commença alors un débat tragique, car voué à la perte, sur la portée du projet. Fidèle à sa tradition, l’équipe de rédaction a toujours soutenu un projet exigeant, en souhaitant proposer un champ large, du plus populaire au plus élitiste, sous les formes les plus diverses, de l’information « fast food culturel » sur le dernier best seller à l’entretien plus recherché avec un auteur au lectorat plus intimiste. Une gageure selon la nouvelle Direction qui souhaitait un projet moins ambitieux, allant jusqu’à proposer de faire du site une agrégation de contenus, et plus généralement de travailler davantage en desk (« en bureau », limitant ainsi les reportages, les séances de projections, allant même jusqu’à suggérer que l’on peut faire la critique d’un film sans l’avoir vu…), offrant les plus sombres perspectives à la rédaction. La suite des événements confirma la tendance. Souhaitant réduire coute que coute les effectifs pour rendre plus rentable l’investissement (d’où l’idée de déléguer certaines tâches à d’autres sites sous-traitant), la Direction mit fin, en décembre 2009,  à leur contrat de collaborateurs, sans que ces derniers ne puissent bénéficier des  dispositions prévues par la loi (absence de procédure de licenciement, pas de solde de tout compte, pas de congés payés, etc.)

Le décalage alla croissant quand, soudain,  l’Inspection du Travail s’en mêla. Purgatoire ou Deus ex machina ? Toujours est-il qu’elle constata que la majorité des contrats proposés étaient illégaux ! En effet le contrat en droits d’auteurs n’est pas reconnu par la loi pour ce type de mission, puisque le travail qui incombait à ces employés était celui d’un pigiste, classement qui impose le CDI de facto. Dès lors, Le Figaro est contraint de se lancer dans une requalification des contrats d’auteurs en CDI.

viréUne situation devenue intenable pour l’équilibre financier d’Evene, qui tenait au nom d’une gestion illégale de ses ressources humaines. On comprend mieux pourquoi la perte des bénéfices brandie comme un étendard pour justifier le plan social n’était qu’un leurre, comme le rappelle cet ancien collaborateur : « ce qui fait que notre bénéfice s'est amoindri pour être négatif en 2009 et 2010, c'est que l'entreprise a dû se mettre en conformité avec la loi et proposer des CDI aux contrats de droits d'auteur. » Et d’ajouter que la Direction leur avait expliqué de vive voix que si « Evene perd de l'argent, c’est parce qu'il ne doit plus donner de contrats illégaux... donc, il faut nous licencier pour enlever cette épine du pied. »

C’est donc bel et bien la négligence faite autour des ressources humaines et le manque d’implication dans la gestion du projet qui sont la cause de cette situation comme l’ont confirmé les aveux de Pierre Conte aux salariés d’Evene le même mois de Février 2010. Comment expliquer qu’un groupe comme Le Figaro puisse envisager un plan social parce qu’engager des salariés selon les termes de la loi coûte trop cher ? N’avait-il pas entière connaissance de la situation quand ils ont racheté Evene en 2007 ? La rédaction abritait en son sein du travail dissimulé. Les « appartements ravioli » d’Evene n’étaient donc pas connus de la Direction… celle-là même qui faisait signer les contrats ? Mais de qui se moque-t-on ?

croissanceSelon des membres qui souhaitent préserver leur anonymat le temps que l’affaire soit jugée, le schisme entre la Direction et la Rédaction ne date pas d’hier. Au-delà des griefs de l’Inspection du travail, les divergences sur la ligne éditoriale et la vision du projet a amené certaines décisions pour le moins douteuse selon la rédaction. Les propositions de la Rédaction pour moderniser le site, dont le manque d’ergonomie et la structure vieillissante étaient patents (constats reconnus par Pierre Conte en personne devant l’ensemble de la rédaction, qu’il tentait de rassurer en assurant qu’il n’y aurait pas de plan social !) ont toujours reçu une fin de non recevoir. La Rédaction passa même pour être trop « ambitieuse », voire « trop prétentieuse », les jours où la parole se déliait davantage. « La décision du Figaro de "pourrir" Evene pour se débarrasser de nous date de très longtemps, pas seulement des derniers mois houleux entre nous et la Direction. En décembre 2009, Le Figaro a licencié le responsable des partenariats Evene, qui était garant de la marque et qui à ce titre ramenait à lui seul plus une grande partie des revenus publicitaire du site. Un poste clé, donc, pour qui souhaite pérenniser une situation économique... D'autant que ledit commercial était particulièrement doué. » Pourquoi se priver d’un tel élément quand selon Pierre Conte en 2007, rappelons-le, le but était donner au site « tous les moyens de poursuivre sa croissance de façon autonome et ambitieuse », souhaitant « faire d’Evene le référent pérenne du secteur » ? Etonnant paradoxe sur lequel il serait intéressant d’enquêter.

Encore une fois, cette situation est symptomatique du milieu journalistique actuellement en France : les journalistes sont corvéables à souhait tant qu’ils rapportent. La situation tourna à l’ubuesque quand, pris à la gorge, la Direction du Figaro re-qualifia 18 contrats en droits d’auteur en CDI… pour leur notifier leur licenciement 10 jours plus tard. Pour éviter de faire trop de vagues, on essaya bien d’attirer les mouches avec du vinaigre, en proposant un énième projet pour le site qui à coups sûrs ne répondaient pas aux exigences qui furent à la genèse du projet. Finalement, ce sont les derniers arrivés, les moins expérimentés, qui furent désignés pour tenir « la baraque ». Voilà pourquoi, l’ensemble de la rédaction décida de quitter Evene et demander un licenciement collectif. Car d’un point de vue éthique, la situation n’est plus supportable pour personne.

journalisteAujourd’hui, le Groupe Figaro affirme 12 personnes sont restées chez Evene. « Du service Paye ou de la boutique Evene », précise en chœur ceux à qui on a imposé le départ. L’affaire est naturellement portée au Prudhommes, d’autant que l’Inspection du travail vient de constater que « le motif économique des licenciements n'existe pas », selon des sources qui souhaitent rester discrètes tant que l’affaire est en cours. La Direction du Figaro dément à tout va les « rumeurs » selon lesquelles Evene serait un site au rabais : « Evene.fr est un leader sur la culture, il est hors de question d’en faire un portail d’agrégation de contenus. On souhaite que ce soit un vrai site web, ouvert à tout ce qui touche à la culture ». Pourtant, depuis quelques semaines, ce sont bien deux personnes de RelaxNews qui s’occupent de réactualiser le site en ligne… Exactement ce que craignaient la Rédaction destituée…  Pour cet ancien collaborateur, « Le Figaro n’avait tout simplement plus besoin de journalistes pour faire ce qu’ils voulaient faire ».

L’histoire commence comme un conte de fées, écrivai-je… mais elle a viré au cauchemar. Plus qu’une sombre affaire d’argent et de contrat, l’exemple montre dans quel état de précarité travaillent les journalistes en France. En plus d’être exploités, ils doivent faire fi de leurs exigences professionnelles pour satisfaire la loi du marché et du grand public. Les réseaux d’information sont pratiquement tous voués à être détenus par les grands groupes et à respecter l’idée dominante, celle qui fait vendre. L’indépendance de l’information et la séparation des pouvoirs ne sont plus qu’un vague souvenir, qui font sourire, en cyniques, les grands magnats des Médias et qui remplissent les rares heures consacrée à la déontologie du métier dans les amphis de futurs journalistes. Enfin, journalistes… le vocable semble bien présomptueux de nos jours…

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23 août 2010 1 23 /08 /août /2010 21:14

Le « Voyou » de Sarkozy, le « trotskysme » d’Edwy Plenel, la presse gratuite, les soupçons de pressions des grands patrons… directeurs des principaux réseaux d’information… La presse est plus que jamais dans la tourmente en France. La crise de l’information est officielle. Petits Etats généraux de la presse en cette rentrée 2010 en trois parties : la crise de la presse, la crise de l’information et enfin la crise du journalisme.

 

Premier volet : la Crise de la Presse

LibéCe n’est un secret pour personne : la presse écrite vit une terrible tourmente depuis quelques années. Les tirages se sont progressivement effondrés : Libération a perdu 26% de lecteurs en neuf ans, atteignant un tirage moyen de 125000 exemplaires et Le Monde 20% pour la même période pour ne donner que deux exemples. A l’inverse, les hebdomadaires dits d’information connaissent un certains succès comme Marianne qui continue de tirer à plus de 200000 exemplaires et L’Express qui tient le haut du pavé avec plus de 500000 exemplaires par semaine. Le paradoxe est entier : on ne s’est sans doute jamais autant intéressé à l’information… et la presse écrite quotidienne n’a jamais autant souffert. A cela plusieurs raisons.

Tout d’abord, l’arrivée d’internet a modifié considérablement la donne. Aujourd’hui les internautes peuvent consulter gratuitement les dépêches d’agence via les moteurs de recherches comme Yahoo ! ou Google. Les quotidiens ripostent avec leurs sites en ligne, en prenant d’assaut internet, le WAP, puis les smart phones. Mais le trafic engendré ne suffit pas à compenser la baisse du tirage papier.

20 minutesDans cette course à l’échalote, les gratuits ont terriblement nui à la presse écrite lors de leur apparition au début des années 2000. Car il ne faut pas oublier que la principale vente des quotidiens se faisait à proximité des quais des gares. A présent, dès 6h30, des présentoirs sont remplis, relayés par des petits hommes en casquettes pour distribuer la feuille de chou sans dépenser le moindre centime. Financés uniquement par la rente publicitaire, ces gratuits ont envahi les sièges des RER, TER et autres trains au détriment de la presse payante.

La télévision et la radio ont longtemps fonctionné en parallèle avec la presse écrite sans que les unes n’empiètent véritablement sur l’autre. Mais la TNT et le regain de succès de la radio qui a su particulièrement s’adapter en élargissant son public ont fini par ringardiser le journal en version papier. Aujourd’hui les podcasts rendent l’information plus ludiques et permettent la diffusion d’images mobiles ce que ne permet évidemment pas les quotidiens.

Enfin, une nouveauté est apparue il y a quelques années avec l’apparition de médias en ligne, sur abonnement autour de personnalités connues et reconnues, notamment pour avoir travaillé pour Le Monde : Daniel Schneidermann, qui privé d’images sur La Cinquième fit un arrêt sur le net, et Plenel avec Mediapart qui a fait grand bruit cet été avec ses révélations sur l’affaire Bettencourt.

On le voit, l’argent est le corollaire de la crise de la presse. Comment diffuser de l’information tout en pouvant survivre dans un marché aussi concurrentiel ? Et puis, il faut résoudre cette équation toute simple qui sonne comme une évidence pour le citoyen : pourquoi payer pour s’informer quand l’internet et la télévision remplit selon lui déjà ce rôle. Mais parle-t-on véritablement de la même information ? Incontestablement, la notion d’information est ambiguë. Pilier de la démocratie, elle a tendance à devenir protéiforme avec la multiplication des supports.

CdanslairLes quotidiens, comme les régionaux, Libération ou Le Figaro se consacrent à l’actualité du jour, avec la particularité pour Le Monde de sortir en pleine journée. Leurs ventes et les encarts publicitaires leur permettent d’employer à plein temps des journalistes et des envoyés spéciaux qui peuvent ainsi être au cœur de l’action, ce que ne se permet plus par exemple TF1 qui s’est passée depuis quelques années du service « étranger » comme le dénonçait le pamphlet rédigé en interne Madame, Monsieur, Bonsoir… Mais la situation est loin d’être aussi confortable qu’elle ne le fut. Les budgets deviennent de plus en plus serrés. Les stagiaires doivent faire le travail jadis dévolus aux journalistes sous contrat, et de nombreuses tâches ont disparu, dont certaines consacrée à la vérification des informations étaient tout de même essentielles. Daniel Schneidermann a déjà expliqué que son premier travail à la rédaction Le Monde était d’appeler toute la journée pour vérifier les brèves qui figuraient dans le quotidien… une tâche qui a bien évidemment disparu et qui montre que l’enjeu financier a fait fi de l’éthique de la presse. Aujourd’hui les journalistes de la presse régionale sont de loin les plus mal lotis, avec une paye légèrement supérieure au SMIC pour les débutants. Ajoutons à cela la crise de l’école publique et vous comprendrez que la qualité de l’écriture en pâtisse dans certaines rédactions…

barbierLa presse hebdomadaire sert davantage d’analyse. Prenant davantage de recul que la presse quotidienne, elle se permet des papiers plus étendus et peut faire une hiérarchisation de l’actualité plus drastique. Les rédacteurs de ces hebdos ont compris le rôle essentiel de la télévision, et depuis quelques années, ils envahissent les plateaux de télévision traitant de l’actualité : C dans l’air, qui les invite plusieurs fois par semaine (qui ne connait pas les têtes de Christophe Barbier, de Renaud Dély ou encore de Roland Carol…), les quotidiennes d’Itélé ou de LCI, Le Grand Journal pour ne citer que les plus connus… Non seulement, ils exposent leurs analyses et point de vue, mais la véritable raison de leur don d’ubiquité est évidemment de promouvoir leur hebdomadaire… et avec un succès qui ne se dément pas. Il n’y a qu’à voir Marianne qui tira à plus de 500000 exemplaires lors des présidentielles pendant quelques semaines quand leurs collaborateurs étaient 24 heures sur 24 sur le terrain….

Que dire des gratuits ? Ils ne font que reprendre les dépêches d’agence que l’on retrouve sur les moteurs de recherche, sans faire de vérification, en en se contentant d’illustrer leurs paragraphes à peine réécrits de photos libres de droit ou faites par les rares photographes qu’ils embauchent. Tout comme pour Yahoo ! et Google, il y a bel et bien un rédacteur en chef et une équipe qui décident de la hiérarchisation de l’information. Mais quand on voit qu’elle met sur un même plan actualité internationale, crise économique, et dernière overdose d’une star d’une télé-réalité, on peut s’interroger sur la qualité de celle-ci.

lagardereAujourd’hui, la presse quotidienne a l’avantage de vérifier encore l’information avec de vrais journalistes qui sont sur le terrain. Tout comme pour les hebdomadaires, elle dépêche ses collaborateurs sur les plateaux de télévision (Raphaëlle Bacqué pour Le Monde, Laurent Joffrin pour Libération, etc.) mais sans connaître le même retentissement. Mais cette crise ne vient-elle pas d’ailleurs ? Pourquoi le citoyen considère-t-il comme information ce qui provient indifféremment de Virgin Télé, de 20 minutes ou du Monde ? Cette question de crédibilité est centrale surtout depuis que de grands médias sont devenus la possession des grands patrons du CAC 40 : Largardère détient notamment Europe 1, Europe 2, RFM, Paris Match, Bouygues quant à lui est patron de TF1, dont le 20 heures fut le plus regardé d’Europe pendant plus de 20 ans, Dassault possède Le Figaro, le premier site culturel français Evene quand Bernard Arnault détient entre autre La Tribune… De grands noms de la presse qui sont à la main des hommes les plus influents économiquement sur le pays, le continent et même le monde. N’y aurait-il pas un conflit d’intérêt à être à la fois financier, marchand et diffuseur d’une information neutre comme il se doit dans une démocratie ? Où est passée la fameuse éthique à la française ? La situation de la presse prétendument libre en France est tout simplement ubuesque entre les gratuits qui prétendent faire de l’information, et ceux qui devraient être les gardiens du Temple et qui sont tenus par nos plus Grands Patrons du Cac40. Cette situation est déplorable pour notre démocratie bien au-delà du caractère social, forcément tout aussi navrant. Tout le monde est finalement à la même ancienne : les gratuits sont tenus par leurs annonceurs, et les payants par leurs patrons : où se situe la différence ?

culturepubN’oublions pas qu’une émission comme Culture Pub sur M6 avait fini par mourir sur une chaîne qui ne supportait plus la critique des plus gros annonceurs de la chaîne. Ne parlons même pas de la critique du Cinéma sur des grandes chaînes… qui sont les plus gros investisseurs dans le domaine…. Le financier a donc un impact réel sur l’information elle-même. En proie à un problème d’éthique, la presse s’englue à dévoyer la notion d’information. Qu’est-ce qu’une information aujourd’hui ? Pourquoi est-elle confondue avec le vocable « média » ? Comment analyser le malaise profond que traverse la presse aujourd’hui : la crise de l’information ?

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12 juillet 2010 1 12 /07 /juillet /2010 21:20

Le président a parlé. Enfin. Il était temps. Tout le monde le lui demandait. Depuis ses collaborateurs jusqu’à ses détracteurs. Un entretien fleuve, prévu sur une heure et qui déborda d’un bon quart d’heure. Des heures sup’ comme pour montrer l’exemple. Ou comment passer de la théorie à la pratique. Nul doute que personne ne restera insensible à cela. Reste la parole.

sarko1Sur la forme tout d’abord, la tenue de cet entretien est toujours aussi scandaleuse. Bien qu’il ait sollicité France Télévision après ce long silence de plusieurs mois -ce qui est la moindre des choses à savoir que le Président s’exprime via le service public- Nicolas Sarkozy ne se rend pas dans les studios mais amène systématiquement la télévision à lui. Comme ce fut le cas auparavant. Comment pouvoir accepter que le Président réponde aux questions d’un journaliste à l’Elysée ? Comment peut-on encore accepter cette mise en scène ? Ce n’est plus le Président qui est « invité » comme il se plait à le dire, mais bien lui qui invite, voire qui « convoque »… le procédé est tout de même gênant. Mais, après tout, ces prédécesseurs en faisaient de même. Et l’actuel locataire des lieux de ne modifier en rien la donne puisqu’il entend s’exprimer à nouveau lors du remaniement, prévu en octobre, y compris face à Pujadas si ce dernier, précise-t-il, veut bien revenir à l’Elysée… D’ailleurs, le concours de politesse sera poussé par l’hôte jusqu’à l’obséquiosité, parfois ironique, la plus indigeste.

La prose de Sarkozy est par ailleurs toujours aussi assurée, leçons parfaitement apprises, avec des plans structurés made in Guéant… Exercice de style dans lequel il se sent à l’aise, ponctué de « vous savez » pour s’assurer la sympathie de l’auditoire. La rhétorique aristotélicienne brille de mille feux, question oratoire en joyau constant voire redondant, la langue de Molière dût elle en pâtir… Comme le rappelait Moscovici ce week-end dans l’émission Happy hour, diffusée sur Canal plus, « Nicolas Sarkozy parle mal le français, mais il parle aux Français… au moins en 2007 ». Car force est de constater que la maîtrise de la langue du chef d’état est chaotique : non concordance des temps (« le président faisait ce qu’il veut »), pléonasme grammatical (« voire même »), pataquès chiraquien (« Angela et moi, on a duZ apprendre à se connaître »)… Notons,  toutefois, une amélioration certaine de la double négation… de même qu’en maîtrise du Droit, sa spécialité, puisqu’après avoir fait fi de la présomption d’innocence lors de l’affaire Clearstream, il s’est posé en donneur de leçons, maître devant l’élève Pujadas, en rappelant qu’au pénal, la règle n’était pas systématique mais devait se traiter individuellement. Bref, le bulletin du Président indique un mieux mais avec des progrès à faire en langue…

sarko2Le fond quant à lui fut affreusement prévisible. Schizophrène devant l’éternel, le Président confond toujours la fonction de Président et de chef du Gouvernement. Le lapsus vient couronner le tout en fin d’entretien, lorsqu’à propos de la nomination du Président de France Télévision, il affirme que « Le CSA a validé le choix du gouvernement », alors qu’il a validé le choix… du président ! Tous les dossiers le mettent en avant devant le premier Ministre, nommé par sa fonction seulement, puis les heureux nommés Eric Woerth et Brice Hortefeux, qui bénéficièrent de la brosse à reluire, malgré les affaires éthiques de l’un et les chiffres catastrophiques sur la violence de l’autre rebaptisés en résultats spectaculaires. En plus de cours de français, le Président aurait-il besoin de cours de mathématiques… A moins qu’il ne s’agisse de la presbytie qui pointe le bout de son nez.

sarko3Les dossiers se sont égrainés à grande vitesse, selon le même modèle : une question faussement dérangeante, la réponse qui débute par une question oratoire ou une onomatopée empathique avec le spectateur, quelques chiffres que décidément les journalistes sont incapables de corriger faute de connaissances et de travail, et la redite, à la fois souple dans la voix mais ferme sur le fond, de sa position que les manifestations ne feront pas infléchir. Retraites, Fonte de la dette, G20, diminution des fonctionnaires (avec un appel marqué aux régions… à 95% socialistes pour ne pas remplacer un fonctionnaire sur 2 dans les collectivités territoriales… chacun appréciera). Souvent, Nicolas Sarkozy s’arroge du tic de la célèbre émission « Capital », puisque la France est souvent le pays du monde « où il y a le plus de… », ou le pays d’Europe « qui est le plus… »… Plus toujours plus et davantage encore. Bien évidemment le recul de l’âge du départ en retraite sous Mitterand, de même que les 35 heures portent à eux seuls la responsabilité de la situation actuelle… la Gauche est ainsi rhabillé pour l’hiver dès les Soldes d’été !

Quant à l’affaire nommée « Woerth-Bettencourt », forte du rapport de l'IGF ce week-end, elle fut balayée d’un trait, en renouvelant l’affirmation de la probité de son Ministre, en martelant qu’il était « innocent », preuve que sa conception de la présomption d’innocence est bien revenue, puis en rappelant que L’Oréal représentait 64000 employés et 17 milliards de chiffre d’affaire et qu’il ne faudrait pas que cette manne échappe à la France… Le message est bien passé.

sarko4Alors que retenir ? Le Président ne cèdera pas un iota  sur les retraites, notamment concernant l’égalité de traitement entre public et privé et sur l’âge de 62 ans. La mise en exergue du modèle économique allemand, dressé sans nuance au rang le plus élevé et sur lequel il entend calquer sa politique. Sa croyance en la baisse de la dette, du chômage combinée à une croissance revenue. On peut toujours rêver.

Les agriculteurs ont dû se sentir très soutenus, car le chef de l’Etat n’a eu de cesse de les citer en faisant de leur cause une priorité lorsqu’il dirigera le G20. Malheureusement, ils resteront sur la faim sur les moyens d’y parvenir et les méthodes à employer. Paroles, paroles, paroles ?

Sinon quelques idées qui sont loin d’être inintéressantes : la responsabilisation pénale des parents pour les délits des délinquants des 12-13 ans qui font leurs forfait tard dans la nuit (sujet polémique mais qui existe et qui pose la nécessaire question de la responsabilité des parents quant à l’éducation de leurs enfants, n’en déplaisent à certains qui n’habitent pas de toute évidence près les zones de non-droit), la prise en compte des exclus du Conseil de Sécurité de l’ONU à savoir l’Amérique latine, l’Afrique et l’Inde bientôt pays le plus peuplé du Monde, qui ont le droit de pouvoir s’exprimer et influer sur un Monde qu’ils peuplent en part conséquente. L’obligation pour les 16-18 ans, sortis du système scolaire d’avoir soit une formation, soit un travail. Enfin la création des établissements à encadrement renforcé pour ceux que « personne ne veut », parce qu’ils empêchent les autres de travailler. Une vingtaine pour la rentrée 2010 dont 3 en Seine Saint-Denis. A suivre…

Finalement l’entretien était surtout attendu à propos des « affaires » : les Français ont dû rester sur leur faim à l’heure du dîner, d’autant que le sujet fut abordé dès les premières minutes. Le reste n’apporta rien de révolutionnaire ni de profondément révoltant. Tout juste les contours d’une politique dont on ne veut pas dans sa grande globalité. Ce n’est déjà pas si mal. Notre combat des valeurs n’est pas vain et est plus que jamais d'actualité. 

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  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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