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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 20:50

François Hollande, savez-vous qu'il existe un pays dans ceux de l'OCDE dans lequel des enfants de douze ans sont illettrés ? 

Savez-vous aussi que cette même Nation se classe parmi les plus mauvaises dans le classement PISA établit par l'OCDE, sur des critères aussi basiques que la lecture, les mathématiques et les sciences ?

Savez-vous que des comiques, de grands comiques, regardent de manière hémiplégique ce classement, ne regardant que la Finlande, quand la Corée qui lui dispute la tête, emploie des méthodes contraires, montrant que la seule certitude que l'on puisse avoir c'est qu'il n'existe aucune modèle ?

Savez-vous pourtant que ce pays consacre 7,1% de son PIB dans l'éducation des enfants et qu'il offre une scolarité gratuite durant tout le cursus scolaire ?

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Savez-vous que, dans ce pays, des têtes "pensantes" ont dirigé avec force et dogmatisme la formation de tous les enseignants leur faisant comprendre que la pédagogie était une finalité en soi ? Or, elle n'est qu'un moyen, selon moi. Et ils ont laissé encore croire que l'échec d'un élève ne peut jamais provenir de lui-même mais vient nécessairement du professeur.

Savez-vous Monsieur Hollande, que ce pays est le nôtre et que vous présidez à la République ?

Monsieur Hollande, mon père n’avait que le certificat d'étude, et m'a toujours encouragé à travailler à l’école. Parce que, lui, avait été de son propre aveu "un cancre" à l'école. Pourtant, c’est bien lui qui me corrigeait mes fautes d'orthographe jusqu'au collège, qui me faisait réciter mes tables de multiplication et c'est encore lui qui me faisait les gros yeux quand je ne savais pas que le 23 représentait le département de la Creuse. Lui le "cancre" ! Savez-vous combien de bacheliers et d'universitaires d'aujourd'hui seraient donc des cancres à l'aune de son savoir de l'époque ?

Je vois les élèves chaque matin, ils ne baillent pas parce que leur journée de cours s'est terminée à 17 heures mais parce qu'ils ont envoyé des SMS jusque tard dans la nuit en écoutant de la musique dans leur chambre. Ce dont ils manquent cruellement ce n'est pas de "bonnes notes", mais de savoir reconnaître un verbe, de savoir mettre en s au pluriel, de savoir que les États-Unis ne font pas partie de l'Europe ou encore que multiplier 7 par 8 donne 56.

En quoi votre réforme les aide-t-elle à maîtriser ces savoirs, Monsieur le président ? La mission de la République est d'avoir des exigences. Des exigences pour tous. Et d'autant plus pour ceux qui sont en difficulté. 

Alors Monsieur Hollande, la question est simple : allez-vous enfin proposer à l'école la seule réforme que la République puisse se permettre en ces temps de crises, le retour du savoir, de la culture et surtout, surtout des exigences ?

Publié sur le Nouvel Obs - Le plus, le 28 mars 2013

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 20:12

Monsieur le ministre,

Ce ne sera pas me confondre en obséquiosité que de vous avouer, Monsieur Le ministre, que je vous apprécie. Et cette inclinaison m’est d’autant plus aisée qu’elle succède à des torrents de bile que m’ont inspirés vos prédécesseurs, du méprisant Xavier Darcos qui renvoya les institutrices langer les chiards,  jusqu’à Luc Chatel, dont le sourire candide dissimulait mal une bouche assassine qui renvoyait les enseignants à leurs grands soirs.

Vous n’avez eu de cesse depuis votre arrivée rue de Grenelle de rendre hommage à notre profession. Et pour cause : professeur vous fûtes, et professeur vous le redeviendriez volontiers si le hasard venait à vous démettre de vos fonctions, comme vous le confiâtes avec sincérité sur le plateau de Laurent Ruquier, samedi dernier. Il est une règle à ce ministère qui veut qu’un homme qui a aimé enseigné, montre du respect pour ses pairs. Il en va de vous-même, comme de Jack Lang ou de François Bayrou. Puissé-je me tromper dans ma sentence péremptoire à l’égard des anciens élèves en grec ou en latin de Xavier Darcos.

Toujours est-il que, malgré mon exorde aimable, il se peut que ma missive prenne un ton moins mélodieux à vos oreilles, une fois que j’aurais exposé l’objet qui chatouille ma plume. Que dis-je, l’odieux objet qui aiguise ma plume que je trempe avec frénésie dans une encre sombre.

 

Peillon2.jpg

 

Voilà des jours que vous trainez votre peine, de plateaux en micros pour asséner à la France entière que l’échec de notre système scolaire serait dû tout ou partie aux rythmes scolaires. Serpent de mer que vous faites frétiller dans des océans de "bienpensance", vous baignant avec délectation dans les flots de ces pédopsychiatres qui semblent à vos yeux en savoir davantage que nous-mêmes à propos de nos classes.

Des élèves qui auraient trop de cours, et qui, fatigués, ne seraient pas à même de travailler. Ces mêmes élèves, que je vois, chaque matin arriver harassés par une nuit trop courte. Et loin de leurs homologues coréens dont les nuits écourtées sont dûes à des cours particuliers que l’État a dû réglementer, mes élèves avouent se coucher tard, trop tard, charmés par les écrans (de télévision, de téléphone ou de tablettes), que les parents laissent volontiers coloniser les chambres.

Alors je m’étonne de vous entendre parler de chronobiologie, sans que jamais, ô grand jamais, cet aspect de la vie de nos élèves ne soit mis dans la balance, laissant l’école seul bourreau et responsable de tous les maux.

 

Les enseignants ne travaillent-ils pas assez à votre goût ?

 

J’attends d’ailleurs avec impatience que votre réforme parle de transmission du savoir ou des méthodes qui résoudraient les problèmes liés à l’autorité et qui sont autrement plus néfastes que des journées parfois trop chargées. En vain.

Et emporté dans votre élan, vous voilà à enfourcher un autre cheval, autrement plus coriace celui-ci que celui des "4 jours et demi" : les sacro-saintes vacances scolaires ! Et de promettre de leur faire la nique, en les rabotant de deux semaines. 

Pour autant, même à petit trot (puisque 2015 est évoqué), trop c’est trop.

Car, à vous entendre depuis votre mise en poste, quel message voulez-vous faire passer, Monsieur le ministre ? Entre la semaine de quatre jours et demi, les vacances écourtées ou encore la volonté d’augmenter le temps de présence dans les établissements scolaires, que peuvent comprendre les Français si ce n’est, en filigrane, que les enseignants ne travaillent pas suffisamment ? Ou pour le moins, qu’ils pourraient travailler davantage ?

Alors les mots sont souvent mieux pesés, la sentence s’accompagne volontiers d’un élan laudatif non feint. Mais finalement, votre message est-il si différent de celui envoyé avec certes davantage de cynisme que vous prédécesseurs ?

Faut-il vous rappeler, Monsieur le ministre, que réduire les vacances de deux semaines risque de vous coûter très cher. Je ne parle même pas des 800.000 enseignants qui sauront rendre la monnaie de votre pièce dans les urnes, je ne serai pas si mesquin. Je parle ici au sens propre. Car si le secteur du tourisme, l’un des seuls qui soient en bonne santé dans notre économie ne tardera pas à crier famine, comment allez-vous financer le complément salarial que tout enseignant réclamera comme la loi l’y autorisera ?

 

Une compensation financière impossible

 

Parce que dans votre élan, Monsieur le Ministre, sans doute avez-vous oublié que le salaire des enseignants est calculé sur une base de dix mois, et que les vacances d’été ne sont pas payées. Ne vous en déplaise, notre salaire, et vous le savez parfaitement, est divisé en douze parties afin que chaque mois, nous puissions toucher un salaire. Mais les vacances d’été ne font pas partie des heures payées. En d’autres termes, êtes vous prêt à reverser aux plus de 800000 enseignants une somme de 1000 euros annuels pour payer ce temps non prévu par les textes ? 800 millions d’euros au bas mot à ajouter sur la facture de l’Etat ? Seriez-vous donc prêt à ce sacrifice, juste pour la beauté du geste ?

A dire vrai, Monsieur le Ministre, plus j’écris et moins je vous apprécie. Je me rends compte, et une grande majorité des Français aussi, que vos belles phrases n’étaient que mirages et que de courage vous n’en avez que pour accabler une profession qui est déjà plus bas que terre.

Je ne sais où tout cela va nous mener. Mais à votre place, j’écouterais avec la plus grande attention le seul message que je tenais à vous adresser : pas touche aux vacances.

Avec mes salutations républicaines,

Votre serviteur.

Publié sur Le nouvel Obs - Le Plus, le 25 février 2013

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24 février 2013 7 24 /02 /février /2013 20:09

Ils sont rares ces moments où les invités politiques brillent sur le fauteuil d'"On n’est pas couché". La raison à une langue de bois professionnalisée et au caractère hybride de l’émission qui oscille sans distinction entre actualité et caricature, sans que l’on ne sache très bien en déterminer les contours. Mais aussi et surtout aux chroniqueurs, Natacha Polony et Aymeric Caron, dont le rôle est de mettre en difficulté l'invité. Et l’émission de samedi accoucha en ce sens d’un petit événement.


On attendait une Natacha Polony remontée 


Car en invitant le ministre de l’Éducation, Vincent Peillon, d’aucuns imaginaient une Natacha Polony le couteau en les dents, prête en tous points pour accabler ce ministre dans un domaine qu’elle a effleuré, l’enseignement, avant de la quitter très vite à grandes enjambées, comme effrayée et surtout dégoûtée d’un système qui broyait le savoir. D’ailleurs, Laurent Ruquier devait s’en délecter, puisqu’avec une gourmandise non feinte, il lui laissa très tôt la parole en disant qu’elle avait préparé tant de questions qu’il n’était pas bien sur qu’elle pût toutes les poser.

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Pour autant, ce n’est pas elle qui fut la plus flingueuse, loin s’en faut. Confiné dans un rôle de plus en plus obscur depuis quelques semaines, Aymeric Caron, dont on avait pu apprécier lors de ses première apparitions un esprit incisif, se révèle au fil du temps une déclinaison du vautour sans âme qui veille au grain en cherchant obstinément la moindre vétille, la plus petite déclaration contradictoire, le détail le moins amène pour l’exhiber avec une férocité exacerbée à son invité et tenter de le déstabiliser. Bien loin d’une dimension journalistique.


Leçon de journalisme


Par deux fois, il s’y essaya. La première en sortant les conclusions d’un rapport qui n’existe pas encore, cité par un journaliste selon lequel seulement 1 enseignant sur 5 seulement serait compétent. Un chiffre, qui amène pourtant à un minimum de précautions notamment dans l’analyse scrupuleuse, et non des moindres, de la méthodologie qui a amené à ce chiffre. Mais Aymeric Caron préfère le choc des chiffres à la véracité de son propos et mit au défi le ministre de réagir.

Et c’est une leçon de journalisme qui s’en suivit, Vincent Peillon lui demandant de sortir le rapport qu’Aymeric Caron fut bien en mal même de citer puisque celui-ci n’est apparemment pas publié. "Sourcez", lui intima alors le ministre qui refusa bien évidemment de commenter ce que d’aucuns ne pourraient considérer comme une "information".

Entêté, obstiné même, Aymeric Caron ravala sa fierté pour venir radoter son subterfuge un peu plus tard, à la manière du lourdeau Schtroumpf farceur avec ses cadeaux que l’on sait explosifs. Cette fois-ci, il compta bien sur l’ignorance de Vincent Peillon ou plutôt son incapacité à retenir tout ce qui transpire dans la presse sur son compte depuis des années : "Peillon est un serpent. Avec lui, c’est tout pour sa gueule. Vous verrez, il trahira Royal."


"Qui a dit ça ?"


Manque de chance, Vincent Peillon a une excellente mémoire, surtout, l’on imagine, pour les vacheries que l’on débite sur son compte. Et Caron n’eut même pas le loisir de finir sa citation que le ministre lui demanda "Qui a dit ça ?". Le chroniqueur feignit de ne pas comprendre et répondit "Hollande".

Sauf que Vincent Peillon ne lui demandait pas à qui l’on prêtait ces propos, mais bien qui les colportait. Et c’est le ministre lui-même qui lui lança celui qui avait rapporté le prétendu persiflage : Éric Besson, qui n’est pas "une autorité morale", rappela Vincent Peillon. Il est vrai qu'Éric Besson est à la politique ce que Judas est à Jésus. "Sourcez" lui répéta-t-il, rappelant que cela faisait la deuxième fois qu’il le prenait la mai dans le pot de confiture.

En matière de journalisme et d’éthique, incontestablement, Vincent Peillon était à son meilleur sur le plateau de Laurent Ruquier, et nul doute qu’Aymeric Caron a pris à ce titre une leçon qu’on lui espère profitable.


Meilleur journaliste que ministre


Pour le reste, le ministre de l’Education fut en revanche prévisible, avançant comme souvent une bonne volonté, une sincérité dans la démarche, mais des erreurs de diagnostique qu’il s’entête à défendre et qui feront que, dans dix ans encore, nous entendrons de la bouche d’un de ses successeurs : "Nous devons réformer l’école".

Triste litanie des symptômes, qui fait l’énumération des plaies béantes et que l’on prétend résorber avec un pansement waterproof.

Ainsi, lorsque Vincent Peillon déclina dans ses sempiternels trois points, qui ponctuent chacune de ses analyses, un mal français que ce tic rhétorique, faisant état de ce qui avait causé la déchéance de l’école, il cita dans l’ordre l’encadrement du primaire, la formation des professeurs et les rythmes scolaires. Occultant une fois encore la raison principale.

Si les élèves sortent de l’école en étant illettrés pour 25% d’entre eux, ou s’ils sortent du secondaire avec une maîtrise approximative de la langue et une culture de plus en plus infinitésimale, c’est que les pédagogies adoptées et qui sont données pour formation aux enseignants depuis trois décennies ont fait fi, avec cynisme, de la transmission des savoirs. En estimant que moins les élèves en savaient, plus il fallait donc niveler le seuil des exigences vers le bas, histoire de se mettre à leur niveau quand la mission de l’école est de mettre tous les élèves à son niveau minimal pour être un citoyen actif et pensant.

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Natacha Polony lui donna bien une chance de l'affirmer en lui demandant d’où venait l’échec. Mais le ministre se perdit dans ses schémas habituels, en accusant les grandes sections maternelles d’avoir imposé la graphie aux enfants et d’avoir ainsi "médicalisé" les difficultés alors rencontrées.

Tout juste, estima-t-il nécessaire, en effet, de faire table rase de la grammaire linguistique qui s’est imposée avec violence dans les programmes scolaires et qui fait qu’aujourd’hui les parents ne comprennent même plus la grammaire qu’apprennent leurs enfants… quand elle existe puisqu’aujourd’hui un élève de collège ne sait même plus différencier un adjectif d’un verbe.

Des erreurs de communication

De la même manière, il ne donna aucune solution pour doper la vocation de ce métier, de plus en plus délaissé, et qui voit certains postes proposés aux concours laissés vaquant, faute de candidats.

On apprécia aussi l’impossible équation développée par le ministre quand dans la même phrase, il reconnait que le salaire des enseignants doit être réévalué mais explique que ce sera impossible faute de moyens. Sans une seule fois se rendre compte qu’embaucher 60.000 postes dans l’éducation avait pompé toute la marge de manœuvre qui était possible.

Mais le pire dans son intervention ne fut pas tant ses erreurs de diagnostiques ou l’absence des solutions, mais bel et bien dans la réaffirmation  que la note doit être "un encouragement" et une "émulation" et non "une blessure", décrétant qu’en France la note n’est pas utile d’autant qu’elle est attribuée sans explication.

Non, Monsieur le ministre, vos errements en la matière sont mortifères et sont en grande partie la raison de nos échecs depuis 30 ans avec la psychologisation des esprits pour faire croire à un improbable traumatisme des élèves. La note n’a pas vocation à être un calmant ou un placebo. La note est une évaluation, qui sans aspirer à l’objectivité, c’est vrai, n’en demeure pas moins un moyen d’évaluer si un savoir, ou un savoir-faire, est acquis ou non.

Libre à l’enseignant de trouver d’autres moyens pour encourager l’élève et surtout pour lui montrer les progrès qu’il a accomplis si ces derniers ne sont pas visibles à la seule vue de la note. Mais encore une fois, on ne casse pas le thermomètre pour soigner un malade : on trouve un antidote.

L’émission de Ruquier n’aura donc pas suffi à rassurer sur les capacités de Vincent Peillon à réformer l’école, loin s’en faut. Elle lui aura au moins permis de trouver une vocation certaine dans le journalisme, pour se reconvertir. Et ce n’est déjà pas si mal. 

Publie sur Le Nouvel obs - Le Plus, le 24 février 2013

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12 février 2013 2 12 /02 /février /2013 17:55

Rien n’y fait. Vincent Peillon a beau faire le tour de France et des médias pour convaincre les enseignants de la nécessité de sa réforme des rythmes scolaires, les rangs de l’éducation nationale compteront des grévistes ce mardi.

Des mouvements de grève qui, il faut bien l’avouer ne sont pas forcément bien perçus à l’extérieur de la corporation. La faute, évidemment aux clichés qui restent collés aux basques des professeurs de la fonction publique. La faute aussi à un mot d’ordre assez flou de la part des syndicats puisqu’ils s’opposent aux rythmes scolaires, mais aussi à la réforme globale de Vincent Peillon, et à la rémunération. Bien que légitimes, ces revendications s’entrechoquent et nuisent au message qui est envoyé aux Français.

 

Peu de mobilisations dans les collèges et lycées

 

C’est sans doute une des raisons pour laquelle la grève ne mobilisera pas autant que certains le voudraient. D’ailleurs, centrées sur le primaire, les revendications ne mobilisent guère dans les collèges et les lycées, avec des personnels qui peuvent même se sentir étrangers à ces manifestations.

À titre personnel, j’ai toujours eu du mal à trouver dans ces grèves, qui soit dit en passant ne sont pas si nombreuses que la croyance populaire veut bien le croire, des raisons d’espérer d’elles quoi que ce soit. 

Partant des seuls représentants syndicaux, qui ont davantage tendance à annoncer le mouvement qu’à consulter leur base, ces mouvements n’ont jamais véritablement abouti à quelque chose de palpable, si ce n’est, au pire, un statu quo. Ce qui dans l’état de délabrement de l’école, et des conditions de travail des enseignants revient à un retour en arrière. Aussi, mes élèves auront le déplaisir de me voir leur dispenser savoirs et connaissance ce mardi.

Cela montre-t-il que Vincent Peillon n’est pas si contesté que les médias semblent l’annoncer ? La question est en réalité complexe.

 

À quand l'application des promesses ?

 

La personnalité même du ministre ne pose pas de problèmes majeurs. Et pour cause. Il fut nommé après un quinquennat durant lequel se succédèrent Xavier Darcos qui résumait la mission des instituteurs de maternelle à "faire faire des siestes à des enfants" et à "leur changer les couches", puis Luc Châtel qui eut le bon goût de scander lors de son discours de la rentrée 2010, censé apaisé le climat : "Notre école a moins besoin de grands soirs que de petits matins quotidiens".


Forcément, à côté de ces deux éléphants dans le magasin de porcelaine de la rue de Grenelle, qui rappelèrent un autre illustre "lourdaud" qui voulait dégraisser le mammouth (comme quoi, ce n’est pas nécessairement un problème de clivage partisan), Vincent Peillon apparaît comme plus respectueux de la corporation. Rappelant sans cesse ce que l’on doit aux enseignants, comme il le fit dans sa lettre aux personnels en juin dernier 

"Nous savons aussi la force de votre dévouement, la passion et la vocation qui vous animent pour instruire, éduquer, servir une certaine idée de la France, de la République et de l'humanité."

Pour autant, Vincent Peillon, dans la lignée de François Hollande avait promis monts et merveilles. Des embauches, de la formation et des réformes. Mais aussi de la concertation.

Sur les embauches, la promesse est clairement en passe d’être tenue, mais en laissant croire que la refonte de l’éducation nationale se résume à une question de moyens, ce qui est un cache-misère.

 

Quels efforts pour la formation des enseignants ?

 

La formation initiale, qui avait été atomisée par les équipes de Nicolas Sarkozy, est quant à elle loin de satisfaire les néo-titulaires. À la rentrée 2013, les heureux détenteurs du CAPES auront encore pas moins de 15 heures de cours à charge, en plus de leur formation.

Si Sarkozy leur avait fixé cette charge à 18 heures (c’est-à-dire un emploi du temps complet), notons qu’avant 2007, les stagiaires n’avaient que 6 heures de cours, couplés à 12 heures de formation par semaine pour assimiler progressivement les arcanes du métier.


Certes, l’IUFM était loin d’être la panacée, avec une idéologie pédagogiste moribonde et une équipe de formateurs désignés par cooptation d’amicales relations (en guise d’efficaces références). Pour autant, là où il fallut modifier le système pour le rendre plus efficient, la droite le fit disparaître… Il n’est pour l’heure qu’un halo vaguement ressemblant au début d’une formation…

Enfin les réformes. On n’entend parler que de celle des rythmes scolaires. Si la Chine vient de fêter le passage dans l’année du serpent, nul doute que cette question pourrait pleinement prendre part au défilé. Car rarement l’on aura vu de serpents de mer aussi gros, parole de moussaillon sur le pont du collège.

 

Le serpent de mer des rythmes scolaires

 

Si la Chine vient de fêter le passage dans l’année du serpent, nul doute que cette question aurait pu pleinement prendre part aux festivités. Car rarement l’on aura vu de serpents de mer aussi gros, parole de moussaillon sur le pont du collège.
 
Que les emplois du temps des élèves, et notamment des plus jeunes, puissent être rendus plus efficaces, nul n’en doute. Mais un tel paravent ne pourrait cacher la nature profonde de l’abyssal abîme dans lequel est tombé le premier budget de France : l’abandon de la transmission des savoirs, des connaissances et surtout, surtout des exigences, tant du point de vue de la performance scolaire que du comportement à tenir dans l’enceinte des établissements scolaires. Surtout à une époque où les élèves se couchent en plein cœur de la nuit dans une chambre qui ressemble en tous points à une succursale de Darty. Accabler l'école, en l'accusant de perturber le rythme biologique des enfants est donc, dans ce contexte, une fumisterie du plus mauvais goût.

 

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Et de cela, Vincent Peillon ne fournit qu’un charabia lyrique, une logorrhée polie mais floue comme un loup, un brouillamini que le philosophe manipule à grands coups de rhétorique, comptant sur le vague et le fumeux pour faire illusion. À l’image de ce qu’il fit – déjà ! – en pleine présidentiellequand on lui demanda d’expliquer le projet de François Hollande :

"Il va donc falloir envisager une revalorisation matérielle et morale du métier d'enseignant. Mais en même temps il faudra faire évoluer la définition du métier, de ses tâches, de ses obligations, des services. C'est la feuille de route que m'a donné François Hollande, avec une double exigence : le seul critère, c'est l'amélioration de la réussite pour tous les élèves, et la seule méthode c'est, à partir d'objectifs clairs assumés par le politique, la concertation et la négociation."

Alors Vincent Peillon a beau faire une danse du ventre aimable, en redoublant de déférence et d'obséquiosité à l’égard de la profession, il semble nous rejouer la partition de Jack Lang : des louanges et du vent. C’est un peu tendre en bouche, quand le menu s’annonçait fastueux. 

 

Publié sur le Nouvel Obs le 12 février 2013

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31 janvier 2013 4 31 /01 /janvier /2013 17:34

Elle est redoutée au moins autant qu’elle est prévisible : la première grève des enseignants d’une législature. Le gouvernement Ayrault n’échappera pas à la règle et force est de constater que la lune de miel n’aura pas duré. Ce jeudi, les syndicats enseignants ont déposé un préavis de grève, souhaitant être suivis par un tiers des enseignants.

Cette journée intervient après six mois d’exercice d’un gouvernement qui aura déçu de nombreux Français. Et les enseignants sont de loin ceux qui auront le plus déchanté.

 

La désillusion après l'espoir

 

À grands coups de promesses de formation, de réformes ou encore de dénonciation dumarchandage honteux prévu par Nicolas Sarkozy, qui visait à faire travailler les enseignants 8 heures de plus, pour finalement être payé moins qu’à présent, le candidat Hollande avait réussi là où, successivement Lionel Jospin et Ségolène Royal avait durement échoué : retrouver la confiance d’une majorité du corps enseignant. La marche triomphale au son du gimmick sur les 70.000 postes avait eu raison de cette méfiance à l’égard d’un parti socialiste qui avait tant déçu dans les établissements.

François Hollande pensait avoir fait le plus difficile en gagnant la présidentielle, quand le plus difficile était à venir : être à la hauteur de enjeux. En guise de hauteur, il n’y eut que désillusion.

 

Pas de rétablissement de la formation initiale

 

Le rétablissement de la formation initiale qu’avait massacrée Nicolas Sarkozy ne fut pas à la hauteur. Durant le lustre sarkozien, les stagiaires, néo titulaires du concours, étaient passés de 6 heures de cours accompagnées de 12 heures de formation, à un temps complet de 18 heures, parfois aménagé de quelques modules saupoudrés ici ou là.

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Pour autant, à la rentrée 2012, les stagiaires ne récupérèrent nullement leur 12 heures de formation hebdomadaire. De 18 heures de cours, ils sont passés à 12, Vincent Peillon coupant la poire en deux avec une maladresse qui en dit long sur le sort accordé à la formation des enseignants aujourd’hui.

 

Des élèves allant droit à l'échec

 

La montagne de réforme annoncée accoucha elle d’une souris famélique, confortant les pédagogistes dans leurs dérives sectaires qui sévissent depuis trois décennies. Offrant donc de la compréhension et de bons sentiments, quand nos élèves ont besoin d’éducation et de connaissances. La transmission des savoirs est laissée en friche depuis des années et Vincent Peillon ne fait rien pour y remédier, se proposant même, comme les apprentis sorciers qui l’ont précédé, de casser le thermomètre pour donner l’illusion d’un regain de forme, en laissant entrevoir l’abolition de la notation.

Sans savoir, sans mots pour s’exprimer, sans se voir transmettre les fondamentaux puisqu’en guise d’un socle minimal de connaissances communes on préfère un socle commun de connaissances minimales, nos élèves sont donc voués à un échec programmé, qui ravira sans doute les grands industriels qui pourront à loisir exploiter cette main d’œuvre sous diplômée, ou, pire, bardée de diplômes de pochette surprise.

 

Les rythmes scolaires, un faux problème

 

Pendant ce temps, on agite un vieux serpent de mer, les rythmes scolaires, pour faire croire qu’ils seraient le mal profond de notre école malade. Les cours seraient trop nombreux et les élèves fatigués. Oubliant que dans le même temps on rajoute à profusion des heures de soutien, d’arts ou de sport, autant de temps de présence dans les établissements qui fatiguent tout autant les élèves (d’ailleurs comment pourrait-on faire autrement quand les parents travaillent au moins 7 heures par jour et qu’on réduit les cours à 5 heures quotidiennes en 6e).

Ou encore que nombre d’élèves doivent surtout leur fatigue au laxisme assumé de bon nombre de parents qui laissent les enfants se coucher de plus en plus tard ou qui ferment les yeux devant des chambres devenues des succursales de Darty laissant portables et autres connexions possibles dès lors qu’on les croit confiés à Morphée.

 

Plus personne ne veut être enseignant

 

Finalement, la seule promesse qui semble tenir est celle des postes. Dans les villes de grandes affiches tentent de recruter actuellement les futurs enseignants avec ce chiffre faramineux de 40.000 postes pour cette année. Et pour cause : les concours ne parviennent plus à pourvoirl’ensemble des postes qu’ils proposent, notamment en mathématiques, en lettres classiques et modernes ou encore en anglais.

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Une panne de motivation que le gouvernement ne semble vouloir résoudre qu’en brandissant des postes à pourvoir. Avec le risque de voir se presser des jeunes épuisés de se voir refuser des offres d’emplois dans leur secteur et qui deviendront enseignants par défaut. On ne devient pas enseignant par défaut : on exerce par conviction ou alors on démissionne. Dura lex sed lex. Vouloir recruter avant d’avoir résolu les problèmes de l’école et donc avant d’avoir dopé l’attractivité de la profession est la promesse d’un échec programmé.

 

Un message au gouvernement

 

Au-delà de ce risque, une telle dépense renvoie à la certitude, on ne peut plus erronée, selon laquelle la guérison de l’école ne serait qu’une question de moyens. Facilité qui permet d’évacuer les véritables maux dont souffre l’école. Ces recrutements dispendieux nuisent profondément aux finances publiques, et davantage encore au pouvoir d’achat des enseignants, dont le salaire plafonne depuis des années, et dont on annonce le gel à présent.

À diplôme égal, les enseignants de France sont parmi les moins payés de l’OCDE. Et que dire des autres professions dans le privé, en dehors des sentiers de l’éducation, qui leur offrirait des situations financières bien plus confortables.

Alors on pourra toujours se dire qu’une grève ne sert pas à grand chose. Elle est pourtant un moyen comme un autre de faire passer un message au gouvernement pour lui faire comprendre qu’il fait fausse route. Transmettre par la plume comme je le fais ici, ou dans la rue à l’écoute de tous les citoyens. Peu importe la forme, pourvu que jeudi soir, le gouvernement comprenne qu’après cinq ans de massacre assumé, la profession enseignante a besoin de reconnaissance. Et que pour une fois dans l’année, on puisse à ce titre placer le professeur au centre. 

 

Publié sur le Nouvel obs, le 31 janvier 2013

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 20:11

L’affaire n’est véritablement pas passée inaperçue et viendra remplir la longue liste des événements notoires qui se sont déroulés dans les établissements scolaires, qui prend des allures d’inventaire à la Prévert depuis la rentrée de septembre.

Ce lundi, un professeur de Charente a été suspendu provisoirement après la plainte de plusieurs parents, suite à un écrit qu’il a proposé à ses élèves de troisième, dont voici l’exact intitulé :

"Vous venez d'avoir 18 ans. Vous avez décidé d'en finir avec la vie. Votre décision semble irrévocable. Vous décidez dans un dernier élan de livrer les raisons de votre geste. En dressant votre autoportrait, vous décrivez tout le dégoût que vous avez de vous-même. Votre texte retracera quelques événements de votre vie à l'origine de ce sentiment."

Bien évidemment, les parents d’élèves ont été interloqués et choqués – on le serait pour moins – par le sujet qui avait été proposé à leur enfant. Raison pour laquelle ils ont décidé d’écrire à l’Inspection académique.

Toutefois, le courrier se défend d’être une énième plainte ou autre procédure visant à s’ingérer dans les affaires pédagogiques. Bien au contraire :

"De par notre éducation, nous n'avons pas l'habitude de remettre en question ce qui se passe à l'école, mais il y a des limites (...) Quel va être le prochain sujet ? ’Que ressentez-vous lorsque vous vous piquez ?’ On aimerait comprendre"

 

Le problème de l'autobiographie

 

Il est en effet nécessaire de faire preuve de pédagogie. Car tirer hâtivement à boulets rouges sur l’enseignant serait une chose un peu facile.

Ce qu’il y a de choquant dans le sujet n’est pas véritablement que des élèves de troisième s’interrogent sur la notion de suicide. À 15 ans, les élèves sont parfaitement aptes à commencer une réflexion sur des sujets lourds. Et c'est d’autant plus enrichissants pour eux qu’ils sont à un âge où ce type de pensée mortifère peut les hanter sans qu’ils n’en disent rien.


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D’ailleurs depuis de nombreuses années, les établissements scolaires organisent des actions de prévention autour du suicide, tant envers les adolescents qui pourraient y avoir songé, qu’à l’attention des professeurs afin de les sensibiliser aux moindres indices de détresse.

Le problème est d’avoir introduit ce sujet dans le cadre de l’autobiographie. Ce genre littéraire fait partie du programme de troisième, et ce depuis de nombreuses années. Et il n’invite pas forcément d’ailleurs à évoquer des moments joyeux quand on sait que le programme tourne aussi autour des notions de mémoire ou de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Pour autant, le sujet pose tout de même un contexte particulièrement brutal puisqu’il demande à l’élève de se placer comme étant celui qui voulait se suicider. Une sorte de jeu de rôle aux accents morbides et qui pourrait s’avérer dangereux. Surtout que l’enseignant ne sait absolument pas ce qui se trame sous le crâne de ses élèves. Ils ne sont pas seulement des gens qui lèvent le doigt, répondent aux questions, en posent aussi et rendent des copies. En quittant les murs de l’établissement, même dès la cour de récréation, ils redeviennent des adolescents, des adultes en devenir, des êtres en construction, fragiles et à la recherche d'eux-mêmes.

 

Pourquoi les faire parler d'eux à tout prix ?

 

Alors complètement inconscient le professeur ? Cas isolé d’un enseignant qui a poussé un peu trop loin la limite du supportable ? Erreur de jugement alors qu’il croyait avoir enfin un sujet qui allait réveiller la plume dilettante de ses élèves ?

C’est là que la réaction du syndicaliste du SNES-FSU prend tout son sens :

"Le sujet était un autoportrait fictif. Quand les élèves ont demandé des précisions, le professeur les a effectivement aiguillés sur le fait de s'imaginer en fin de vie, pour mieux se décrire dans leur autoportrait."

Écrire en parlant de soi. Que de soi. De ses émotions. Il est sans doute là, le hic. Car il est une manie indémodable depuis trente ans dans l’Éducation nationale, et tout particulièrement dans l’enseignement des Lettres, c’est de vouloir à tout prix que l’élève parle de lui. On lui demande ainsi se livrer à l’écrit et même parfois à l’oral devant tous les autres, partant du principe qu’il est plus simple de parler de soi que de parler de choses que l’on ne connait pas.

"Il faut libérer la parole", un gimmick maintes fois entendu dans les formations, où l’on explique que si le professeur a parlé pendant plus de dix minutes dans l’heure, il a muselé la parole de sa classe et, en somme, a raté son cours.

Il faut en toute promiscuité que les élèves évoquent leurs sentiments, leurs sensations. Cela peut partir d’un texte littéraire dans lequel il faut faire fi du sens, du contexte et davantage encore de la forme pour ne s’intéresser qu’à cette lancinante et fatidique question : "qu’en as tu pensé ? Qu’as tu ressenti ?"

 

Pédagogie inadaptée

 

Le cas pratique du caractère grotesque de cette pédagogie, qui est presque imposée aux enseignants de Lettres dans leur formation initiale, a été primé à Cannes en 2008. "Entre les murs" montre parfaitement cette démagogie, et le plus incroyable, c’est que Bégaudeau, acteur/professeur/écrivain de la scène qui se passe sous nos yeux, ne semble même pas s’en rendre compte. 

De l’exercice d’autobiographie qu’il demande de livrer devant tous les élèves, jusqu’à l’ahurissante scène d’argumentation, où la parole libérée part de l’imparfait du subjonctif pour arriver à la Coupe d’Afrique des nations, évocation qui s’accompagne de l'étendard des communautarisme, et qui se termine dans un brouhaha inacceptable – insultes et haine raciale comprises –. Qu’ont donc appris ces élèves durant cette heure-là ? Quelle valeur ajoutée fut celle de ce cours de français ? Qu’a obtenu l’enseignant si ce n’est réveiller les laves de haine qui ne demandent qu’à jaillir de ces volcans d’inculture ?

Il faut cesser avec l’idéologie de croire que le professeur est un spéléologue qui doit faire jaillir le métal précieux qui se cache dans l’élève, comme s’il détenait de manière innée le savoir. L’enseignant est là, avant tout, pour lui transmettre le savoir et lui donner les outils pour s’exprimer. Son rôle n’est pas d’expurger son âme.

Alors l’enseignant de Charente a clairement dérapé. C’est incontestable. Mais il ne faudrait pas dédouaner pour autant l’Éducation nationale et les idéologies mortifères des pédagogistes qui ont largement contribué à son hors-piste.

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 17:19

Cette rentrée 2012 n’est décidément pas comme les autres. Et le rallongement des vacances de la Toussaint n’a rien à voir à l’affaire, si ce n’est qu’il soulagera sans doute les enseignants… avant de devoir récupérer ces deux journées qui ne leur seront pas données à titre gracieux comme la sagesse populaire semble l’avoir cru.

Les faits divers regorgent en effet depuis septembre du spectacle ordinaire de la violence faite aux enseignants, depuis l’affaire de Bordeaux, qui vit un élève frapper un enseignant, qui succéda à celle de Poitiers, dans laquelle c’est un des parents qui était passé à l’acte. La semaine dernière, c’est une collègue de Béthune qui a mis fin à ses jours.


Une médecine du travail inexistante


Souvent, l’on évoque une société de plus en plus violente, une éducation qui n’est plus assurée de mains de maître par les parents, et une autorité en berne dans les établissements scolaires. Il serait bien évidemment ridicule de nier ses facteurs incontestables.

Mais circonscrire le mal enseignant à ces paramètres, c’est omettre l’essentiel. C’est faire fi du statut du professeur qui est avant tout un travailleur, qui exerce une activité contre une rémunération. Et qui à ce titre a des droits.

Mais c’est là que le bât blesse. Car, au sein de l’Éducation nationale, comme nulle part ailleurs, les droits du travail, on ne connaît pas. Une contributrice du Plus, enseignante dans l'académie d'Aix-Marseille, expliquait le week-end dernier que les enseignants n’avaient aucun soutien ni suivi psychologique bien qu’étant en contact avec des adolescents tout au long de l’année.


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En réalité, l’enseignant salarié de la fonction publique n’a tout simplement pas de médecine du travail. Dans toute sa carrière, il ne verra le médecin qu’une seule fois, dans les trois premiers mois de son activité. C’est en effet la condition sine qua non pour débloquer la procédure du paiement des indemnités auprès du Rectorat.

Un certificat d’aptitude du travail est alors délivré par un médecin de ville, agrée pour l’occasion pour faire une visite, sans que le patient n’ait à débourser le moindre centime. Une consultation qui dura pour ma part la bagatelle de 1 minute et 52 secondes, montre en main, le temps de me prendre la tension, de me demander si tout allait bien, et de signer son attestation.

Et n’allez pas vous mettre en tête de lui confier que vous souffrez d’un souffle au cœur, comme a pu le faire un des mes collègues ! Un air agacé accompagnera cette réponse aussi sèche que lapidaire, dans un souffle d’ennui : "Oui, mais ça ne vous empêchera pas de travailler". Et puis plus rien. Quatre décennies, sans rencontrer le moindre médecin, quand le code du travail impose une visite annuelle.


Des conditions de travail aléatoires


Au-delà du suivi médical, ce sont toutes les conditions de travail de l’enseignant qui ne sont souscrites à aucune réglementation.

Ainsi, il y a quinze jours, une première vague de froid s’est abattue dans le Nord de la France. Dans ma classe, durant 5 jours, il a fait entre 12 et 15 degrés dans la salle, de 8h à 17h. Les enseignants n’osaient même plus demander aux élèves d’enlever leurs manteaux et autres écharpes. Nous avons été plusieurs, au bout de quelques jours, à défiler dans le bureau du principal pour demander la raison pour laquelle il n’y avait pas de chauffage.

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Un mauvais réglage ? Un défaut d’approvisionnement ? Une panne ? Rien de tout cela : "Les finances actuelles de l’établissement étant limitées, nous ne souhaitons pas mettre de chauffage pour économiser. Sans quoi, vous ne pourrez plus faire de photocopies. Et puis vous savez, le gaz a augmenté… ".

Spectacle inouï se déroulant en octobre 2012, dans un pays que l’on nomme la France ! Et entre les photocopies et le chauffage, la direction de l’établissement de choisir les photocopies !

Quand nous avons subtilement estimé "étrange" que les locaux de la direction soient surchauffés, même si nous reconnaissions, courtoisement, qu'ils sont plus petits, il nous a été répondu que le bâtiment devait être chauffé car au-dessus se situent des locaux privatifs… occupés par la direction elle-même ! Et notre interlocuteur de répondre : "Vous chauffez bien chez vous en ce moment, non ?"

 

Pas un salarié comme les autres

 

Inutile aussi de vous rendre auprès de votre collègue représentant syndical, qui a une décharge aux 2/3 de ses cours pour "défendre vos droits" : "On ne peut rien faire", risque t-il de répondre.

Il faudra un jour que les syndicats d’enseignants se posent de véritables questions sur leur rôle et leur utilité avant qu’il ne soit trop tard, mais sans doute est-ce là une tout autre question.

Toujours est-il qu’après avoir subrepticement fait comprendre que si on ne faisait rien, l’on serait contraint de passer "par l’extérieur", à savoir l’inspection du travail, la direction ne céda toujours pas. Ce ne fut que lorsque le mot "parents" fut prononcé dans un diatribe enflammée, que soudain, le "Sphinx" sembla perturbé de voir l’énigme résolue…

Trois heures plus tard, les chauffages tournaient à plein régime avec cette annonce : "Compte tenu des prévisions météorologiques pessimistes prévues demain, il a été décidé de mettre en marche le chauffage"…

Lecteurs, vous devez bien comprendre qu’un enseignant n’est pas un salarié comme les autres. Il n’a pas de droits : c’est un honneur pour lui que de servir la France. On le trimballe partout aux quatre coins de l’Académie quand il est en zone de remplacement, bien qu’il ait eu son concours comme les autres. Quinze jours par ci, trois semaines par là-bas.

Et pour peu que son affectation annuelle n’ait pas été transmise dans les temps par le Rectorat, les frais de déplacements, qui sont prévus uniquement dans ce cas, ne seront pas payés. En général, les missions sont donc transmises une ou deux journées après la date limite.

 

Des salaires inférieurs à ceux de nos voisins

 

Vous venez de perdre votre oncle cher, ou votre frère ? Vous ne pourrez alors peut-être pas assister à l’enterrement, car les textes ne prévoient que la perte du conjoint ou des parents. Et il ne faudrait pas que votre destin personnel vienne à interrompre le service public. Quand des employés du tertiaire pourront toujours demander cette grâce à son employeur, les enseignants devront au mieux demander un déplacement de leur cours, si le principal est décidé à vous faire ce présent.

Et il saura vous le rappeler suffisamment pour que vous ne lui refusiez plus rien, à l’avenir, de réunions non payées, en heures de remplacement pour un collègue en stage.


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Ne vous attendez pas non plus à pouvoir, comme la loi vous y autorise, à demander une avance sur salaire : il vous faudrait pour cela passer par une demande du rectorat qui sera accordée au bout de quelques semaines, puisqu'il est convenu que l’avance sur salaire n’est pas urgente.

Quant à ceux qui débutent la profession, qu'ils ne comptent pas être payés dès le premier mois. Leur premier salaire leur sera versé au mieux en octobre sinon en novembre. Les heures supplémentaires ne sont elles jamais versées en fin d’année en cours, mais au début de l’année suivante, alourdissant votre revenu fiscal pour des heures effectuées l’année précédente. Et parfois elles ne sont versées qu’avec six mois de retard avec la mention "rappel année courante" sur votre fiche de paye de mars... que vous recevez en juin. 

La fiche de paye du professeur qui faisait tant rêver il y a trois décennies, et qui aujourd'hui révèleque les enseignants ont été augmentés de 0,6% entre 2007 et 2012, soit une perte de salaire à euros constants de 6% par rapport à l’inflation constatée en France. Des salaires qui classent la France parmi les pays les plus radins de l’OCDE, et qui explique qu’un enseignant gagne 80% de ce qu’un salarié du tertiaire gagne à niveau de diplôme équivalent.

 

Un milieu où l'omerta est de mise

 

Alors pourquoi tout ceci n’est jamais évoqué ou si peu ? Pourquoi l’on ne parle que de la vocation des enseignants, de leur amour pour leur métier, et qu’eux-mêmes sont si peu loquaces pour évoquer des conditions de travail inacceptables et un droit du travail bafoué ?

Tout simplement parce qu’en le révélant ils prennent un risque. Et en le faisant aujourd’hui, JE prends un risque.

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D’après vous, est-ce un hasard si untel témoigne sans montrer son visage, untel sous couvert d’anonymat ? La réalité est que les enseignants sont soumis à un droit de réserve, une muselière qui se métamorphose en épée de Damoclès : nul n’a le droit de parler. L’omerta est de mise. Il faut se taire et ne jamais témoigner de ce qui se passe dans les établissements scolaires.

Une obligation qui sonne comme un harcèlement continuel et qui aliène tant et encore ces enseignants qui continuent de faire comme si de rien n’était. Et pour cause : combien d’entre eux n’ont qu'un CAPES, obtenu dans la continuité de leurs études ? Combien d’entre eux ne savent pas ce qu'ils pourraient faire d’autre, quand la légende leur dit que c’est tout simplement la vocation qui a choisi pour eux ? Combien d’entre eux ne peuvent pas se permettre de démissionner car quitter la fonction publique ne vous offre aucun accès au chômage ?

Il est toujours émouvant de dire que les problèmes des enseignants seront résolus quand on aura réglé le problème des performances. Mais c’est angélique aussi. Car nul ne peut s’épanouir dans un enfer où les droits du travail sont bafoués. Et ce n’est certainement en se taisant que les choses iront mieux. 

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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 10:14

Vincent Peillon et François Hollande lors d'une visite à Trappes, le 3 septembre 2012 (T.CAMUS/AFP).

 Vincent Peillon et François Hollande lors d'une visite à Trappes, le 3 septembre 2012 (T.CAMUS/AFP).

 

Mais pourquoi François Hollande avait-il prévu de faire son discours pour l’école le jour même du vote de la ratification du traité européen ? S’il voulait masquer ce chantier pourtant essentiel pour l’avenir, nul doute qu’il ne s'y serait pas pris autrement.

 

Pourtant, le Président l’a rappelé, l’école c’est l’essence même de notre nation, et sa maladie, maintes fois diagnostiquée, affaiblit nos forces vitales :

 

"Chaque fois que cette Education Nationale connaît un échec, subit une agression, peine à atteindre ses objectifs, c'est tout le pacte républicain qui est mis à mal."

 

Des premières décisions décevantes

 

Lors de la campagne présidentielle, j’avais sévèrement jugé la partie congrue réservée à l’éducation par le futur président, lui qui s’était contenté de radoter sous la forme d’un gimmick la création de 60.000 postes supplémentaires, évoquant de manière évasive une refondation de l’école urgente par la grâce d’un Vincent Peillon aussi abstrait qu’impressionniste dans ses objectifs.

 

La gauche semblait à nouveau se complaire dans la dépense publique avec la création de postes en réponse pavlovienne après dix ans où la droite s'était évertuée à supprimer des postes par pure idéologie. 

 

La concertation lancée cet été avait accouché en début de semaine d’un rapport, baptisé avec force et volontarisme "Refondons l’école de la République". Qu'en a retiré le président de la République ? Force est de constater que tant sur les objectifs que sur l’art de la synthèse, dont il s’est pourtant fait plus une spécialité, et même une réputation, François Hollande a déçu.

 

Concernant les premières décisions d’importance, le président a rappelé son "plein accord au projet d’enseignement de la morale laïque", tout en précisant que "la première vocation de l’école c’est de transmettre un savoir, une connaissance". Ces deux points en guise de préambule pourraient sonner comme autant de truismes puisque l’on va à l’école pour apprendre et que l’école est gratuite et laïque depuis Jules Ferry.

 

Un manque de précision

 

Mais celui qui n’a pas suivi précisément le parcours chaotique de notre chère Éducation nationale depuis 30 ans ne peut comprendre en quoi ces rappels sont essentiels dans la marche à suivre. Surtout quand on sait que les affaires de signes ostentatoires qui ont réussi à troubler l’équilibre républicain, bien aidé par le Conseil d’État qui s’était plus que fourvoyé dans l’affaire de Creil en 1989, avaient contraint l'État à légiférer en mars 2004.

 

Surtout quand on sait combien la transmission du savoir était devenue polémique, les "pédagogistes" préférant noter les savoir-faire, et envoyant aux reliques les connaissances qu’ils entendaient circonscrire aux bibliothèques bourgeoises, au même titre que l’orthographe, rebaptisé "science des ânes" par leurs ayatollah dans les formations de l’IUFM auxquelles j'ai pu assister.

 

Ces instituts de formation justement, qu’il fallait réformer mais que la droite a décidé avec une crasse bêtise de supprimer, privant les primo arrivants d’une formation digne de ce nom, mais dont le retour, sans ajustement, planait telle une épée de Damoclès. Et sur ce point, François Hollande s’est montré clair… sans être pour autant précis :

 

"ll ne s'agira pas de revenir aux écoles normales, pas davantage aux IUFM. Nous allons faire du neuf : avec les écoles supérieures du professorat et de l'éducation, autour de l'idée de la professionnalisation."

 

Pas d’IUFM mais des ESPE. Mais qu’entend-il par l’idée de professionnalisation ? Le président évoque bien des stages plus spécifiques et s’il entend conserver le concours comme seul accès à la profession (et le monde de l’Éducation peut respirer), il propose d’y intégrer l’évaluation des savoir-faire. Mais pour quelle part ? Et quid de l’évaluation de "la motivation et des qualités nécessaires au métier" évoquées dans le rapport remis ?

 

Peu de propositions sur la crise des vocations

 

De la même manière, on peut légitimement parler de flou artistique concernant le recrutement de 10.000 enseignants par an, malgré un questionnement salutaire : "Qu’est ce qu’une nation (…) qui décourage les vocations ? Ça ne peut être la France".

 

Le verbe est de qualité, mais les réponses apportées ne sont pas à la hauteur, loin s’en faut. Car pour endiguer la crise des vocations, qu’a-t-il d’autre à proposer que 6.000 "emplois Avenir Professeur" pour créer un pré-recrutement ?

 

Encore prend-il la peine d’éviter de dégoûter les futurs postulants en promettant d’améliorer leurs conditions d’entrée dans le métier. Mais en quoi la création de postes amènent-elle l’accroissement d’une vocation ? Le nombre de candidats aux concours ne permet déjà plus de pourvoir les postes proposés notamment en mathématiques, alors en quoi 6.000 postes de plus aideraient à l’affaire ? En quoi rassureront-ils celui qui voit, depuis le début de l’année, une violence redoublée à l’égard des enseignants et qui trône avec majesté à la une de tous les JT vespéraux ?

 

D’ailleurs, concernant cette violence, François Hollande reste avare en propositions se contentant de rappeler la création déjà effective d’assistants de prévention et de sécurité, et qui visiblement ne sont pas encore opérationnels à suivre l’actualité. Le président promet : "Mais l’État devra répondre à cette menace de la violence". Oui, Monsieur le Président, elle le "devra" surtout quand il ne s’agit plus de menace mais de passages à l’acte concrets…

 

Une vision du redoublement incohérente

 

Mais plus grave encore, certaines orientations dévoilées ne sont pas seulement opaques : elles apparaissent d’emblée comme nocives, certaines ayant déjà fait la preuve de leur inefficacité, voire leur dangerosité.

 

Ainsi, François Hollande dit faire sienne la proposition du rapport visant à "remplacer le redoublement" et que lui résume en "le nombre devra être réduit". Ce postulat purement idéologique est fondé sur une mauvaise analyse et, plus grave, relève d’une profonde incohérence.

 

L’erreur vient du fait de continuer à faire croire que l’on redouble en France alors qu’en réalité, on redouble de moins en moins, et notamment au collège. En 2012, une classe de 6e compte un, tout au plus deux élèves ayant une année de retard. Nous sommes donc loin du fantasme qui impose tel un cliché.

 

La motivation des détracteurs du redoublement est que ceux qui redoublent réussissent moins que les autres, ce qui est un pléonasme, puisque l’élève qui a redoublé a le plus souvent des difficultés pour comprendre ou assimiler. Et surtout, le constat oublie tous ces élèves qui ont une maturité moins précoce que la normale et qui ont besoin de davantage de temps pour comprendre les choses.

 

Pourquoi ne pas respecter leur rythme d’apprentissage, alors que l’on ne cesse par ailleurs de nous rabattre les oreilles avec les rythmes scolaires, histoire de réduire les vacances de ces "feignasses de profs" ?

 

Il veut concilier les opposés

 

Autre orientation mortifère, celle de l’évaluation telle qu’elle se pratique et qui est qualifiée de "notation-sanction". Le rapport préconisait littéralement de l'abolir quand François Hollande demande lui de la diversifier. Mais au nom de quelle idéologie changerait-on la notation sinon à vouloir créer un énième placebo pour casser le thermomètre et pour tenter de faire croire que "tout va bien Madame La Marquise" ?

 

Quand la note est mauvaise, ce n’est pas le système qui est défaillant mais l’apprentissage ! On confond les causes, les conséquences et les moyens.

 

Cette folle dérive nous a déjà amené la note de vie scolaire au collège, qui vaut chaque trimestre pour une moyenne équivalente au français ou à l’anglais. Ou encore le socle des savoirs et des connaissances, qui tente de remplacer les notes même si on entend le contraire et qui est loin d’être compréhensible pour les parents, critère qui semble motiver la volonté des rapporteurs du rapport de faire la peau à la note sur 20.

 

La réalité, c’est que François Hollande a fait une synthèse absconse en ce qu’elle semble vouloir concilier les opposés : d’un côté, il réaffirme que la mission première de l’école est la transmission des savoirs, et de l’autre, il n’entend les évaluer que de manière positive. Ou comment réconcilierPhilippe Meirieu et Jean-Paul Brighelli.

 

On ne peut pas avoir une exigence forte d’un côté et un laxisme pour masquer les insuffisances de l’autre. La tentation de l’évaluation de type "école des fans" aboutit aujourd’hui à la création de cours d’orthographe et de syntaxe dans les IUT faute d’un niveau de maîtrise suffisant de la langue.

 

Les responsabilités des élèves occultées

 

Le rapport remis à François Hollande, et qu’il a finalement accepté sans broncher, occulte pourtant une donnée fondamentale : il accable l’école, son système, son fonctionnement, trouvant des circonstances atténuantes, mais oublie que la principale raison de l’échec scolaire est l’absence d’apprentissage pur et simple.

 

Les responsabilités de l’élève sont complètement occultées, et seule l’école, ce grand mot tiroir où l’on range tout son linge sale, devient l’unique et seule coupable.

 

On n’apprend plus le calcul mental parce que c’est trop contraignant et parce que l’on a machines capables de le faire, elles qui ont été conçues par des ingénieurs qui eux ont les bases et qui exploitent la misère intellectuelle de ceux qui ne les ont pas. Cynisme d’un cercle vicieux qui fait du savoir le cadet des soucis de l’Éducation nationale.

 

Ainsi, on remet en cause cette autorité du savoir du professeur en dénonçant "une pédagogie frontale traditionnelle" en regardant du côté de la Finlande et en oubliant que le 2e pays le plus performant en matière éducative est la Corée qui pratique une pédagogie complètement inverse.

 

Les équipes pédagogiques affaiblies

 

Après avoir fait tant d'efforts pour cacher l’absence de savoir, voilà que l'on pense donc désormais à abolir les notes. Et pourquoi alors ne pas donner aussi aux parents la possibilité "d’avoir le dernier mot" en termes de passage et d’orientation y compris en classe de seconde, comme le préconise le rapport ?

 

Ou comment véritablement enlever tout moyen aux équipes pédagogiques de mettre à profit leur expertise et les priver de toute autorité puisque leurs décisions sont assimilées à de l’autoritarisme...

 

Alors François Hollande a beau jeu de déplorer que l’école ait été tellement "affaiblie dans ses prérogatives". Mais pourquoi n’a-t-il pas eu le courage de s’opposer à certaines préconisations ? Pourquoi aussi en avoir adoptées certaines tout aussi mortifères ?

 

Le retour aux neuf demi-journées au primaire, l’enseignement de la morale laïque ou la volonté, ô combien nécessaire, de rendre pérenne les contrats des personnels non enseignants qui accompagnent les élèves handicapés ou en grande difficultés aux côtés des professeurs, ne suffisent pas à faire de cette refondation de l’école "façon François Hollande" une réussite programmée.

 

Bien au contraire, les orientations du président amènent davantage d’interrogations et d’inquiétudes que de promesses pour l’avenir. 

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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 09:48

Un professeur dans un collège près de Rennes le 23 septembre 2011 (D. MEYER/AFP)

 Un professeur dans un collège près de Rennes le 23 septembre 2011 (D. MEYER/AFP)

 

Deux affaires de violence envers des enseignants viennent d’éclabousser l’actualité. Et dans les deux cas, les parents jouent un rôle central.

 

Dans l’affaire de Poitiers, c’est la mère d’un élève qui est venue contester une observation et qui, furieuse, en est venue aux mains en pleine classe.

 

Dans celle de Bordeaux, c’est l’élève qui a frappé l’enseignant (et une assistante d’éducation par la même occasion) parce qu’il reprochait à l’équipe éducative d’avoir prévenu ses parents à la suite d'une altercation survenue en classe, et durant lequel il contestait le contenu d’un cours sur la politique marocaine, s’estimant plus légitime que le professeur.

 

La légitimité du prof remise en cause

 

Deux cas qui sont loin d’être isolés : la violence n’a jamais été aussi présente dans les établissements, et aujourd’hui, davantage qu’avant, les enseignants deviennent parfois les victimes de cette violence. Mais au-delà de ce phénomène de délinquance, il paraît important de se pencher sur les relations qu’entretiennent enseignants et professeurs à l’heure où ils semblent de plus en plus souvent devoir régler leurs différends jusqu’à la barre d’un tribunal.

 

L’autonome de solidarité laïque, qui protège les enseignants contre les risques inhérents à leur activité professionnelle, et notamment s’ils doivent se défendre devant la justice, en est un exemple flagrant. En 2001, la cotisation était de 15 euros à l’année. Aujourd’hui elle est de 39 euros… C’est dire si les affaires se sont multipliées en très peu de temps.  

 

Aujourd’hui, parents et enseignants paraissent opposés comme jamais. Et jamais, les premiers n’auront autant pris de place dans l’activité professionnelle des seconds.

 

L’affaire de Bordeaux évoque la contestation d’un cours par l’élève. Et seulement lui. Pour autant, le plus souvent, ce sont les parents qui contestent le cours. Certains viennent en réunion parents - professeurs, le programme à la main, pour demander des explications ou même rappeler au professeur ce qu’est son travail. Alors qu’ils n’ont eux-même jamais eu la moindre formation en la matière.

 

Un comble qui peut être très mal vécu par l’enseignant, qui débute, et qui peut être légitimement peu sûr de lui à ce stade de la carrière. Même les plus chevronnés peuvent mal vivre ces épisodes qui se déroulent souvent devant l’élève, qui, voyant son professeur humilié et en position de faiblesse, en profite par la suite pour reproduire, même indirectement, la jouissance du sentiment de supériorité qu’il a alors ressenti.

 

Le programme scolaire contesté

 

Le rapport Obin de 2004 rappelait au ministre de l’Éducation que les contestations pouvaient aussi porter sur des contenus parfaitement réglementaires mais qui entraient en contradiction avec les convictions des parents : ainsi, certains élèves refusent de dessiner des perpendiculaires car elles sont en forme de croix, d’étudier les églises romanes car elles ont un caractère religieux, d’autres dispensent leurs enfants d’aller à la piscine car la piscine est mixte ou fréquentée par des personnes "impures".

 

D’autres, enfin, contestent la théorie de l’évolution de Darwin, revendiquant, comme cela se fait aux États-Unis, que la théorie créationniste (qui fait de la genèse et d’Adam et Eve une origine incontestable) soit mis en concurrence dans les manuels scolaires comme une vision de l’humanité parmi d’autres…

 

Mais le cas le plus fréquent des frictions entre les enseignants et les parents concerne tout ce qui relève de la sanction. Il est loin le temps où l’enfant, penaud, rentrait à la maison en présentant sa punition, qui était doublée par la "leçon" que lui donnait son père ou sa mère.

 

Si cette solidarité entre adultes peut être préservée dans la grande majorité des cas, elle demeure incertaine dans d’autres, ce qui prend alors rapidement des proportions démesurées.

 

Des parents de plus en plus procéduriers

 

J'ai fréquenté quatre établissements au cours de mes onze années d'enseignement. J'ai rencontré un bon millier de parents d’élèves et moitié moins de collègues, avec notamment les formations. Les expériences relatant les incidents pourraient remplir des pages et des pages et suffisent à polluer les repas du midi à la cantine, moment privilégié pour expurger les contrariétés et autres humiliations subies.

 

L’an passé, un parent, s’exprimant dans un langage SMS, écrivait en substance sur un carnet de liaison à l’encontre d’un enseignant : "si vous faisiez votre travail, vous auriez vu que ma fille prêtait de la colle et qu’elle ne parlait pas. Arrêtez de gueuler dessus."

 

Un autre refusait que son enfant aille en heure de colle, prétextant un rendez-vous médical, et lorsque l’enseignant demandait alors un justificatif pour décaler la colle, il a pu lire le mot suivant : "la loi ne nous oblige pas à fournir de certificat. De toutes façon, ma fille ne fera pas sa colle. Et si vous n’êtes pas content, nous porterons plainte pour harcèlement".  

 

Le principal problème, c’est que les parents sont devenus procéduriers et menacent de porter des affaires en justice. Et l’administration craignant tout remous, elle préfère faire le dos rond au lieu de soutenir les équipes pédagogiques. Quand elle ne les somme pas de ne surtout rien dire, au nom d’un devoir de réserve bien pratique, et qui fait des écoles des sanctuaires pour y taire la vérité elle-même.

 

Les profs s'autocensurent

 

L’enseignant n’a plus aucune liberté et chacun de ses actes est soupesé à l’aune de la jurisprudence ou des peurs fantasmées. On demande ainsi de ne plus pratiquer l’humour en cours de peur qu’il soit mal interprété. L’humour peut pourtant désamorcer certains problèmes…

 

Il est interdit d’écrire que certains comportements sont "paresseux" ou qu'un élève "fait preuve de paresse" même quand cela est justifié. Les appréciations dans les carnets doivent être calibrées et comporter forcément des aspects positifs. Certains principaux refusent la note de zéro et modifient même les notes sur les fichiers devenus électroniques de peur que les parents ne contestent la note.

 

D’ailleurs, une légende prétend que le zéro est interdit quand il s’agit en réalité d’une appréciation pour le moins grotesque d’une notice de l’inspection qui, depuis, a été réexpliquée par les inspecteurs eux-mêmes.

 

Dans les établissements, les fédérations de parents d’élèves deviennent de véritables opposants aux syndicats de professeurs, certains conseils d’administrations s’étant transformés en de véritables guerres de tranchées.

 

Ainsi, certaines d’entre elles, ont estimé qu’il n’était pas normal que lors des voyages scolaires le coût de l’accompagnateur soit pris en charge par les familles. Aujourd’hui, les établissements sont donc contraints de puiser dans les fonds de réserves pour organiser des sorties, certains ayant finalement renoncé à tout déplacement faute de moyens. Y compris lorsque les organismes annoncent que pour dix élèves, le voyage de l’accompagnateur est gratuit, car, dit-on dans ces associations, ce prix a donc été ajusté et finalement il en a couté indirectement aux familles…

 

Un rapport de force qui s'est inversé

 

Les parents d’élèves ont pris une place prépondérante dans tous les domaines : ils peuvent refuser le redoublement, imposer une orientation, contester une sanction. Si bien que ceux qui ont l’expertise ne sont tout simplement plus les derniers maillons de la chaîne de décision. Et l’on se demande encore pourquoi notre école est malade…

 

De la même manière, c’est sous la pression des parents d’élèves qu’a été instaurée en 2005 la note de vie scolaire, qui consiste en une note sur 20, qui ne sanctionne pas, puisque son but est seulement de valoriser l’assiduité (alors que la loi rend obligatoire l’école) et le comportement. Une note qui vaut autant dans la moyenne qu’une moyenne de notes de français ou de mathématiques !

 

Dans certaines classes, cette note de vie scolaire avoisine les 20 pour l’ensemble des élèves, pour qui il suffit d’être présent. Et les absents pourront toujours faire noter sur le carnet "raisons personnelles" que l’on classe comme "absence justifiée" dans les bilans.

 

Sans doute fallait-il replacer les parents dans l’école, pour ne pas laisser les enseignants les seuls décisionnaires. Combien d’erreurs d’orientation ont été validées par les seules équipes pédagogiques, il y a quelques décennies, par la lubie de certains ?

 

Pour autant fallait-il en arriver là ? Peut-on à ce point laisser les parents faire la pluie et le beau temps, alors qu’ils n’ont pas l’expertise pédagogique ? Les parents ne devraient-ils pas être responsables de l’enfant et les enseignants de l’élève ? Pourquoi avoir voulu créer l’amalgame entre les deux ?

 

Autant d’interrogations qui, tant qu’elles ne seront pas résolues, poseront des problèmes qui ne participent nullement à la réussite scolaire. Bien au contraire.

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4 septembre 2012 2 04 /09 /septembre /2012 09:46

Une salle de classe du collège Georges Charpak de Goussainville (Val-d'Oise), le 25/06/2009 (CHAMUSSY/SIPA).

 Une salle de classe du collège Georges Charpak de Goussainville le 25/06/2009 (CHAMUSSY/SIPA).

 

RENTRÉE SCOLAIRE. La rentrée est souvent synonyme de galère pour les parents. La course aux fournitures scolaires laisse un goût amer dans la bouche, d’autant que chaque année, une hausse des prix est constatée.

 

Serpent de mer qui occulte que bon nombre d’établissements comptent à présent des associations de parents d’élèves parfaitement rodées qui proposent des colis de fournitures, directement sourcés par l’équipe pédagogique pour 60 euros tout compris.

 

Intéressant quand on sait que l’allocation de rentrée scolaire a augmenté de 25%, comme François Hollande l’avait promis durant sa campagne, perpétuant l’hérésie qui voit des parents d’un élève de CP recevoir presque autant (à 20 euros près) que ceux qui voient leur dernier arriver en 3e…

 

Un équipement qui a un coût

 

Mais la rentrée de certains de nos amis belges risque de laisser des traces et la colère qu’elle engendre n’est pas prête de s’éteindre. La semaine dernière, le journal "La Tribune" nous apprenait que deux écoles flamandes avaient décidé d'inscrire un iPad sur la liste des fournitures obligatoires pour la rentrée !

 

Une initiative qui, selon le quotidien, "a provoqué la colère de certains parents, et qui tourne au bras de fer" et que désormais doit arbitrer le ministère de l’Éducation flamand. Deux possibilités sont offertes aux parents : acheter un iPad neuf pour 465 euros ou en louer un à 165 euros par an…

 

En France, cette situation semble peu probable surtout à une époque où l’on demande aux équipes pédagogiques d’être de moins en mois exigeantes vis-à-vis de la liste des fournitures. Au point d’arriver à un certains non-sens : ainsi, en ZEP, il est pratiquement impossible de demander aux familles de financer quoi que ce soit durant l’année.

 

Les équipes de français sont donc contraintes de puiser dans les budgets pour acheter des séries entières de livres de poches. Ainsi, quand l’année s’achève, les élèves n’ont plus un seul livre dans leur chambre puisqu’il y a bien longtemps aussi que les établissements fournissent aussi les manuels scolaires…

 

L’Éducation nationale s'y met peu à peu

 

Pour autant, des "opérations iPad" ont déjà vu le jour dans notre pays. Mais à la charge de l’Etat, c’est à dire financées par nos impôts. L’opération “Ordicollèges” mise en place par François Hollande en Corrèze avait ainsi alimenté les polémiques durant la présidentielle, cette couteuse séquence pour le département ayant tôt fait de faire de ce département la "Grèce française" pour la droite…

 

Au-delà de la polémique, cette initiative s'inscrit dans la volonté de l’Éducation nationale d'intégrer les nouvelles technologies dans les programmes, elle qui a souvent eu la réputation d'être à la traîne. Nommées TICE (Technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement), elles ont vraiment connu leur essor au début des années 2000 avec la création des salles pupitres, dont les tables ne sont composées que d'un poste PC.

 

Aujourd'hui, tous les établissements sont connectés et la craie et autres tableaux noirs laissent progressivement leur place au "TBI", le tableau blanc interactif. Et le livre est porté disparu au profit des écrans.

 

Faut-il se réjouir de cette place devenue prépondérante dans l’Éducation nationale ? Comme très souvent sur pareil sujet, il n'est pas de position manichéenne si l'on veut, un tant soit peu, toucher du bout du doigt l'objectivité.

 

L'informatique ne doit pas être une fin en soi

 

Incontestablement, l’école se devait de rattraper un retard qui devenait grotesque. Dans les années 1990, il fallait proposer pour les étudiants à l’université des cours de traitement de textes en maîtrise (Master I) afin qu’ils rédigent leur mémoire… Et que dire de ceux qui à l’époque avaient recours à des secrétaires pour la mise en page, à partir d’un manuscrit, au sens étymologique du terme.

 

Les élèves de ces années ont tous connu des modules de mathématiques au collège ou des logiciels d’orientation sur le "TO7", qui est à l’informatique ce que le Minitel est à l’Internet.

 

Aujourd’hui, l’usage de l’informatique et de l’Internet est primordial dans la plupart des matières et des options et notamment la DP3 (découverte professionnelle, d’une durée de 3 heures en classe de 3e), qui permet d’accéder à des bases de données qu’aucune bibliothèque ne proposerait même en rêve (vidéos présentant des professions, fiches de paye, textes de loi ou encore accès à des petites annonces professionnelles…).

 

Mais la contamination est telle à présent qu'Internet et l’informatique deviennent un recours privilégié et surtout systématique pour les professeurs et les élèves, qui en arrivent à refuser toutes autres activités, ou pour le moins à dénigrer toutes celles qui n’y ont pas recours.

 

On voit aussi des heures de permanence passées au CDI (centre de documentation et d'information) où l’on joue aux jeux vidéos sur Internet, malgré les nombreux filtres mis en place pour maîtriser la navigation. On voit aussi des élèves demander à aller sur un ordinateur pour faire un exposé sur l’histoire égyptienne oubliant que les livres et les encyclopédies suffiraient à leur "soif de curiosité".

 

Et si les guillemets s’imposent, c’est justement parce que la recherche s’assèche progressivement : l’élève devient un consumériste qui doit avoir un résultat, immédiatement et sans effort. Aujourd’hui, quand un élève ne connaît pas le sens d’un mot, il demande à l’enseignant de le renseigner. Ou alors il demande à aller sur l’ordinateur. Et si un impertinent ose lui demander d’aller consulter un dictionnaire, il préfère battre en retraite. Le paroxysme a été atteint avec l’émergence de Wikipédia, les enseignants piégeant les élèves, et vice versa.

 

Privilégier l'encadrement humain aux machines

 

Le problème, c’est que les formateurs de l’Éducation nationale ou leurs proches jouent aux ingénus, sommant chacun de ne pas stigmatiser ce manque d’appétence pour la lecture ou pour "l’objet livre", évoquant une conséquence logique du temps qui change.

 

Le centre national de documentation pédagogique (CNDP) estime même que le langage SMS doit ouvrir des perspectives pédagogiques aux enseignants, rendus coupables d’ostraciser ce langage. Il martèle qu’il n’est pas l’ennemi des écrits scolaires contrairement à ce que chacun peut observeravec bon sens.

 

Le problème n’est donc pas dans l’évolution de l’Éducation nationale vers les nouvelles technologies, mais davantage dans cette idéologie qui pousse à faire d’elles une finalité en soi.

 

Les classes pupitres ont ainsi été réservées dans les ZEP pour les classes en difficulté. Comprenez par "en difficulté" des classes dont le taux d’illettrisme dépasse les 15% de la moyenne nationale. L’informatique est donc un placebo tentant de faire oublier que les élèves ne maîtrisent pas l’écrit pour démontrer qu’ils ont tout de même des compétences.

 

Mais que valent ces compétences quand un élèves s’entête à dire que sa phrase est correcte puisque son traitement de texte n’a rien souligné ? Ces salles pupitres, financées par le Conseil général pour les collèges, et par le Conseil régional par les lycées, ont un coût d'autant que son usage quotidien nécessite une ou plusieurs personne(s) qualifiée(s).

 

Des dépenses dispendieuses à un moment où l’on a préféré supprimer des postes d’enseignants ou d’assistants d’éducation pour faire quelques économies. Des machines plutôt que l’encadrement humain. Les élèves savent ainsi envoyer des mails, mais ils sont illisibles pour celui qui maîtrise la langue.

 

Aider l'élève à mieux maîtriser l'outil Internet

 

L’usage d’Internet, par exemple, est un outil extraordinaire pour celui qui maîtrise déjà la langue et le savoir : il décuple sa capacité à trouver l’information et à enrichir ses connaissances. Mais il n’a pour vocation qu’à enrichir. Pas à créer. À moins d’être autodidacte. Et encore. L’arrogant n’admettra jamais qu’il disposait de quelques bases pour être autonome.

 

Pour autant, le rôle de l’enseignant est majeur dans la maîtrise de l’outil internet : à lui de doter l’élève de compétence lui permettant de trouver, hiérarchiser et apprécier l’information, ne se contentant pas des "top list" des moteurs de recherches, mais en comparant et en faisant usage de recul critique quant à la source.

 

Les nouvelles technologies ne doivent donc pas être une idéologie. Il faut avoir le sens des valeurs et savoir différencier le noble du pratique : l’écriture à la main doit être la priorité de l’école car c’est le seul endroit où elle est pratiquée pour un adolescent. Il en est de l’informatique comme de la pédagogie : elle n’est qu’un moyen par une finalité en soi.

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Présentation

  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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