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25 avril 2017 2 25 /04 /avril /2017 18:13

21 avril 2002. Voilà quinze ans que cette date sonne comme un cauchemar que tout le monde voudrait oublier. Que n'a-t-on entendu à son sujet, à l'endroit, comme à l'envers. Il y a 15 ans, comme beaucoup de citoyens, j'étais dans la rue. Abasourdi.

 

J'avais voté, alors, Lionel Jospin, malgré mes nombreuses réticences. L'ancien Premier Ministre avait mis en brèche la laïcité dans l'affaire du voile de Creil. Puis violenté les enseignants, devenus depuis des cibles choisies par la société pour expliquer tous ses maux, par la virtuosité empoisonnée de Claude Allègre. Enfin, sa désinvolture lors de la loi du PACS avait montré que l'homme ne mettait décidément pas ses convictions religieuses dans sa poche.

 

Qu'importe. Il fallait alors choisir. Utilement. Pour faire le « moins mauvais » choix possible.

En vain.

 

Sa campagne fut un chemin de croix, qu'il a lui-même composé, entre son annonce de candidature par fax, en passant par ses excuses maladroites après avoir légitimement taclé Chirac sur son âge et son inaction. La sentence est tombée. Presque logiquement.

 

Pour autant, voir l'homme du « détail » le battre pour accéder au second tour fut comme un séisme, dont les rues de France ont pu constater les répercussions. Des millions de citoyens, battent alors le pavé, pour expliquer que la France n'était pas cela. Marine Le Pen confiera qu'à l'époque, sa famille ne s'attendait pas à cela et qu'ils l'avaient vécu comme une gifle.

 

Quinze ans plus tard, sa fille, l'héritière accède à son tour à une marche du trône. Dans une indifférence quasi générale. Quelques jeunes – et l'on ne parlera pas des barbares qui ont saccagé la place de la République – expriment leur incompréhension face à cette forme de résignation. Avec ce constat ahurissant : plus personne ne semble choqué de voir le Front national à la porte du pouvoir.

 

Que s'est-il passé depuis 15 ans ? Où sont passés ceux qui descendaient dans la rue et qui, aujourd'hui, regardent leur téléviseur, en se satisfaisant de voir un véritable défenseur de la République lui faire face ? Se serait-on véritablement résignés ?

 

Assurément. Beaucoup évoquent la dédiabolisation du FN, orchestrée par Marine Le Pen et parfaitement reprise par les médias, qui aurait fait ses effets. C'est en partie vrai. Et l'on ne reviendrait pas sur les démonstrations admises qui font pleinement sens. Mais cela n'explique pas tout.

 

Engagé en politique en 2008, j'ai très vite engagé mon combat dans la lutte contre les extrêmes et tout particulièrement contre l'extrême droite. L'accession de Marine Le Pen a suscité en moi l'envie de décrypter le discours pour y faire apparaître la simple vérité, depuis sa laïcité déguisée jusqu'à sa xénophobie ripolinée. D'articles en conférences, je déclinais son programme, sans nécessairement revenir au paternel, mais bien pour scruter les nouveaux oripeaux dont se revêtait le FN.

 

Mais la réalité fut dure, comme impossible à tordre : même avec la plus grande des pédagogies, en tenant bien de différencier le FN de « Jean-Marie « de celui de « Marine », en démontrant chiffres à l'appui l'inanité de ses propositions, la dangerosité de ses prises de positions, la tartufferie de ses prétendus grands principes, vous ne parvenez qu'à convaincre... les convaincus.

 

Les électeurs du FN n'ont pas attendu la déferlante Trump pour pratiquer l'alternative facts. Aucun argument, aucune décision de justice, aucun chiffre ne font foi à leurs yeux. Leur conviction est telle que n'importe quelle source est contestée. Historiens, Juges, Economistes, spécialistes de la laïcité, experts, tous sont ramenés à leur prétendue subjectivité. Comme Saint Thomas, ils ne croient que ce qu'ils peuvent voir. Et même quand ils voient, ils accusent la lumière de les aveugler volontairement.

 

Scrutin après scrutin, discussion après discussion, témoignage après témoignage, la résultat fut le même : une progression des idées du FN et une crédibilité renforcée. Au point de penser même que plus le décryptage était présent, sur le terrain et dans les médias, plus sa crédibilité grandissait, les complotistes étant aussi de la partie.

 

Alors, oui. Quinze ans après le 21 avril 2002, ceux qui étaient dans la rue, sont aujourd'hui résignés. Lassés de se battre contre des moulins, puisque la vérité et la raison sont une monnaie de singe pour ceux qui continuent de défendre l'indéfendable.

 

Aujourd'hui, il n'existe qu'un seul antidote contre le FN. Un seul. Celui qui consiste à proposer des idées qui fonctionnent, une politique qui ne dessert personne, un fonctionnement qui rayonne dans la justice. C'est en diminuant les inégalités, en rendant au fruit du travail sa valeur, en mettant l'éducation au cœur de nos valeurs, et en appliquant une laïcité sans faille, sans donner l'impression d'un deux poids deux mesures, que la misère qui ravit les papilles du FN, véritable terreau dont se nourrissent leurs racines qui se complaisent dans la fange et les caniveaux de la République, que l'extrême-droite sera privée de son oxygène.

 

La réussite à tout prix. Ni plus. Ni moins. 

 
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9 avril 2016 6 09 /04 /avril /2016 08:11

Ce qui n’était qu’une rumeur est bien confirmé. Alors que la réforme des collèges patine sur le terrain, au point de contraindre le ministère à instrumentaliser l’opinion, il se disait depuis quelques jours que les enseignants étaient classés par profil en fonction de leur adhésion à la réforme.

Personne alors n’osait véritablement y croire. Et pourtant…

"Opposants", "rebelles", "hostiles"…

AEF info, agence d’informations spécialisées dans l’éducation a dévoilé ce week-end cette terrible réalité du flicage des enseignants :

"L’académie de Toulouse met en place un outil de pré-repérage pour détecter les établissements dans lesquels la formation prévue dans le cadre de la réforme du collège s’annonce 'complexe', explique Dominique Maillard, IA-IPR d’EPS, chargé dans le cadre de la réforme du collège, d’une mission de 'conseil, formation et assistance au pilotage pédagogique', par Hélène Bernard, Rectrice de Toulouse."

Et l’AEF d’expliquer :

"Deux questions sont posées aux chefs d’établissement : quelle est la répartition de la typologie des acteurs au sein du conseil pédagogique ? Chez les enseignants ? Font-ils partie du groupe des 'opposants, rebelles, hostiles, irréductibles', du groupe des 'attentistes, passifs indifférents, indécis' ou du groupe des 'progressistes, proactifs, convaincus, avocats ou relais' ? "

Une anecdote à marquer d’une pierre blanche

Un fichage même off des enseignants ? Une situation odieuse, au point de contraindre "Le Figaro" de prendre quasiment fait et cause pour les enseignants.

Même si cela relève davantage d’un réflexe pavolvien anti-gauche-gouvernementale que d’un élan du cœur, l’anecdote mérite malgré tout d’être marquée d’une pierre blanche.

Très vite, le Snalc est monté au créneau et exige des éclaircissements sur ce type d’agissements. Le Snes dénonce quant à lui davantage le cynisme de cette démarche, qui est assumée pleinement, quand, habituellement, elle se fait en catimini.

Mouvement de panique au ministère

Comment peut-on en arriver là ? Comment peut-on qualifier des enseignants opposés à la réforme, parce que soucieux de garantir l’accès au latin, aux classes bilangues ou aux encore aux heures "plancher" des fondamentaux comme le français et les mathématiques, de "rebelles", d’"irréductibles" que l’on opposerait aux "progressistes" ?

En réalité, c’est un véritable mouvement de panique qui s’empare du ministère et des rectorats, qui voient la situation se dégrader sur terrain.

Certes, les manifestations ne mobilisent pas nécessairement des foules. Mais les enseignants ont trouvé une manière bien plus efficiente de marquer leur refus de cette réforme : la bataille sur le terrain et notamment dans les conseils pédagogiques, là où à présent tout se décide, notamment depuis que les établissements ont acquis une autonomie concernant les heures dispensées.

Un manque d’arguments

Le ministère demande des volontaires ? Il n’y en a pas.

Le ministère exige de faire des formations en dehors des heures de cours ? Les enseignants prennent le décret d’août 2014 qui rappelle les missions de l’enseignant, dans lequel ne figure nulle formation, puisque celle-ci est, comme pour tout salarié, un droit et non un devoir.

Le ministère explique que cette réforme va permettre de combattre les inégalités ? Les enseignants rappellent qu’en rognant sur les cours fondamentaux pour créer les EPI, ou en faisant des aides individualisées… En classe entière, le nouveau collège ne fera que photocopier les plaies béantes que la société crée.

À cours d’argument, et voyant le temps avancer à grands pas, le ministère commence à paniquer, car la réforme concerne tous les niveaux et ce dès septembre 2016.

Le gouvernement doit prendre conscience de son erreur

De là à en arriver à un fichage des enseignants ? On n’imagine même pas que ce fichage puisse exister sous la forme écrite, à moins de ne devoir demander à la Cnil de ne s’y intéresser vivement…

On se rappelle qu’il y a quelques années un Premier ministre de gauche s’était mis à dos l’ensemble des enseignants, notamment grâce à un fameux ministre de l’Éducation nationale, nommé Claude Allègre, que Jack Lang, son successeur, n’avait pas suffi à faire oublier. Son nom ? Lionel Jospin. Avec le résultat que l’on sait en avril 2002.

Faudra-t-il attendre les Régionales pour que le gouvernement prenne conscience de son erreur ?

Publié sur le Plus du Nouvel obs le 7 octobre 2015.

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 19:16

Décidément, le Ministère de l'Education nationale, et Najat Vallaud-Belkacem en tête, ne savent plus quoi faire pour imposer leur réforme ubuesque du collège. Après l'espoir de dispenser des formations payées sous le SMIC pour les volontaires, quand elles le seront à titre bénévole pour les autres, le temps des sondages de l'opinion est venu. Et alors que les enseignants s'opposent en masse à la réforme, et se réuniront le samedi 10 octobre à Paris pour le faire savoir, le Ministère a commandé à l'IFOP un sondage pour tenter de faire croire que les Français étaient favorables à la réforme.

Quand on sait que c'est le même institut qui avait orienté un sondage sur le mariage pour tous, à l'initiative de Frigide Barjot, pour faire croire que les Français étaient majoritairement opposés à la loi Taubira, quand on y ajoutait la PMA et la GPA, ce que la dite loi n'évoque nullement, l'on était en droit d'être suspicieux.

Avec raison.

75% des Français seraient donc favorables à la réforme concernant l’évaluation à l’école, à en croire les conclusions de l'enquête... ce que confirme un article du Huffington Post. Et d’autres chiffres encore plus faramineux sur les autres aspects de cette réforme. Pour autant, une clarification s’impose.

Cette enquête offre des chiffres. Mais il ne faudrait pas aller trop vite en besogne. Dès son ouverture, l'on apprend que 23% des personnes interrogées n’ont pas entendu parler de la réforme et que 54% en ont entendu parlé mais ne "voient pas vraiment de quoi il s'agit"... Ne reste que 23 % qui ont entendu parler de la réforme et qui savent de quoi il s'agit ! D'ores et déjà, prétendre que 75 % des Français seraient favorables à la nouvelle évaluation relève donc du subterfuge le plus grossier.

Mais l'IFOP, et le Ministère ont été bien plus loin pour façonner leur chiffre. Pour tester l'opinion des autres volets de la réforme, l'institut propose trois mesures : la dictée quotidienne, le calcul mental et l'enseignement laïque du fait religieux ! En quoi ces trois mesures seraient-elles représentatives de la réforme ? La dictée et le calcul mental ayant même été par certains comme un retour en arrière réactionnaire que la Ministre aurait dégainé pour réduire au silence ceux qui hurlaient, à juste titre, à l'abaissement des exigences !

La réforme ce n'est pas le retour en force de la dictée ou encore du calcul mental. Assurément non. Ces deux arbres ne peuvent cacher la forêt calcinée qui promet de s'offrir aux yeux incrédules des Français. D'ailleurs, la dictée n'est présente qu'une seule fois sur les 375 pages des programmes présentées ! Prétendre qu'elle est donc une mesure phare est au mieux grotesque, au pire fallacieux.

La réforme c'est surtout la diminution des heures plancher des enseignements fondamentaux tels que le français ou les mathématiques, au profit des EPI, Enseignements pratiques interdisciplinaires, ce gadget gloubliboulgesque qui tente de mélanger les matières... tout en empêchant leur co-animation faute de moyens.

La réforme c'est proposer de l'aide individualisée... en classe entière, pour ne pas rompre avec le prétendu principe d'égalité... mais surtout faute de moyens.

La réforme c'est la disparition programmée du latin, du grec et de toutes ces valeurs ajoutées que proposera avec délectation le privé, exauçant les vœux de Nicolas Sarkozy qui estimait en 2007 qu'on avait "le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1000 étudiants pour deux places." Le tout donc... faute de moyens.

Mais de cela, évidemment, il n'en est nullement question. Et quand on tente de vendre l'évaluation si bienveillante que promettait Najat Vallaud-Belkacem, on n'oublie surtout pas d'ajouter que l'on n'abolit pas pour autant les note /20 dès le début de la question, rendant complètement stérile le résultat du sondage puisque la question rend accessoire la nouvelle échelle, quand, en réalité, elle devient prioritaire dans les nouveaux bulletins et autres livrets scolaires.

En d'autres termes, ce sondage n'en est pas un : c'est une manipulation grossière tentant de faire croire que les Français sont favorables à la réforme pour faire pression sur les enseignants qui la rejettent en masse. Et ceux qui brandiront stérilement le chiffre des manifestants ou des grévistes pour prouver l'inverse, n'ont qu'à venir dans les collèges et surtout dans les Conseils pédagogiques, là où à présent tout se décide, pour prendre conscience de la puissance de fronde.

Et ce n'est certainement pas en manipulant l'opinion que le Ministère démontre le bienfondé de sa réforme. Bien au contraire, il démontre sa mauvaise foi et envoie même le message qu'il est aux abois pour en arriver à pareille bassesse. Il n'en faut pas davantage pour donner du cœur à l'ouvrage à tous ceux qui refusent cette réforme.

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13 janvier 2015 2 13 /01 /janvier /2015 19:28

Qu’il fut lourd de prendre le clavier pour parler de Charlie. Ecrire parce que rien ne s’efface. Pour ne pas oublier. Jamais.

Il y a trois ans, le jour de l’incendie des locaux de la rédaction, j’avais titré ici même l’article "Charlie Hebdo vient de vivre son 11 septembre". Aujourd’hui, ce titre ne suffirait plus. A travers Charlie, c’est la France elle-même qui a vécu son 11 septembre.

 

Personne ne s’y trompe : tous les grands représentants des états étrangers de Cameron à Obama, en passant par Merkel et même la Reine d’Angleterre (on imagine la tête de Cabu et de Charb’ en lisant la lettre de la reine où qu’ils soient) se sont empressés de témoigner de leur affliction. Même sur les réseaux sociaux les effluves de 2001 flottaient, le "Je suis Charlie" rappelant l’édito de Jean-Marie Colombani "Nous sommes tous des Américains".

 

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Mercredi soir, à l’unisson, la France a fait bloc. Comme un seul homme. Réunis sur les différentes places de France, des centaines de milliers d’anonymes ont tenu marqué leur soutien à la liberté de la presse, aux policiers et aussi à la République. Tous les acteurs publics de la politique ont, sans concession et surtout sans polémique ont condamné cet acte de barbarie. Cette France unie qui fait chaud au cœur dans ces moments si difficiles. Comme ces familles qui occultent leurs meurtrissures le temps d’ensevelir ceux que l’on a aimés.

Pourtant, les larmes à peine séchées, une amertume m’habite. Durablement. Douloureusement. Une impression de trahison.

Il y a 40 ans, Charlie usait d’un sarcasme acide pour évoquer la mort du Général de Gaulle : Bal tragique à Colombay : 1 mort. Aujourd’hui, on peut parler d’un bal des faux-culs.

Parce que dans cette procession si nette, si paisible, ni républicaine, se terrent des sentiments qui n’ont pas toujours été bienveillants. Loin s’en faut. Encore une fois : les écrits restent. Bas les masques à présent. Si les barbares sont évidemment coupables, il faut pas oublier la responsabilité de ceux qui n’ont pas voulu soutenir Charlie hebdo, non pas dans le débat d’idées (chacun est encore libre de penser comme il le veut) mais dans la remise en question de la liberté d’exercer le droit à la caricature et au blasphème.

 

Qu’il semble bienveillant le site de Daniel Schneidermann, Arrêt sur images, ce mercredi 7 janvier 2015, dont la rédaction a participé à une émission spéciale le soir-même. Pourtant le fondateur de ce site, et de l’émission du même nom, qui était à la pointe de la liberté d’expression face à l’oppresseur, a depuis pris quelque distance avec la lucidité, au point de prendre en grippe même les défenseurs de notre laïcité, dès lors que l’on touche au croissant vert. En 2011, il refusait de parler de l’attentat dont avait déjà été victime Charlie Hebdo, parlant de piège à cons et expliquant clairement que la finalité de la rédaction était la provocation vénale, parlant de "piège à cons" :

"Pas envie de faire de la pub à cette provocation pas drôle. La dénonciation de toutes les charias, les vraies, les fausses, les réelles, les imaginaires, est un fond de commerce comme un autre. C’est un placement sans risque (enfin disons, ce matin, sans trop de risque). Charlie Hebdo a le droit d’en encaisser périodiquement les dividendes. Il faut bien vivre."

Un an plus tard, lors du numéro qui voyait Mahomet les fesses en l’air, le même Schneidermann évoquaitun « d’un obscur journal humoristique ». Oui quelle obscurité que de vouloir blasphémer, que de vouloir dénoncer l’intégrisme, de refuser ceux qui instrumentalisent la religion à des fins politiques.

J’accuse Schneidermann d’avoir apporté du grain à moudre au moulin des intégristes et de ceux qui fomentent contre la République.

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Mais après tout que représente Schneidermann ? Il en est tout autre de nos politiques. Jean-Marc Ayrault et Laurent Fabius avait fait encore plus fort en se désolidarisant de la rédaction de Charlie en septembre 2012, lors de la une sur Mahomet en "Intouchables". Si le Premier Ministre de l’époque avait tenu à manifester sa "désapprobation face à tout excès, dans le contexte actuel", le ministre des Affaires étrangères, en visite au Caire, s'était dit pour sa part "contre toute provocation, surtout dans une période aussi sensible que celle-là". Sur i>Télé, il est même allé plus loin en n'hésitant pas à dire : "La liberté d’expression existe, mais je suis absolument hostile à toute provocation.[... Je ne vois pas du tout l’utilité quelconque d’une provocation et même je la condamne d’une façon très nette et en même temps je respecte la liberté d’expression."

Condamner quoi ? La liberté de blasphémer ? La liberté de se moquer des religions même avec sarcasme ?

Une réaction qui fut la même en 2006, lors de la publication par l’hebdomadaire des caricatures danoises par le chef de l’Etat lui-même. A l’époque, le Président de la République, Jacques Chirac avait été jusque dire :

"Les provocations manifestes susceptibles d'attiser dangereusement les passions. Tout ce qui peut blesser les convictions d'autrui, en particulier les convictions religieuses, doit être évité. La liberté d'expression doit s'exercer dans un esprit de responsabilité."

J’accuse nos politiques d’avoir apporté du grain à moudre au moulin des intégristes et de ceux qui fomentent contre la République.

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Enfin comment ne pas parler des représentants des musulmans de France.

Comme à son habitude, l’imam de Drancy Hassen Chalghoumi aura été irréprochable évoquant "les martyres de la liberté", comme en 2011 il interpellait avec courage, sans concession, sans "mais" les musulmans :

"Réveillez-vous ! Arrêtez de soutenir l'islam politique. Ne soyez pas naïfs, ces gens-là sont intolérants, ils menacent même des musulmans qu'ils jugent trop modérés".

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Mais qu’en est-il des autres représentants ?

Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) explique que "la communauté musulmane tout entière est en état de choc et condamne très fermement ces actes.
 Ceux qui les ont commis sont des barbares et ne peuvent prétendre les avoir perpétrés au nom de la communauté musulmane ou de la religion : la communauté musulmane aspire à la paix et au vivre ensemble, l’islam condamne absolument l’assassinat ». Pourtant en 2011, une concession venait ternir sa condamnation, le recteur sous-entendant que les caricatures de Charlie étaient offensantes et "nuisibles" au "vivre ensemble".

L’UOIF, quant à elle était, à la limite de justifier l’attentat dont avait été victime la rédaction :

"L’usage de la liberté d’expression exige un sens de la responsabilité" ! (…) ces publications, loin de servir la paix et la cohésion sociale, cherchent à s’attaquer à un symbole de la foi de près d’un milliard et demi de musulmans dans le monde, et plus particulièrement de la communauté musulmane de France, qui se sentent offensés".

Aussi qu’il fut odieux d’entendre Amar Lasfar, responsable de l’UOIF, ce mercredi soir au journal de France 2 : "Oui nous sommes tous Charlie".

J’accuse une partie des représentants des musulmans de France d’avoir apporté du grain à moudre au moulin des intégristes et de ceux qui fomentent contre la République.

Mais fort heureusement qu'Abdennour Bidar sont là pour nous éclairer, et avec quelle intelligence comme il le fit, une nouvelle fois, mercredi soir sur le plateau du "Grand Journal"

Pour autant, les faux-culs ne peuvent s'affranchir de leurs forfaits, de leur responsabilité. Chacun d’eux, en mettant en doute l’utilité de l'action de dessiner, de caricaturer et de blasphémer, qu'ils assimilent à de la "provocation", remet en doute l’utilité de la liberté d’expression. Pire, on donne la légitimité et les arguments à ceux qui contestent cette dire liberté. Ironie du sort de voir ceux qui accusaient Charlie de craquer l’allumette d’être eux même ceux qui attisent le feu qui couvait.

Fallait-il attendre un massacre pour que chacun comprenne enfin le prix de la liberté d’expression, de la liberté d’informer, de la liberté de blasphémer, deux siècles après sa dépénalisation ?

Apparemment oui. 

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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 12:55

La question n’est pas encore de savoir s’il va réussir. Ni même si Hollande lui en donnera l’occasion. Encore moins de savoir s’il sera candidat à la présidentielle. Laissons au temps faire son œuvre, et surtout à l’homme de faire ses preuves. Surtout.

Mais d’ores et déjà, il faut être fier de compter en premier Ministre Manuel Valls. Nul besoin de pérorer sur son prédécesseur. Léché, lâché, lynché. Le vieux dicton a fait ses preuves et son sinistre carnage. Il est temps seulement de savoir pourquoi Manuel Valls est l’homme qui incarne la République. Pourquoi l’homme n’est pas seulement celui qui a la plus forte cote dans les divers Instituts de popularité, qui crée au moins autant les phénomènes qu’ils ne les sondent.

Le grand public retiendra bien évidemment le temps récent. L’affaire Dieudonné. Avec son ressenti, selon que l’on soit libertaire ou extrémiste et adepte de la liberté de parole fallacieuse ou bien admirateur de la fermeté face à l’indicible. Manuel Valls a alors pris le risque de perdre en popularité, ce qui arriva, pour défendre les piliers de notre République. L’histoire retiendra que sa sanction, d’un rare courage, fut prise par un homme de gauche. Oui de gauche. Et c’est sans doute la raison pour laquelle cette droite devint folle à lier à son encontre. Pavlovienne.

Les férus des potins apprendront que l’homme a une sœur qui combat contre la drogue, faisant de lui un homme comme les autres face aux fléaux de notre Monde. Ni plus, ni moins. N’en déplaise à La Fontaine et ses si jolis vers sur les plus Puissants.

Les plus cruels se rappelleront de ses faux pas. « Des Blancs, quelques white, quelques blancos » qui défrayèrent la chronique, comme si l’on oubliait que la vie politique est une vie orchestrée, mise en scène qui transcende l’humain jusque dans les maux. Dur. Mais quel politique n’a-t-il pas été pris au piège de ce cynisme qui conduit à la lumière ?

Sans parler de sa sortie sur les Roms. Faisant trop écho au désormais sinistre discours de Grenoble de celui, dont on dit qu’il marche sur ses pas. Avec une grasse bêtise. Tant sa marque écrase celle minuscule aux yeux de la République de celui qui a écorché la France dans ses principes et sa chair.

Oui. Manuel Valls n’est pas parfait. Il a failli. Et alors ?

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Pour ma part, je retiendrais de l’homme, le seul qui, dans son camp, a osé défendre la direction de Baby Loup, cette crèche de Chanteloup-les-Vignes qui a appris à la France entière que l’on pouvait, en France, ouvrir un établissement juif, musulman ou catholique mais qu’il était défendu d’en ouvrir un qui se revendique des valeurs laïques. Qui ose dire que la neutralité n’est pas une possibilité, mais la seule condition pour accueillir des enfants en bas âge. Qui, surtout, offrait un service 24 heures sur 24 à des classes populaires, contraintes de se lever tôt pour travailler, avec l’assurance qu’aucun prosélytisme, de quelque sorte qu’il soit, ne vienne entraver l’éducation qu’ils entendaient donner à leur progéniture. Quelle qu’elle fût.

Seul. Seul et presque contre tous quand on sait la frousse qui s’empare de la gauche dès que l’on parle de la laïcité, comme si prononcer ces quatre syllabes étaient un poison. Une maladie incurable.

Manuel Valls a prouvé, prouve et prouvera certainement, que l’on peut être de gauche et assumer certaines thématiques, comme la sécurité, la laïcité ou l’immigration. Avec cette conscience qu’il ne faut surtout pas laisser ces territoires à d’autres prédateurs, habiles à détourner l’attention du Peuple.

C’est avec courage qu’il faut parler de la chose.

Manuel Valls a tout pour devenir cet homme que je dépeins, sans doute avec appétence dans l’exercice du pouvoir. Puisse-t-il ne pas décevoir. Il en va du sort de la France.

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 12:59

Une semaine après le résultat des Municipales, les partis font les bilans chiffrés. On a beaucoup (trop ?) glosé sur ceux du PS, de l’UMP et surtout du Front national. Mais comment aurait-il pu en être autrement quand voit comment ses municipales ont été sans doute pour la première fois de la cinquième république, et dans cette ampleur, kidnappée par le contexte national.

Table rase des considérations locales, des poubelles, de la circulation en ville, des transports. Les électeurs ont exprimé leur colère parce qu’ils payaient trop d’impôts, ou parce qu’ils n’avaient pas de boulot. Sans doute faut-il voir ici le syndrome de notre démocratie malade et une des alertes ultimes du manque de représentation dans nos élites politiques, quand on sait par exemple que deux partis monopolisent presque 95% des sièges.

A ce petit jeu du chamboule-tout, il y a un parti qui peut avoir le sourire : le MoDem. Marc Fesneau, le débonnaire mais transparent Secrétaire général du Mouvement Démocrate, envoyait ainsi un message chaleureux aux adhérents mercredi dernier :

« Au total, lors de ces municipales, nous avons doublé notre nombre d’élus et nos candidats de premier tour ont en moyenne réalisé un score de plus de 15 % ».

C’est assez incroyable pour être noté : le MoDem a tout simplement obtenu les meilleurs résultats de son histoire, puisque le coup de tonnerre de mai 2007 était pour le compte de l’UDF. Ce parti qui souffrait d’une représentativité dans les assemblées exécutives vient d’y faire une entrée fracassante dans certaines zones. Sans oublier que certains se sont vus réélire en passant du camp de l’opposition à celui de la majorité.

Un succès ces municipales pour le MoDem ? Difficile d’en convenir.

La campagne aura été meurtrière pour ses rangs. A Paris, le seul conseiller municipal, Jean-François Martins a choisi de soutenir Anne Hidalgo, avant même que la Direction du Mouvement n’ait pris une décision, décidée par la suite unilatéralement par Marielle de Sarnez et… elle-même. Ou de l’art d’honorer l’épithète du nom de ce Mouvement.

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Dans le même mouvement, le Directeur de la communication a décidé pour sa part d’être en rupture avec la ligne choisie par la députée européenne, considérant qu’il était impensable au nom des valeurs défendues par le MoDem de soutenir le projet (sic) de Nathalie Kosciusko Morizet. Un choix courageux qui l’a placé sur le marché du travail. A partide pour l’heure.

A Lille et Tourcoing, après avoir fait croire que leur engagement auprès des listes de gauche dès le 1er tour ne poserait aucun problème, François Bayrou a fait volte face pour apaiser les colonels de Jean-Louis Borloo. A Lille, ce revirement a couté plusieurs dizaine de milliers d’euros à Martine Aubry qui avait placé le logo MoDem sur quantité de documents officiels, Bayrou ayant rédigé une lettre pour soutenir officiellement le candidat investi par la droite. On demanda même l’espace d’un moment au Président de la Fédération du Nord de se mettre en retrait de sa fonction, pour laquelle il a été pourtant élu, parce qu’il avait décidé de ne pas soutenir Gérald Darmanin à Tourcoing.

A Marseille, les vice-présidents Jean-Luc Bennahmias, également député européen, et Christophe Madrolle ont quitté le parti dans un même jeu de dupe, Bayrou leur faisant croire qu’il pouvait ne pas soutenir Jean-Claude Gaudin, avant que lui-même ne le fasse officiellement au nom du mouvement.
Les militants les plus fidèles parlent de succès, de compromis nécessaire et d’intérêt général. La réalité est tout autre : inféodé à la droite à présent, le MoDem a sombré dans la compromission et dans l’intérêt personnel de son président et de sa plus fidèle alliée, Marielle de Sarnez qui ont imposé aux autres l’inopportunément dénommée « Alternative ».

Aujourd’hui le MoDem a bien des élus, mais quel programme défend-il ? Quelle valeur ? Quelle vision de la société ? Depuis des années, quand on demande la position du MoDem, on en revient à ce qu’en dit François Bayrou.

A ce niveau-là, ce n’est plus un mouvement : c’est un fan club, composé d’élus sans autre fil directeur qu’une étiquette orange ternie. L’illusion durera sans doute jusqu’aux Européennes. Mais après ?

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31 mars 2014 1 31 /03 /mars /2014 12:59

Inutile d’abuser de rhétorique. Le résultat de ces municipales devait être une passe médiocre pour la gauche. Elle fut une déculottée sans nom. Fessée cul nu.

Hollande a-t-il failli ? Incontestablement. Sa campagne fut fondée sur un mensonge, comme celle de Sarkozy d’ailleurs. Et celle du FN qui prétendait sauver la France en se retirant de l’Europe. Avec des projections de croissance oniriques, et cyniquement assumées, il a dupé les citoyens honorant comme tous ses prédécesseurs l’adage de Pasqua selon lequel les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Le gouvernement, depuis deux ans, fonctionne dans une cacophonie ahurissante. Même le mariage pour tous, l’engagement 31, qui fut une des promesses tenues du programme du Président, fut laborieux avec un Hollande qui a clairement dérapé sur la liberté de conscience.

La défaite est-elle pour autant juste ? Non, définitivement non. Les bénéficiaires sont des usurpateurs, surfant sur une posture insupportable.

Le FN prétend que sa boutique a changé quand des témoignages de l’intérieur, comme celui d’Arnaud Cléré, nous montre qu’il n’en est rien. Ni plus, ni moins. Xénophobie, homophobie, laïcité qui amende le catholicisme, connivence avec l’extrême droite pure et dure, programme qui conduit au destin de l’Argentine des années 2000…

L’UMP, l’hydre à deux têtes qui perd la sienne tout court avec son NI-NI même prôné par Alain Juppé et Bruno Le Maire, dans une surenchère indigne avec sa pièce rapportée dans sa nouvelle famille, le FN. Un parti incapable d’avoir des idées, mais toujours producteurs d’onomatopées ou de postures indignées, faussement effarouchées, quand il a été coupable d’affres bien plus obscènes durant le quinquennat de Sarkozy qui restera comme une balafre sur le visage de Marianne.

L’UDI et sa nébuleuse prétendument centriste, qui est en réalité inféodée à la droite, troquant ses valeurs pour des plats de lentilles, bien chaudes pendant six ans. La cuisine qui favorise, à foison, abstention et écœurement.

Alors maintenant, on fait quoi ? Ou plutôt, que va faire François Hollande ?

Rester sourd et affirmer de la « continuité » comme l’a fait dimanche soir sur France 2 Michel Sapin ? 

Ahurissant.

Remanier le gouvernement ? Pourquoi pas. Mais le casting n’est jamais rien tant que la direction politique n’est pas re-dirigée elle-même.

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Parce que la réalité, c’est que plus personne n’y voit plus rien. Entre les couacs, les avancées étouffées par des retours tout aussi brutaux, des engagements stériles comme celui de vouloir faire baisser le chômage avant telle date, comme un simple message signifiant que l’on endiguerait sa progression aurait suffi à rassurer, il faut être clair.

François Hollande a perdu toute sa marge de manœuvre en dilapidant deux ans sans élections qui lui aurait permis toutes les audaces. Notamment en termes de geste fait à la sociale démocratie, à laquelle il a pensé bien plus tardivement qu’à ses amitiés, au nom d’un prétendu sens de la synthèse qui restera dans l’histoire comme un brouillamini des plus impressionnistes que la cinquième république aura connu.

L’urgence. Ne plus escompter un sursaut aux Européennes. Et lequel quand on se rappelle la dérouillée de 2009.

Raison de plus pour oser. Réellement.

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24 mars 2014 1 24 /03 /mars /2014 14:01

Dire que l’on s’y attendait est la moindre des choses. Il suffit de relire ce que j’écrivais ici même la semaine dernière pour revivre la soirée électorale de ce dimanche : abstention record, et score énorme du Front national.

Sur les plateaux, chacun s’est rejeté la faute. Ne nous leurrons pas : tous les partis républicains, de par leur incompétence, leur manichéisme qui les empêche de gouverner en consensus comme au Parlement européen ou encore de par leur cynisme électoraliste sont responsables de l’apogée du Front national à une municipale. Dans des proportions largement supérieures à 1995.

Pensez donc ! Steeve Briois élu dès le 1er tour à Hénin Beaumont. Des dizaines de villes où il oscille entre 30 et 45% dès le premier tour et qui laissent entrevoir les clefs de l’hôtel de ville.  

On peut continuer d’accabler droite et gauche et conspuer leur irresponsabilité. On pourrait. Non sans raison.

Mais il faudrait tout de même aussi régler, une fois pour toutes, l’impact du traitement médiatique de la politique en France, et oser remettre en question, non pas la liberté de la presse –insensé celui qui oserait !- mais le traitement de l’information en France.

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Quand on voit les dernières semaines, les émois au moins aussi considérables qu’inconsidérés autour des écoutes et des affaires, on peut se poser des questions. Comment Christophe Barbier, pour ne citer que lui, peut-il oser dire qu’après les nouvelles écoutes de Sarkozy alias Bismuth, l’affaire Taubira a laissé place à une nouvelle affaire Sarkozy, laissant entendre que les deux dossiers seraient du même niveau d’importance ?

Mediapart ou le Canard enchaîné ne pouvaient-ils pas attendre trois semaines pour publier des écoutes plutôt que d’en abreuver la France à quelques jours d’un scrutin de tous les dangers ? La vérité n’attend pas diront certains. Sauf si le rythme ne correspond à aucune urgence judiciaire ou républicaine et, bien au contraire, alimente les populistes.

Comment supporter d’entendre dimanche soir Bruce Toussaint demander à Cambadélis si Mennucci allait appeler à voter Gaudin à Marseille (sic), puisqu’il est troisième et derrière le FN, en rajoutant « ah le front républicain ça marche pas à tous les coups » ? Est-ce là de l’incompétence totale ou la volonté d’aimer à se faire peur, à faire peur la France pour doper l’audience ?

Quel média a-t-il parlé des programmes, des propositions pour les citoyens, des engagements locaux ? Pourquoi avoir focalisé sur le duel féminin parisien ou sur les municipalités prenables par le FN, quand de nombreuses villes voient des maires confortablement réélus, montrant donc que leur politique est plébiscitée et que, oui, les politiciens français peuvent faire du très bon travail ?

Le climat imposé, car il a été imposé aux Français, par les médias de tous bords, au nom de la raison économique, de l’audience au nombre des lecteurs, prend une large part de responsabilité dans la montée du Front national, lui qui pourtant régulièrement, conchie les journalistes et la presse, à l’image de Louis Aliot, l’homme qui traite de pute une journaliste.

La presse tapine, et le FN encaisse les passes : l’image est obscène. Certes. Mais elle est à l’image même de ce que l’on éprouve aujourd’hui : la nausée.

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17 mars 2014 1 17 /03 /mars /2014 14:02

Il est une coutume dans ce pays, après chaque élection, qui puise sa force tant dans la naïveté que dans l’imprudence, quand il ne s’agit pas du cynisme. Les élections Municipales et plus encore les Européennes n’y échapperont pas. Mieux vaut prévenir que guérir.

Le soir du premier tour, les grands barons de l’UMP et du PS mais aussi d’EEV, du Front de gauche, ou du centre vont défiler, un à un, la tête basse, en estimant que le seul vainqueur est l’abstention… avant de rajouter que la montée du Front national a de quoi inquiéter tout le monde. Que ce parti évoque de vrais problèmes sans donner des solutions. L’impasse même. Que ce vote est avant tout un vote contestataire, et qu’il ne faut pas juger ou insulter ceux qui dans la difficulté ont choisi une mauvaise échappatoire pour exprimer leur ras-le-bol.

Cela en serait touchant si cette rengaine n’était pas vaine, et si, entre temps, ce n’était pas l’occasion pour certains de draguer ouvertement cet électorat, en pillant dans le trésor programmatique de la flamme nationale, à l’image de Nicolas Sarkozy dans l’entre deux tours de la Présidentielle, quand il proposa la présomption de légitime défense pour les policiers.

Il faut cesser net avec cette mascarade et responsabiliser les électeurs du Front national.

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Quand vous votez pour le Front national, vous assumez de voter pour un parti d’extrême droite, fondé sur les misères de ses rejetons en 1972 quand la famille brune était dispersée entre les cathos intégristes, les pétainistes et les nostalgiques de l’Algérie. Et ceux qui, dupes, oseraient croire que le Front a changé, se souviennent que son créateur est toujours Président d’honneur du parti, ce qui revient à tout assumer du passé, et à ne rien renier.

Quand vous votez Front national, vous acceptez de voir des insignes nazi tatouées ici ou là sur des bras venus donner main forte pour encadrer des réunions ou des défilés. Et ce même si on se donne bonne figure en excluant quelques énergumènes, lâchés et lynchés, après avoir été léchés.

Quand vous votez pour le Font national, vous assumez d’être contre l’Europe, pour le rétablissement des frontières, pour le fait de voir notre monnaie dévaluée et donc de payer votre essence l’équivalent de 3 ou 4 euros le litre. Vous assumez de ne pouvoir plus commercer avec le reste de l’Europe qui est pourtant notre premier client, et donc acceptez que nombre d’entreprises, qui font leur commerce avec l’extérieur ferment leur porte ou se délocalise, faisant passer le chômage de 10 à 25 voire 30%.

Quand vous votez Front national, vous assumez de refuser aux réfugiés les soins essentiels et occultez donc que les virus n’ont pas de passeport, et qu’ils se propageront faute d’avoir assuré le minimum pour les guérir.

Quand vous votez Front national, vous acceptez de considérer que la laïcité existe si Jésus le veut bien, considérant qu’à l’exception du christianisme, aucune autre religion n’a le droit de cité sur notre territoire, qu’en des proportions marginales et surtout cachées. Vous considérez que l’islam n’est pas compatible avec les valeurs de la République.

Quand vous votez Front national, vous acceptez que les homosexuels soient considérés comme des citoyens de seconde zone. Après leur avoir refusé le PaCS, le parti de la flamme leur a refusé le mariage. Considéré comme un comportement déviant par Jean-Marie Le Pen il y a encore 15 ans, l’homosexualité est une pratique pour ce parti, un choix de vie qu’il convient de cacher pour être toléré.

Quand vous votez Front national, vous acceptez de jouer le jeu de dupes qui consiste à prétendre que l’on n’est pas raciste, tout en grimant une Ministre de la République en singe, parce qu’elle est noire. Vous assumez de dire que vous n’êtes pas raciste parce qu’un de vos meilleurs amis s’appelle Mohammed, mais parce que lui n’est pas comme les autres… Les autres ?

Il va falloir à présent assumer. Quand on prend la peine de se déplacer un dimanche pour placer un bulletin de vote dans l’urne, on sait parfaitement ce que l’on sait. On ne peut plus dire que l’on a voté pour le Front national, en s’en lavant les mains, et en disant que c’était juste pour faire peur. Les électeurs de Marine Le Pen assumeront l’ensemble des propositions et du programme du rassemblement Bleu Marine.

Et tous ceux qui, déçus ou affamés viendront leur faire les yeux doux, le regard rempli de mansuétude et de compréhension, auront de la même manière autant de comptes à rendre aux valeurs républicaines.


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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 14:04

A trois semaines des municipales, les forces républicaines se seraient bien passées de cet amoncellement d’affaires qui fait penser clairement que le ventilo à merde fonctionne à plein turbo.

Ce fut d’abord l’affaire Copé qui montre que, malgré des lois régulant les financements politiques, ce sont encore ceux qui en ont le moins besoin, qui jouent avec les règles, contraints de démontrer leur probité alors que la confiture dégouline encore de leurs mains, pendant que les petits partis luttent pour leur survie. Parodie démocratique.

Puis des écoutes. Celles de Patrick Buisson tout d’abord, dont on se demande à quelle fin étaient destinés ces enregistrements. L’Histoire montrera si cet homme, qui a fait les beaux jours de l’extrême droite, n’a pas été, durant le quinquennat Sarkozy, un sous-marin chargé de faire exploser les digues, afin de délimiter les frontières de la droite du centre aux nationalistes identitaires.

Enfin, celles qu’ont subies Nicolas Sarkozy et son avocat, à propos de reliquats d’affaires qui n’en finissent plus de viser l’ancien président de la République, sans pour l’instant qu’il n’ait eu à subir la moindre condamnation par la Justice. Touché jamais coulé.

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Ce spectacle désolant fait suite au rejet des comptes de campagne pour la campagne 2012, qui avait donné lieu à un Sarkothon que la France entière va payer de ses deniers en cette année fiscale 2014 mais aussi à l’élection rocambolesque, digne d’une République bananière à la tête de l’UMP. Un parti meurtri par des urnes bourrées qui offre une voie royale aux tenants du « tous pourris » que l’on entend déjà claironner, telles les vautours cyniques qui tournoient avec un appétit vorace autour de leurs proies exsangues. Des vautours qui pourtant sont loin d’avoir la patte blanche.

J’aurais pu alors titrer la « droite moisie » pour dénoncer ces vilains petits canards qui prostituent les valeurs démocratiques et républicaines. Mais l’épithète m’a semblé trop faible et si peu révélatrice.

En réalité c’est bien le constat, au présent de l’indicatif qui s’impose : la droite moisit.

Car qui à droite vient dénoncer ces ignominies ? Qui a le courage de dire « stop, ça suffit » pour tenter de proposer une autre droite, plus respectable qui naîtrait sans peine des cendres de celle qui est gangrenée par la corruption et la trahison des valeurs et des idéaux ?

François Fillon a préféré faire exploser le front républicain en expliquant qu’entre le FN et le PS, il choisirait le moins sectaire.

Alain Juppé, le modéré nommé, n’hésite pas à intégrer un intégriste, tête de gondole de la Manif Pour tous, version De La Rochère sur la liste à Bordeaux, en osant prétendre qu’il s’agit là d’un délit de sale gueule que de s’en émouvoir.

Bruno Le Maire préfère cautionner les délires ahurissants de Copé sur « Tous à poil » et sur legender face à Najat Vallaud Belkacem, et mentir honteusement en expliquant que tous les cadres de l’UMP ont toujours été clairs avec le FN, et en digressant avec affabulation sur une prétendue insulte, pour ne pas répondre à la Ministre.

Aucun courage. Que de la lâcheté. A l’image de Nathalie Kosciusko-Morizet. Qu’a-t-elle à prouver en prétendant croire encore en ses chances pour succéder à Delanoë ? Tout le monde sait que sa campagne est perdue, et que les sondages serrés occultent le décompte parisien qui se fait arrondissement par arrondissement. Personne n’en est dupe. Qu’a-t-elle donc à perdre ? Pourquoi le courage ne la guide pas pour taper du poing sur la table et faire table rase des nauséabonds de la droite parisienne, à l’image de François Lebel qu’elle avait promis de laisser sur la touche ? Au lieu de cela, elle fuit, fait le dos rond, et accepte l’inacceptable, l’odieux personnage qui amalgame homosexualité, inceste, zoophilie et pédophilie. Ad nauseam.

La droite moisit. Ses vilains canards sont cautionnés par les prétendus modérés pour des sombres histoires de carrière ou d’amitié de longue date quand le pacte républicain menace de s’effondrer et de légitimer définitivement le Front National. Plus que quelques jours d’attente, et on le verra : il sera beau le résultat.

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Présentation

  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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