Inutile d’abuser de rhétorique. Le résultat de ces municipales devait être une passe médiocre pour la gauche. Elle fut une déculottée sans nom. Fessée cul nu.
Hollande a-t-il failli ? Incontestablement. Sa campagne fut fondée sur un mensonge, comme celle de Sarkozy d’ailleurs. Et celle du FN qui prétendait sauver la France en se retirant de l’Europe. Avec des projections de croissance oniriques, et cyniquement assumées, il a dupé les citoyens honorant comme tous ses prédécesseurs l’adage de Pasqua selon lequel les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Le gouvernement, depuis deux ans, fonctionne dans une cacophonie ahurissante. Même le mariage pour tous, l’engagement 31, qui fut une des promesses tenues du programme du Président, fut laborieux avec un Hollande qui a clairement dérapé sur la liberté de conscience.
La défaite est-elle pour autant juste ? Non, définitivement non. Les bénéficiaires sont des usurpateurs, surfant sur une posture insupportable.
Le FN prétend que sa boutique a changé quand des témoignages de l’intérieur, comme celui d’Arnaud Cléré, nous montre qu’il n’en est rien. Ni plus, ni moins. Xénophobie, homophobie, laïcité qui amende le catholicisme, connivence avec l’extrême droite pure et dure, programme qui conduit au destin de l’Argentine des années 2000…
L’UMP, l’hydre à deux têtes qui perd la sienne tout court avec son NI-NI même prôné par Alain Juppé et Bruno Le Maire, dans une surenchère indigne avec sa pièce rapportée dans sa nouvelle famille, le FN. Un parti incapable d’avoir des idées, mais toujours producteurs d’onomatopées ou de postures indignées, faussement effarouchées, quand il a été coupable d’affres bien plus obscènes durant le quinquennat de Sarkozy qui restera comme une balafre sur le visage de Marianne.
L’UDI et sa nébuleuse prétendument centriste, qui est en réalité inféodée à la droite, troquant ses valeurs pour des plats de lentilles, bien chaudes pendant six ans. La cuisine qui favorise, à foison, abstention et écœurement.
Alors maintenant, on fait quoi ? Ou plutôt, que va faire François Hollande ?
Rester sourd et affirmer de la « continuité » comme l’a fait dimanche soir sur France 2 Michel Sapin ?
Ahurissant.
Remanier le gouvernement ? Pourquoi pas. Mais le casting n’est jamais rien tant que la direction politique n’est pas re-dirigée elle-même.
Parce que la réalité, c’est que plus personne n’y voit plus rien. Entre les couacs, les avancées étouffées par des retours tout aussi brutaux, des engagements stériles comme celui de vouloir faire baisser le chômage avant telle date, comme un simple message signifiant que l’on endiguerait sa progression aurait suffi à rassurer, il faut être clair.
François Hollande a perdu toute sa marge de manœuvre en dilapidant deux ans sans élections qui lui aurait permis toutes les audaces. Notamment en termes de geste fait à la sociale démocratie, à laquelle il a pensé bien plus tardivement qu’à ses amitiés, au nom d’un prétendu sens de la synthèse qui restera dans l’histoire comme un brouillamini des plus impressionnistes que la cinquième république aura connu.
L’urgence. Ne plus escompter un sursaut aux Européennes. Et lequel quand on se rappelle la dérouillée de 2009.
Raison de plus pour oser. Réellement.