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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 19:16

Décidément, le Ministère de l'Education nationale, et Najat Vallaud-Belkacem en tête, ne savent plus quoi faire pour imposer leur réforme ubuesque du collège. Après l'espoir de dispenser des formations payées sous le SMIC pour les volontaires, quand elles le seront à titre bénévole pour les autres, le temps des sondages de l'opinion est venu. Et alors que les enseignants s'opposent en masse à la réforme, et se réuniront le samedi 10 octobre à Paris pour le faire savoir, le Ministère a commandé à l'IFOP un sondage pour tenter de faire croire que les Français étaient favorables à la réforme.

Quand on sait que c'est le même institut qui avait orienté un sondage sur le mariage pour tous, à l'initiative de Frigide Barjot, pour faire croire que les Français étaient majoritairement opposés à la loi Taubira, quand on y ajoutait la PMA et la GPA, ce que la dite loi n'évoque nullement, l'on était en droit d'être suspicieux.

Avec raison.

75% des Français seraient donc favorables à la réforme concernant l’évaluation à l’école, à en croire les conclusions de l'enquête... ce que confirme un article du Huffington Post. Et d’autres chiffres encore plus faramineux sur les autres aspects de cette réforme. Pour autant, une clarification s’impose.

Cette enquête offre des chiffres. Mais il ne faudrait pas aller trop vite en besogne. Dès son ouverture, l'on apprend que 23% des personnes interrogées n’ont pas entendu parler de la réforme et que 54% en ont entendu parlé mais ne "voient pas vraiment de quoi il s'agit"... Ne reste que 23 % qui ont entendu parler de la réforme et qui savent de quoi il s'agit ! D'ores et déjà, prétendre que 75 % des Français seraient favorables à la nouvelle évaluation relève donc du subterfuge le plus grossier.

Mais l'IFOP, et le Ministère ont été bien plus loin pour façonner leur chiffre. Pour tester l'opinion des autres volets de la réforme, l'institut propose trois mesures : la dictée quotidienne, le calcul mental et l'enseignement laïque du fait religieux ! En quoi ces trois mesures seraient-elles représentatives de la réforme ? La dictée et le calcul mental ayant même été par certains comme un retour en arrière réactionnaire que la Ministre aurait dégainé pour réduire au silence ceux qui hurlaient, à juste titre, à l'abaissement des exigences !

La réforme ce n'est pas le retour en force de la dictée ou encore du calcul mental. Assurément non. Ces deux arbres ne peuvent cacher la forêt calcinée qui promet de s'offrir aux yeux incrédules des Français. D'ailleurs, la dictée n'est présente qu'une seule fois sur les 375 pages des programmes présentées ! Prétendre qu'elle est donc une mesure phare est au mieux grotesque, au pire fallacieux.

La réforme c'est surtout la diminution des heures plancher des enseignements fondamentaux tels que le français ou les mathématiques, au profit des EPI, Enseignements pratiques interdisciplinaires, ce gadget gloubliboulgesque qui tente de mélanger les matières... tout en empêchant leur co-animation faute de moyens.

La réforme c'est proposer de l'aide individualisée... en classe entière, pour ne pas rompre avec le prétendu principe d'égalité... mais surtout faute de moyens.

La réforme c'est la disparition programmée du latin, du grec et de toutes ces valeurs ajoutées que proposera avec délectation le privé, exauçant les vœux de Nicolas Sarkozy qui estimait en 2007 qu'on avait "le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1000 étudiants pour deux places." Le tout donc... faute de moyens.

Mais de cela, évidemment, il n'en est nullement question. Et quand on tente de vendre l'évaluation si bienveillante que promettait Najat Vallaud-Belkacem, on n'oublie surtout pas d'ajouter que l'on n'abolit pas pour autant les note /20 dès le début de la question, rendant complètement stérile le résultat du sondage puisque la question rend accessoire la nouvelle échelle, quand, en réalité, elle devient prioritaire dans les nouveaux bulletins et autres livrets scolaires.

En d'autres termes, ce sondage n'en est pas un : c'est une manipulation grossière tentant de faire croire que les Français sont favorables à la réforme pour faire pression sur les enseignants qui la rejettent en masse. Et ceux qui brandiront stérilement le chiffre des manifestants ou des grévistes pour prouver l'inverse, n'ont qu'à venir dans les collèges et surtout dans les Conseils pédagogiques, là où à présent tout se décide, pour prendre conscience de la puissance de fronde.

Et ce n'est certainement pas en manipulant l'opinion que le Ministère démontre le bienfondé de sa réforme. Bien au contraire, il démontre sa mauvaise foi et envoie même le message qu'il est aux abois pour en arriver à pareille bassesse. Il n'en faut pas davantage pour donner du cœur à l'ouvrage à tous ceux qui refusent cette réforme.

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commentaires

U
Et j'ajouterai (après relecture) : moi-même, je commets des fautes... Saurez-vous les trouver ?
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U
Être essayiste ne dispense pas d'être professeur de français, fût-il moderne. Cet article est truffé de fautes de français inexcusables . Par exemple : " 54% en ont entendu parlé ", l'infinitif, c'est fait pour les chiens. "Ne reste que 23 %" car 23 est au singulier, c'est bien connu. Des choix de vocabulaire déficients : "suspicieux". Ou de propos incohérents, phrases mal construite : "La dictée et le calcul mental ayant même été par certains comme un retour en arrière réactionnaire que la Ministre ...". Ce texte fût peut-être construit dans l'urgence, mais à ce stade, il cause plus de torts (au pluriel) que de bien (au singulier) à la cause qu'il prétend défendre. Comment croire que quelqu'un est ami de la culture quand il commet autant de fautes, surtout un soi-disant prof de français ? Je n'ai pas pu lire jusqu'au bout en raison de ses insuffisances intolérables. Mais tout le monde s'en fout, et elles (les insuffisances) se généralisent à tous les écrits qui me sont donnés à parcourir ces derniers temps. Écoeuré.<br /> <br /> PS Qui disait "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement" ? Descartes ?<br /> <br /> PPS Je suis à fond contre la réforme des collèges, mais une telle indigence fait que j'en suis réduit à quia, oscillant entre Charybde et Scylla ! Et je ne suis pas prof de français, fort heureusement, car si je montre cela à mes voisines de classes, qui, elles le sont, elles vont bondir !<br /> <br /> PPPS Croyez-vous qu'un seul commentateur se serait inquiété de cette situation ? Point du tout,, vous dis-je, car le fond prime la forme, naturellement, Madame Michu.
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Présentation

  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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