L’école est l’affaire de tous. Et c’est bien normal puisqu’elle représente 27% du budget de l’Etat, ce qui la place au premier rang des dépenses. Ainsi tout le monde a son avis, ses envies, ses projections, en somme son idée de l’Education Nationale. On croit tout savoir, tout pouvoir réformer… ce que pourtant aucun gouvernement n’est parvenu à faire depuis 30 ans…
Alors faut-il tordre le cou à toutes les idées reçues sur l’école ?
L’Education Nationale manque de moyens
C’est archi faux ! L’Education nationale représente plus du quart du budget de la Nation, ce qui est ni trop, ni trop peu, car une Nation qui veut réussir doit tout miser sur l’école (réécoutons Hugo qui disait : « ouvrir une école, c’est fermer une prison ». Le problème vient en revanche de la répartition de cette manne apportée par le contribuable. Entre des administrations archaïques, des décharges horaires trop nombreuses, des contrats onéreux que l’on conserve de manière inexpliquée (le décompte par seconde de la connexion internet dans certains établissements à l’heure de l’explosion du haut débit bon marché par exemple), des millions dépensés aveuglément dans la haute technologie comme les classe pupitre pour des élèves qui ne savent même pas leur table de trois, de l’ordre est à faire dans les comptes de l’Education Nationale. Mais cela nécessite de tout mettre à plat et de n’épargner personne…
Un prof de collège est moins bien formé qu’un prof de lycée
C’est faux. Les deux ont un CAPES : Certificat d’Aptitude au professorat de l’Enseignement du Second degré (second degré = collège et lycée). La raison de l’affectation des uns et des autres en collège ou en lycée dépend des mutations qui privilégient l’ancienneté.
On apprend moins bien en Zep
C’est faux ! Les Zep bénéficient de moyens considérables, et en tous cas bien supérieurs aux établissements traditionnels, de sorte que leurs infrastructures ou encore le soutien scolaire sont bien plus importants que dans un établissement traditionnel
Les profs sont trop nombreux
C’est Vrai ! Quitte à choquer (mais la vérité doit choquer…), l’on a trop embauché dans les années 90-00. Le départ en retraite de bon nombre de fonctionnaires dans les années à venir va permettre de rectifier la balance. Mais l’on ne peut décemment pas crier au loup quand on ne remplace que 2 départs en retraite sur trois. Toutefois cela ne dispense pas le Ministre et ses apôtres de faire du cas par cas et non de sabrer au milieu à la myope et sans prendre en compte le contexte (et c’est bien là que le bas blesse…)
Les effectifs par classe de en moyenne de 10 élèves
Plaisanterie que reprennent en chœur tous les Ministres de Droite (Darcos, Ferry, Allègre… de droite comme je vous l’annonçais…). Alors évidemment si l’on divise le nombre d’élèves par le nombre de profs, l’on obtient cette moyenne. Mais j’oserais simplement rappeler qu’un élève a un prof de français, de maths, d’anglais, d’histoire-géo… Bref on peut faire dire aux chiffres ce qu’ l’on veut, et je vous mets en garde contre ceux qui déjà ne savent même pas faire un produit en croix… Ce n’est en tous cas pas avec ce genre de faux-arguments que l’on « dégraissera le mammouth »… Bien au contraire, cela donne du grain à moudre à ceux qui veulent que rien ne change.
Les notes du bac et du brevet sont truquées
C’est vrai, tristement vrai. Tous les correcteurs vous le dirons en privé (et je vous le dis en public...) : la consigne est de « valoriser un maximum les élèves ». Un écrit hors-sujet en rédaction ne sera pas noté en dessous de « 4/15 » au brevet des collèges, un gloubi-boulga amphigourique et inintelligible en compréhension de langue vivante sera validé si le mot clef figure dans la réponse cabalistique, en géométrie mathématique le mot « Thalès » sera valorisé même si c’est Pythagore qui est nécessaire à la démonstration…
A cela ajoutez que les notes sont « re-calibrées » en fonction du paquet du correcteur voisin (en gros mon paquet a 12% de points en moins que la moyenne, l’ensemble de mes copies obtient 12% de points en plus, le tout arrondi au point supérieur, cela va sans dire…).
Pour finir dans la série, demandez aux principaux adjoints de vous parler en privé des étonnants résultats du brevet dans son établissement au vu des brevets blancs… Il vous confiera en secret que la barre des admissions était à 8,5…
Les profs ne font que 17 heures par semaine
Faux, évidemment ! D’une part, Ségolène Royal qui avait évoqué ce chiffre avait oublié alors qu’un certifié (détenteur du CAPES) a 18 heures de cours hebdomadaires. Certes certains ne le croient pas mais les cours sont préparés à l’avance et nécessitent… du temps ! N’oublions pas les sempiternelles corrections. A cela, ajoutons que les emplois du temps regorgent souvent de « trous » (Non, nous n’enchainons pas 4 fois 4 heures de cours, avec deux heures le troisième jour pour avoir ainsi 4 jours ½ de « travail » par semaines… Ces 18 heures sont réparties du lundi au vendredi/samedi).
Deux bémols toutefois : les agrégés n’ont que 15 heures de cours (qu’ils soient payés plus car leur concours est plus complexes est tout ce qu’il y a de plus respectables ; qu’ils travaillent moins reste un archaïsme dont on pourrait allègrement se passer…)
Incontestablement, certaines matières nécessitent moins de corrections ; d’autre part certains vieux loups ressortent sempiternellement leurs mêmes cours poussiéreux… mais c’est comme partout, les brebis galeuses existent…
En somme, les 40 heures hebdomadaires font légion dans l’Education Nationale. Reste que les professeurs bénéficient de 16 semaines de « vacances » par an. Mais quand on sait qu’à diplôme équivalent, les profs sont beaucoup moins bien payés qu’un salarié du privé, faisons un statu quo sur la question…
Demain la suite des révélations :
On redouble quand on a mal travaillé
Les élèves travaillent moins à la maison qu’avant
Les élèves sont en moyenne plus mauvais qu’il y a 20 ans
L’école ne s’adapte pas assez à la modernité, et plus particulièrement à la jeunesse qui a changé
L’école accentue les inégalités sociales
Les aides aux devoirs vont aider les élèves
Les profs se laissent plus déborder qu’avant
L’école buissonnière est plus fréquente qu’auparavant