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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 20:15

Il faut bien le dire, le débat qui s’est ouvert sur le mariage pour tous (et avec quelle mauvaise foi, les opposants du projet osent prétendre le contraire !) n’aura pour l’instant pas été à la hauteur. La raison en est simple : les partisans du projet ont tout simplement délaissé l’espace médiatique.

Les opposants eux veillaient au grain. Dès juin, Christine Boutin, la bigote qui radote le PaCS et le sulfureux Alain Escada pour la très tranquille association Civitas avait ouvert le feu. Depuis, ils sont nombreux à avoir exprimé leur point de vue : Ivan Rioufol, Monseigneur Vingt-Trois, Monseigneur Barbarin, François Lebel, Alain Juppé, François Fillon, Jean-François Copé, Marine Le Pen, l’UOIF, le Grand rabbin de France Gilles Bernheim, Eric Zemmour, Philippe Ménard, Frigide Barjot,  Xavier bongibault… La liste n’est pas exhaustive et donne le tournis.

 

Un mépris persistant

 

Dès que le micro est brandi et la caméra au poing, les opposants donnent de la voix. Et, bien évidemment, se défendent de toute homophobie. Car évoquer pêle-mêle l’inceste, la zoophilie, la pédophilie, la polygamie, la nature, l’altérité, la déstructuration de la société, faire des jeux de mots tels que "Non à l’homofolie", ne sont en rien montrer du mépris à l’égard des homosexuels...


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En revanche, plus discrets sont ces hérauts du "NON" au mariage et l’adoption pour tous dès lors que les auditions commencent… Pourquoi participer vraiment au débat quand le tumulte, la fureur et le capharnaüm médiatique portent à merveille leur message ?

Pendant ce temps, qu’ont fait les partisans du projet ? Force est de constater que certains ont brillé par leur absence. Ou presque. Ont-ils cru trop vite que le projet allait passer sans l’ombre d’un doute fort de sondages favorables ? Toujours est-il que cet excès de confiance pourrait laisser des traces à l’arrivée. Car, au moment du sprint final, les opposants ont indéniablement un coup d’avance.

 

Couacs

 

Et, parmi ces partisans, le PS, qui avait pourtant porté ce projet à bout de bras tant à la présidentielle qu’aux législatives, a fait la carpe pendant de nombreuses semaines. Et pour cause : la première sortie à la rentrée se solda par une catastrophe. Christiane Taubira grilla clairement la politesse à Marisol Touraine et Dominique Bertinotti, cette dernière devant se justifier comme elle le put sur le plateau de Laurent Ruquier. Une source me confiait il y a peu que la rédaction de "La Croix", qui avait organisé l’interview, n’avait pas vu le coup venir…

Après ce qu’il convient d’appeler un couac du gouvernement, vint celui du président lui-même, lui qui, selon Nicolas Domenach dans de nombreuses interventions dans l'émission "La Nouvelle édition" le midi sur Canal Plus, ne cessait d’exprimer ses doutes grandissant sur l’opportunité de légiférer en ce moment. Arriva ce qui devait arriver lors du Congrès des maires. Certes, François Hollande revint en arrière mais désormais les partisans du projet commencèrent eux-mêmes à douter des velléités de celui qu'ils pensaient être l’homme de la situation.

 

L'offensive

 

Aussi, le PS a décidé de passer à l’offensive. Histoire de casser la spirale infernale.

Après le succès en nombre des manifestations du week-end du 17 et 18 novembre, les partisans du projet ont décidé d’organiser eux aussi une immense manifestation, dimanche prochain le 16 décembre. Et le PS de devenir le héraut de la manifestation.

Entre temps, Bernard Roman, déjà artisan du projet du Pacs, a lancé un manifeste de 100 députés en faveur de la PMA, que semblait avoir laissé sur le carreau Christiane Taubira. Une initiative courageuse alors que l’adoption elle-même semble en danger. Le député PS de la première circonscription du Nord que j’ai rencontré cette semaine m’expliquait en avoir pris "plein la tête" depuis la parution de la tribune. L’air amusé et gêné, d’un petit polisson qui aurait pu commettre une bêtise. Mais l’homme est de conviction et d’un air généreux, il m'a confié: "Je ne lâcherai pas. C’est vraiment un beau projet que cette loi. J’y tiens vraiment". Les partisans du projet savent qu'ils pourront compter sur lui dès le 29 janvier.

 

La riposte

 

Valérie Trierweiler, elle, a tenté, autant qu’elle le put, de rectifier la bourde de son compagnon en déclarant vouloir être témoin d’un des premiers mariages qui unira deux homosexuels. Une initiative conspuée par l’UMP. Mais il faut dire que la moindre expiration nasale de la femme au tweet tueur est assimilée à une prise de position inacceptable de la part des tenants de l’autre rive bipartite.

Enfin, cette semaine, le PS a décidé de riposter avec les méthodes des opposants au mariage pour tous, qui n’hésitent plus à transmettre les mails des députés qui croulent sous des milliers de mails par jour déclamant par homélies redondantes leur farouche déclaration de guerre. Des méthodes qui rappellent SOS éducation. Qui rappellent elle-même celles d’Avenir de la Culture. Pratiques de l’intégrisme par excellence. Une pétition pour sensibiliser les citoyens.

Puisque la raison, les sondages, et les programmes votés ne suffisent plus, autant se mettre au niveau de leurs adversaires : la pétition ! Jacques Bompard qui peine à atteindre les 2100 signatures (certes d’élus, mais si loin des 15.000 signatures de maires de la pétition de Michel Pinton de 1999) pourra toujours faire œuvre de comparaison.

Un manifeste pour la PMA, l’engagement de la compagne du président de la République, une pétition et surtout une grande manifestation le 16 décembre ? Cette fois-ci, c’est certain, les partisans du projet sont dans l’arène. Le débat avait commencé. Place au combat. 

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11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 20:11

L’affaire n’est véritablement pas passée inaperçue et viendra remplir la longue liste des événements notoires qui se sont déroulés dans les établissements scolaires, qui prend des allures d’inventaire à la Prévert depuis la rentrée de septembre.

Ce lundi, un professeur de Charente a été suspendu provisoirement après la plainte de plusieurs parents, suite à un écrit qu’il a proposé à ses élèves de troisième, dont voici l’exact intitulé :

"Vous venez d'avoir 18 ans. Vous avez décidé d'en finir avec la vie. Votre décision semble irrévocable. Vous décidez dans un dernier élan de livrer les raisons de votre geste. En dressant votre autoportrait, vous décrivez tout le dégoût que vous avez de vous-même. Votre texte retracera quelques événements de votre vie à l'origine de ce sentiment."

Bien évidemment, les parents d’élèves ont été interloqués et choqués – on le serait pour moins – par le sujet qui avait été proposé à leur enfant. Raison pour laquelle ils ont décidé d’écrire à l’Inspection académique.

Toutefois, le courrier se défend d’être une énième plainte ou autre procédure visant à s’ingérer dans les affaires pédagogiques. Bien au contraire :

"De par notre éducation, nous n'avons pas l'habitude de remettre en question ce qui se passe à l'école, mais il y a des limites (...) Quel va être le prochain sujet ? ’Que ressentez-vous lorsque vous vous piquez ?’ On aimerait comprendre"

 

Le problème de l'autobiographie

 

Il est en effet nécessaire de faire preuve de pédagogie. Car tirer hâtivement à boulets rouges sur l’enseignant serait une chose un peu facile.

Ce qu’il y a de choquant dans le sujet n’est pas véritablement que des élèves de troisième s’interrogent sur la notion de suicide. À 15 ans, les élèves sont parfaitement aptes à commencer une réflexion sur des sujets lourds. Et c'est d’autant plus enrichissants pour eux qu’ils sont à un âge où ce type de pensée mortifère peut les hanter sans qu’ils n’en disent rien.


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D’ailleurs depuis de nombreuses années, les établissements scolaires organisent des actions de prévention autour du suicide, tant envers les adolescents qui pourraient y avoir songé, qu’à l’attention des professeurs afin de les sensibiliser aux moindres indices de détresse.

Le problème est d’avoir introduit ce sujet dans le cadre de l’autobiographie. Ce genre littéraire fait partie du programme de troisième, et ce depuis de nombreuses années. Et il n’invite pas forcément d’ailleurs à évoquer des moments joyeux quand on sait que le programme tourne aussi autour des notions de mémoire ou de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.

Pour autant, le sujet pose tout de même un contexte particulièrement brutal puisqu’il demande à l’élève de se placer comme étant celui qui voulait se suicider. Une sorte de jeu de rôle aux accents morbides et qui pourrait s’avérer dangereux. Surtout que l’enseignant ne sait absolument pas ce qui se trame sous le crâne de ses élèves. Ils ne sont pas seulement des gens qui lèvent le doigt, répondent aux questions, en posent aussi et rendent des copies. En quittant les murs de l’établissement, même dès la cour de récréation, ils redeviennent des adolescents, des adultes en devenir, des êtres en construction, fragiles et à la recherche d'eux-mêmes.

 

Pourquoi les faire parler d'eux à tout prix ?

 

Alors complètement inconscient le professeur ? Cas isolé d’un enseignant qui a poussé un peu trop loin la limite du supportable ? Erreur de jugement alors qu’il croyait avoir enfin un sujet qui allait réveiller la plume dilettante de ses élèves ?

C’est là que la réaction du syndicaliste du SNES-FSU prend tout son sens :

"Le sujet était un autoportrait fictif. Quand les élèves ont demandé des précisions, le professeur les a effectivement aiguillés sur le fait de s'imaginer en fin de vie, pour mieux se décrire dans leur autoportrait."

Écrire en parlant de soi. Que de soi. De ses émotions. Il est sans doute là, le hic. Car il est une manie indémodable depuis trente ans dans l’Éducation nationale, et tout particulièrement dans l’enseignement des Lettres, c’est de vouloir à tout prix que l’élève parle de lui. On lui demande ainsi se livrer à l’écrit et même parfois à l’oral devant tous les autres, partant du principe qu’il est plus simple de parler de soi que de parler de choses que l’on ne connait pas.

"Il faut libérer la parole", un gimmick maintes fois entendu dans les formations, où l’on explique que si le professeur a parlé pendant plus de dix minutes dans l’heure, il a muselé la parole de sa classe et, en somme, a raté son cours.

Il faut en toute promiscuité que les élèves évoquent leurs sentiments, leurs sensations. Cela peut partir d’un texte littéraire dans lequel il faut faire fi du sens, du contexte et davantage encore de la forme pour ne s’intéresser qu’à cette lancinante et fatidique question : "qu’en as tu pensé ? Qu’as tu ressenti ?"

 

Pédagogie inadaptée

 

Le cas pratique du caractère grotesque de cette pédagogie, qui est presque imposée aux enseignants de Lettres dans leur formation initiale, a été primé à Cannes en 2008. "Entre les murs" montre parfaitement cette démagogie, et le plus incroyable, c’est que Bégaudeau, acteur/professeur/écrivain de la scène qui se passe sous nos yeux, ne semble même pas s’en rendre compte. 

De l’exercice d’autobiographie qu’il demande de livrer devant tous les élèves, jusqu’à l’ahurissante scène d’argumentation, où la parole libérée part de l’imparfait du subjonctif pour arriver à la Coupe d’Afrique des nations, évocation qui s’accompagne de l'étendard des communautarisme, et qui se termine dans un brouhaha inacceptable – insultes et haine raciale comprises –. Qu’ont donc appris ces élèves durant cette heure-là ? Quelle valeur ajoutée fut celle de ce cours de français ? Qu’a obtenu l’enseignant si ce n’est réveiller les laves de haine qui ne demandent qu’à jaillir de ces volcans d’inculture ?

Il faut cesser avec l’idéologie de croire que le professeur est un spéléologue qui doit faire jaillir le métal précieux qui se cache dans l’élève, comme s’il détenait de manière innée le savoir. L’enseignant est là, avant tout, pour lui transmettre le savoir et lui donner les outils pour s’exprimer. Son rôle n’est pas d’expurger son âme.

Alors l’enseignant de Charente a clairement dérapé. C’est incontestable. Mais il ne faudrait pas dédouaner pour autant l’Éducation nationale et les idéologies mortifères des pédagogistes qui ont largement contribué à son hors-piste.

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 20:08

Que ceux qui se sont réjouis un peu trop hâtivement de la décision du Conseil Constitutionnel, qui a rejeté l’appel de la Présidente du FN contestant le scrutin des législatives de la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, prennent garde. Celle qui n’a eu besoin que de son livret de famille pour se faire élire confortablement dans le fauteuil de son papa, dans un parti qui a exterminé tous ceux qui prétendaient contester le népotisme de rigueur, Bruno Mégret s’en souvient encore, lui qui, ironiquement, a initié la stratégie actuelle du FN (infiltration et implosion de l’UMP), a 5 ans pour redorer l'image du Front familial.

Alors, évidemment, le Conseil Constitutionnel empêche provisoirement Marine Le Pen de siéger à l’Assemblée Nationale. Mais dans quelle condition ? En lui accordant que 12 signatures étaient bel et bien suspectes et qui lui donnent raison sur le fait qu’il y a bien eu fraude dans cette législative qui ce sera jouée à 106 voix, les Sages n’ont, semble-t-il, fait que retarder l’échéance. D’autant qu’entre temps, sa nièce et l’avocat des plateaux télés Gilbert Collard ont fait une entrée fracassante dans l’hémicycle. Elle pourra toujours se contenter de siéger une fois sur deux à Bruxelles pour continuer à percevoir l’indemnité parlementaire aux côtés de son papa et de son ennemi préféré Bruno Gollnisch.

La réalité, c’est que, ses adversaires l’admettent
 notamment à Libération, la présidente du FN aurait gagné cette élection si elle avait été rejouée. D’autant qu’au-delà du tremblement de terre qu’aurait causé cette énième répercussion d’une fraude dans le fief d’Hénin Beaumont, la majorité actuelle est plus affaiblie que jamais. Et quand on sait, qu’en juin, déjà, Philippe Kemel (élu député de la 11ème circonscription contre Marine Le Pen) avait fait 10 points de moins que Hollande à la Présidentielle sur le même secteur un mois plus tôt, on imagine avec quel écart Marine Le Pen aurait pris sa revanche… D’ores et déjà, on peut imaginer Steeve Briois au poste de maire d’Hénin Beaumont pour les élections qui se profile à l’horizon de 2014.

2014, une année qui verra aussi des Européennes à hauts risques, car on imagine mal le signe envoyé par la France si elle venait à amener une quinzaine, voire une vingtaine de députés "eurohostiles" à Bruxelles dans une élection entièrement déterminée à la proportionnelle. Surtout que dans les camps adverses, rien n’annonce des lendemains qui chantent, avec une UMP décapitée et peu encline à apprécier son statut de couple homoparental à deux papas pendant plusieurs mois, et une gauche qui sera plus affaiblie que jamais, à la lueur des six premiers mois de leur action. Dans ces conditions, un référendum pour ou contre l’Europe pourrait parfaitement prendre la place de l’Européenne elle-même avec une UDI, légitime sur ces questions, face à un FN qui se délecterait de la colère des Français pour trouver en notre Union un bouc émissaire idéal.
 

Parce qu’au-delà de la déconfiture de deux bords de la rive bipartite, le Styx du Front National navigue en courants plus apaisés que jamais. Après la dédiabolisation, l’heure est à la normalisation. Depuis l’entrée à l’Assemblée Nationale malgré un scrutin uninominal à deux tours, jusqu’à l’avènement de Florian Philippot, en passant par l’invitation de Pujadas dans "Des paroles et des actes" pour dévorer devant les yeux ébahis des Français un Manuel Vals hagard et sans ressort, Marine Le Pen sait que les élections intermédiaires seront autant d’étapes pour toucher du bout des doigts la victoires en 2017.

Et peu importe que sa laïcité n’existe que si Jésus le veut bien, croisade anti-islam à peine voilée, si ses perspectives économiques hors de l’Europe augurent d’un avenir argentin des années 2000 ou si nombre de mesures proposées par son parti sont liberticides (présomption de légitime défense pour les policiers, manifestations en faveur des clandestins interdites, déremboursement des avortements dit "de confort"…) ou encore si
 les expériences d’un FN aux affaires se souvent soldées au tribunal avec des caisses vides à l’arrivée : La flamme est en marche vers la prise de la République. 

Edito publié sur mediavox. Retrouvez-moi tous les lundis matins. Et n'hésitez pas à retourner toute la semaine pour y retrouver chaque matin le point de vue de Romain Blachier, Gauche de combat, Paul Debedeux (même lui vous pouvez...) et Benoît Desaulle. 

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10 décembre 2012 1 10 /12 /décembre /2012 20:02

Mais à quoi joue Jean-Luc Mélenchon ? Autoproclamé ennemi public numéro un de la présidente du Front national, avec pertinence et efficacité durant la présidentielle, mais en toute contre-productivité lors de la législative, le président du Front de gauche a offert à Marine le Pen un cadeau avant Noël. Grimé en Saint-Nicolas pour l’occasion… De la part d’un défenseur acharné de la laïcité, avouons que cela a de quoi faire sourire.

En verve concernant une circonscription où, selon ses propres dires, il y avait livré "la pire campagne de sa vie", Jean Luc Mélenchon rappelle que Marine Le Pen a elle aussi triché en rappelant l’affaire des tracts, dans laquelle il a d’ailleurs porté plainte.

 

Mélenchon en père fouettard du Parti socialiste

 

Mais Saint Nicolas Mélenchon avait encore quelques paquets dans son sac, rappelant que le vainqueur PS, Philippe Kemel, "fut traité de tricheur par ses propres amis dans l’investiture pour être candidat".

Avant de conclure : "Et pour terminer le tableau, voici le Conseil Constitutionnel qui annule douze voix trichées. Donc là-dedans tout le monde triche."

Interrogé par Claire Chazal sur cette décision, le président du Front de Gauche servit alors son plus bel emballage :

"Je me garde de la commenter, à quoi ça sert de toutes façons. Je note cependant que c’est une situation tout à fait étrange, d’abord ces deux-là le PS et le FN, là bas à Hénin Beaumont c’est Plouf et chocolat, c’est passe-moi le sel, j’te passe le poivre…"

L’on notera dans une déclinaison surprenante de l’expression "bonnet blanc et blanc bonnet" l’évocation d’un "Plouf et chocolat", dont il avait été l’auteur dans un billet daté d’il y a deux ans, mettant déjà en scène Marine le Pen, face cette fois-ci aux journalistes de l’émission "Des paroles et des actes". Qui détient l’étymologie de l’expression n’hésite pas à éclairer notre lanterne.

Mais au-delà de cette interrogation sémantique, force est de constater que Jean-Luc Mélenchon, plus que ceux de Saint Nicolas, a revêtu les oripeaux du père Fouettard du PS. Cette fois-ci, le président du Front de gauche n’a pas pris de gants. On lui connaissait la dent dure envers son parti d’origine. On ne savait pas encore que pour lui, le PS ou le FN, c’était finalement la même chose.

 

Reprise des arguments du Front national

 

Reprenant trait pour trait l’argumentation traditionnelle du Front national, qui met dos à dos tous les partis traditionnels, comme sur cette affiche placardée cette semaine dans tout Hénin Beaumont dans l’espoir d’un troisième tour avant la décision qui est venue jeudi dernier, Jean-Luc Mélenchon a certainement voulu attraper Marine Le Pen dans les mailles de son propre filet. 


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Pour autant, ce guet-apens a fait "plouf". Et point de chocolat dans l’affaire. Car en singeant la dialectique de Marine Le Pen, le président du Front de Gauche donne plus que jamais raison à la caricature de Plantu qui l’avait tant contrarié. Et non sans raison à l’époque. Mais qu’en sera-t-il à présent ?

D’autre part, quel plus beau cadeau pouvait-il faire à Marine Le Pen que de valider sa propre conception du monde politique en expliquant que le PS est complètement pourri lui aussi ?

 

Mettre le PS et le FN au même niveau : grosse erreur

 

Un Front national qui, placé à la hauteur du PS, est plus que jamais conforté dans la phase 2 de sa stratégie. Car après deux années consacrées à la dédiabolisation, l’heure est à la banalisation et à la normalisation.

De l’émergence de Florian Philippot sur tous les plateaux à l’invitation dans "Des Paroles et des actes" pour dévorer un Manuel Valls réduit à l’état de victime expiatoire, en passant par l’afflux massif de militants dans l’affaire rocambolesque de l’UMP à deux papas, le Front national s’impose comme un parti comme les autres. Et nourrissant à ce titre les mêmes ambitions que les autres.

Et ce n’est certainement pas Jean-Luc Mélenchon avec sa sortie de samedi soir dans le 20h de Claire Chazal sur TF1 qui pourra à présent expliquer qu’il a tout mis en œuvre pour démontrer le contraire. 

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6 décembre 2012 4 06 /12 /décembre /2012 19:07

L’air de Noël est propice aux contes. Celui d’un homme à la barbe longue venant semer la terreur auprès des enfants est connu sous le nom de "Barbe bleue". Pourtant, en cet hiver 2012, il semble que la directrice d’une école de Montargis ait décidé de réécrire à sa façon l’histoire.

Comme tous les ans, l’école maternelle du Grands Clos s’apprêtait à réserver une surprise aux enfants. Et quoi de plus traditionnel que la venue du Père Noël en cette période de fin d’année ? Seulement voilà, certains parents ne l’entendaient pas de cette oreille.

 

Un mythe païen

 

On aurait pu comprendre que des parents se plaignent du peu de sort accordé à la pédagogie en la venue d’un tel individu. Mais fi de ces considérations, ce sont les croyances religieuses qui sont évoquées pour s’offusquer de la manifestation.

Les fameux parents se sont revendiqués comme étant "musulmans" et ont directement contacté l’élu municipal en charge de l’éducation pour se plaindre. Plus grave, à la suite de ces pressions, la directrice de l’école a tout bonnement décidé d’annuler l’événement.

Devant l’ampleur du scandale, qui a fait boule de neige dans les médias, le maire de Montargis est monté au créneau pour exprimer sa consternation face à ce qu’il considère comme un contresens, rappelant, à juste titre, que le Père Noël n’a aucunement une origine religieuse et qu'il relève bel et bien d’un mythe païen.

Dans l’après-midi, on apprenait d'ailleurs que la directrice de maternelle faisait marche arrière et programmait à nouveau la venue du Père Noël… La tournée du patriarche pourra finalement reprendre sous l’œil des caméras et des journalistes que l’on imagine nombreux.

 

Un fête qui transcende le religieux

 

Si l’affaire fait grand bruit, c’est bien évidemment qu’elle pose deux problèmes majeurs : la contestation des parents pour des “motifs religieux" et la réaction de la directrice de l’école.

Il ne faudrait d’ailleurs nullement reporter l’origine de l’affaire sur le contexte actuel autour de la laïcité. Ce n’est pas nouveau. Déjà en 2004, le rapport Obin, remis au gouvernement de l’époque et intitulé "Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires", évoquait ce problème :  

"La première manière de manifester une appartenance religieuse est donc de contester le calendrier ou les fêtes scolaires, ou de s’en affranchir, ce qui est de plus en plus fréquent. La fête de Noël est de ce point de vue la plus contestée par certains élèves et parents. En plus d’un endroit on nous a rapporté la demande d’élèves ou de familles de supprimer 'l’arbre de Noël' et la fête scolaire traditionnellement organisée à cette occasion par l’école ou le collège ; ce qui a parfois été obtenu."

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Et l’on voit ici toute la confusion qu'apportent ces contestations puisque, sur des motifs religieux, l’on mélange le caractère religieux de la fête de Noël et les attributs païens que la tradition lui a associés, comme le sapin de noël ou le Père Noël dans l’affaire de Montargis.

D’ailleurs, certains catholiques intégristes refusent de célébrer le sapin dans leur salon, au nom d’un culte païen qui porterait atteinte au message qu’ils entendent donner à Noël, à savoir la naissance de Jésus.

Le problème réside donc dans cette interprétation extravagante de la laïcité ou plus exactement des manifestations et autres événements qui gravitent autour de Noël, et qui montrent que, davantage qu’une fête religieuse, le 25 décembre est devenu au fil du temps un événement qui transcende les frontières du religieux. 

Et qui rappelle que toutes les propositions simplistes comme celle qui consiste à créer des fêtes pour les autres religions, comme l'a proposé Eva Joly au cours de sa rocambolesque présidentielle, sont à côté du sujet.

 

Ne jamais reculer sur la laïcité

 

De la même manière, il faut veiller à de ne recourir à aucun amalgame en généralisant la position des musulmans sur la question. Il s’agit ici de parents à la marge, qui portent des exigences dans tout ce qu’elles ont d’intégristes, et qui ne sauraient être représentatifs des croyants de France,comme le rappelle avec bon sens un père de famille de l’école selon qui les musulmans de son entourage "n'ont aucun problème avec le Père Noël"...

Tout juste peut-on se permettre de dire que l’intégrisme en France se porte bien. Bien qu'ultra-marginaux en nombre, ces positions ont un écho déflagrateur sur l’ensemble du pays, qu’ils s’opposent à la venue du Père Noël, qu’ils encensent les crimes d’un frère djihadistes ou qu’ilsfrappent violemment des femmes venues contester leur haine avec des messages peinturlurés sur le corps. 

Mais plus inquiétant encore est la réaction de cette directrice, qui a préféré faire fi des valeurs et des principes pour céder à des pressions qu’elles jugeaient trop lourdes. Le barrage a cédé face à une marée à peine agitée.

Combien de fois faudra-t-il rappeler qu’il faut rester ferme et juste ? Le respect des religions n’implique nullement d’adapter les manifestations d’un espace public en fonction de la spiritualité de chacun. Surtout quand il n’y a aucun parti-pris pour une autre croyance comme c’était le cas ici. Un simple exercice de pédagogie aurait suffi à expliquer que le Père Noël ne relevait pas du religieux et que leur revendication, de même que leur crainte, n’étaient donc pas fondées.

Céder plutôt que de s’affirmer. Céder plutôt que d’expliquer. Céder plutôt que de dialoguer. Elle est sans doute ici la plus grande des violences faite à notre société.

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3 décembre 2012 1 03 /12 /décembre /2012 19:11

Même si les opposants au projet de loi sur l’ouverture des droits du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels continuent de le réclamer en prétendant qu’il n’a pas lieu, force est de constater bien au contraire, que le débat sur la question n’a jamais autant animé les esprits. Et qu’il est nécessaire.

D’une part, ce n'est pas parce que la proposition était dans le programme de Francois Hollande, l’engagement 31, et dans ceux des députés issus de la majorité qui a été élue à l'Assemblée Nationale, qu'une telle modification n'invite pas à en parler. La légitimité du vote n'est pas contestée mais elle ne suffit pas à faire l'économie d'un véritable travail de pédagogie. Car tout passage en force sur un tel sujet de société n'aboutirait qu'à une incompréhension des Français. Il est nécessaire que l'on prenne le temps. Ce qui est le cas depuis plus de trois mois à présent.

D’autre part, ne parler de ce projet de loi que sous le prisme de l’"engagement 31" est non seulement trompeur, mais aussi dangereux. Car cela reviendrait à circonscrire la question à une opposition purement partisane, clivant droite et gauche dans chacun de leurs indéfectibles retranchements. Une nouvelle bataille dans la guerre stérile qui anime l’hydre bipartite. Cheval de Troie dans la République. Car, la question qui est posée ici, n’est pas celle de l’influence de la gauche sur la droite ou encore des valeurs de l’une par rapport à celles de l’autre. La question transcende les querelles partisanes, touchant le pilier central de notre devise : l’égalité. La République n’est pas de droite ou de gauche : la République est française.

D’ailleurs, on le voit, dans chaque sensibilité, des débats s’organisent, et ce, même si la gauche semble davantage rassemblée dans le soutien du projet que la droite et le centre ne semblent l’être dans son opposition prétendue.


Pour autant, certains expliqueront que ce débat est vain et que la République se perd à légiférer sur "des minorités". Les plus caricaturaux et farouches opposants évoquent même la dictature des minorités comme Ivan Rioufol, éditorialiste au Figaro ou encore Alain Escada, le Moïse de Civitas. Impasse que cette esquive pour refuser d’emblée l’idée d’une loi. Car, être minoritaire ne vous rend pas moins français que les autres. Ni même un citoyen différent au regard des lois.

Si l’on peut reprocher à nos élus de céder parfois à l’émotivité les poussant à créer des lois pour des cas marginaux, simplement dans le but inavoué de marquer l’opinion, la question du chiffre n’est jamais ce qui doit trancher la décision du législateur. Peu importe le nombre quand la République ne respecte pas ses valeurs. Quand celles de l’égalité sont posées sur le tapis, nul ne peut rester insensible à la demande.

Lorsqu’en 2004, la loi rappelle fermement la laïcité dans l’école républicaine, en interdisant tout signe ostentatoire en son sein, seuls quelques établissements scolaires et tout au plus une dizaine d’élèves sont directement ciblés. Pour autant, qui oserait aujourd’hui la remettre en cause, sans bafouer les principes républicains et la laïcité même ?

Laïcité, la République s’incline devant ton nom. Puisse-t-elle s’en souvenir, fin janvier, quand les débats s’ouvriront à l’Assemblée nationale. Pour ne plus jamais voir une Bible être brandie comme argument d’autorité comme ce fut le cas des mains d’une certaine Christine Boutin.

Edito publié sur mediavox. Retrouvez-moi tous les lundis matins. Et n'hésitez pas à retourner toute la semaine pour y retrouver chaque matin le point de vue de Romain Blachier, Gauche de combat, Paul Debedeux (même lui vous pouvez...) et Benoît Desaulle. 

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29 novembre 2012 4 29 /11 /novembre /2012 18:55

La matinée de mercredi a dû être longue dans certaines rédactions. Notamment celle du "Figaro" dont la manchette sombra dans l’obsolète sitôt imprimée.

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Il faut bien dire que titrer sur l'épisode rocambolesque de la succession de l’UMP revient à jouer à la roulette russe tant les rebondissements se succèdent, de jour en jour, d’heure en heure, voire de minute en minute. Ou risquer de tomber dans le "Morandinisme".

Pour autant, "Le Figaro" l’aura bien cherché. Parce que, depuis dix jours, c’est un véritable tsunami médiatique qui a déferlé sur nos ondes, nos écrans et nos réseaux sociaux. Les chaînes d’info en continu font des directs en prime time, en brandissant leurs micros à quiconque se présente à eux. Des commentaires sur les commentaires des commentaires se croisent et s’emmêlent. Une vraie mise en abyme de l’outil de communication ad nauseam. "C dans l’air" a consacré sept émissions consécutives sur l’affaire avant de faire relâche mercredi sur l’Afghanistan ! Pire encore que lors de l’affaire DSK, tant les acteurs sont ici démultipliés.

 

Crises de nerfs et syndrome de Stockholm

 

Ce mercredi, un journaliste de Direct 8 s’est même amusé à compiler les infographies de BFMTVfaçon otage : "10e jour de détention pour Hervé, de l'infographie de BFMTV. On pense à toi." 

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Seulement, dans l’affaire, deux conclusions s’imposent : si les cadres de l’UMP prennent incontestablement les médias en otage en intégrant sciemment leurs interventions dans leur stratégie, comment ne pas voir dans ceux qui relaient le syndrome de Stockholm ?

Pire, on se demande finalement qui kidnappe qui, quand on sait que les médias recherchent tous in fine leur buzz. Comme Xavier Bertrand qui pète un câble sur Europe 1 :

 

 

Ou, encore mieux, leur Olivier Mazerolle qui fait sa crise de nerf sur BFMTV, un rien surjoué :

 

 

Aujourd’hui, qu’aurait été cette guerre interne sans les micros tendus en permanence de ceux qui se comportent comme des amateurs des combats de boue ? On attend les cheveux tirés, les insultes. Et si le sang vient à couler, les vautours veillent.

 

Reproduire la réalité

 

Alors, comme d’habitude, on dira que les journalistes ne font que reproduire la réalité. Et nous revient la métaphore de Stendhal, qui parlait alors des écrivains réalistes dans la préface de son célèbre roman "Le Rouge et le Noir" :

"Eh, monsieur, un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l'azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l'homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé d'être immoral ! Son miroir montre la fange, et vous accusez le miroir! Accusez bien plutôt le grand chemin où est le bourbier, et plus encore l'inspecteur des routes qui laisse l'eau croupir et le bourbier se former."

Mais à la différence du romancier réaliste, le journaliste a lui un devoir : celui de la hiérarchie. Il est de son devoir de savoir présenter au public un ordre de priorité. Et c’est donc de sa responsabilité de savoir, au bout d’un certain temps, si son travail relève de l’information ou s’il devient acteur à part entière de la scène qu'il décrit.

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Que la guerre de l’UMP occupe les trois jours qui ont suivi le scrutin, on peut le comprendre. Mais que l’affaire dure dix jours durant, quand on sait combien chacun des deux camps usent et abusent de la complaisance de cet éclairage, est tout proprement indécent. 

N’oublions pas qu'il existe des règles en France sur la pluralité. Et qu'à l’aune des élections, les partis politiques ont des temps de parole qui leur sont accordé. Et que fera le CSA si ce n’est, comme d’habitude rappeler les chaines et les médias à l’ordre, quand il constatera qu'en une dizaine de jours, le temps de parole de l’opposition pour un lustre a été grillé en plus d’une semaine ?

Au-delà de l’affaire, il serait temps, réellement temps que le pouvoir médiatique s’interroge sur son rôle, son influence et plus globalement sur ses devoirs. Il en va du fonctionnement de notre démocratie.

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 19:02

Le rocambolesque feuilleton de l’UMP aura éclipsé toute l’actualité de la semaine passée ou presque. La perte du triple A par Moddy’s, la « liberté de conscience » selon François Hollande et même la convocation chez les jugesde Nicolas Sarkozy passèrent au second plan. Les médias, sans doute servilement, ont repris, soufflet pour soufflet, les rebondissements d’une élection sans fin qui aboutira inéluctablement à une scission.

L’UMP a, en quelque sorte, réussi là où le PS avait échoué 4 ans plus tôt au Congrès de Reims. Le soir où Ségolène et Martine entamèrent la danse funèbre des urnes bourrées, et où Manuel Valls, alors baron de la seconde, annonça qu’il allait déposer plainte. Un air d’implosion planait sur leur tête. Epée de Damoclès ? Chimères. Car aujourd’hui, le maire d’Evry est devenu un Ministre de l’Intérieur populaire, Ségolène Royal a enchaîné les déconvenues, et Martine s’est réfugiée dans son beffroi. Un souvenir qui doit refreiner les ambitions de ceux qui tirent, déjà, des plans sur la comète de la débâcle tragico-comique de l’UMP. Enfin… pas tous.

 

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Jean-Louis Borloo, fausse modestie au coin des lèvres, se réjouit de l’afflux de nouveaux adhérents. Si parmi les cadres, seul le départ de Pierre Méhaignerie est à signaler, ce qui fit arracher un « on n’en a rien à foutre » sur l’antenne d’Itélé à Pierre Charon qui est à la langue française, ce que Jean-Marie Bigard est à l’élégance, l’ancien Maire de Valenciennes avait annoncé l’inscription de 1268 nouveaux adhérents en une nuit… Qu’on se le dise : la déconfiture de l’UMP fait donc les affaires de la nouvelle UDI.

De l’autre côté de la rive, les flots du Styx surfent sur des vagues aux courants au moins aussi porteurs. Et même sans paquebot, les moussaillons de la Marine se précipitent sur le pont pour accueillir les naufragés. Florian Philippot n’évoque pas de chiffres précis mais brandit des graphiques aux courbes exponentielles et évoque vaguement un doublement des adhésions quotidiennes. En somme, le FN mène parfaitement sa barque quand l’UMP sombre.

Pourtant au-delà de cette querelle de chiffres, qui participe aussi à la volonté de faire saillir les muscles plus qu’à montrer une réalité durable, et surtout celle des urnes qui ne se vérifiera, elle, que dans 18 mois, ces petits profits nous offrent deux informations, ou confirmations :

D’une part, l’UDI ne peut plus décemment se revendiquer du Centre. Déjà fondée avec la volonté affirmée de ne pouvoir s’allier qu’avec la droite (ce qui faisait déjà d’elle une force centrifuge aux allures hémiplégiques), elle montre aujourd’hui qu’elle capte naturellement à elle les déçus de l’UMP qui avait vocation à rassembler le RPR et l’UDF. L’UDI est bel et bien l’UDF de 2012, cette force d’appoint qui permet de changer d’étiquette pour donner l’illusion à l’électeur de voter différemment. Sur le fond des idées, le même logiciel est pourtant partagé.

De l’autre côté, les ralliements au FN montre qu’indubitablement, les frontières entre l’extrême droite et l’UMP sont purement fictives. Leur porosité est démontrée par la victoire de la motion de la Droite forte, et même par le score de Jean-François Copé, l’homme aux pains au chocolat, que l’on donnait largement perdant quelques heures avant le scrutin. Si Marine Le Pen refuse que l’on classe le FN dans l’extrême droite, alors disons que le scrutin de la présidence de l’UMP est juste venu démontrer qu’à présent le FN fait partie de la droite extrême…

Edito publié sur médiavox. Retrouvez-moi tous les lundis matins. Et n'hésitez pas à y retourner toute la semaine pour y retrouver les points de vue de Romain Blachier, Gauche de combat, Paul Debedeux et Benoît Desaulle ;)

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 18:50

Alors qu’Anne-Sophie Lapix organisait un troisième round à son combat toute catégorie avec Marine le Pen ce dimanche dans "Dimanche Plus" (avec une première partie on ne peut plus tendue, accusation de népotisme comprise), l’émission a proposé un sujet sur le projet de loi ouvrant les droits des homosexuels au mariage et à l’adoption intitulé "La guerre des lobbies". Au programme, le "débat" sur la question, traité avec équilibre, puisque focalisé sur les lobbies de part et d’autre de chaque camp.

 


S’il fut parfaitement convenu de voir Alain Escada déclamer son homélie, avec à la clef un amalgame déjà éculé sur la pédophilie, il fut autrement plus instructif de voir la réunion qui se tint à la mairie du quatrième arrondissement de Paris sur la question, organisée par Christophe Girard, le maire, revendiqué homosexuel et partisan. Une réunion dans laquelle il a tenu à inviter Christine Boutin.

L’occasion de faire la nique à deux idées reçues : d’une part, les partisans du projet ne refusent pas le débat, comme le montre cette invitation, qui en répond à tant d’autres dans toute la France. D’autre part, ce n’est pas parce que l’on est partisan du projet que l’on refuse d’entendre tout autre point de vue, fût-ce-t-il celui de la passionaria de PaCS, qui a fondé "Alliance Vita", une association ostensiblement anti-avortement et qui, de ce fait, rassemble bon nombre de hérauts de la cause intégriste.

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Or, le reportage nous montre deux aspects du débat, car débat il y a, contrairement à ce que répètent certains. L’un qu’il faut à tous prix éviter, l’autre qu’il convient d’adopter.

L’écueil, c’est l’accueil qui fut fait à Christine Boutin. Le plus et vous, lecteurs, m’êtes témoins du peu de cas que je fais à la bigote qui radote. Et avec quelle exigence je traite chacune de ses sorties caricaturales. Pour autant, il ne me viendrait jamais à l’esprit de l’empêcher de s’exprimer.

Et ce jour-là, des militants trop zélés se sont laissés aller à un tohu-bohu loin des rives républicaines et démocratiques, jetant la pierre à celle qui n’eut même pas le loisir de se fourvoyer puisque sa présentation se limita à un laconique : "Alors moi, je suis Christine Boutin… ". Un peu faible pour jeter l’opprobre dans le cadre d’un débat. "Plus de débats, on veut des droits", annonça un accusateur, "Boutin homophobe". Encore une fois, que celui qui a déjà vu sous ma plume une simple chatouille à la présidente du parti démocrate chrétien me jette la première pierre... Pour autant, en quoi l’empêcher de parler donne-t-il un signe démocratique au débat ? En quoi cet empêchement est-il productif ?

Gêné, Christophe Girard expliqua qu’il n’avait pas de leçons à recevoir, ayant été considéré par les impétrants de "complice". Ces caricatures de la cause auraient-ils lu et compris Voltaire, à qui on aurait attribué à tort ou à raison, cette maxime pétrie de sagesse "je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire ". Le maire aura la sagesse d’ailleurs de rappeler : "C’est aussi mon droit d’inviter des personnes qui ne pensent pas comme moi." Plus qu’un droit, Monsieur le Maire, c’est même un devoir.

 

Le débat doit exister

 

À l’inverse, par la suite, une citoyenne prend la parole et déclare : "Les homosexuels sont des personnes comme tout le monde. Ils ont des orientations sexuelles qu’ils ont choisies." Outre le fait que cette femme ait pu s’exprimer, l’ineptie de son propos provoque la désapprobation de la salle. Et non, les homosexuels ne choisissent pas d’être homosexuels comme les hétérosexuels ne choisissent pas d’être attirés par les femmes. Même Nicolas Sarkozy, qui n’a pourtant pas porté le même projet que François Hollande, l’a reconnu.

L’homosexualité fait partie de l’identité et non pas de la pratique (même s’il peut exister des pratiques homosexuelles qui ne participent pas de la volonté de fonder un couple, comme le cible le projet de loi).

Et cette fois-ci, la démocratie reprend ses droits. La foule nie les propos avec justesse, avec cette interpellation pleine de justesse sur la notion d’identité : "Et vous, Madame, avez-vous choisi d’être noire ?" De la même manière que l’on ne choisit ni sa couleur de peau, ni le sexe que la nature nous a attribué, on ne choisit pas son orientation sexuelle.

Ces deux exemples montrent à quel point il convient d’accepter le débat. Il n'est nulle question de nier qu'il puisse y avoir un débat de société autour de ce projet de loi. Ce n'est pas parce que la proposition était dans le programme de François Hollande et dans ceux des députés issus de la majorité qui a été élue à l'Assemblée nationale qu'une telle modification n'invite pas à en parler. La légitimité du vote n'est pas contestée, mais elle ne suffit pas à faire l'économie d'un véritable travail de pédagogie. Car tout passage en force sur un tel sujet de société n'aboutirait qu'à une incompréhension des Français. Il est donc nécessaire de laisser parler ceux qui ne partagent pas votre point de vue. Quitte à les contester de visu. 

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Pour autant, cette ouverture du débat est irrésistiblement attendue par d'autres citoyens, moins impatients de pédagogie, mais surtout, avides de tout mettre en oeuvre pour faire avorter le projet. Et le souvenir douloureux du PaCS, qui avait plongé la France dans une violente homophobie, a laissé des cicatrices dans les mémoires de ceux qui l'ont vécu.

Raison de plus pour accepter de parler, de discuter et de débattre. Quitte à faire saigner ses oreilles. Car ce n’est qu’avec la pédagogie du discours que l’on finit par convaincre les indécis ou les moins informés. Pas en singeant les attitudes caricaturales et pavloviennes.

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 15:53

Au mois de juin et au début du mois de juillet, nous avons vu les hérauts de l'intégrisme catholique défiler sur tous les plateaux et devant tous les micros qui se tendaient pour rappeler leur farouche opposition au projet de loi sur le mariage ouvert aux homosexuel et l'homoparentalité. Certains n'y voient que folklore. Mais l'on aurait tort de sous-estimer leur influence à moyen terme : l'on se rappelle que durant le PaCS, ils étaient parvenus à mettre à sac les rues de Paris à coups de slogan d'une violence sans précédent et que la pétition initiée par Michel Pinton avait contraint le gouvernement Jospin à faire machine arrière sur la signature en mairie.

Et nul doute qu’en 2013, la Droite Populaire, qui va désormais afficher sans complexe ses positions, leur prêtera main forte au sein de l'Assemblée Nationale, ses membres partageant des accointances incontestables.

C'est aussi parce que ces derniers mois, du Printemps 2011 à Avignon, en passant par l'affaire du Théâtre de la Ville à l'automne dernier, ont vu l'émergence médiatique d'Alain Escada, dont la rhétorique et l'argumentation sont suffisamment habiles pour être appréhendées avec méthode, qu'il faut se préparer. L'homme est devenu l'interlocuteur privilégié dès qu'il faut mettre en place un débat contradictoire et ce "passeport médiatique" risque, à coups surs, fait de lui "LE" représentant des opposant au projet de loi, quand l'homme est surtout à la tête d'un Institut Intégriste, se revendiquant de la Fraternité St Pie X, dans la droite lignée de St Nicolas Du Chardonnet.

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C'est dans ce contexte que je me suis plongé dans toutes les interviews et autres émissions où ont été invités Christine Boutin, la pasionaria du PaCS, qui prolonge le rôle qu’elle avait déjà joué 1999 et Alain Escada. De la  même manière, je suis allé sur leurs sites respectifs afin de produire un contre-argumentaire pédagogique face à leur rhétorique et afin, aussi, de débusquer le double discours de ceux qui prétendent, en outre, réfuter l’accusation d’homophobie.

La rhétorique d’Alain Escada et de Christine Boutin est déjà parfaitement rodée et peut s'avérer d'une redoutable efficacité dans le feu d'un débat ou à l'égard de citoyens sans opinion ou indécis. Ainsi ai-je tenté de désamorcer quelques arguments comme la question de la polygamie que se plait à agiter Alain Escada en expliquant que si l'on remet en cause une des deux conditions du mariage, rien n'empêche d'en faire autant avec la seconde, comme celle sur la différence entre « les droits à l'enfant » et « les droits de l'enfant », ou encore la fameuse étude du Texas qui serait LA réponse scientifique qui donnerait raison au clan des opposants… 

Chacun des douze arguments est cité, avec référence à la clef, puis analysé pour enfin se terminer par la contre-argumentation qui permet de leur répondre.

 Mon essai commence aussi par retracer l'itinéraire de Civitas et de son président, Alain Escada et des douze derniers moins de la plus connue du grand public Christine Boutin pour contextualiser le débat.

 Puis il dissèque tous les arguments utilisés par les hérauts de la cause intégriste, qui loin de se réduire à la caricature que l’on avait vue en 1999, ont vocation à contaminer le débat public. Certains se garderont bien de montrer quelconque accointances avec eux, mais ils ne se priveront pas d’utiliser leurs arguments pour se les approprier. De la même manière que le FN n’a pas eu besoin de siéger à l’Assemblée Nationale pour voir son programme et ses idées reprises y compris par Nicolas Sarkozy, notamment dans l’entre deux tours de la présidentielle. Civitas, Alain Escada et Christine Boutin auront beau jeu de prétendre qu’ils auront alors “ fait avancer le débat ”. Et déja, Civitas se félicite de la tribune d’Ivan Roufiol dans Le Figaro qui reprend l’argument selon lequel si on autorise aux homosexuels de se marier, rien n’empêchera les revendications en faveur de la polygamie ressurgir.

 

Il n’est nulle question de nier qu’il puisse y avoir un débat de société autour de ce projet de loi. Ni même de discréditer systématiquement ceux qui ne seraient pas en accord avec le projet de loi. Ce n’est pas parce que la proposition était dans le programme de François Hollande et dans ceux des députés issus de la majorité qui a été élue à l’Assemblée Nationale, qu’une telle modification n’invite pas à en parler. La légitimité du vote n’est pas contestée mais elle ne suffit pas à faire l’économie d’un véritable travail de pédagogie. Car tout passage en force sur un tel sujet de société n’aboutirait qu’à une incompréhension des Français. Un tel sujet nécessite que l’on prenne le temps.

 Il ne s’agira donc pas de rester sourd aux véritables doutes et peurs de ceux qui seront peut-être réticents à l’idée de voir s’étendre le mariage avec tous les droits que cela entraine sur l’homoparentalité. Mais il s’agit d’éviter de voir l’exercice pédagogique qui est proposé à notre République se métamorphoser en tribunal caricatural, où les mensonges et les manipulations triompheraient sur le bûcher de la religion, ou plutôt de sa représentation telle que la voient ceux qui tentent de l’instrumentaliser.

 La croix et la bannière. Symboles de la foi et du drapeau arc-en-ciel. Mais symbole aussi d’une lutte qui s’avèrera plus difficile que ne le laisse paraître une opinion favorable. Qu’en sera-t-il quand les opposants les plus caricaturaux auront distillé leur venin, au lieu tout simplement de reconnaître que le projet ne cherche qu’à faire respecter que le pilier central de notre République, l’égalité ? Mon essai vise donc à apporter de la raison dans l’attirail argumentatif de ceux qui seront prêts à tout, jusqu’à l’émotion, pour troubler un débat légitime dès qu’il s’agit de révolution sociétale.

Yves Delahaie, La Croix et la bannière, Editions Golias

Novembre 2012. A commander en support physique (12 euros) ou en numérique (6 euros).

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Présentation

  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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