Université d’été. Un passage obligé pour les militants. Un marronnier pour les journalistes. Une tribune pour faire de l’image pour les citoyens. Chaque année entre la fin août et la mi-septembre, les partis politiques se réunissent pour ouvrir la saison. Une véritable réunion de famille avec ses fêtes, ses conflits ou ses tensions.
Les Universités de rentrée portent pourtant en leur sein, leur nom, une promesse : celle du travail et de la réflexion. Et en cette année qui précède la présidentielle, l’esprit est à la profusion d’idées. D’espoirs. Ou même de rivalité. Et puis il y a l’incontestable envie de montrer ses muscles saillants, prêts au combat. L’unité faisant la force, le nombre la transcende. L’UMP et le PS se sont engagés dans une compétition sans merci. C’est dire si l’enjeu est de taille.
Le MoDem ouvre les siennes ce week-end à Giens. Pas de scoop à l’horizon : François Bayrou a déjà officialisé sa candidature à la présidentielle. Mais déjà entend-on l’anathème tel un hymne qui l’a poursuivi durant cette lustre : Bayrou est seul. Il n’a pas ou plus de troupes. Ses amis l’ont délaissé. Paillé, le porte-flingue de Borloo, est de ceux-là au point d’imaginer sombres fantaisies que seul un esprit inquiet pouvait produire. Bayrou isolé, ce que du reste il disait déjà en 2009 quand il roulait pour Sarkozy. Changez le paysage, la route reste la même. Celle de François Bayrou s’est apparentée à un désert… qu’on lui avait promis. Les Européennes eurent pu servir de gourde. Las elles finirent en eau-de-boudin.
On disait l’homme seul sans ressources. Il s’en explique d’ailleurs dans 2012 Etat d’Urgence : "On m’a dit seul. C’était faux. Mes amis, les vrais, mes compagnons d’âme et de combat, les vrais, ne m’ont jamais manqué. Mais être taxé de solitude, c’est plutôt bon signe".
Et le Béarnais d’admettre :
"Une seule chose difficile, c’était de ne pouvoir me faire comprendre de ceux qui avaient partagé mes combats"
Mais le Président du MoDem n’est pas du genre à se désespérer :
"Mais à mes compagnons qui ne me suivaient pas, qui ne me comprenaient pas, je n’en ai pas voulu […] J’ai toujours cru qu’une fois le chemin fait et les écailles tombées des yeux, nous nous retrouverions, bien contents"…
Le moment est-il arrivé plus tôt que prévu ? C’est ce que l’on serait en droit de croire à l’entendre. Le mot ralliement, utilisé par le journaliste, peut paraître exagéré. Mais ces rapprochement,s même pour dialoguer et construire ensemble une pensée pour une majorité nouvelle sont d’importance. Quand certains s’enorgueillissent de soutiens sulfureux et d’autres s’improvisent leaders syndicalistes pour remplir par la chimère l’écho d’une salle si vide, François Bayrou voit là ses espoirs se réaliser. Celui de la fin de la vision partisane, comme il l’explique dans son dernier livre :
"Un jour ou l’autre, la nécessité fera passer le projet avant toute considération d’étiquette."
Une reflexion aux antipodes de l’ouverture Sarkozyenne, aux allures de débauchage, ou au ralliement socialiste, qui à entendre le premier débat des primaires, ne se ferait que sur le base de leur projet, sans remise en question… et au 2ème tour histoire de garantir la victoire.
La démarche du Modem est tout autre. Singulière. Et surtout la seule qui puisse affronter la crise, comme l’explique François Bayrou dans son livre :
"L’union nationale suppose que l’on embarque tout le monde."
Et d’en déduire : "Quand on sait que des efforts devront être consentis, chacun des citoyens doit avoir la certitude que les décisions prises ne seront ni partiales ni partisanes, qu’elles ne serviront ni intérêts de groupe, de classe ou d’idéologie. Le pluralisme de la majorité garantira que les décisions seront nécessairement d’intérêt général."
L’exemple le plus frappant reste la participation de Jean Peyrelvalde, haut fonctionnaire, qui soutint le président de l’UDF d’alors, et qui, en 2011, rejoindra l’Université d’été de Giens pour soutenir François Bayrou tout comme il peut par ailleurs soutenir François Hollande. Pour le service des Français avant tout.
Mais il n’est pas le seul. Jean Arthuis, sénateur et président de la Commission des Finances, qui participe lui aussi à l’Université de rentrée du MoDem après avoir accueilli François Bayrou au congrès de l’Alliance centriste.
Seul, François Bayrou ? Alors citons ceux qui ont décidé de soutenir la démarche du président du MoDem pour construire un projet pour les Français et non pour un parti : proches d’Arthuis, François Zochetto et Philippe Folliot, membres de L’Alliance centriste ont quant à eux participé à l’inauguration du siège rénové du Mouvement Démocrate le 22 juin dernier, le dernier cité manifestant depuis régulièrement son soutien sur Twitter.
Michel Mercier, pourtant Ministre de Nicolas Sarkozy et qui a voté pour la réélection de François Bayrou à la présidence de l’UDF en janvier dernier s'est rapproché de ami de trente ans malgré l'opposition opiniâtre et indélébile au président sortant incarné notamment dans Abus de pouvoir. Sans oublier Bernard Bosson, qui a annoncé se mettre au service de François Bayrou pour la présidentielle de 2012.
Et François Bayrou serait donc desservi par le centre ?
À Droite, les modérés ne se retrouvent plus dans l’UMP. Pierre Méhaignerie, qui sera présent à l’Université de rentrée du MoDem et déclarait dans Ouest France lundi 12 septembre "mes liens d’amitié avec François Bayrou sont restés étroits et les différences sont faites pour être surmontées".
Alain Lambert a, lui, profité du congrès de l’ARES pour affirmer via Twitter son soutien au président du Mouvement Démocrate : "Présidentielle 2012 - Borloo &Morin se disputent parait-il le Centre. Qu'ils laissent donc la place à F. Bayrou la question sera réglée" Il prépare d'ailleurs un billet pour son blog consacré au dernier livre de François Bayrou.
Anne-Marie Idrac, ancienne secrétaire générale de l’UDF, porte-parole de François Bayrou à la présidentielle de 2002… qui revient à ses côtés dans le Var.
Chez les Verts, la cause est entendue depuis longtemps, puisque deux anciens leaders garantissent la place de l’écologie au sein du MoDem : Yann Wehrling et Jean-Luc Bennahmias, tous les deux prédécesseurs de Cécile Duflot, qui ont rejoint François Bayrou dès 2007 et font de l’écologie l’une des fondations du MoDem.
Et la gauche diront certains ? N’oublions pas que l’appareil est verrouillé par la primaire. Beaucoup, en off, selon mes sources auprès du siège, ont confié qu’ils sont prêts à travailler avec François Bayrou dans le cadre d’un contrat de Gouvernement, comme Jean-Michel Baylet qui proposait même une alliance à la veille des élections européennes, que François Bayrou avait refusé faute d’un gage fort d’indépendance… Mais le 16 octobre ouvrira des portes, quand on se rendra bien compte que le candidat PS portera un projet que seul Jean-Pierre Foucault serait à même de financer, à en croire un Sarkozy qui n’a pas perdu son sens de l’humour malgré des sondages en berne. Rappelons qu'en 2007, bon nombre de cadres de Gauche avaient rallié le Béarnais...
Sur le terrain éducatif, pierre d'angle du projet révélé par Bayrou dans son dernier livre, Jean-Paul Brighelli sera présent à l’Université de rentrée du MoDem, comme il y a trois ans, lui qui signait ces jours-ci un billet penchant clairement en faveur de François Bayrou. Mérieu en sera pour ses frais. Il sera accompagné de Claire Mazeron et de Frédérique Rolet.
Sur le volet, économique, outre Jean Gilles Le Blanc sera présent.
Pour le sport, dans une génération qui n’adhère plus au système Droite Gauche, citons Jérémie Janot, qui a officialisé son soutien à Bayrou lundi 12 septembre, via Twitter ou encore Marouane Chamakh, proche de Jean Lassalle, candidat aux régionales de 2010 sur lesquels Bayrou pourra compter pour la Présidentielle.
L’Europe ne sera pas oubliée à Giens avec la venue de Guy Verhofstadt, président de l’ADLE, figure parmi les plus reconnues du Parlement européen et ami de longue date du Président du MoDem, ou encore Francesco Rutelli, ancien maire de Rome et ministre de la Culture italien, qui incarne le Centre en Italie depuis de nombreuses années sans oublier Pat Cox, ancien président du Parlement européen. Jean-Claude Juncker, premier ministre luxembourgeois, a lui depuis longtemps témoigné de son amitié de longue date qui le lie à françois Bayrou.
Pour parler du social, outre Robert Rochefort, ancien directeur du CREDOC, économiste éminent, qui a rejoint François Bayrou en 2009 à l’occasion des élections européennes, seront accueillis Patrice Ract-Madoux et Dominique Versini, ancienne Défenseure des enfants, fonction aujourd’hui reléguée à celle d’adjoint du Défenseur des droits, réforme combattue vivement par François Bayrou.
Parmi les Intellectuels et autres hommes de culture salué n’oublions pas Jean-François Kahn et Philippe Meyer, qui ont même été candidats du MoDem aux régionales pour l’un et aux municipales à Paris pour l’autre, Jean-Pierre Rioux et Jean-Claude Casanova.
Enfin la justice ne sera pas en reste avec Philippe Bilger, qui signait un beau billet sur son blog au sujet de Bayrou il y a quelques mois, Pierre Albertini, professeur des universités et ancien député-maire de Rouen, spécialiste du Droit public, Thomas Clay, doyen de la faculté de Droit de Versailles et spécialiste en Droit privé et Christophe Regnard, président de l’Union syndicale des magistrats (USM), qui tous seront à L'université d'été qui se tient ce week-end.
Et après on dira que François est encore seul ?
Publié sur Le Plus du Nouvel Obs le 18 septembre 2011