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18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 20:56

Michel Onfray a l’habitude de ses sorties chez Laurent Ruquier le samedi soir. Déjà, il y a quelques mois, il s’était illustré en participant activement au bizutage de Philippe Poutou en l’épinglant avec force et pertinence, mais ô combien de cruauté, sur les non-sens du NPA notamment dans ses tergiversations incertaines concernant le voile et la laïcité :

 

Onfray Poutou par jlhuss

Ce samedi, il commença à surprendre tous ceux qui ne suivent pas nécessairement son actualité en annonçant dès le stand-up de Ruquier qu’il s’apprêtait à voter blanc. Étonnante déclaration pour cet homme qui se revendique à gauche, très à gauche même, qui avait pourtant sur le même plateau annoncé un soutien sans ambigüité à Jean-Luc Mélenchon en octobre 2010, réduisant le PS à une "gauche de droite" :

 

Michel ONFRAY soutient Mélenchon & le projet... par NicoSaxo

Quelques minutes plus tard, Ruquier ne put s’empêcher de l’interroger sur ce soubresaut, et le philosophe de s’en donner à cœur joie avec une argumentation si précise, le trait si dur, des images si fulgurantes, que l’on imagine sans peine le désenchantement qui fut le sien, de ceux qui accompagnent si souvent les amours déchues : 

 

"Je l'ai soutenu un temps oui. Ben ça a commencé le 5 janvier 2011 quand je l’ai entendu dire à France Inter que Cuba n’était pas une dictature. Et quand le journaliste lui a demandé de répéter il a dit : 'Oui, Cuba n’est pas une dictature.' Alors voilà cet homme qui nous dit que la Ve République, la Constitution de 1958, sont quasiment fabriqué par un fasciste qui s’appelle le général de Gaulle mais qui trouve en même temps que Fidel Castro n’est pas un dictateur. Un personnage qui nous a dit du bien de Hugo Chavez, qui, lui, un temps, disait à Khadafi que s’il voulait finir ses jours tranquilles, il pourrait bien l’accueillir."

 

Et Onfray de dégainer son arme fatale :

 

"Quand Jean-Luc Mélenchon nous dit qu’il n’y a pas de problèmes avec l’islam mais qu’il y a toujours des problèmes avec le christianisme… Moi je suis athée, moi ; donc il y a un problème avec LES religions, toutes les religions. Quand il nous dit qu’il vaut mieux que le Tibet soit chinois parce que, quand le Tibet est chinois on n’a pas ses bonnets pointus, jaunes là, de Tibétains, avec leur lama, on sait qu’il est franc maçon, j’pense qu’avec son tablier, il a l’air tout aussi ridicule qu’un Tibétain avec son chapeau pointu jaune." (vidéo à partir de 10'50 jusque 12'34)

 

Tour des Table des Invités [Fun] Ruquier 170312... par peanutsie

 

Une mise en lumière sur le vrai Mélenchon

 

Pour la première émission de la saison dans laquelle Laurent Ruquier fut contraint de ne plus inviter de personnalités politiques, compte tenu du début officiel de la campagne qui va être lancé cette semaine, force est de constater que l’on n’a finalement rien perdu au change.

 

La charge d’Onfray est d’autant plus crédible qu’il a réitéré son attachement pour les valeurs de gauche et sa volonté de voir l’union des gauches de la gauche s’opérer du NPA à Montebourg.

 

Et force est de constater que le philosophe a permis là une mise en lumière on ne peut plus salutaire sur l’homme qui a le vent en poupe, dont on retranscrit fidèlement les diatribes les plus saignantes à l’égard de Marine Le Pen, dévoilant avec beaucoup d’acuité sa pseudo laïcité, mais dont on n’oublie qu’il n’est pas irréprochable en la matière.

 

De la même manière, comment ne pas s’inquiéter de la mansuétude accordée à Chavez, quand on sait que la politique étrangère est le domaine réservé du président, même si le quinquennat de Nicolas Sarkozy a brouillé la lecture de sa feuille de mission établie par la Ve République ? Comment tolérer la clémence pour un homme qui a défendu tour à tour Khadafi et Ahmadinejad, peu connus pour avoir fait régner un vent de démocratie dans leur pays ?

 

La campagne pour la présidence de la République n’est pas qu’une affaire d’économie, thème qui l’a saturée depuis de longs mois. Si la crise nécessitait que l’on s’y attardât davantage, il ne faudrait pas oublier qu’elle est aussi l’occasion de donner une vision pour la France, des valeurs propres à teinter la gouvernance à venir. Et de ce point de vue, la vision partiale de Mélenchon pour la laïcité, dénoncée par Onfray, sa vision partisane de l’occupation chinoise du Tibet qui à l’entendre serait préférable à son autonomie ou encore son aveuglement à l’international vis à vis des pires dictatures qui sévissent encore dans le Monde amènent à penser que Mélenchon peut toujours partir à l’assaut de la Bastilleil n’est pas bien sûr que sa candidature soit le gage assuré de la préservation des valeurs de la République. 

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15 mars 2012 4 15 /03 /mars /2012 20:55

Décidément la mémoire vidéo peut faire mal. Très mal.

 

Acte 1 : François Hollande et ses contradictions

 

Début mars, l'UMP a ressorti des archives un entretien de Mediapart qui fait mal à François Hollande. Alors que le socialiste a pris tout le monde de court avec sa proposition d’imposer à 75% les contribuables ayant touché plus d’un million d’euros par an, le même candidat, un an auparavant, prétendait que ce type de proposition était vain. François Hollande, le changement :

 

François Hollande : le mensonge c'est maintenant par ump

 

Acte 2 : François Hollande et les magouilles électorales

 

Aujourd’hui, c’est une autre archive qui ressort. De quand date-t-elle ? Selon le site Le Lab d'Europe 1, la vidéo a été "tournée à l'automne 2009, à la sortie d'une émission tournée sur France 24". A cette époque, les soupçons de triche au Congrès de Reims pèsent sur le PS.

 

Dans la vidéo ci-dessous publiée par le site 24heuresactu.com, un site proche de la droite, le leader du Front de gauche fait référence au Congrès de Brest de 1997, lorsqu’il fit face à François Hollande au poste de premier secrétaire du parti. Mélenchon obtint seulement 8,81% des voix, ce qu’il vécut comme une humiliation à en croire le journaliste du quotidien "Libération" Lilian Alemagna dans "Mélenchon le Plébéien". Et Jean-Luc Mélenchon d'affirmer que lui et Hollande se sont entendus sur les résultats.

 

"On a arrangé. (...) Il avait plus que sa motion de congrès, et moi plus que la mienne, on s'est quittés bons amis en s'embrassant sur les joues. Évidemment un accord avec Hollande ou rien c’est pareil. Il tient jamais parole. Non seulement il ne tient pas parole mais ils mettent plus de 15 jours à annoncer les résultats précis, ce qui est quand même le symptôme de quelque chose qui ne tourne pas rond et ils me donnent un score inférieur à ma motion. Ce qui est littéralement impossible".

 

"Ça l'a amusé de me voir humilié, fou de rage", poursuit-il en parlant de François Hollande.

 

 

Acte 3 : Les alliances de gauche à l'entre-deux tours

 

Stupéfiante révélation des magouilles organisées au PS qui visiblement ont laissé des cicatrices. Des révélations rares car jusqu’à présent, on avait seulement eu écho des accusations de bourrage d'urnes au Congrès de Reims. Dans l’excellent ouvrage "Hold-ups, arnaques et trahisons", les journalistes Antonin André et Karim Rissouli ont mis en lumière l’opération de fraude massive qui avait permis à Martine Aubry de supplanter Ségolène Royal, avec notamment ce SMS qui restera dans les annales : "On ne prend plus de gants, vous pouvez bourrer les urnes".

 

Mélenchon l’a dit : il a gardé une dent contre Hollande. Toutefois cette rancœur ne l'empêchera probablement pas d'appeler à voter pour lui au deuxième tour. Son désir de faire gagner la gauche sera certainement plus important que ses états d'âmes.

 

Mais on imagine dans quelles conditions et sous quelle tension la gauche plurielle devra se mettre en place, sachant que le PS ne sera et n'a jamais été suffisamment majoritaire pour gouverner seul. Surtout au moment où Mélenchon pointe à 11% des intentions de vote dans un sondage CSA. Clairement, le PS devrait avoir besoin du Front de gauche.

 

François Hollande, promettez-vous là aussi qu’il pourrait y avoir vraiment du changement ?

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 20:55

Quelle drôle de campagne que cette présidentielle française 2012 ! Et François Bayrou en sait quelque chose. On lui reconnaît volontiers la primauté du diagnostic sur la dette. Il demeure, par ailleurs, en ce début mars la personnalité politique préférée des Français. De la même manière, l’on considère que ses propositions sont plus crédibles que celles de François Hollande ou Nicolas Sarkozy.

 

Pourtant, ces bonnes dispositions peinent à se confirmer en intention de votes puisque le candidat centriste oscille entre 12 et 15% depuis janvier. Toujours en quatrième position, loin du second tour tant espéré qui laisserait entrevoir tant de promesses.

 

François Bayrou en meeting, le 13/03/2012. (Jacques Brinon/AP/SIPA)

François Bayrou en meeting, le 13/03/2012. (Jacques Brinon/AP/SIPA)

 

En filigrane, sur les marchés ou sur la toile, il faut tendre l’oreille pour comprendre le phénomène. Que reproche-t-on alors au Béarnais ? De ne pas faire rêver les Français en incarnant le Père la rigueur ? De ne pas répondre à leurs desideratas quand les professionnels du clientélisme font le plein de voix ? De ne pas laisser entrevoir des lendemains qui chantent ? Mais comment le pourrait-il quand la situation exige précisément à ce que l’on soit juste et qu’elle interdit toute promesse à moins de décevoir tant et encore ?

 

Des politiques dotés de super pouvoirs

 

Il faut dire qu’en face, la démagogie bat son plein. Oui, elle est décidément bien drôle cette présidentielle. "Drôle" car nos Institutions ont tout fait pour partager les pouvoirs, confiant au président de la République les affaires étrangères et l’armée, et au gouvernement, avec à sa tête le Premier ministre, les affaires intérieures. "Drôle" car notre Assemblée nationale a la charge du législatif, ces lois qui régissent l’existence du citoyen. "Drôle" enfin car l'intégration européenne a de facto réduit le champ d’action des gouvernements, une grande partie de nos lois provenant directement des directives bruxelloises.

 

Et pourtant, à entendre les candidats à la présidentielle, on pourrait penser qu'ils sont toujours dotés de super pouvoirs... A les entendre, ils seraient Dieu sur Terre, écoutant tous les maux des Français en reprenant à leur compte le gimmick créé par le Général de Gaulle "je vous ai compris". Comme omniscient. A les croire, ils pourraient renégocier tout, y compris les traités européens. Comme omnipotent.

 

Jean-Luc Mélenchon fait comme si la dette n’existait pas. Et quand il la considère, il prétend qu’elle n’est due qu’à la spéculation boursière. Comme si les budgets, mêmes déficitaires de la France, n’avaient pas servi à financer son fonctionnement et à payer les fonctionnaires.

 

Marine Le Pen prétend quant à elle pouvoir passer de l’euro au franc avec très peu de dévaluation, sans que les petits épargnants n’en soient affectés. Et que dire de son augmentation de 3% sur les produits importés qu’elle entend imposer aux entreprises, et dont le consommateur ne subira aucun effet, même si son argument défie toute logique ?

 

Nicolas Sarkozy entend depuis dimanche et son show à l’américaine sortir la France de Schengen (provoquant un tollé dans tout le continent), tout en continuant à faire de l’Europe un allié sur lequel il prétend construire la croissance économique qui se fait attendre.

 

Enfin, François Hollande croit pouvoir créer 60.000 postes de fonctionnaires dans l’Education, 150.000 emplois-jeunes, sans dépenser un euro de plus. De la même manière, il entend créer une tranche d’impôts à 75% pour les plus fortunés sans que ces derniers ne soient tentés par l’exil fiscal.

 

"L'homme qui porte le miroir"

 

Drôle de campagne que celle qui voit chacun des acteurs changer les règles du jeu, à la manière d’un Monopoly entre amis où l’en emprunte tant et plus pour acquérir la rue de la Paix, sachant pertinemment qu’on ne pourra rien y construire dessus ni même rembourser ce que l’on doit à la banque.

 

En citant Georges Orwell dans son livre "2012, Etat d'urgence",  François Bayrou avait vu juste :  "En ces temps d’imposture universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire". Et ce désir de vérité, François Bayrou le paye cher. On lui reconnaît volontiers la primauté du diagnostic sur la dette, il demeure en ce début mars la personnalité politique préférée des Français. Davantage de Français considèrent que ses propositions sont plus crédibles que celles de François Hollande ou Nicolas Sarkozy.

 

Bayrou n’est rien d’autre dans ce jeu de baudruches que l’homme qui porte le miroir chez Stendhal :

 

"Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l'azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l'homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé d'être immoral ! Son miroir montre la fange, et vous accusez le miroir ! Accusez bien plutôt le grand chemin où est le bourbier, et plus encore l'inspecteur des routes qui laisse l'eau croupir et le bourbier se former".

 

Et pourtant, l’inspecteur des routes vient de se faire porter en triomphe à Villepinte...

 

Les Français semblent attendre du président de la République qu’il décide de tout, qu’il ait réponse à tout, qu’il s’occupe de tous. Voilà pourquoi c’est l’élection qui réunit le plus de monde dans les bureaux de vote, quand tout, depuis notre histoire de la Révolution, devrait consacrer bien au contraire les législatives.

 

La présidentielle est devenue un "OVNI débilitant"

 

La présidentielle est devenue un "OVNI débilitant" où l’on entend tout et son contraire et où l’on focalise à mauvais escient les attentions. Car pas si loin de nos frontières, la Grèce est en respiration artificielle, le Portugal et l’Italie ont dû mettre en place une politique de rigueur sans précédent pour ne pas reproduire l’épopée hellène, et les Suisses ont refusé par référendum deux semaines de congés payés supplémentaires par peur de ne pas être suffisamment compétitifs.

 

Et notre futur président arriverait à nous faire croire que la France est différente des autres, qu’elle peut faire à sa guise, en restant leader en Europe tout en voulant se retirer de l’espace de Schengen, en dépensant plus et encore quand le monde entier est à la diète ? Dans "Les lettres persanes", Montesquieu faisait dire à Rica à propos de Louis XIV qu’il était magicien : "Il exerce son empire sur l'esprit même de ses sujets; il les fait penser comme il veut. S'il n'a qu'un million d'écus dans son trésor et qu'il en ait besoin de deux, il n'a qu'à leur persuader qu'un écu en vaut deux, et ils le croient."

 

En 2012, l’enchantement est demeuré intact. La présidentielle est devenue une cérémonie onirique où l’on prend des lanternes pour des vessies. Et où l’on croit que le président, omnipotent, procédera à des rites chamaniques pour conjurer le mauvais sort de la crise. Sans prendre conscience que ses remèdes ne sont que rhétoriques. Pendant quelques mois, la France se prend pour le nombril du monde. Et il en faudrait peu pour estimer que cette présidentielle, telle qu’elle existe, héritage d’un homme qui se voulait avant tout élu par son peuple, n’est décidément plus fait pour un pays comme le nôtre.

 

Le miroir déformant des uns face à celui qui montre la fange de l’autre. François Bayrou a toujours refusé de transiger sur ses principes pour céder aux sirènes de l’électoralisme. Comptant sur l’intelligence du peuple pour faire son choix. Ebloui par les illusions, ce dernier parviendra-t-il à faire tomber sa cécité avant le 22 avril ? 

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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 10:41

Mais quel est donc le problème de Mickaël Llodra ? Ce joueur a pourtant tout pour plaire. Non seulement, il est un des rares serveurs-volleyeurs qui restent sur le circuit, frappé de plus en plus par le ralentissement des surfaces et par l’uniformisation des jeux.

 

Mais il est aussi une exception et un exemple puisqu’il est l’un des seuls français classés parmi les joueurs classés parmi les meilleurs à l'ATP à résider en France et non en Suisse, comme Joe Wilfried Tsonga, Gilles Simon, Richard Gasquet ou encore Gaël Monfils, ou bien en Belgique comme Jérémy Chardy (amusant quand on sait que le véritable Suisse, Roger Federer, a élu domicile à… Dubaï où il ne paye aucun impôt). Ce qui ne l’empêche pas par ailleurs d’êtreambassadeur de Jaguar et notamment aux côtés de Francis Huster pour la campagne 2012.

 

Preuve que l’on peut très bien gagner sa vie et ne pas considérer que payer des impôts, c’est-à-dire contribuer à l’effort et la solidarité de la Nation, c’est se faire plumer. Une rareté, surtout dans le monde sportif, que pourraient exploiter les candidats à la présidentielle qui ont décidé de faire du zèle en instrumentalisant comme jamais le thème de l’exil fiscal, comme Nicolas Sarkozy qui a même décidé de plagier Jean-Luc Mélenchon sur la question.

 

Mais il y a une ombre au tableau. Et non des moindres.

 

Vendredi dernier, alors qu’il jouait son premier tour à Indian Wells, sur la côte ouest des Etats-Unis, Mickaël Llodra a été sanctionné d’une amende de 2500 dollars après avoir insulté une partie du public un peu trop bruyant. Un dérapage qui aurait pu être dérisoire si la teneur de l’insulte ne venait pas assombrir le tableau : « Fucking Chinese » ! Une insulte dont le racisme est à peine voilé et que le champion de tennis mit sur le compte de l’emportement. On peut tout de même douter du caractère spontané de la remarque, d’autant qu’elle fut formulée en anglais, qui n’est pas la langue maternelle de notre compatriote.

 

Et ce d’autant plus que Mickaël Llodra n’en est pas à sa première sortie douteuse. L’année dernière, durant le tournoi de Roland Garros, il s’était singularisé de la même manière envers un arbitre contre qui il pestait à nouveau lui lançant : "on n'est pas au souk ici, on ne vend pas des tapis sur un marché". Elégant, non ?

 


Michaël Llodra fait polémique par buzzensport

 

Après les dérapages multiples de nos Ministres de l’Intérieur de Hortefeux à Guéant, ceux deGuerlain, irait-on jusqu’à croire le racisme deviendrait une exception française ? Une banalisation qui amène à se poser de nombreuses questions.

Oui mais au moins lui paye ses impôts en France, rétorqueront certains. Alors si ça va pour eux…

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 20:54

Que de maux et de pleurs leur a coûté ce congrès houleux, organisé à huis clos, pour décider de leur destinée ! Les cadres du Parti radical se réunissaient ce samedi, six mois après le forfait de leur père adoré : Jean-Louis Borloo.

 

Jean-Louis Borloo le 06/09/2011 (WITT/SIPA)

Jean-Louis Borloo le 06/09/2011 (WITT/SIPA) 

 

A l'image de Rodrigue (le Cid, de Corneille), les membres du Parti radical se trouvaient face à un dilemme : épouser leurs propres valeurs et couper les cordons avec leur famille ou bien faire fi de leurs racines et convoler en justes noces avec celui dont ils s'étaient séparé, avec perte et fracas. 

 

Désagréable colère, indigne ressentiment à leur douleur ! Ils ne reconnaissaient pas leur couleur à cet ignoble courroux. Partout la rumeur annonçait que le choix était fait et qu'en grande pompe le parti allait rejoindre les rives délaissées en mai 2011, départ pourtant synonyme de liberté ! La liberté d’assumer, enfin,  grande singularité. Las. Le combat cessa faute de combattants.

 

Quid des promesses d’un nouveau contrat avec les Français ? Quid des critiques à l’encontre du locataire l’Elysée ? Quid des valeurs humanistes qu’il fallait aux yeux de la France entière encenser ? L’amour n’est qu’un plaisir, l’honneur est un devoir, pensaient-ils alors. Et ce samedi, on leur demandait de mettre à mal l’adage, et faire allégeance aux ennemis du passé en espérant un plus doux présent.

 

Jean-Louis Borloo avait-il du cœur ? Il tenta en tous cas d’en assurer l’audience, l’assurant de sa désapprobation concernant le débat sur l'identité nationale", "Dakar" et "le discours de Grenoble". Et l’Express de judicieusement rappeler qu’il avait été pourtant silencieux sur ses sujets, alors qu’il était numéro deux du gouvernement…

 

Mais la gronde fut tenace. Dominique Paillé qui tenta de mettre la panique à l’Elysée en courtisant de manière peu subtile l’autre candidat du Centre, le vrai, constata que sa béarnaise n’avait pas pris, mais resta malgré tout, seul, sur ses positions.

 

Dans la même veine, quatre fédérations celles de la Haute-Garonne, de l'Ariège, du Val-de-Marne et du Tarn-et-Garonne, ont rédigé un texte intitulé "Non à la pensée unique! Débattons et adoptons la motion Debout et Conquérant".  Les affronts à l’honneur ne se réparent point à les écouter. Encore eut-il fallu que l’on veuille bien les entendre.

 

A leur côté, Rama Yade vint leur prêter main forte. Et l’on reconnut celle qui, pleine de majesté et de courage, s’était opposée, seule contre presque tous, à la venue du futur ennemi public numéro un, Mouammar Kadhafi, alors qu’elle était en charge du secrétariat d’état des Droits de l’homme :

 

"Le colonel Kadhafi doit comprendre que notre pays n’est pas un paillasson, sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits. La France ne doit pas recevoir ce baiser de la mort." 

 

Bien silencieux fut, déjà, à cette époque Jean-Louis Borloo… Hier on reconnut la frondeuse quand elle condamna la tenue la campagne de son ancien mentor qu’elle refuse de suivre en l’état dans le périple de sa reconquête, dans un entretien accordé au Monde (où l’on notera au passage le manichéisme assumé du quotidien, en ne proposant que la stérile alternative bipartite comme positionnement possible à la fin de l’interview. Rien de surprenant de la part du journal qui faisait de l’affrontement Sarkozy/ Royal en 2007 un impératif démocratique…) :

 

"La France forte, c'est bien. Mais il faut aussi qu'elle soit juste ! En 2007, Nicolas Sarkozy dictait le tempo, imposait les débats. Aujourd'hui, nous avons le sentiment, nous, les républicains, d'avoir le pistolet du FN sur la tempe."

 

Elle est jeune, il est vrai. Mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années. Mais elle ne remporta pas l’ensemble des suffrages. Son peuple est frileux car que sont les valeurs quand les maroquins pourlèchent vos babines et altèrent la raison ? Il fallut attendre mars pour que les médias sonnent le tocsin, et Borloo de parier sur "un tiens vaut mieux que deux tu l’auras". Ce n'est pas à lui que l'on fera allégeance. Et voilà à quoi Le Cid tient.

 

Alors, Le Parti radical dans sa majorité (76%) et Jean-Louis Borloo en particulier, firent voter "une logique de soutien conditionnel, de oui mais" où le "oui" vaut autant que le "mais". Car il est dit qu’au Parti Radical, jamais on ne goûte de parfaite allégresse : ses plus heureux succès sont mêlés de tristesse.

 

C’est ainsi que les cadres de Jean-Louis Borloo, gémirent à l’attention de Nicolas Sarkozy un "Va, je ne te hais point". Et le président du Parti radical de ne pas faire l’offrande de sa présence à Villepinte. Fuir la communion pour diluer le vin de la messe.

 

Mais de ces petits soutiens, en ces temps troublés, où sont allés les valeurs et les projets humanistes si bien ficelés ? Comment d’un côté croire au social et à l’humanité quand celui en qui l’on croit fait de la solidarité un assistanat qui serait le cancer de la société ? A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Et rien ne dit d’ailleurs, et surtout pas les sondages, que de triomphe il y aura. Et Jean-Louis Borloo et les siens n’auront plus, alors, que les yeux de Chimène pour pleurer. 

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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 20:53

La scène a secoué mercredi tous les auditeurs de France Inter et elle s’est propagée sur la toile à la vitesse de l’éclair. Louis Aliot, vice-président du FN, invité chez Pascale Clark, était interrogé sur l’IVG et sur l’expression "IVG de confort". L'entretien s'est déroulé dans une tension palpable jusqu’à ce que la journaliste, écœurée par ce qu’elle entendait, laissa échapper un "c’est dégueulasse".

 

Louis Aliot sur France Inter, le 07/03/2012. 

 

On le voit, Louis Aliot, avec de grands airs, sûr de lui, affirme que l’expression "IVG de confort" n’est pas la sienne, qu’il ne l’utilise pas. On voit aussi comment, au début de son intervention sur la question, il a pris soin de multiplier les périphrases pour ne pas employé l'expression "IVG de confort". Jusqu’à ce que son génie linguistique ne le lâche en plein milieu d’une phrase qu’il n’osa pas terminer. Un silence qui en dit long. Et un déni ensuite sur l’usage de l’expression. S’il mentait, on jurerait qu’il se montre alors arrogant.

 

Pas de chance. Louis Aliot était aussi invité de l'émission de France 2 Mots croisés, le lundi 30 janvier dernier. Gaëlle-Marie Zimmerman avait relaté ce moment qui lui leva elle aussi le cœur, et on la comprend :

 

 Louis Aliot sur le plateau de Mots croisés, le 30/01/2012.

 

La véhémence n’est jamais un gage de vérité, qu’on se le dise. Au FN, la question de l’avortement est pour le moins sensible. Dès la mise en place de la loi Veil en 1975, Jean-Marie Le Pen s’était opposé à la légalisation de l’IVG avec force. Neuf ans plus tard, il s’en était expliqué sur le plateau de L’heure de vérité, le 13 février 1984, en déclarant :

 

"La législation de l’avortement a été dans notre pays une régression de plusieurs siècles, peut-être même de plusieurs millénaires car les Romains, avant même le christianisme, avaient noté l’"infans conceptus" : c'est-à-dire que l’enfant conçu est réputé né chaque fois qu’il s’agissait de son intérêt."

 

Certains ont tendance à l’oublier en ces temps où Marine Le Pen prétend faire de la laïcité son cheval de bataille, mais le FN a pendant très longtemps été le repaire des catholiques intégristes de France. Et lors de cette fameuse émission de 1984, Alain Duhamel, qui officiait déjà, lui avait d’ailleurs demandé ce qu’il pensait du sobriquet qu’une de ses cadres avait accolé à Simone Veil, et qui, vous le verrez, ravira les amateurs de mots fins pétris de subtilité. Simone Veil était caractérisée du nom de "la tricoteuse de Giscard". Une expression que Jean-Marie le Pen n’utiliserait pas à l’entendre mais qui semble bien l’amuser au point, déjà, d’évoquer un "point de détail". Au FN, on aime le poids des mots mais on en occulte le sens.

 

Une proximité avec les associations "pro vie"

 

Toujours est-il que le fondateur du FN placera dans ses programmes présidentiels le projet funeste d’empêcher les femmes françaises d’avoir le choix, assouvissant ainsi le désir des ligues anti-avortement, qui par pudeur s’autoproclament pro vie. Projet écrit en toutes lettres dans le programme de 2002 : "Les lois sur l’IVG seront abrogées".

 

Pourtant, les années 2000 vont marquer un tournant. Le schisme mégrétiste et le départ de nombreux cadres laisseront des traces. Il faut dire qu'en 2006, Jean-Marie Le Pen avait en mis un peu d'eau dans son vin de messe :

 

"Je suis pour la défense de la vie, mais je pense qu’il y a des questions qui sont prioritaires et celle-là, en l’état actuel de l’opinion publique, ne me paraît pas prioritaire."

 

En 2007, dans son programme présidentiel, le FN évoquait l’IVG, non pour abolir la loi Veil, mais pour soumettre la question au référendum :

 

"En matière législative, il faut tenir compte de l’état d’esprit de l’opinion. Si je suis élu, je proposerai un référendum sur l’avortement (…) J’ai perdu l’illusion que l’on pouvait régler tous les problèmes par des lois."

 

Une inflexion quoi qu’on puisse en penser sur la question, puisqu’aujourd’hui Marine Le Pen ne souhaite pas remettre en question le droit à l’avortement ni même soumettre la question au référendum, réservant ce dernier pour la peine de mort. Question de priorité...

 

L'influence de l'aile traditionaliste

 

Mais on l’a vu la polémique sur l'"IVG de confort" montre que la question est loin d’être éclaircie, et s’il y a bien un homme qui représente parfaitement cette contradiction, c’est bien Louis Aliot, catholique pratiquant et boîte à idée du FN version Marine. Il est celui par qui la question de la laïcité a surgi.

 

C’est pourtant lui aussi qui a rédigé un communiqué, au lendemain du Congrès de Tours et du sacre de Marine Le Pen en 2011, pour inviter les militants du FN à se joindre à la "Marche pour la vie". La Marche pour la vie ? Inspirée par Madame Boutin, cette "marche" est loin d’être anodine puisqu’elle réunit autour de la cause pro vie, franchement traditionaliste, quantité d’évangélistes, de pentecôtistes… Inviter ses militants dans une marche où l‘on sanctifie le caractère sacré de la vie, où l’on compare l’IVG à un génocide "au nom de la vie qu’a donnée Dieu", n’est assurément pas une démarche aussi neutre que ne le voudrait la laïcité voulue par le nouveau FN…

 

Marine Le Pen affirmait ne pas soutenir officiellement la Marche tout en laissant la porte ouverte : "nous ne soutenons pas officiellement cette marche mais il y aura un certain nombre de cadres et d’élus du FN qui s’y rendront". Une déclaration qui laisse à penser qu’elle ne s’oppose pas à ce que des militants du FN et des cadres, y compris avec leur étiquette politique (elle parle d’élus et de cadres, pas de citoyens) puissent défiler dans un cortège qui parle de génocide en évoquant l’avortement.

 

On le voit, l’IVG et le FN, c’est un peu le caillou dans la chaussure de Marine Le Pen : elle ne marche assurément pas très droit mais elle semble bien s’en accommoder…

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 20:53

Le duel était attendu. Contrairement au précédent datant d’il y a quinze jours, qui finit en eau de boudin, à cause d’une Marine Le Pen qui se liquéfie de jour en jour, faute d’un programme cohérent et d’un grand écart impossible entre la nouvelle devanture de sa boutique et la sombre réserve du passé, Laurent Fabius allait bien débattre avec le président candidat. Sur Twitter, on riait d’avance de voir un mari rencontrer l’ex de sa femme. Il y en aurait donc pour tous les goûts.

 

David Pujadas et Nicolas Sarkozy sur le plateau de

David Pujadas et Nicolas Sarkozy sur le plateau de "Des paroles et des actes" le 6 mars 2012 (WITT/SIPA).

 

Mais le combat tourna court. Trop court. Et les twittos d’avoir vite fait de comparer Fabius à Mormeck à l’image d’Audrey Pulvar qui ne put cacher son agacement continu durant le débat. Et on la comprend.

 

Tweet qui compare le combat Sarkozy/Fabius à Mormeck/Klitschko (capture d'écran).

Tweet qui compare le combat Sarkozy/Fabius à Mormeck/Klitschko, retweeté par Audrey Pulvar (capture d'écran). 

 

Contraint de répondre tant ses attaques furent faibles, comme celle qui consista à redire par des mots ce que Pujadas avait déjà montré en vidéo concernant la prestation de la lustre précédente du futur président dans "A vous de Juger", Laurent Fabius parut comme mal préparé à la tornade qui s’abattit sur lui.

 

Il faut dire que Sarkozy ne laissa même pas Fabius terminer sa première saillie qu’il passa à l’abordage en se rappelant au bon souvenir du persiflage de l’ancien Premier ministre à l’égard de François Hollande : de la "fraise des bois" à l’homme sans carrure, la fronde rappela amèrement que la primaire était une formidable machine à baffes. On n’imagine ce qu’il serait advenu si Martine Aubry avait remplacé Fabius avec la légende de la "gauche molle"…

 

En termes de répartie, Fabius n’eut qu’un attendu et fort peu original : "votre bilan, c’est votre boulet". Mis à part l’allitération en labiales introductives, on peut douter que la vanne rentre au panthéon de celles qui voient trôner avec majesté : "vous n’avez pas le monopole du cœur" ou encore "l’homme du passé" / "l’homme du passif"…

 

Puis il y eut des "élégances" : du Tartuffe, au "j'ai pas beaucoup de leçons de style à recevoir de quelqu'un qui militait pour que Dominique Strauss-Kahn accède à la présidence de la République" lancé par Nicolas Sarkozy, répondait aux "violences", atténuées en "virulences" d’un Fabius qui baissait la garde à chaque passe d’armes.

 

Sur la rhétorique, assurément, il n’y eut pas de match et Fabius parut bien livide, comme dénué de passion. Aurait-il accepté l’invitation malgré lui ?

 

Mais quid du débat d’idées, du débat sur le fond ?

 

Nicolas Sarkozy et Laurent Fabius ont certes débattu du pouvoir d'achat et du chômage, mais on ne retient pas grand chose, si ce n’est une énorme partie de ping-pong entre les deux hommes. Fabius tentait de mettre en difficulté un président au bilan calamiteux – mais qui l’ignore ? – et en face, un candidat niait et tentait par tous les moyens de faire de bons mots sur des détails insignifiants pour les Français. Avec un net avantage pour le président sortant, qui sembla plus vif dans ses réparties.

 

Et l’image que l’on gardera de ce débat, c’est ce gros plan que nous a offert France 2, sur la note que consultait Nicolas Sarkozy pour son débat : 

 

Capture d'écran.

 

Édifiant. Car Nicolas Sarkozy avait commencé son émission en reprochant au camp "d’en face" de trop le critiquer ce qui montrait à l’en croire qu’il n’avait rien à proposer. Et qu’a-t-il entre les mains ? Une note avec pour titre : "petites phrases de Laurent Fabius sur François Hollande"". Comme un aveu en écho à ses déclarations liminaires.

 

Oui de petites phrases, pour un petit débat qui résument une petite campagne en somme. 


"Si 'la guerre des deux' perdure, c’est la certitude de l’échec et, partant, la certitude du clash. (…) Le combat camp contre camp fait immanquablement le lit de la démagogie. C’est la surenchère des promesses. (…) Cette bipolarisation, cette guerre des deux, porte en elle le crétinisme de la démagogie."

 

Ces mots datent d’août dernier et sont de la plume de François Bayrou, dans "2012, Etat d’urgence". Ils n’ont rien perdu de leur pertinence. Que cette hydre bipartite est débilitante…

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 20:52

Jean-Luc Mélenchon a enfin eu sa réponse ! Invité pour débattre avec Marine Le Pen sur le plateau de David Pujadas le 24 février dernier, le candidat du Front de gauche avait eu une fin de non-recevoir de la part de la candidate frontiste sur la question du déremboursement de l’IVG. Il a enfin obtenu sa réponse lundi soir après le passage de cette dernière dans "Paroles de candidat", sur TF1.

 

Ce fut la nouvelle de la soirée. Mettant sur le même plan la "radio abdominale" et l’IVG, Marine le Pen a expliqué avec une clarté presque trop crue que si elle avait un choix budgétaire à faire, elle préférerait renoncer au remboursement de l’IVG, qui est selon elle un acte "évitable ", plutôt que de "dérembourser" certains médicaments.

 

CHAMUSSY/SIPA

Marine Le Pen sur le plateau de TF1, le 05/03/2012. (CHAMUSSY/SIPA)

 

Outre le fait que la présidente du Front National méconnait les raisons profondes du déficit de la Sécurité sociale (qui tient davantage au coût des hospitalisations par exemple), force est de constater qu’elle a parfaitement fait comprendre quelles étaient ses intentions vis-à-vis des droits de la femme et de la loi Veil. Que son aile traditionaliste soit ainsi rassurée : les fondamentaux de papa n’ont pas complètement été occultés dans le "FN ripoliné". Marine Le Pen se laisserait-elle, alors, le temps d’un quinquennat de déremboursement de l’IVG à proposer son abrogation par référendum ? Et quitte à être cynique, pourquoi ne pas rajouter celui, promis dans le programme celui-là, sur la peine de mort, pour avoir l’antithèse la plus délicieuse qui soit ?

 

Marine Le Pen mise en difficulté

 

Mais l’émission "Paroles de candidat" ne s'est pas résumée à cette réponse en décalé faite à Jean-Luc Mélenchon sur une question d'ailleurs sur laquelle elle fut pour le moins à l’aise. Emission ripolinée elle aussi (un hommage ?) puisque les journalistes intervenaient en plein milieu des questions des Français "sélectionnés" (et avec quelle rigueur…). Grâce à davantage de rythme, un plateau qui rappelait le débat raté de Pujadas (avec Le Pen et Mélenchon comme invités), mais en deux temps, comme décapité, l’émission est tout de même parvenue à battre son record d’audience. Preuve s’il en fallait que les Français ne sont pas encore tout à fait prêts à faire de leurs bateleurs publics leurs dirigeants, à voir les sondages. Nous ne sommes pas encore en Californie.

 

Marine Le Pen s’est distinguée durant toute l’émission par son incapacité à répondre aux questions des Français. Pas ceux qui peuplent ses meetings et qui se régalent de ses pitreries. Non, des Français qui ne représentent pas forcément son électorat et qui, contrairement à certains journalistes, trop timorés, osent la relancer en expliquant avec un naturel déconcertant qu'elle ne répond pas aux questions. 

 

Ce fut le cas du troisième intervenant. Musulman, il lui a expliqué que ses aïeux, au même titre que ceux de la fille de Jean-Marie Le Pen, avaient combattu pour la France, et qu'à cet égard, il ne comprenait pas pourquoi on refuserait à leurs descendants le droit du sol, le fait de prier dans des mosquées ou encore le halal dans les cantines.  

 

On imaginait la présidente du FN sauter sur l’occasion et décliner sa diatribe sur le halal, qu’elle avait déjà entamée au début de l’émission en mettant un peu d’eau dans son vin de messe puisqu’à présent il n’est plus question de la totalité de la viande mais de 30 à 50% de la viande qui serait halal. Mais il n’en fut rien. Sa réponse se résuma à une question rhétorique, qu’aurait parfaitement pu prononcer Claude Guéant dans son rôle d’agitateur de débat : "pensez-vous qu’il est normal que 200.000 étrangers rentrent sur le territoire" ? Mais où se trouvait donc le rapport avec le droit du sol ?

 

L'art de l'esquive

 

Son contradicteur le lui signifia, imitée par Laurence Ferrari, c’est dire si la ficelle était grosse. Mais Marine Le Pen ne s’en laissa pas compter et fit comme si de rien n’était sans jamais répondre sur ce point, évoquant le fantasme de la "pompe aspirante de l’immigration" et se targuant d’être à la tête du premier parti qui ait fait élire une musulmane et ayant défendu les Harkis. Les Harkis, l’alibi du FN dès qu’on l’accable sur ses relents xénophobes à l’égard des musulmans. Louis Aliot ne devait pas être très loin pour lui avoir fourni une telle couverture.

 

De la même manière, questionnée sur la discrimination raciale à l’emploi, elle esquiva en digressant sur l’inefficacité du CV anonyme devant une contradictrice médusée, qui lui répéta qu’elle ne parlait pas de cela et qui la somma de revenir sur la question posée. Acculée, la présidente du FN sortit alors l’une de ses formules favorites qui, comme pour l’IVG : "la discrimination raciale est dérisoire par rapport à celle faite aux handicapés et aux personnages âgées". Pour Marine Le Pen, il y aurait donc une hiérarchisation des discriminations. Ad nauseam.

 

Pour le reste, ce fut un florilège de formules surréalistes fondées sur des syllogismes ou autres raisonnements qui défient l’entendement : "le permis à points a crée de la délinquance". Ou encore : "à 16 ans, il est tard pour avoir des reflexes d’entreprise"...

 

Elle joua aussi aux pseudo-spécialistes en sortant de beaux tableaux qu’elle eut bien de la peine à lire pour estimer ses propositions. Cette scène assez pathétique qui fait croire qu’un dossier, surtout épais, réserve nécessairement les fruits de la vérité, n’est pas sans en rappeler une autre dont nous a gratifiés la récente série diffusée sur France 2, "Les Hommes de l’ombre". Dans cette fiction, les deux candidats à la présidentielle disposent bien à la vue de leur opposant un dossier sur lequel trône fièrement le titre "écoutes", afin de le déstabiliser… Alors que chacun des dossiers est vide, désespérément vide.

 

Enfin, on eut un numéro de duettistes avec Michel Field autour de la présence de Marine Le Pen à un bal d'une organisation autrichienne d'extrême-droite. Le journaliste eut beau lui rappeler le CV de ses hôtes, Marine Le Pen répondit que le FPO était un parti "totalement respectable" sous le fallacieux prétexte qu’il était accueilli à Bruxelles. Et pour cause, il est l’une des deux forces politiques d’Autriche. Cela ne l’empêche pas d’offrir le gîte aux nostalgiques et autres nauséabonds que seule l’extrême-droite sait produire. Pour botter en touche, elle rangea M. Field à l’extrême gauche. Visiblement, certaines de ses fiches n’étaient pas tout à fait réactualisées car depuis qu’il a fréquenté ses rangs, Field est devenu journaliste à LCI, chaîne qui n’est pas véritablement ce que l’on peut considérer comme un repaire de trotskystes…

 

Finalement, après l’émission, la seule question qui vaille est celle-ci : les Français qui ont été les témoins privilégiés de ses digressions, de ses positions ultraréactionnaires, de ses inepties sur l’économie quand elle persiste à dire que taxer les grandes entreprises, notamment distributrice d’hydrocarbures, n’aura aucun impact sur les prix (autant prendre des lanternes pour des vessies), discernent-ils progressivement le voile qui tombe de Marine Le Pen laissant, émission après émission, déconvenue après déconvenue, apparaître son véritable visage ? Seul le soir du 22 avril nous le dira. 

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5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 20:51

Il faut bien l’avouer, on n’osait plus y croire. Plus du tout, même. Alors que les journaux nous diffusent à l’envi les bisbilles quasi quotidiennes entre le camp Hollande et le camp Sarkozy, ce dernier allant jusqu’à fantasmer une attaque orchestrée par le clan d’en face, les vagues d’intention de vote s’égrainaient non sans cynisme pour voir les deux favoris caracoler en tête.

 

Dès novembre pourtant, on apprenait que près d’un Français sur deux refusait ce duel en termes de souhait de victoire, puisque 47% ne souhaitaient ni la victoire de l’un, ni la victoire de l’autre… Le ton était donné.

 

Personnages représentant Nicolas Sarkozy et François Hollande, parade de la 128e édition du carnaval de Nice, le 19 février 2012 (B.BEBERT/SIPA)

Personnages représentant Nicolas Sarkozy et François Hollande, parade de la 128e édition du carnaval de Nice, le 19 février 2012 (B.BEBERT/SIPA)

 

Pour autant, les médias et tout particulièrement la télévision, qui malgré l’importance prise par le net, ces dernières années, reste le vecteur le plus influent pour diffuser l’information, quand on sait que l’on peut réunir jusqu’à un même instant 10 millions de Français pour annoncer sa candidature, ont continué d’instrumentaliser un débat à deux voix. Massivement.

 

Le baromètre qui permet de s’en inquiéter est publié par le CSA, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Depuis le 1er janvier, il comptabilise tous les temps de parole des candidats présumés à la radio et à la télévision. Plusieurs vagues ont été prévues jusqu’au 19 mars, date du début officiel de la campagne, début d’une période pleinement démocratique puisque seront alors scrupuleusement respecté les temps de parole à égalité entre les candidats. Jusque là, les chaînes sont astreintes au "droit d’équité".

 

Et quelle différence existe-t-il entre l’équité et l’égalité ? La seconde offre un temps de parole identique alors que la première tient compte "de la représentativité du candidat". Ainsi, dans l’émission "On n’est pas couché", de Laurent Ruquier, le représentant du candidat PS s’est vu octroyer 50 minutes de temps de parole, Marine Le Pen 40, François Bayrou 30 et tous les candidats en dessous de 5% ont obtenu 15 minutes.

 

Même si l’on peut contester un système qui favorise amplement ceux qui sont déjà en place, il faut tout de même noter que les temps de parole accordés ici sont autrement plus généreux que ne le serait le respect strict de la proportionnalité à l’aune des sondages.

 

Inégalité du temps de parole

 

Mais force est de constater que l’équité entrevue pour le service public chez Laurent Ruquier n’a pas la même exigence sur l’ensemble des émissions d’informations diffusées par les chaines généralistes… Du 1er janvier au 10 février, François Hollande et Nicolas Sarkozy représentaient à eux deux 63,2% du temps de parole ! Même les sondages n’ont, jusqu’à présent, jamais offert une telle proportion par rapport aux autres candidats !

 

 

 

On se dit alors que le CSA va intervenir, qu’il va devoir sévir, imposer une diète pour les deux grands représentants du bipartisme. Que nenni !

 

Et c’est sans doute les limites du CSA qui est à la télévision et à la démocratie française ce que l’ONU est à l’ensemble de la géopolitique mondiale : un arbitre sans pouvoir, qui s’agite sans se mouvoir, qui s’excite sans émouvoir. Ainsi, le 1er février, il relevait sur certaines chaînes seulement "une tendance à la concentration des temps de parole sur deux candidats. De ce fait, certains autres candidats n’ont pas disposé d’un temps de parole suffisant au regard des critères de l’équité." Lucide… et un goût prononcé pour l’euphémisme.

 

Un euphémisme qui se dissipe vite, très vite même au point de céder à l’euphorie dès lors que l’équité retrouve des chemins plus raisonnable. C’est ainsi que le 1er mars, le CSA se félicitait de voir que la concentration des temps de parole sur deux candidats (Nicolas Sarkozy et François Hollande) s'(était) atténuée". Il faut dire que les deux grands ne représentent plus que… 58,13% du temps de parole des émissions d’information des chaines généralistes (plus de 68,75 h sur un ensemble de plus de 118h…).

 

Une provocation, une réaction

 

Qui peut ignorer la valse en deux temps qui donne le tempo des journaux télévisés ? L’on débute généralement par une proposition ou une provocation de l’un des deux. S’en suit la réaction quasi automatique, pour ne pas dire pavlovienne de l’adversaire principal. On n’ose imaginer les chiffres si l’on ne devait tenir compte que des JT, de l’audience effectuée et de la hiérarchisation adoptée par les lignes éditoriales…

 

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant lors des questions au gouvernement, Assemblée nationale, Paris, le 7 février 2012 (CHESNOT/SIPA)

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant lors des questions au gouvernement, Assemblée nationale, Paris, le 7 février 2012 (CHESNOT/SIPA)

 

Et peu importe le spectacle affligeant que cela provoque. Ainsi, alors qu’il faudrait se taire face aux provocations de Claude Guéant qui a échafaudé une corrélation des plus douteuses entre le droit de vote aux étrangers et l'introduction du halal à la cantine, tous les cadres du PS sont venus à la rescousse pour condamner ce que le bipartisme nomme avec pudeur dérapage, mais qui est en réalité l’essence même de ce qui anime le crétinisme bipartite.

 

Pourquoi se priver d'une riposte, aussi artificielle soit elle, quand on a l'a certitude d'avoir la fenêtre médiatique grand ouverte pour ce faire ?

 

Le journal télévisé de "France 2" d'hier soir en est l'illustration la plus parfaite, miroir parfait d'un reflet déformant de la vie démocratique en France. La partie politique de JT proposée par Marie Drucker s'articule seulement autour des deux candidats issus des deux partis majoritaires.

 

Deux sujets : le premier pour Hollande, le second pour Sarkozy qui lui répond en écho. Et pour finir la fameuse polémique du halal et du vote des étrangers mise en exergue avec, bipartisme oblige, deux visions, deux voix, parallélisme quasi parfait : 

 

La page politique de France 2... par snoopyves1

 

Alors, il faut se donner bonne conscience. Et le PS l’a bien compris en envoyant François Kalfondéclarer que la campagne était ennuyeuse, lâchant au passage, cela ne mange pas de pain, que la proposition des 75% de Hollande était purement électoraliste à l’encontre du potentiel de voix de Mélenchon (et cette vidéo ne pourra que lui donner raison).

 

L'éternel combat UMP/PS

 

Facile quand on est à la fois spécialiste des études d’opinion et chargé de la même mission au sein du PS. Un François Kalfon qui visse sa casquette de campagne, sitôt franchi le seuil des studios de "I-télé", où chaque semaine, il affronte de manière caricaturale le très servile Guillaume Peltier, son alter ego à l’UMP, un jeune homme à la trajectoire assez bouleversante puisque, à 35 ans, il est déjà passé du FN de Jean-Marie Le Pen, au MNR de Bruno Mégret, jusqu’à Philippe De Villiers avant de se positionner à l’UMP.

 

Une bien belle opposition donc sur le plateau d’Olivier Galzi où il fleure bon le manichéisme puisque l’émission s’intitule "le combat de l’opinion", étant entendu qu’en France l’opinion se résume au combat éternel opposant le PS à l’UMP.

 

Dans cette guerre de tranchées médiatiques où les directeurs de l’information ont décidé pour vous, l’on en arrivait à se résigner.

 

Ainsi, quand jeudi, François Bayrou organisait son premier meeting depuis plus d’un mois à Angers, l’on diffusait en direct et en simultané le meeting de François Hollande à Lyon sur "I-télé" et "BFMTV". Et ceci n’avait rien d’une séance de rattrapage puisque les deux chaînes en firent de même ce samedi, alors que le candidat PS était à Dijon ou encore alors qu’il se produisait à Rouen.

 

On se souvient aussi de Marine Le Pen, furieuse d’avoir vu son meeting déprogrammé par "BFMTV" pour retransmettre celui de Nicolas Sarkozy, alors que la chaîne l’avait annoncé en teasing toute la matinée.

 

 

Alors oui, quand est tombé ce dimanche le sondage L2H, faisant reculer de 4,5 points en deux semaines les scores cumulés de l'hydre bipartite, un sentiment de justice est survenu (et ce, même si on le voit, "Le Parisien" ne titre que sur le retard de Sarkozy qui s'accroit par rapport à vous savez qui...).

 

La même semaine, "RMC" demandait à ses auditeurs : "Trouvez-vous qu'on parle trop de Nicolas Sarkozy et de François Hollande ?" Et l’émission de Bourdin se concluait en annonçant que 76% des auditeurs répondaient par l’affirmative. La même semaine où "Le Point" sortait un numéro avec une vision assez détournée du bipartisme.

 

Bien évidemment il ne s’agit que d’un sondage, d’une estimation. Mais, intervenant à quelques jours du début officiel de la campagne qui verra l’égalité de temps de parole pour l’ensemble des candidats, il est un signal et un espoir pour tous ceux qui se désespèrent de voir notre débat démocratique se gangréner dans de vaines polémiques qui mettent les candidats dos à dos, quand notre élection majeure devrait être le lieu d’un affrontement honnête entre des visions concurrentes de la société pour survenir aux crises, qu’elles soient financières, politiques ou sociétales.

 

Les Français vont-ils enfin concrétiser en intention et en vote leur agacement de voir ainsi kidnapper le débat démocratique ? Et si cette élection pouvait voir enfin la mort de l’hydre bipartite ?

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2 mars 2012 5 02 /03 /mars /2012 20:51

Alors que mardi résonnait encore, y compris dans le tumulte de son équipe de campagne, Jérôme Cahuzac en tête, la proposition de François Hollande qui visait à taxer à 75% les plus riches de nos compatriotes, Soir 3 avait diffusé un reportage, ô combien instructif, sur les exilés fiscaux. Le reportage explique qu'ils sont peu nombreux à vouloir se faire interroger.

 

Pourtant, l'un d'entre eux n'a pas hésité à témoigner. Son nom ? Paul Dubrule, le co-fondateur d'Accor, cette fameuse chaîne d'hôtels qui abrite F1, Etap Hotel, Ibis, Mercure, Novotel et le fameux Sofitel, dont la renommée n'est plus à faire grâce à DSK. Le moins, que l'on puisse dire, c'est que l'homme s'exprime sans pudeur :

 

M. Accor a parlé... par snoopyves1

 

Donc, pour ce monsieur dont l'entreprise présente un chiffre d'affaires de plus de 6 milliards d'euros en 2011, payer des impôts, ce serait "se faire plumer" ? Étrange, il m'avait semblé que les impôts servaient à la solidarité nationale. Et pas seulement aux "assistés", qu'ont brocardés les fidèles de notre candidat président, au premier rang desquels Laurent Wauquiez. Ils servent à payer l'école, la sécurité sociale, la police, notre défense, notre sécurité à l'égard des attentats, nos routes, et j'en passe.

 

Pourtant, M. Dubrule est bien né en France. Ne devrait-il pas être reconnaissant envers une nation qui l'a vu naître ? Car n'est-ce pas un hasard miraculeux s'il est né ici alors que, sur six milliards d'habitants, la France ne représente que 65 millions d'entre eux ? Et qu'aurait fait Paul Dubrule si la destinée l'avait fait naître au Soudan ? Aurait-il planqué son seau d'eau potable à l'abri de ses voisins pour ne pas "se faire plumer" ?

 

La position de M. Dubrule n'est pas seulement scandaleuse, elle est méprisante. Elle donne envie de hurler. Les impôts ne sont pas des saillies injustes : elle permet à la société de fonctionner. Elle permet notamment à ceux qui utilisent sa chaîne hôtelière de le payer grassement. Cynisme.

 

En effet , il n'y a pas de "grandeur d'âme" à payer des impôts. C'est juste une question d'équité face à ce que la vie vous a offert.

 

Que l'exil de M. Dubrule soit légal ou non, il n'en demeure pas moins que cet millionnaire vole l'État français et, par là même, vole tous les Français. Son argent, il le gagne en France. Et ce même si sa multinationale exerce en dehors de nos frontières.

 

Aussi, avant que de prendre une chambre la prochaine fois, réfléchissez-y à deux fois avant de choisir votre enseigne.

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Présentation

  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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