Nouvelle sortie tonitruante mercredi du ministre de l’Enseignement Supérieur et de la recherche. Toujours aussi loin du domaine de compétence pour lequel la République le rémunère (mais cela devient une vilaine habitude en Sarkozie), Laurent Wauquiez, par ailleurs leader du club politique UMP inopportunément nommé Droite sociale (de l’art de l’oxymore ou du paradoxe, c’est selon…),a estimé qu’il fallait "réserver une partie des logements sociaux à ceux qui travaillent." Salauds de chômeurs qui bénéficient en plus des logements sociaux !
Laurent Wauquiez au Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche le 30 juin 2011 (T. SAMSON / AFP)
Même s’il s’est défendu, en anticipant la polémique, au point de dire : "Je ne dis pas qu'il ne faut plus s'occuper des chômeurs, (...) ce n'est pas l'un contre l'autre", nul doute que la déclaration risque de ravir les classes populaires et tous ceux qui veulent les soutenir, c’est-à-dire à scruter la dernière lustre, tous ceux qui ne sont pas à l’UMP.
Alors évidemment d’aucuns diront que cette sortie risque de faire polémique et qu’il va y avoir du couac dans l’air. Comme ce fut le cas pour des immigrés qu’il fallait remettre dans un bateau jusqu’au débat sur la laïcité, de la suppression du bouclier fiscal à celle de l’ISF, d’une laïcité "ouverte" prête à financer des mosquées jusqu’au rétablissement d’un concours d’entrée en sixième type "certificat d’étude", des salles de shoot jusqu’à la possibilité envisagée de faire composer des étudiants juifs la nuit pour cause de Pâques juive, de la destitution possible de la nationalité française au sentiment de ne plus être chez soi, de la croisade en Lybie à l’embauche à vie des fonctionnaires.
Toutes ces sorties médiatiques qui ont alimenté la chronique et provoqué tollé sur tollé ne sont pas toutes l’œuvre d’anonymes députés de l’UMP en mal d’images, comme l’excentrique et non moins extrémiste Chantal Brunel ou encore l’inutile Christian Jacob. Non. Ils ont pour la plupart des noms biens connus, des fonctions parmi les plus hautes placées, des responsabilités qui montrent la confiance que Nicolas Sarkozy leur porte : Valérie Pécresse pour l’histoire des étudiants juifs, Jean-François Copé pour le certif’ et le débat sur la laïcité, Roselyne Bachelot pour la salle de shoot,Benoist Apparu pour la laïcité light ou laïcité zéro selon vos goûts, Brice Hortefeux pour la destitution, et Claude Guéant pour… l’ensemble de son œuvre.
La politique du faible
Et croyez-vous que tout ce joli monde se permettrait autant de dérapages, autant de polémiques, porteurs d’opprobre publique et de baisse dans les sondages avec la mansuétude de Nicolas Sarkozy ? Pensez-vous vraiment que tout ceci ne serait que le fruit d’un hasard et d’une totale improvisation ?
Alors, en exclusivité mondiale, je vais lire dans le marc de café, et vais vous dire ce qu’il va se passer pour la proposition de Wauquiez à l’aune de l’affaire du cancer de la société, j’ai nommé l’assistanat.
Dès aujourd’hui, des sons discordants vont se faire entendre à droite. On va alors parler de couac et de désordre propres à nuire à l’image de la majorité. Puis quelques jours plus tard, un sondage va sortir comme par hasard pour mesurer l’opinion suite à ce "dérapage". Et si les Françaisl’approuvent, alors on laissera passer trois ou quatre semaines avant de revenir à la charge, avec plus de rondeur mais un contenu identique. Comme si de rien n’était, la polémique a eu le temps d’être testée au sein de l’opinion avant d’être adoptée.
C’est la théorie du fusible : on crée un électrochoc, et on réagit de toutes les façons pour ne choquer personne. Si l’opinion approuve, on dit que le fusible était un peu tendu mais qu’il avait vu juste. Si elle réprouve, haro sur le fusible qu’il faut faire sauter.
Facile, non ? Ou comment Nicolas Sarkozy, pyromane devant l’éternel s’en remet au fusible pour couvrir son court-circuit. Trop fort, vraiment trop fort…