Le départ de Quitterie Delmas tombe mal. A l’heure où Devedjian persiste à faire preuve d’arrogance en affirmant que le « MoDem est la plus grande passoire » que la politique ait connue, il dresse le spectre des départs en fanfare qui épice chaque élection à présent depuis la Présidentielle.
A une différence près. Le départ de Quitterie n’émeut personne, à l’exception de quelques bloggeurs. C’est un non-évemenent.
Car Quitterie n’est ni Cavada, ni Morin, ni Lagarde. Car ces traîtres avaient au moins du talent, un savoir-faire politique, une tête reconnue. Quitterie, elle, quand elle a eu l’occasion de s’illustrer sur les plateaux, comme ceux de LCI ou iTélé, n’a montré que fadeur, naïveté, se contentant de montrer son beau minois comme seule garantie, répétant à l’envi « comme le dit François Bayrou » comme seule religion, brocardant son étiquette orange comme une éthique face aux affreux politicards…
Oui mais voilà. Cela ne suffit pas. Et comme le rappelle, Christophe Ginisty, lorsqu’elle postula pour être porte-parole du Mouvement, les présidents et autres vice-présidents ont estimé, à juste titre, qu’elle n’avait pas les capacités de ses ambitions. Et ils avaient bien raison.
La jeunesse ne peut être un éternel étendard autour duquel on peut fonder ses ambitions. Le discours, le contenu, l’intelligence politique s’amalgament avec talent pour faire émerger une personnalité, une identité, un nom.
Les Européennes purent lui donner cette occasion de s’aguerrir. Pensez donc, quel honneur fut-ce cette élection quasi-certaine au Parlement Européen. Le temps de connaître les dossiers, de donner de la consistance à sa rachitique rhétorique, de se donner la chance de montrer ses capacités. Car tenir un blog, c’est une chose. Devenir un acteur politique en est une autre. Le scrutateur a toujours le bon rôle : il peut censurer, condamner, encenser depuis son portable. L’on a vu pire position.
Celle du politique est autrement plus risquée. Composer en fonction des électeurs et du besoin des français, mettre à l’épreuve son éthique tout en sachant convaincre, faire des choix et les tenir pour montrer de la constance. C’est autrement plus difficile que d’éditer son post, ou comme elle le fit d’écrire cent fois et de ne rien posté cent fois.
Faisons fi de son rapprochement avec Désirs d’avenir pour lancer sa véritable carrière politique et donnons-lui le bénéficie du doute quand elle affirme condamner le cynisme de la politique à la papa.
Quitterie dit avoir peur. Que l’exercice du pouvoir est en son sens incompatible avec son éthique. Et qu’elle préfère ne pas prendre des responsabilités de peur de ne pas décevoir.
Quitterie vient définitivement de s’inscrire à vie dans la blogosphère… sans pouvoir en sortir. Car ne pas prendre de risque n’a pas de sens aujourd’hui. Avoir une éthique, des idéaux et des principes et les garder pour soi, c’est de deux choses l’une soit rester un citoyen, soit être un égoïste.
Et cela rappelle un fameux facteur, qui au nom de ses grands principes fonde un nouveau parti, avec des propositions, et surtout… l’envie de ne pas être au pouvoir. Car s’opposer est toujours plus simple que de proposer.
C’est bien sur ce sujet que se trompent lourdement les opposants du Mouvement Démocrate. François Bayrou ne se contente pas de pointer du doigt les dérives monarchiques et la vision néo-libérale de Nicolas Sarkozy : il s’inscrit dans un projet qui peut l’amener au pouvoir pour proposer sa vision de la société, fondée sur l’éthique.
Faire de la politique n’est pas sale. Et parfois, il est bon d’en accepter certains principes pour imposer son point de vue, sans pour autant sombrer dans le cynisme. C’est difficile. Mais c’est une mise en danger nécessaire si l’on veut être utile.
Alors Quitterie, que choisis-tu ? L’hypocrisie de Besancenot ou l’anonymat certes fort respectable d’un simple citoyen déchargé de toute portée politique ? Elle prétend ne pas vouloir attendre « le grand soir »… Ces propos étaient-ils une réponse prémonitoire à cette question ? L’avenir, ou plutôt ces éventuels désirs d’avenir, ou non, nous le diront…
PS : Je tiens à préciser que cette défection pour les Européennes n'a rien à voir avec celle de Rama Yadé, qui en tant que Secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme estimait à juste titre qu'elle avait déjà de quoi faire pour se donner de l'épaisseur politique et qu'un mandat européen l'aurait un peu étouffée.