C’est ma principale qui m’a fait cette confidence. Enfin pas tout à fait puisque ses propos ont été « attention à ce que vous dites, vous glissez dangereusement vers le réac. Je suis inquiète pour l'avenir.».
Alors c’en est fait, à 32 ans, il ne m’aura fallu que 8 rentrées pour glisser dans la case maudite des profs réac. Moi qui avais taxé certains de mes collègues d’une expérience certaine d’un tel qualificatif par le passé, je suis surpris d’atteindre aussi rapidement l’objectif.
Définition du dictionnaire : réac’, diminutif de réactionnaire » et qui qualifie une attitude conservatrice, et qui s’oppose au progrès.
Quiconque me connaît ou parcourt les pages de mon blog depuis quelques mois maintenant doit se gausser à lire que je suis réac’.
Alors, la question est de savoir ce que l’on entend par le mot « progrès ». Selon ma principale, le progrès c’est :
Ouvrir le dialogue en disant en plein conseil, alors que l’ensemble des professeurs est d’accord à l’unanimité pour donner des ENCOURAGEMENTS, qu’elle donnera des FELICITATIONS et que c’est elle qui décide car c’est elle le chef d’établissement.
Le progrès, c’est aussi de considérer que la note de vie scolaire (moyenne de l’établissement 18/20) doit peser dans les délibérations le même poids que la moyenne de français ou d’anglais.
Le progrès, c’est aussi de dire qu’il est normal de tenir compte des matières qui ne seront plus enseignées l’année suivante au lycée pour décider d’une orientation en seconde générale.
Le progrès, c’est d’arrondir les moyennes au demi point supérieur dans chaque matière puis entre les matières elles-mêmes de manière à ce qu’un élève qui a 13,23 obtienne 14 en fin de compte (heureusement, elle a décidé d’être « réac’ » en corrigeant le logiciel et en arrondissant au dixième supérieur ! Il est des progrès trop… progressiste !)
Le progrès c’est de dire à un enseignant « vous m’emmerdez pour une histoire d’encouragement ; vous me faites tous chier là ! » tout en précisant dans la phrase suivante « vous me saoulez ». Oui car le progrès se doit d’être formulé dans une parole crue et franche pour être compréhensible de tous…
Le progrès c’est de ne pas dire qu’un élève n’a pas « les requis en compétence linguistique d’un élève de CM2 » car c’est méprisant. Attention, dire qu’il ne sait rien faire en tout aussi condamné (mais là c’est plus normal). Non, il convient, quand on est partisan du progrès, de dire : « qu’a donc fait de mal le prof pour expliquer cette note »
Le progrès c’est au fond de dire qu’il n’y a pas de mauvais élèves, mais que des mauvais profs.
Alors vous comprendrez que dans ces conditions, je vous le confesse : je suis un réac’. C’est grave Docteur Bayrou ?
Mauvaise nouvelle pour les « vrais » partisans du progrès dont je fais partie : les pédagogoles sont tenaces et tiennent la barre. Le niveau scolaire de nos futures têtes bondes n’est pas prêt de montrer autre chose que la pâle figure qu’il présente années après années.