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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 17:43

Depuis plusieurs jours, les débats du mariage pour tous font rage. Le plus souvent, ce sont les heurts qui émaillent des débats qui font la une des médias. Il faut dire que le dispositif est exceptionnel et que l’ampleur du débat est à la hauteur du débat de société qui a secoué la France depuis six mois.

Rien que samedi matin, alors que la séance s’ouvrait tranquillement, il n’y eut pas une seule phrase de prononcée que la guerre était lancée. Madame Dalloz (UMP), première à prendre la parole, s’interrompt pour répondre à Madame Nieson qui l’invectivait d’un "ça commence mal" à l’aide d’un "ça commence comme je le souhaite, Madame"…

 

La guerre des nerfs a commencé

 

La guerre des nerfs a donc commencé et les nuits tardives, et parfois blanches comme celle de dimanche, ont laissé des traces. Et ce mardi après-midi, les nerfs ont lâché… dans le rire.

Ce fut d’abord Thomas Thevenoud d’ouvrir les hostilités en rappelant que la droite française était certainement la plus ringarde d’Europe, en comparaison notamment aux conservateurs anglais qui votent en ce moment même, et sans polémique, l’ouverture du mariage aux homosexuels. Il crut bon d’ajouter, dans l’hilarité générale, que la seule vertu du débat résidait dans la palette de couleurs affichée par les pulls d’Hervé Mariton qui, à ce rythme, fera apparaître toutes celles de l’arc-en-ciel.

 

Lui même riant, Mariton demanda à répondre de cette "attaque" personnelle, ce qu’il pourra faire en toute fin de séance. On imagine l’ambiance de la fin d’après-midi si on continue à parler chiffon.

Mais c’est surtout le fou rire de Christiane Taubira qui marquera les esprits et sa grivoiserie envers l’un des plus farouches présents au projet, l’un des plus présents aussi avec Hervé Mariton et Jean-Frédéric Poisson, Philippe Gosselin.


Il n’est pas sûr que l’Assemblée ait eu le souvenir d’une référence aux "petits bouts" d’un député faite par une Garde des Sceaux et encore moins de le justifier par l’élan qu’elle a eu à son encontre. Un passage mythique pour un débat historique. Histoire de montrer qu’on ne montre pas que les dents à l’Assemblée en ce moment.

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5 février 2013 2 05 /02 /février /2013 10:34

Après six mois de débat ininterrompu sur la question du mariage pour tous, de monologues sourds qui ne pouvaient pas s’entendre, au point visiblement de lasser la majorité des Français pour qui cela a trop duré, les députés prennent donc le relais pour trancher. Net. N’en déplaise à Henri Guaino qui prétend que l’Assemblée n’est pas légitime pour trancher… contredisant le Conseil Constitutionnel qui disait exactement l’inverse en janvier 2011. Quand on sait que dans le même temps, Laurent Wauquiez prétend que le référendum peut s’appliquer sur les questions sociales contrairement à ce qu’il avait écrit dans son livre il y a dix ans, l’on comprendra davantage qu’à droite on ne puisse s’offusquer que Jean Sarkozy, fort de sa licence, puisse dispenser un TD à la fac.

Les premières journées furent rudes, fortes de la polémique de la circulaire sur la GPA. Christiane Taubira aura déjà eu l’occasion de faire taire tous ceux qui prétendaient qu’elle ne défendait qu’avec trop peu de conviction ce projet de loi en montrant une pugnacité et une dignité qui redonne ses lettres de noblesse à la politique. Pour autant il reste encore plus 3000 amendements à examiner à partir de mardi 16h…

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Sans vouloir rajouter de l’huile sur le feu sur la volonté manifeste d’obstruction de l’opposition, il serait tout de même intéressant de se pencher sur le portrait d’un des plus prolixes en la matière et qui défraye la polémique : j’ai nommé le bienheureux Jacques Bompard.

Assez peu connu du grand public, il a fait une entrée fracassante dans l’actualité avec des amendements proposant de légaliser la polygamiel’inceste ou encore en imposant le prénom de l’officier d’état civil à l’enfant afin de reconnaître le mérite de ces derniers… Des provocations qu’il a cru bon devoir justifier dans l'un de ses forfaits :

"Le gouvernement justifie l'élargissement du mariage aux couples de même sexe par l'existence de couples homosexuels et par l'amour que peuvent se porter ces personnes. Or, s'il poursuivait son raisonnement, le gouvernement devrait donc étendre à toutes formes de couples et à toutes formes d’amour la possibilité de contracter mariage".

On a peine à croire que pareil énergumène puisse si librement se moquer de la République en son sein. C’est mal se souvenir des débats de 1998, qui avait abouti aux mêmes incongruités à propos du PaCS. C’est aussi mal connaître Jacques Bompard.

Plantu a l’habitude de représenter les nauséabonds avec des mouches autour d’eux. Jean-Marie Le Pen a toujours été croqué de la sorte dans ses caricatures. Et on se souvient de la polémique qu’avait causée ces mouches quand elles avaient accompagné la figure du futur président de la République, Nicolas Sarkozy. Aussi, si l’on devait multiplier les mouches en fonction du degré de nocivité pour la République, nul doute qu’il faudrait rebaptiser Jacques Bompard, "Sa Majesté des Mouches".

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Co-fondateur du Front National, l’Express rappelait il y a dix ans lors d’un portrait qu’il avait été de tous les combats de l’extrême droite en intégrant notamment l’occident et l’Ordre nouveau. Maire d’Orange, il est le seul des maires frontistes à avoir été réélu à la tête de sa ville (à Vitrolles les Mégret ont subi la foudre de la justice tandis qu’à Toulon Jean-Marie Le Chevallier ruina sa ville et ne fut même pas qualifié pour le second tour des municipales suivantes).

Son action à Orange est plutôt bien ressentie, sa gestion étant qualifiée de bon père de famille, lui qui n’a eu de cesse apprend-on de ranger son étiquette dans sa poche. Et ce même si on lui prête un caractère autoritariste et isolé.

D’ailleurs, bien que co-fondateur du Front National, il a fini par démissionner du parti après avoir critiqué la népotisme du Front familial (et l’histoire de la succession de la présidence lui donnera raison sur ce point…). Pour autant, Jacques Bompard n’a pas quitté pour autant les rangs de l’extrême droite qu’il a rejoints depuis sa jeunesse. Il a d’abord rejoint le Mouvement pour la France du si peu laïque Philippe De Villiers avant de fonder la Ligue du Sud dont il est le président actuellement.

Si on a pu voir le FN s’abîmer sur la question du mariage pour tous, au rythme d’une Querelle des Anciens et des Modernes, il n’en est rien de Jacques Bompard, qui est resté proche de Bernard Anthony, un autre ancien du Bureau national du FN, qui représentait la frange catholiques intégristes du parti.

Bomp2.jpg

Dès septembre, il tente de refaire de coup de Michel Pinton, un député UDF qui en 1998, était parvenu à faire signé plus de 15000 maires pour s’opposer au CUS (Contrat d’Union civil), ce qui contraint le gouvernement Jospin à reculer et à faire en sorte qu’aujourd’hui le PaCS ne se signe pas en mairie. Mapetition.fr pourtant échouera puisqu’à ce jour seulement 2175 élus l’ont signée, et tous n’étaient pas maires, puisque tous les élus pouvaient le faire…

On l’a vu aussi défendre ses positions notamment dans l’émission de la LCP "Ca vous regarde". Mais Jacques Bompard gardait son feu d’artifice pour les amendements, comme on l’a vu. Mais quelle source peut bien abreuver le député maire d’Orange pour manifester tant de détermination pour discréditer le projet de loi et pour insulter les homosexuels ?

Loin d’être tarie, cette source est puisée dans le même bénitier que Civitas.

Ainsi, on a pu voir le 18 novembre dernier, Jacques Bompard dans le cortège des élus du défilé de Civitas. Le Maire d’orange eut même l’occasion le lendemain de faire entendre sa colère à l’égard des Femen, qui loin d’attirer sa bienveillance face à la barabrie qu’elles ont subies, les fit passer pour les agresseurs.

Jacques Bompard n’est pas seulement un sympathisant de la cause intégriste. C’est un homme politique conscient que ses convictions intimes l’emportent sur les devoirs de la République. Et qui ne s’en cache pas. Comme en témoignent ces déclarations ahurissantes faites au site "La Porte latine" qui se revendique naturellement de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, tout comme Alain Escada et son tristement célèbre institut :

"Aujourd'hui, la France et l'Europe sont coupées de leurs racines historiques et culturelles, mais elles ont également rompu les liens avec Dieu. Contrairement à l'actuel Président de la République, je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il n'existe pas de loi supérieure aux lois humaines. L'Évangile est très clair là- dessus : il n'est pas de pouvoir qui ne vienne de Dieu.", affirma-t-il en 2004 (le président évoqué étant donc Jacques Chirac)

Puis le maire d’Orange d’enchaîner :

"Je pense tout d'abord qu'on ne peut pas se dire chrétien et mettre sa foi au vestiaire dans son action publique. C'est une schizophrénie que je ne comprends pas."

Un aveu qui n’est pas sans rappeler celui que fit Christine Boutin en 1998 au Nouvel Observateur : "Je suis catholique avant d’être élue".

Comme la République peut-elle laisser accueillir au sein de sa maison ses propres fossoyeurs ? Comment accepter qu’un élu de la République puisse clairement affirmer que sa foi est supérieure à la loi républicaine ?

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Car, l’homme n’aime pas la République et encore moins ceux qui l’ont provoquée en atteste cette croix érigée dans la Ville d’Orange en mémoire de religieuses tuées sous la Révolution. On comprend mieux son rapprochement, un temps, avec le plus connu des représentants du Puy du Fou.

A vouloir s’agiter en tous sens, Jacques Bompard aura au moins eu le mérite d’attirer la lumière sur lui. Et montrer à ceux qui croyaient que les intégristes occupaient seulement le trottoir pour prier, ou avait raccroché en rangeant leur Bible dans leur sac comme Madame Boutin, qu’ils étaient encore là, parmi les 577 à décider de nos lois, de nos vies et du destin de notre République. 

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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 17:30

SOUS LES PAVÉS. Alors que ce vendredi 25 janvier, les membres de la manif' pour tous tenteront de récolter ce qu'ils ont semé dans les salons de l'Elysée, en effectif réduit puisque ni Xavier Bongibaut, ni Tugdual Derville, pourtant deux piliers du collectif seront absents (et c'est mieux ainsi au vu des dérapages de l'un et l'autre), les partisans du projet de loi affûtent leur plume et leur bottes.

Direction la capitale pour faire écho à Frigide Barjot et ses compères et soutenir un projet de loi qui sera débattu à l'Assemblée nationale à partir du 29 janvier pour un vote prévu le 12 février.

 

Une polémique dénuée de sens

 

Inutile de dire qu'il n'y aura pas besoin de sortir la calculette : il y aura nécessairement moins de personnes à ce défilé qu'à celui du 13 janvier. Et il n'y aura nul besoin de se les disputer avec la préfecture de police, comme le font les opposants avec une grasse bêtise depuis le 13 janvier. La palme revenant conjointement à Charles Beigbeder et Bruno Gollnisch. Le premier a estimé le nombre de participants à 2,5 millions par un savant calcul qui défie la logique :

 

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Le second a aussi pris les mathématiques en grippe, puisque le lendemain, dans l'émission "Mots croisés", il a cru bon d'expliquer : "Je sais qu'il y a eu 986 cars. Ça fait déjà les 350.000 personnes qui avaient été annoncés sur ordre par le Préfet de police". Soit des cars affrétés pour l'occasion de 355 places environ chacun ! On n'arrête donc plus le progrès.

On le voit, cette bataille de chiffre confine au ridicule. Pire, dans le cadre des partisans du projet de loi, elle serait vaine. Les réseaux catholiques sont éminemment plus puissants et plus aptes à doper des défilés que les partisans du projet, qui, n'en déplaisent aux persifleurs, ne sont nullement organisés en lobby. Ici, il n'y a pas de mécène, deus ex machina, qui vient annoncer un don de 60.000 euros pour réserver des TGV comme on l'a vu pour le collectif de la "Manif pour tous" de Lyon dans l'"Envoyé spécial" du 10 janvier. L'Église ne viendra pas recueillir le 12 au soir les provinciaux qui voudraient défiler le 27.

 

L'égalité stricte

 

Comme c'est souvent le cas en France, il est toujours plus simple de trouver des opposants pour se mobiliser à un projet que des partisans, surtout quand on sait que la majorité de gauche nous préserve a priori de toute mauvaise surprise au soir du 12 février : la loi sera votée pour le mariage et l'adoption.

Pour autant, si cette manifestation ne sera pas nécessairement une épreuve de force en termes de chiffres, elle devra montrer aux yeux de la France entière que la rue n'appartient pas aux opposants. Que la rue n'appartient pas à l'Église. Et qu'en France, il n'y a pas de citoyens de seconde zone.

 

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Il n'y a pas en République, ceux qui ont des droits, et ceux qui en sont privés de seul fait de leur identité sexuelle. Il n'y a pas en France des enfants qui auraient des droits, et d'autres qui en seraient spoliés du fait de l'orientation sexuelle de leurs parents.

La marche de dimanche est une marche pour le respect du pilier central de nos valeurs républicaines : l'égalité. Il n'est pas question ici de demander de légiférer sur des "pratiques" comme on l'entend trop souvent : il est question d'identité, d'hommes, de femmes, d'enfants et de citoyens. Ni plus, ni moins.

Aussi, ce ne sera pas une Gay Pride, ce dimanche : de la même manière que des hommes se sont battus pour le droit des femmes d'avorter, les homosexuels ne sont pas seuls à être appelés à défiler : ce sont TOUS les Français qui sont invités à se battre pour l'égalité des Droits.

L'objectif affiché pour ce dimanche est qualitatif : aux messages de refus, de négation, voire d'exclusion des uns, répondons par le sens de la formule et réclamons ce que doit la République aux citoyens Français et à sa devise.

 

Publié dans le Nouvel obs, le 25 janvier 2013

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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 17:53

Pendant 48 heures la semaine dernière, La commission des Lois de l'Assemblée nationale a débattu du texte présenté par le gouvernement, avant de l’adopter dans la nuit de mercredi à jeudi.

Les médias n’auront retenu que le temps record qu’il fallut pour adopter le premier article, dû en large partie aux innombrables amendements d’obstruction qu’ont déposé l’opposition (certains étant à quelques mots près des doublons qui obligèrent les intervenants à ne rien ajouter par la parole à ce qu’avait exposé le collègue…).

Pourtant, cette Commission aura laissé lieu à de grands moments. Et parmi eux, il convient de citer ceux d’Edouard Fritch, député de Polynésie française et membre de la nouvelle UDI, qui s’est laissé allé au particularisme de ses îles avec une crudité à faire froid dans le dos :

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(Vidéo à 2h50’ environ)

"Car dans nos sociétés, nous avons des homosexuels, qui sont pas tout à fait les mêmes que chez vous. (mouvements et bruit dans la salle). Oui. Nous avons ce que vous avez entendu des "rae rae", des "mahu", nous avons différents types d’homosexuels qui ne se mettent pas en ménage comme on le voit bien souvent en Europe, ou aux Etats-Unis."


Des homosexuels... pas tout à fait les mêmes que chez vous

 

Edifiante déclaration d'Edouard Fritch qui décline son discours sans imaginer un seul instant que sa manière de parler d’homosexualité suffit à elle seule à comprendre l’ostracisme et la discrimination dont les homosexuels semblent être les victimes en Polynésie. 

Puis il détaille cette typologie si singulière :

"Nous n’avons pas de termes polynésiens pour traduire 'homosexuel'. Imaginez-vous. Nous avons des termes, les 'rae rae', ce sont des hommes efféminés, qui sont des homosexuels, qui ne vivent pas nécessairement avec un autre homme, qui sont des homosexuels parce qu’ils ont des manières d’homosexuels, ils vivent dans une situation de femme, d’efféminé, ais ce ne sont pas les mêmes mœurs que l’on trouve ici en Europe.'

Puis le député d’en conclure : 'C’est la raison pour laquelle nous disons qu’aujourd’hui l’application de cette loi en Polynésie française risque de nous perturber profondément au niveau  de la vie sociétale."

Oyez, oyez braves gens : nous sommes bien en France en 2013 au sein de l’Assemblée nationale ! 

Ahurissante description qui circonscrit l’homosexualité polynésienne aux travestis qui ont un statut particulier dans les îles, travaillant souvent au service des familles. Parce que si les "rae rae" et les "mahu" existent bel et bien, d’autres homosexuels, qui ne sont pas nécessairement "efféminés", avec "des manières d’homosexuels" ou dans "une situation de femmes" existent aussi. 

 

Des définitions déconcertantes pour Christiane Taubira


Christiane Taubira, en réponse à Edouard Fritch, ne pourra occulter son effarement face à la description faite par M. Fritch, qui estimaient par ailleurs qu'une telle loi serait un "choc" pour les Polynésiens :  

"Il ne s’agit pas d’aller rechercher des homosexuels, quelles que soient les définitions qui sont parfois déconcertantes par ailleurs qui peuvent être données des homosexuels, il ne s’agit pas d’aller les chercher et de se contraindre à se marier."

Il n’est pas question ici d’ignorer les différences qui peuvent exister dans les iles polynésiennes et il ne fait nul doute que les mœurs et les coutumes patriarcales rendent l’homosexualité encore plus difficile à vivre là-bas qu’ailleurs.

Mais en quoi valider cette vision archaïque de l’homosexualité et demander donc un particularisme aidera-t-il à améliorer leur situation ? N’est-ce pas, bien au contraire, aux législateurs, de montrer la voie de la tolérance et d’en profiter pour faire de la pédagogie ? Ou bien est-il plus confortable pour son siège parisien de laisser la société étouffée dans ses préjugés ?


Au-delà de l'homophobie, une laïcité bafouée.


Encore plus grave, les raisons invoquées par Edouard Fritch sont bien plus grave pour les valeurs républicaines :

"Nous avons une culture française, et polynésienne. La culture française, nous l’avons obtenue des religieux qui sont venus chez nous. En d’autres termes, notre culture est fortement teintée de Christianisme. Vous voyez les valeurs  de la famille au travers de cette culture, et tout ce qui s’en suit au niveau de la filiation."

Habile argumentation qui non seulement explique que la culture polynésienne est chrétienne et que sa vision de la famille est en contradiction avec le projet de loi mais qui rajoute, en outre, que c’est la France qui lui a apporté cette culture, et qui, en somme, est responsable de la situation.

Comme si depuis que la Polynésie est devenue française, à une époque où la France elle même n’avait pas encore séparé l’Eglise et l’Etat, il n’y avait pas eu 1905 et l’établissement de la laïcité !

Incroyable gifle faite à la République et à ses principes laïques qu’Edouard Fritch avait déjà commise à l’Assemblée Nationale en juillet dernier en affirmant que "le christianisme est devenu une valeur de la société polynésienne » et que « la laïcité n’a pas la même prépondérance que dans l’hexagone" ?

Non content de confirmer la société polynésienne dans ses clichés et son intolérance à l’égard des homosexuels, Edouard Fritch griffe la laïcité dans le ventre même de la République.


Les mots si juste de Sergio Coronado


Plus que jamais, les mots de Sergio Coronado, qui conclurent cette Commission, prennent alors leur sens quand il comparait les débats actuels à ceux du PaCS en 1998 (à 3h30 environ)

"C’est vrai que les mots aujourd’hui ne sont pas les mêmes, on a plus ces dérapages verbaux. Je l’ai dit tout à l’heure, les mots sont mieux choisis, ils sont sans doute plus élégants, mais la violence est toujours aussi palpable."

Et le député écologistes d’expliquer : "L’idée que des hommes, des femmes, avec des orientations sexuelles différentes puissent créer une famille, et élever des enfants ensemble, ça semble être quelque chose de tout à fait insupportable à vos yeux et j’ai ce sentiment, et j’ai même la certitude que cette idée-là appartient à un autre temps. J’ai le sentiment et la certitude que la société française n’en est plus là."

Et il serait surprenant que la société puisse s’accommoder encore longtemps d’une classe politique aussi éloignée de son temps…

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19 janvier 2013 6 19 /01 /janvier /2013 17:26

Et si la Cour européenne des Droits de l’homme venait de faire un éclairage fascinant sur le projet du mariage pour tous ? Projet qui suscite plus que jamais de tumultueux débats à dix jours de sa discussion à l’Assemblée nationale.

Sous le titre "Le droit de manifester sa religion sur le lieu de travail est protégé mais doit être mis en balance avec les droits d’autrui", la CEDH a ainsi publié un communiqué sur un jugement qu’elle a rendu le 15 janvier dernier.

 

Maires.jpg

 

Il faut s'intéresser à deux des personnes en cause : Mme Ladele, officier d’état civil, et M. Mc Farlane, conseiller à Relate en Angleterre, alléguaient qu’ils avaient été licenciés pour avoir refusé de s’acquitter de certaines de leurs tâches dont ils considéraient qu’elles revenaient à reconnaître l’homosexualité. "Mme Ladele et M. Mc Farlane sont des chrétiens qui estiment que les relations homosexuelles sont contraires à la loi divine et que tout acte impliquant une reconnaissance de l’homosexualité est incompatible avec leurs convictions", explique le communiqué.

L’affaire avait été ouverte après le renvoi des salariés ayant évoqué leur "clause de conscience" pour ne pas exercer une partie de leur métier. Il s'agissait en effet de conseiller des couples homosexuels pour M. Mc Farlane et de procéder à des Pacs de gays ou de lesbiennes pour Mme Ladele. "La Vie" rapporte que la Cour a estimé qu’il n’y avait pas eu d’infraction à la liberté de religion, ni de discrimination anti-religieuse à leur égard.

Les deux incriminés, Mme Ladele et M. Mc Farlane, ayant épuisé tous les recours de leur pays, s’en étaient retournés auprès de la CEDH pour espérer un jugement contraire. En vain. 

La nouvelle est rassurante et éclairante.

Rassurante, car personne n’oublie que les institutions européennes sont assaillies par des lobbys intégristes, et notamment catholiques qui réclament à cors et à cris l’inscription dans la Constitution européenne de l’origine judéo-chrétienne de l’Europe. Une brèche sur laquelle ils comptent pour faire passer des interdits ou des restrictions concernant les unions homosexuelles ou le droit à l’avortement. Parmi elles, "Belgique et Chrétienté", dont le chef de file fut pendant des années un certain Alain Escada, aujourd’hui président du sulfureux Institut Civitas. La boucle est bouclée.

 

L'Europe résiste

 

Voir donc l’Europe résister encore et toujours aux pressions intégristes, dont l’ADN est d’instrumentaliser la religion à des fins politiques est rassurant pour les libertés individuelles des citoyens européens.

Mais la décision est aussi un avertissement à tous ces maires qui ont menacé de ne pas célébrer des mariages homosexuels si la loi venait à être votée au nom de leur clause de conscience.

Cette semaine, lors de l’examen de la commission des Lois, Patrick Ollier a de nouveau expliqué à l’Assemblée nationale, qu’il ne s’exécuterait pas, alors qu’en sa qualité de maire, il est représentant de l’exécutif. Plus qu’un paradoxe, une faute grave vis-à-vis des principes de la République.

 

Pas de "liberté de conscience"

 

Certains avaient expliqué qu’ils déléguerait aux adjoints cette mission, sous entendant que cela ne troublerait pas la mission de l’État tout en respectant leur "liberté de conscience". Mais d’autres avaient carrément empêché cette possibilité en faisant voter au sein des conseils municipaux des motions s’opposant à la célébration d’un mariage entre deux homosexuel même si la loi venait à être votée : ce fut le cas de Jacques Bompard, président de La Ligue du Sud, co-fondateur du FN et également Maire d’Orange, qui la fit voter le 22 octobre 2012, mais aussi de Philippe Brillault, maire de Chesnay dans les Yvelines qui avait opéré le 27 septembre.

Il faut dire qu’à l’époque un flou artistique flottait autour de cette possibilité à tel point que, devant les maires, François Hollande avait franchi le Rubicon en déclarant : "la loi s’applique pour tous dans le respect de la liberté de conscience".

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Le président de la République avait dû faire un impressionnant rétropédalage le lendemain après avoir reçu dans l’urgence l’Inter-LGBT et, par un communiqué de l’Elysée et des proches, il avait fait rappeler qu’il n’y aurait aucune "liberté de conscience" évoquée dans cette loi. Ce que la commission des Lois n’a, du reste, pas retenu non plus cette semaine pour voter les termes du texte définitif qui sera présenté aux députés le 29 janvier.

Les maires réfractaires n’auront donc ni la loi française avec eux, ni même la loi européenne. Pas de recours possible donc. Des sanctions seront systématiques et il faudra veiller à signaler tout manquement afin que la loi soit respectée. Avec rigueur et détermination. Ne leur restera qu’à s’en remettre aux mains de Dieu pour juger de leur attitude. Mais là, ce n’est plus l’affaire de la République. 

 

Publié sur le Nouvel obs, le 19 janvier 2013

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18 janvier 2013 5 18 /01 /janvier /2013 17:22

Mais que serait le débat du "mariage pour tous" sans Civitas, si ce n’est un échange sans fantaisies ? Il faut toujours savoir rendre à César ce qui appartient à César et remercier les intégristes pour leur crasse bêtise, leur inimitable imagination et leur mauvaise foi légendaire qui savent nous amuser, tant que leur service d’ordre reste en dehors de la "res publica"

Il faut dire que depuis l’avènement de la "fofolle de Dieu", Frigide Barjot, comme s’est plu àl’appeler Marianne, Alain Escada et son institut sont passés en arrière plan. Et peu importe s’ils ont bâti les fondations de la croisade, abreuvant cette foule compacte qu’ils doivent à présent suivre en marge de leurs arguments (car ne nous y trompons pas, la divergence est bien de forme et non de fond), les voilà fort dépourvus quand la bise Barjot fut venue.

Ringardisés, ils sont ainsi contraints de retourner à leurs fondamentaux : l’outrance.

Il y a des outrances qui sont condamnées par la loi et qui ne prêtent pas du tout à rire, comme lorsqu’Alain Escada déclare avant son défilé du 18 novembre que l’homosexualité est un "mauvais penchant qui nécessite d'être corrigé et une personne qui a de tels penchants devrait être abstinente".

 

Civitas, cet institut d'une autre époque

 

Mais, faisons leur l’honneur aujourd’hui de nous faire rire, en bon bouffons du Moyen-âge, une époque qui leur sied tant.

Nous ne reviendrons pas sur leur coquetterie arithmétique qui les fait compter 10.000 manifestants pour les partisans du projet le 16 décembre (sic !) et 50.000 pour leur propre force le week-end dernier.

Civ2.jpg

Intéressons-nous plutôt à cette invitation lancée par l’institut ce week-end, qui donne rendez-vous devant l'Assemblée nationale le 29 janvier, jour de l’ouverture des débats des parlementaires, et qui est introduite par cette promesse biblique : "Par ce signe tu vaincras !"

"Le 29 janvier, venons prier avec Foi et Espérance, avec attention et ferveur Celui qui est Tout-Puissant. Implorons Dieu de nous préserver de cette loi inique, de susciter les défenseurs de la Famille, de nous guider dans nos actions."

Et l’institut de conclure :

"Le 29 janvier, durant cette veillée de prières devant l'Assemblée nationale, nous supporterons le froid comme une pénitence."

 

Une conception très chrétienne de la laïcité

 

On se frotte les yeux, tellement le verbe paraît relever d’un autre temps, d’une autre époque, presque d’un autre monde.

Et puis, comme c’est touchant n’est-il pas : "Nous supporterons le froid comme pénitence". Ou comme punition pour enfreindre la loi des hommes ? Car il faudrait rappeler à Civitas que les prières de rues son interdites. L’institut le sait très bien, lui qui proclamait sur des autocollants "ni laïque, ni islamiste, une France catholique", et qui dénonce régulièrement sur son site lecommunautarisme de l’islam qui gangrénerait la France.


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Pourtant, Civitas est coutumier du fait, et pour cause, puisqu’en lisant son slogan, on comprend que la laïcité s’arrête là où commence le christianisme.

Ainsi, lors de l’affaire du Théâtre de la Ville, l’institut avait fait des prières devant les établissements représentant "Golgotha Picnic", avant que l’affaire ne dégénère quand des activistes sont venus interrompre une représentation, un acte encouragé par Alain Escada.



Lors des 18 novembre et 13 janvier, les caméras des chaînes d'infos ont aussi diffusé des images montrant les fidèles de Civitas priant dans la rue, par des chants liturgiques, mais aussi en posant les genoux au sol.

Mais alors nous vient une question : mais que fait Marine Le Pen ? N’y voit-elle pas "une occupation de pans du territoire", puisqu'elle estime que "des quartiers dans lesquels la loi religieuse s'applique, c'est une occupation” ?

Marine Le Pen aurait-elle une conception singulière de la laïcité, de celle que l’on pourrait nommer "laïcité chrétienne" ? Non, vous croyez ?

 

Publié sur le Nouvel obs, le 18 janvier 2013.

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 17:16

Un véritable séisme. Alors que les pourfendeurs du mariage pour tous tentent de gonfler le chiffre des manifestants du 13 janvier et de faire de leur rendez-vous un succès susceptible de faire reculer le gouvernement et faire mentir la République en prétendant pouvoir imposer le référendum malgré son anti constitutionnalité, se propage l’information selon laquelle Simone Veil a participé au défilé, d’après les images de BFM-TV.

Si bien que le cabinet de Simone Veil, joint par le "Nouvel Observateur", ne put que confirmer que l'ancienne ministre était bien présente à la "Manif pour tous".

Mais le mot d’ordre était au relativisme, expliquant qu’elle était descendue saluer les manifestants, alors que le cortège passait non loin de chez elle, près de l’École militaire. Et de préciser que l'ancienne ministre ne souhaitait pas s'exprimer publiquement sur ce point. On peut la comprendre.

 

Une présence qui intrigue

 

Mais avant toute chose, il faudrait remettre un peu de vérité sur l’information selon laquelle Simone Veil n’aurait fait que saluer les manifestants, quand les images de BFM-TV la montre défilant avec un drapeau à la main. 

Alors bien évidemment, si le cabinet de l’ancienne ministre tenait à minimiser l’événement, c’est que les féministes et plus généralement les défenseurs des libertés qui avaient tant admiré Simone Veil ont de quoi être surpris.

Résumons la situation. Simone Veil est venue manifester contre le mariage pour tous. On est en droit de se demander comment cette féministe qui avait affronté l’Église pour libérer la femme et lui rendre la propriété de son corps peut, quatre décennies plus tard, estimer que le combat pour l’égalité des droits que l’on refuse à des Français sur leur seule orientation sexuelle est néfaste.

Mais plus intriguant encore, Simone Veil a-t-elle conscience que le défilé, fortement en grande partie à l'initiative de l’Église, est composé de ceux qui l’avaient insultée et trainée dans la boue en 1975 ?

 

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Madame Veil a-t-elle conscience que la manif pour tous est co-organisée par Alliance VITA, anciennement l’Alliance pour les droits de la Vie, l’association montée par Christine Boutin qui, chaque mois de janvier, organise également la "Marche pour la Vie"  

Et que cette "Marche pour la Vie" milite pour l’abrogation de la loi Veil ou pour le déremboursement de l’IVG, mesure qu’approuve Frigide Barjot, comme elle le confia à la "Marche" il y a un an, malgré ses trous de mémoire ?

Comment Simone Veil peut-elle donc défiler avec les fossoyeurs de son œuvre ? Comment a-t-elle pu en arriver là ? Dans ces conditions, on comprend aisément qu’elle ne souhaite pas s’étendre davantage sur sa participation à la "Manif pour tous".

Quand on sait que l’œuvre française défilait à quelques mètres de cette ancienne déportée, qui a oublié par la même occasion les triangles roses de sa jeunesse, force est de constater que cette participation est au mieux polémique, au pire une infamie. 

 

Publié sur le Nouvel obs le 14 février 2013

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 17:06

Le dérapage a bel et bien eu lieu. La "Manif pour tous" avait pour elle d'avoir su organiser un cortège sans heurts le 16 novembre dernier, surtout au regard des agitations hystériques des membres du GUD qui avaient singulièrement agité les prières de rues de Civitas (à ce propos, on attend la réaction de Marine Le Pen face à cette "occupation de l'espace publique", dimanche 13 janvier, place Pinel à Paris, et filmée par les chaînes info...).

Las, le défilé de ce dimanche aura beau exhiber des chiffres flatteurs, entre 340.000 manifestants selon la police et 800.000 selon les organisateurs (quand Charles Beigbeder l'évalue à 2,5 millionsdans un délire que seul un excès de foi ou de substance illicite pourrait expliquer), Xavier Bongibault est venu gâché la fête de sa marraine chérie en faisant une analogie douteuse entre la conception des homosexuels selon Hitler et celle de François Hollande.

 

Un dérapage récurrent

 

Encore une fois, l'on peut s'étonner tout de même de ce tohu-bohu médiatique autour de cette déclaration quand on sait que le président de l'obscure association "Plus gay sans mariage" avait déjà fait le même parallèle sur l'antenne de BFM TV et au micro de Yves Clavi à RTL.

D'ailleurs, sur le plateau de Canal Plus ce lundi matin, l'accusé accusant ne disait pas autre chose :

"Je regrette mes propos en cela que je ne le referais pas si ça devait être refait, a concédé le porte-parole. Mais ce que je ne comprends pas, c'est la polémique qui a été créée hier alors que depuis que je prends la parole dans les médias sur ce sujet, je le répète, c'est la seule phrase que je répète lors de mes interventions médiatiques, je la répète à chaque fois."

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Déjà sur la première sortie filmée sur la question, on vit que Frigide Barjot était pour le moins gênée.

Gênée ou choquée ? En tous cas, pas suffisamment pour lui demander de ne pas réitérer, ou pour lui demander de prendre congé de son collectif. Preuve que cela ne devait pas la déranger plus que cela et qui ravivera une fois de plus les lourds soupçons qui pèsent sur ses connivences avec l'extrême droite.

Beaucoup plus grave furent les prétendues excuses de l'impétrant, puisqu'il se déclare héraut de "tous ces homosexuels qui seraient contre le projet de loi".  

À bien l'entendre sur le podium, ce serait François Hollande qui serait responsable de ce dérapage qu'il qualifie de "propos emportés". Comme si tout ceci avait été spontané (ce que la vidéo de BFM et l'interview de Yves Calvi datant du 6 novembre 2012 viennent pour le moins contredire).

La seule question qui vaille est donc de savoir si Frigide Barjot va continuer à soutenir Xavier Bongibault après ce dérapage, énième dérapage ? L'extrait de BFM avait montré que malgré sa gêne, elle avait toujours continué à le soutenir. Mais qu'en sera-t-il à présent ?

Parce que les prétendues excuses de Xavier Bongibault n'ont, elles, rien de spontanées, et de nombreuses sources faisaient entendre dimanche que l'auteur de "Touche pas à mon sexe" était particulièrement remontée. Et tout laisse à croire qu'elle n'a pas laissé d'autre choix à Xavier Bongibault que de s'excuser.

 

Une unité qui se fissure déjà ?

 

En tous cas, le front de la croisade contre le "mariage pour tous" montre jour après jour ses fissures. On avait déjà vu les premières tensions entre la "Manif pour tous" et Civitas, l'institut intégriste devant faire bande à part ce dimanche.

Enfin officiellement, car officieusement, Laurence Tcheng, co-organisatrice de la "Manif pour tous" expliquait dans une réunion publique à Boulogne-Billancourt, dans l'Eglise Sainte-Thérèse qu'ils avaient tout fait pour intégrer Civitas rappelant à l'assemblée qu'elle n'avait rien contre l'institut et expliquant : "Nous chrétiens n'avons pas à cautionner l'homosexualité" (source disponible en audio sur demande à l'auteur de l'article).

Depuis quinze jours, une source anonyme proche de Frigide Barjot et influente dans le collectif, explique à la presse qu'elle veut tirer la couverture à elle et commence à montrer son ras-le-bol.

Dimanche, ce fut un nouvel incident avec le dérapage inqualifiable, qui, même s'il n'était que la répétition d'un discours maintes fois produit, le fut devant une foule consistante et massive venue faire l'homélie à la France entière. 

Si bien qu'aujourd'hui, alors que la "Manif pour tous" aurait tout lieu de se réjouir de son succès, Frigide Barjot doit se demander combien de temps encore va pouvoir tenir cette auberge espagnole qui s'ébranle en tous points.

 

Publié sur le Nouvel Obs le 14 janvier 2013

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13 janvier 2013 7 13 /01 /janvier /2013 17:05

Frigide Barjot a joué samedi soir une partition classique et quelque peu lassante sur le plateau d’ "On n’est pas couché", qui accoucha pourtant d’un débat passionnant entre Natacha Polony, athée et défendant une ligne "naturaliste" ou "biologique" ou "anthropologique", selon le terme qu’on veut bien utiliser, Frigide Barjot, catholique revendiquée et défendant les saintes écritures, même si elle tenta, en vain, de s’en défendre, et Caroline Fourest athée et défenseur d’une laïcité sans faille.

Or, on sait notamment que les églises ont ouvert leurs portes aux manifestants de province et que les organisations catholiques se sont fortement mobilisées, y compris dans des établissements scolaires dans lesquels des enseignants ont été encouragés à participer.

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Alors que Frigide Barjot prétendait que son organisation n’était pas liée au religieux, Caroline Fourest, consternée, lui rappela l’identité de ceux avec qui elle organise son cortège (à 1h43 environ) :

"Mais enfin, mais Frigide Barjot, l’Alliance pour les droits de la vie qui organisent avec vous se battent contre l’IVG au nom du catholicisme depuis des années".

Et Frigide Barjot de répondre :

"Vous en reparlerez avec eux parce que moi je ne suis absolument pas au courant. Ils sont venus monter des cars. Bon euh, ils ne sont pas venus faire autre chose."

Frigide Barjot absolument pas au courant des activités de l’Alliance pour la Vie ? Ah oui ? Pourtant, le très réac "Nouvelle de France" héberge une vidéo qui montre la même Frigide Barjot en janvier 2012 être interviewée lors de la Marche pour la vie, organisée par l’Alliance des droits de la vie, Alliance Vita, organisation créée par Christine Boutin, qu’elle embrasse en pleine interview juste après avoir déclaré : "Je suis pro-vie et pro manif pour la vie."


Un bon gros mensonge pour celle qui s’affiche ce dimanche devant toute les caméras aux côtés deTugdual Derville, Délégué général d’Alliance VITA…

 

Publié sur le Nouvel Obs le 13 janvier 2013.

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11 janvier 2013 5 11 /01 /janvier /2013 10:30

Alors que se prépare la "manif pour tous" dimanche prochain à Paris, que la police anticipe comme un événement d’ampleur en termes de participation, Frigide Barjot continue malgré son emploi du temps de Ministre d’avoir un sens marketing particulièrement aiguisé en sortant ce jeudi son "livre" sur la question : "Touche pas à mon sexe".

 

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S’inspirant de la recette qui avait tant réussi à Stéphane Hessel avec "Indignez-vous" et qui avait causé tant de raillerie à Robert Ménard pour son "Vive Le Pen", l’autoproclamée Frigide Barjot, alias Virginie Tellenne, nous sert donc un livre frugal d’une trentaine de pages, ou plus exactement 24 si l’on enlève celles qui sont blanches qui pourront toujours vous être utiles pour faire la liste des courses ou pour noter les heures de la messe.

 

D’ailleurs Frigide commence justement par la messe, ou presque : "Chers amis lecteurs, catholiques ou pas vraiment". Intrigante formule d’entrée que celle-ci.  Pourquoi avoir tenu à rajouter l’adverbe "vraiment" ? Serait-ce à dire que ceux qui sont contre le projet de loi sont nécessairement catholiques ou sensibles à ses arguments ? Ou est-ce à rappeler que, finalement, les origines judéo-chrétiennes de la France fait en chacun de nous un catholique qui s’ignore ? Mystère.

 

Toujours est-il que très vite, trop vite même, Frigide Barjot opère comme elle a coutume de le faire sur tous les plateaux où elle est invitée. Elle s’empresse de répondre à la présomption d’homophobie qui frapperait les opposants du projet en se désignant insoupçonnable : "je suis ce qu’il faut bien appeler une 'fille à pédés', nous rappelant ensuite que son premier amour était pour son plus grand malheur homosexuel (snif), "Moi, j’ai mon brevet d’homophilie" (sic), "j’ai passé mes premières années parisiennes sur les chars de la Gay Pride" (un arrêt cardiaque est à prévoir du côté de Civitas…).

 

Bien évidemment comme je l’avais déjà souligné lors de ces prestations scéniques, il apparaît plus que suspect de vouloir tout de suite envoyer aux lecteurs pareille justification. Et de se demander ce que Frigide Barjot cache sous tant d’emphases. 

 

Il ne faut d’ailleurs pas attendre bien plus longtemps (il faut dire qu’avec 24 pages, on s’en serait douté) pour découvrir le pot aux roses. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la fleur est odorante. Elle vient du jardin de Philippe Arino, auteur de "mon cher Philippe Arino" précise-t-elle, sous la plume duquel on peut lire qu’en effet, Frigide Barjot n’entretient ni clichés, ni stéréotypes poussant à l’homophobie :

"l’homosexuel est une personne souvent blessée, à la sexualité souvent immature, qui se transforme alors en sexualité boulimique avec une infidélité quasi-consubstantielle : il suffit pour s’en convaincre de lire la presse homosexuelle où le sexe est omniprésent, de connaître un tant soit peu ce monde pour s’en rendre compte…"

 

Alors bien évidemment Frigide Barjot précise qu’il est "homo" comme si cela était une armure  suffisante pour ne pas être abattue sous les accusations d’homophobie… Mais omet de dire que l'écrivain controversé a tourné à 180 degrés depuis 2011. Une information que m'a confirmé Daniel Conrad, animateur sur RCN, France Culture et qui l'a souvent invité au micro de son émission "Ce n'est que de l'amour". Philippe Arino qui, actuellement,  prône la "continence", en renonçant à la drague, à la masturbation et à la pornographie dans un don total à Dieu et à l'église. A Lille en octobre dernier lors de sa réunion publique à laquelle j'ai pu assister, Alain Escada de Civitas ne prenait pas d'autre exemple qu'Arino pour montrer que même les homosexuels étaient opposés au projet. Amen. 

 

Puis la présidente de la "manif pour tous" s’empresse de faire la nique aux sondages d’opinion, qui sont depuis de nombreuses années largement favorables au "mariage pour tous", en trouvant une raison, qui, à elle seule, expliquerait ce qui correspond à un égarement selon elle : les Français sont manipulés ! Incapables de penser par eux-mêmes, pensez donc ma brave Dame.

 

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Et l’ignoble, l’horrible, la satanique responsable de ce complot digne d’un scandale d’état ne se reconnait pas à un nombre mais répond à un nom : Caroline Fourest ! La "spécialistologue sur le service public" ou encore une des deux "gauchistes les mieux payées par le système libéral" avec Clémentine Autin.

 

Frigide Barjot n’hésite pas réinventer le verbe en parlant de "médias fourestisés" et en glosant sur celle qui semble avoir son rond de serviette sur tous les plateaux ou aux côtés de chaque micro… Amusant de la part de celle que l’on entend sur Europe 1, RTL, France inter, RMC, France culture ou que l’on voit au Grand Journal, chez Taddéi, à C dans l’air, chez Paul Amar en moins de 10 jours en décembre !

 

Pour autant, Frigide est formelle : "l’opinion publique reflète surtout ce qu’elle entend dans les médias". Elle en veut pour preuve que les intentions favorables à l’adoption ont "chu" de 10 points en quelques mois. Preuve, selon elle,  que les opinions évoluent "dès lors que la parole commence à circuler". Pendant que Virginie Tellenne se réjouit de la baisse des intentions favorables au projet, elle oublie de dire que dans le même temps, le nombre de plaintes à SOS homophobie a explosé avec 200% d'augmentation. La fin justifie sans doute les moyens. 

 

Frigide Barjot serait donc ce vecteur par lequel la parole circule. Et loin de se dégonfler, elle se charge ensuite de nous montrer de quoi est composée cette parole. Et l’on comprendra aisément qu’à grands coups de mensonges et de manipulations, l’opinion,  ne reste en effet pas toujours insensible.

 

Ainsi, elle décrète en substance que seront rayés du code civils "tous les mots, mais aussi les réalités de 'mari' et de 'femme', de 'père' et de 'mère' ", mensonge qu’elle commet régulièrement sur tous les plateaux et qui lui vaudra la conclusion qu’elle n’avait pas lu le texte de loi sur le plateau du Grand Journal, par Najat Vallaud-Belkacem. Un mensonge maintes fois démasqué par la Garde des Sceaux, qui est tout de même l’auteur du projet de loi…

 

De la même manière, Cassandre Barjot explique :

"Sur votre carte d’identité, il est aujourd’hui inscrit 'sexe' : 'homme' ou 'femme'… Demain, il y aura 'genre' : et 'hétéro, homo ou bi, ou trans' ". Une prédiction déjà présente dans son petit clip qui préparait la manifestation du 17 janvier :


 

 

 

Persistance d’un délire bien qu’elle ait concédé que sa vision était une pure lueur de son imagination fertile quand Mouloud Achour lui avait demandé fermement si elle était sure de ce qu’elle affirmait, et alors que Najat Vallaud Belkacem veillait au grain en face d’elle.

 

Et Frigide Barjot n’oublie rien et surtout pas les risques de la polygamie, thème importé dans le débat Civitas et ce dès juin 2011 à l’aide d’autocollant. 

 

Ainsi, Frigide reprend la légende d’un couple à trois au Danemark, sur lequel les services recommandés de Christiane Taubira ont prospecté en vain comme elle l’expliqua sur France inter suite à l'argument déjà brandi par Mgr Vingt-Trois, ou encore sur la demande excentrique qui fut faite au Brésil par un notaire en mal de notoriété et qui n’aura obtenu aucune reconnaissance officielle, puisque la loi brésilienne condamne la pratique.

 

Mais rien n’est suffisant pour son argumentation qui se doit d’étonner et qui doit détonner par ses doigts habiles quand elle affirme que le projet de loi est une porte "grande ouverte à toutes les dérives" et de citer dans l’ordre "poly-mariage répondant au poly-amour, en attendant le droit à l’inceste". La même argumentation que les intégristes fondamentaliste de Civitas.

 

Elle aura toujours le bon rôle ensuite de prétendre vouloir se différencier d’eux sur le plateau de Paul Amar : la chapelle est édifiée sur un autre terrain, mais le bréviaire est partagé. D’ailleurs, en prenant la défense de Mgr Barbarin ou encore de François Lebel, Frigide Barjot ne peut plus se réfugier derrière son "brevet d’homophilie".

 

Dans ce livre (sic), l’ubuesque succède au décadent quand elle prétend qu’Elisabeth Guigou a changé sa position pour "les raisons médiatiques exposées plus haut", à sa voir la fourestisation des débats si on la lit correctement. Ou alors en expliquant que puisque "tous les enfants de divorcés souffrent et sont ‘carrencés’ " (en quoi, en calcium ?), "alors qui peut croire que ceux des couples homosexuels seront moins déstabilisés", dans un syllogisme qui défie les lois de la logique. Elle n’hésite pas non plus à citer un psychanalyste qui prêche pour sa paroisse pour affirmer avec le le ton péremptoire des vérités incontestables qu’il est "amusant, en tous cas de voir la psychanalyse et l’Eglise arriver aux mêmes conclusions", comme l’aveu incontestable et surtout la confirmation qu’elle représente donc bien l’Eglise…

 

Frigide Barjot conclut finalement par convaincre le lecteur que 24 pages sont finalement suffisamment longues comme cela et ce dernier pourrait être déçu de voir que les deux dernières lignes auraient suffi à lui faire économiser trente précieuses minutes :

"Parce que nous sommes tous nés d’un homme et d’une femme, et que ce n’est pas près de changer".

 

En effet Frigide, la loi n’a pas la prétention de changer cela. Alors, tout ça pour ça ?

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Présentation

  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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