Sept ans après le mariage de Bègles, une nouvelle tentative voit le jour. C’est en effet à Cabestany, une petite commune de plus de 8000 habitants du Languedoc Roussillon que sera organisé en novembre ce qui sera alors le deuxième mariage homo en France, après l’annulation de celui que célébra Noël Mamère dans un tumulte dont tout le monde se souvient encore, le maire écopant même d’une suspension pour avoir enfreint la loi. Jean Vila, maire communiste de Cabestany assure qu’il a retenu la leçon de l’affaire de Bègles : « Ce mariage ne sera pas annulé et le maire ne sera pas suspendu. Je prends toutes mes précautions pour que d'autres maires puissent célébrer ces unions sans être embêtés ».
Le maire se garde bien la nature de ces précautions et l’Histoire nous dira si cet acte politique, expression qu’il assume parfaitement, sera vaine, médiatique ou si elle sera un second coup de boutoir pour enfoncer la porte entr’ouverte d’une loi sur le mariage homosexuel dont le rejet en juin dernier ne fit pas l’unanimité y compris au sein de la droite.
La question brûlante n’est d’ailleurs plus de débattre sur la pertinence ou la nécessité d’une telle loi, d’autant que l’opinion publique semble avoir tranché en faveur d’une loi, comme elle existe déjà dans l’Espagne pourtant si catholique qui accueille à partir de cette semaine les JMJ.
EN revanche, il est toujours intéressant de décortiquer les réactions qui suivent ce type de déclarations. Evidemment, elles ne font pas légion en plein cœur du mois d’août. Mais il il y en une qui ne s’est pas fait attendre. Et pour cause : l’homme est de la région, sa compagne vient d’interrompre ses vacances auprès de lui pour rejoindre Paris et souffler sur les braise de la Crise, et surtout son Parti a tantôt eu un discours d’opprobre avant de le rendre plus cosmétique sur le dos des Musulmans envers la question homosexuelle : je parle bien évidemment de Louis Aliot du Front National.
Ecoutons le Perpignanais, par ailleurs conseiller régional frontiste et vice-président de son parti, qui s’oppose bien évidemment au projet lancé par le maire communiste de Cabestany : « Le Front National 66 condamne l’initiative publicitaire du maire communiste de Cabestany qui, à des fins de publicité personnelle et politique, s’apprête à violer la loi républicaine en procédant à un mariage gay. Le FN rappelle son attachement aux fondements du mariage qui doit rester l’union entre un homme et une femme. Il devient de plus en plus évident que derrière cette revendication communautariste pointe le débat sur l’adoption d’enfants. Enfin, le FN dénonce cette violation de la loi par un élu de la République et demande aux autorités de prendre leurs responsabilités ».
La rhétorique est bien connue : l’instrumentalisation publicitaire est dénoncée et il est question de « violer la loi républicaine », et de « violation de cette loi ». Marianne est souillée, on l’aura bien compris.
Par ailleurs, onnotera l’obsession du FN, quant à la question du mariage homosexuel qui ne veut y voir qu’un sous-marin à l’adoption : « Il devient de plus en plus évident que derrière cette revendication communautariste pointe le débat sur l’adoption d’enfants. « . EN quoi cela est-il évident ? A quel moment Jean Vila, qui n’est même pas nommé, tout juste brocardé du titre « maire communiste », comme si cela suffisait à le discréditer, a-t-il ne serait-ce que suggéré l’adoption dans ce projet de mariage ?
Mais le plus important dans cette déclaration reste cette expression maintes fois utilisée par les opposants de tous poils à tout ce qui touche de près ou de loin à la question homosexuelle, du PACS, à la loi sur le mariage : « revendication communautariste ».
Pour tous les opposants à une loi, la revendication du mariage gay relèverait du communautarisme. Le mot est d’autant plus efficace qu’il ne bénéficie d’aucune entrée dans le dictionnaire. Il est pourtant très en vogue pour dénoncer tout ce qui bouge, qu’il soit homo ou musulman.