Etonnant jugement rendu ce jour par Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front National et Président d’honneur du dit-parti qui qualifie les exactions des intégristes Chrétiens de dimanche dernier à l’égard du Piss Christ de « légitime défense » dans son Journal de Bord n°226, disponible sr le site du FN (et qui fait suite aux déclarations déjà douteuses de Bruno Gollnisch…)
Pour rappel le droit français considère deux aspects dans la « légitime défense » : l’offense et la défense.
Répondons à Jean-Marie Le Pen point par point :
L’offense doit être :
- actuelle : le danger est imminent : en quoi une œuvre conçue et exposée depuis des années la rend-elle dangereuse de manière imminente ?
- illégale : Piss Christ qu’elle qu’en soit l’appréciation esthétique ou artistique de chacun est un produit de l’art (« produit » étant le terme le plus neutre que l’on puisse utiliser pour qualifier un travail polémique et contesté) et ne rentre nullement dans l’illégalité puisque le seul reproche que l’on puisse lui faire est de blasphémer, sacrilège qui n’est plus puni par la loi française depuis… la révolution française !
- réelle : l'agression ne doit pas être putative, c’est-à-dire qu’elle est supposée avoir une existence légale, ce qui exclut pour la raison citée ci-dessus le blasphème que représenterait Piss Christ.
La défense, quant à elle, doit être :
- nécessaire si bien qu’il n'y a aucun autre moyen de se soustraire au danger : on pouvait tout simplement ne pas se rendre voir l’œuvre, l’ignorer…
- concomitante : la réaction doit être immédiate. Or Piss Christ a été conçue et exposée depuis plusieurs années… Et Avignon l’avait déjà reçue…
- proportionnée à l'agression : produire un cliché / détruire le cliché. Et-ce là une réaction proportionnée ? Pourquoi ne pas avoir produit un cliché ou une caricature de l’œuvre pour mieux la dénoncer ?
Bref. La Légitime défense ne peut aucunement s’appliquer ici pour qualifier des exactions terroristes d’intégristes chrétiens qui n’ont aucune excuse valable pour justifier leur acte. Cette défense auprès d’un tribunal n’aurait aucune chance d’aboutir. Pire, en légitimant cet acte et en prétendant de manière imaginative ce qui serait advenu si un symbole juif ou musulman avait subi pareil sort, Jean-Marie le Pen place à part la religion chrétienne. Comme si elle se plaçait au-dessus des principes de la république. Au dessus de la laïcité même ? Plus que jamais il est temps de le rappeler : la posture laïque du Front National n’est qu’imposture !