Décidément, Jean-Louis Borloo nous aura tout fait. Après avoir prétendu avoir voté pour le PaCS quand en réalité, il s’était abstenu en 1998, le président de l’UDI a de nouveau défrayé la chronique mardi alors que se votait en première lecture le projet de loi de l’ouverture des droits au mariage et à l’adoption.
Cela fait des mois que Jean-Louis Borloo avait déclaré vouloir voter pour l’adoption de cette loi, à l’image de quelques barons de son parti qui avaient signé une tribune remarquée dans "Le Monde". Mardi, Jean-Louis Borloo a trouvé le moyen de se tromper de bouton et de voter "contre", quelques minutes après avoir déjà été à l’origine d’un tohu bohu inimaginable, vexé qu’il était de ne pas voir le Premier ministre en personne lui répondre (ce qui valut un "abrutis" aux députés de l’UDI de la part de Claude Bartolone, pourtant peu enclin à ce genre de sortie et respecté de tous, même dans l’opposition).
Jean-Louis Borloo a-t-il voulu se venger en modifiant son vote ou s'est-il trompé ? Les rumeurs enflent quelques minutes après le vote.
Très vite sur Twitter, les railleries n’ont pas manqué, au départ pour exprimer la circonspection face à ce volte-face, puis pour moquer l’erreur de Jean-Louis Borloo…
Le président de l’UDI a fini par faire rectifier le vote, et, surtout s’est fendu d’un tweet pour calmer le jeu :
Pour autant, cette sortie potache est à l’image de ce que l’UDI a montré durant ce débat : un parti sans ligne d’horizon. Un flou incompréhensible que ses membres ont nommé "liberté de conscience" sur le vote, comme l’a vociféré (au vu du ton) à l’hémicycle François Rochebloine, face à une majorité qui scandait "Bor-loo, Bor-loo, Bor-loo"), samedi 2 février dernier en plein débat sur le vote de l’article 1 :
"J’ai dit ‘la très grande majorité’ ! Nous, nous avons la liberté de vote, et vous, vous ne l’avez pas ! C’est cela qui importe !"
Le problème de l’UDI n’est pas d’avoir revendiquer une liberté de vote, ce qui est en soi parfaitement acceptable. Le problème de l’UDI sur ce projet de loi est d’avoir accepté le fait que le parti et ses militants étaient divisés sur la question, tout en laissant seulement les opposants les représenter à la tribune.
Ainsi, Jean-Christophe Fromantin a pris la tête d’une véritable croisade, alors que Jean-Louis Borloo passait de temps en temps à l’assemblée sans ne rien dire. De la même manière, quelques instants avant le vote, Jean-Christophe Fromantin a bien rappelé que l’UDI était partagé sur la question, mais l’ensemble de son discours fut une charge lourde, très lourde sur la loi :
"Sachez que la quasi-totalité des députés du groupe UDI se mobiliseront avec détermination contre cette évolution qui marquerait une étape supplémentaire dans le droit à l’enfant. Les Français ont-ils réalisé vers quoi ce texte nous emmène ? Je n’en suis pas du tout convaincu. Votre projet de loi aboutira finalement à deux questions que poseront inévitablement les enfants : ‘D’où je viens ?’ et ‘Pourquoi je n’ai pas de papa ou pourquoi je n’ai pas de maman ?’"
Et Jean-Christophe Fromantin de conclure :
"Vous estimez que ces questions ne méritaient pas de réponses. Elles sont pour nous essentielles. C’est la raison pour laquelle la majorité des députés du groupe UDI votera contre ce texte."
Le centre n'a pas existé dans le débat
Finalement, les discours des opposants de l’UDI ont calqué leurs arguments sur les réquisitoires de l’UMP. Et Jean-Louis Borloo, un des seuls à voter "pour" a trouvé le moyen de se tromper de bouton… L’UDI, tous comme les deux députés MoDem n’ont jamais trouvé leur place dans ce débat, à l’image de Jean Lassalle qui aura fait rire aux éclats l’Assemblée le 6 février dernier :
Expliquant par la suite être "à la fois déchiré et empreint d'enthousiasme" concernant le vote de cette loi, personne ne comprit ce qu’il ferait. Il aura fini par voter "contre"… Ce qu'aurait fait François Bayrou, qui s'enorgueillit de revendiquer un "mariage Canada Dry". Hors sujet.
Le centre n’aura donc pas existé sur une loi historique, que ce soit en la soutenant ou en s’y opposant. Une position illisible sur une question tranchée qui ne laisse personne indifférent. Le centre ne sait toujours pas comment se positionner et tarde à trouver une identité… Ou de la théorie de la quadrature du cercle.