Chirac l’avait promis, Sarkozy en pleine Crise Financière l’a obtenu : les Restaurateurs vont pouvoir pratiquer une TVA à 5,5% contre 19,6 auparavant. Les négociations furent âpres, et l’on a longtemps crû qu’elles n’aboutiraient pas. Et pour cause, alors qu’Outre-Rhin la baisse du pouvoir d’achat avait fait déserté depuis longtemps les restaurants, Angela Merkel avait elle eu une démarche inverse : augmenter la TVA pour garantir à l’Etat de meilleurs revenus et lutter plus facilement contre la dette. Il est des logiques allemandes que les Français feraient bien de s’inspirer quand on sait que le passage à 5,5 va coûter la bagatelle de 3,5 milliards d’euros par an, quand notre pays s’apprête à encaisser pour l’année 2010 un endettement de 7,5% du PIB doublant le seuil originel imposé par l’Europe…
Oui mais voilà, c’est promis : la baisse de la TVA entrainera l’augmentation à l’embauche et la baisse des tarifs. De deux choses l’une : soit cette promesse est de la plus mauvaise foi qui soit, soit elle est syntaxiquement incorrecte. Car ce n’est pas la conjonction « et » qui convient mais bien « ou ». La baisse de la TVA n’est pas une baguette magique. C’est juste 10 points de récupérer. Guère plus. Donc les restaurateurs ne pourront pas et baisser leur prix de manière significative et embaucher dans le même temps.
D’ailleurs certains n’ont pas besoin d’embaucher comme l’explique ce Manager d’un McDonald’s du Pas-de-Calais : « Nous n’avons pas besoin d’embaucher en plus. Nous ne sommes pas en manque de personnel. Donc nous baissons nos tarifs : le Best of Big Mac passe aujourd’hui de 5,90 à 5,55 euros ». Notons que seuls quelques menus baissent mais que le reste de la carte reste à l’identique. Pour autant la baisse n’est que de 7,62%... Et pour cause : depuis plus de 10 ans déjà, McDonald’s pratiquait le tarif unique alors qu’en réalité seules les ventes à emporter étaient taxées à 5,5%. Au Mc Do, la baisse de la TVA ne va donc pas révolutionner la grille tarifaire.
Pour les restaurateurs traditionnels, l’affaire est plus avantageuse. Mais elle restera limitée. Sur un menu à 10 euros, l’addition si la baisse est intégralement rebasculée sera de 8,86 euros soit 1,12 euros d’écart. Mais auquel cas, aucune embauche ne sera possible. La question étant de savoir si à 1 euro prêt, les Français sauront repeupler les tables désertées. Vous me direz pour les notes de 30 euros, la baisse sera de 3,36. Mais ceux qui mangent pour 30 euros ne sont pas autant préoccupés par le prix de l’addition… encore moins ceux qui payent 100 euros le repas.
A la vérité, les médias ne vont focaliser que sur les prix, bien aidés par 60 millions de consommateurs qui va crier au scandale si la répercussion n’est pas parfaitement effectuée, sans tenir compte de la dimension sociale et de l’éventuelle embauche que l’on aura fait en cuisine. Ne nous contentons pas de la chimère de la carte ostensible. Et si nous voulons que cette décision ne soit pas seulement un manque à gagner pour l’Etat, que nous n’aurions pas dû nous permettre, préconisons plutôt un accès à l’embauche qu’une baisse des prix. Et même quand on en a pas forcément besoin, quand on a les moyens, il est toujours bon d’offrir un service de meilleur qualité, et des conditions de travail plus agréables pour chacun.