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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 11:03

Chirac l’avait promis, Sarkozy en pleine Crise Financière l’a obtenu : les Restaurateurs vont pouvoir pratiquer une TVA à 5,5% contre 19,6 auparavant. Les négociations furent âpres, et l’on a longtemps crû qu’elles n’aboutiraient pas. Et pour cause, alors qu’Outre-Rhin la baisse du pouvoir d’achat avait fait déserté depuis longtemps les restaurants, Angela Merkel avait elle eu une démarche inverse : augmenter la TVA pour garantir à l’Etat de meilleurs revenus et lutter plus facilement contre la dette. Il est des logiques allemandes que les Français feraient bien de s’inspirer quand on sait que le passage à 5,5 va coûter la bagatelle de 3,5 milliards d’euros par an, quand notre pays s’apprête à encaisser pour l’année 2010 un endettement de 7,5% du PIB doublant le seuil originel imposé par l’Europe…

Oui mais voilà, c’est promis : la baisse de la TVA entrainera l’augmentation à l’embauche et la baisse des tarifs. De deux choses l’une : soit cette promesse est de la plus mauvaise foi qui soit, soit elle est syntaxiquement incorrecte. Car ce n’est pas la conjonction « et » qui convient mais bien « ou ». La baisse de la TVA n’est pas une baguette magique. C’est juste 10 points de récupérer. Guère plus. Donc les restaurateurs ne pourront pas et baisser leur prix de manière significative et embaucher dans le même temps.

D’ailleurs certains n’ont pas besoin d’embaucher comme l’explique ce Manager d’un McDonald’s du Pas-de-Calais : « Nous n’avons pas besoin d’embaucher en plus. Nous ne sommes pas en manque de personnel. Donc nous baissons nos tarifs : le Best of Big Mac passe aujourd’hui de 5,90 à 5,55 euros ». Notons que seuls quelques menus baissent mais que le reste de la carte reste à l’identique. Pour autant la baisse n’est que de 7,62%... Et pour cause : depuis plus de 10 ans déjà, McDonald’s pratiquait le tarif unique alors qu’en réalité seules les ventes à emporter étaient taxées à 5,5%. Au Mc Do, la baisse de la TVA ne va donc pas révolutionner la grille tarifaire.

Pour les restaurateurs traditionnels, l’affaire est plus avantageuse. Mais elle restera limitée. Sur un menu à 10 euros, l’addition si la baisse est intégralement rebasculée sera de 8,86 euros soit 1,12 euros d’écart. Mais auquel cas, aucune embauche ne sera possible. La question étant de savoir si à 1 euro prêt, les Français sauront repeupler les tables désertées. Vous me direz pour les notes de 30 euros, la baisse sera de 3,36. Mais ceux qui mangent pour 30 euros ne sont pas autant préoccupés par le prix de l’addition… encore moins ceux qui payent 100 euros le repas.

A la vérité, les médias ne vont focaliser que sur les prix, bien aidés par 60 millions de consommateurs qui va crier au scandale si la répercussion n’est pas parfaitement effectuée, sans tenir compte de la dimension sociale et de l’éventuelle embauche que l’on aura fait en cuisine. Ne nous contentons pas de la chimère de la carte ostensible. Et si nous voulons que cette décision ne soit pas seulement un manque à gagner pour l’Etat, que nous n’aurions pas dû nous permettre, préconisons plutôt un accès à l’embauche qu’une baisse des prix. Et même quand on en a pas forcément besoin, quand on a les moyens, il est toujours bon d’offrir un service de meilleur qualité, et des conditions de travail plus agréables pour chacun.

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commentaires

Y
Oh mais je suis d'accord avec toi : il n'y a pas de lever de bouclier à avoir. Mais je crois seulement qu'en nous faisant croire que les Restaurateurs vont d'un coup de baguette magique regler le problème de l'emploi en cuisine et une baisse des tarifs immédiatement, on nous embobine. <br /> <br /> Tu le vois bien d'ailleurs, c'est pathétique : les journalistes tentent de faire des bilans à peine quelques semaines après la baisse...<br /> En revanche, il conviendra de faire le bilan en décembre pour voir ceux qui n'ont pas joué le jeu... Et encore une fois, il ne faudra pas que la baisse des prix soit le "seul" argument recevable... Embaucher me paraît plus urgent au vu de la montée du chômage !
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C
J'avoue ne pas comprendre la levé de bouclier qu'entraine une telle mesure. C'est une mesure de soutient à un secteur professionel comme tout les gouvernements (de droite ou de gauche) en on toujours pris (secteur financier, culturel, touristique, industriel, tous ont beneficier de mesre d'aide de la part de l'Etat). Le vendre comme une mesure visant a augmenter le pouvoir d'achat est un mensonge (c'est là l'erreur du gouvernement). <br /> Mais cette mesure va permettre au restaurateur qui en o besoin d'embaucher (mesure social ayant double effet puisque en plus de créer de l'emploi elle va alleger le travail de ceux qui bosse déja ce qui n'est pas un luxe crois-moi) ou encroe de se reconstituer une trésorerie pour ensuite investir. Amélioration des locaux, rééquipement des cuisines construction d'une terrase, augmentation des salaires... les possibilités ne manque pas et au final c'est le client qui y gagne (cadre plus agréable, service plus rapide...). <br /> <br /> Si en plus certain baisse leur prix alors c'est du bonus mais ce n'est pas le coeur de la mesure.<br /> <br /> Après pour le coté dette, je ne peux qu'approuver mais c'est un secteur de dépense (ou de non recette au choix) comme un autre qui en plus aura des conséquences visible et rapide sur toute une profession.
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Y
Je n'ai pas dit le contraire. Et il n'est nul besoin de réciter Hervé-Marie !<br /> je dis juste que comme le restaurateur a le choix, je lui suggère de ne pas céder aux sirènes du toujours moins cher pour privilégier l'augmentation de salaires ou mieux l'embauche.<br /> Mais il ne faut pas rêver : 20 cts d'euro de moins sur le café ne fera pas revenir les clients par horde...<br /> <br /> Par ailleurs tu occultes le coût considérable sur les finances publiques dans notre contexte déjà alarmant...
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H
La baisse de la TVA dans la restauration est attendue depuis des années par les professionnels du secteur, cette réduction de 19,6% à 5,5% devrait se concrétiser pour les clients par des réductions de 11,8% sur leur addition.<br /> <br /> Les restaurateurs qui apposeront le macaron «La TVA baisse, nos prix aussi» ont l'obligation de réduire le prix de 7 produits au minimum sur une liste de 10 références. <br /> Par exemple, le petit noir que l'on achetait hier encore 1,60 euro passe à 1,40 euro. <br /> Les restaurateurs confrontés à une érosion de leur clientèle avec la crise attendent de cette mesure qu'elle fasse revenir les consommateurs.
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Présentation

  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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