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2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 15:41

Alors que l’Education Nationale a attiré sur elles les projecteurs tout au long de l’année scolaire, entre le non-renouvellement d’un tiers des départs en retraite et la réforme des programmes de primaire, il est temps de s’intéresser aux Zones d’Education prioritaire, dont le coût vertigineux doit aller de pair avec une efficacité incontestable en ces temps de coupes budgétaires. Quelle est leur finalité ? Quels moyens sont concrètement mis en place ? Comment sont évaluées les performances ? Peut-on savoir si elles sont efficaces ?

Le site de l’Education Nationale est clair et revient aux origines pour définir les objectifs des ZEP : « La politique de l'éducation prioritaire, mise en place en 1981, s'appuie sur une discrimination positive dans l'emploi des moyens publics au service de l'égalité des chances. Elle vise à corriger les effets des inégalités sociales, économiques et culturelles en renforçant l'action éducative là où l'échec scolaire est le plus élevé » (>http://www.education.gouv.fr/cid187/l-education-prioritaire.html).

En d’autres termes, il s’agit de mettre plus de moyens là où les élèves sont le plus en difficulté. Les moyens employés sur le terrain prennent des formes diverses :

-          Des classes qui ne peuvent excéder 25 élèves, là où certains collèges accueillent en leur sein des effectifs de 30/32 par classe.

-          Des heures supplémentaires dans les emplois du temps des élèves visant à un apport méthodologique et pédagogique.

-          Des effectifs complémentaires au sein de la vie scolaire avec des aide-éducateurs, devenus depuis des assistants d’éducation (mais leur nombre tend à diminuer drastiquement depuis quelques mois, et leur rôle ne consiste qu’à être des surveillants à présent…)

-          Des dispositifs financiers notamment l’achat des livres de poches pour les cours de français (pour pouvoir aux programmes qui préconisent 6 œuvres par niveau), quand ils sont à la charge des parents d’élèves par ailleurs. (ainsi mon collège a la disposition des enseignants et des élèves pas moins d’une centaine de séries de livres, de Molière à Primo Lévi en passant par Victor Hugo à raison d’une trentaine d’exemplaires par titre)

-          Des HSA et HSE (Heures supplémentaires « à l’année » / « effectuées ») en grand nombre pour financer les projets. (A titre d’exemple, un millier d’heures supplémentaires sont alloués pour un établissement ZEP de 300 élèves ; Le nouveau dispositif d’heures défiscalisables a multiplié jusque deux fois et demie le nombre de ces heures)

-          Des sommes supplémentaires consacrées à la nouvelle technologie pour financer les formations et surtout les infrastructures comme les classes pupitres.

Des centaines de millions d’euros sont donc investis chaque année, au détriment des autres collèges bien moins dotés (avec un budget trois ou quatre fois inférieur). Dès lors que de telles sommes sont engagées, il convient d’avoir des outils fiables pour évaluer l’efficacité d’un tel dispositif.

Pour autant, les modes d’évaluation sont imparfaits et même fautifs. Très souvent c’est le taux de réussite au brevet des collèges ou encore le taux de passage en seconde générale qui sont pris en compte. Hérésie statistique ! D’une part, il est toujours plus simple d’obtenir un très haut résultat au brevet des collèges avec les élèves de la rive gauche parisienne, même avec zéro euro, qu’avec des élèves issus de milieux favorisés, même avec toute la richesse du monde. La ZEP tend à réduire les inégalités ; mais elle n’a pas le pouvoir de les abolir…
 


D’autre part, plus de 50% de la note du brevet est déterminée par le contrôle continu (64,7 % exactement), et l’on sait qu’il existe des disparités de notations en fonction des pédagogies employées. Enfin évaluer par rapport aux passages en seconde générale sous entendraient que les filières technologiques soient la résultante d’un échec scolaire (malheureusement, trop d’enseignants et de parents d’élèves le pensent… ne cherchez pas plus loin pourquoi l’on va en Pologne chercher un plombier…)

Les ZEP ont bien essayé de créer un outil qui tente, non pas d’évaluer les élèves à un instant T, mais à évaluer leur progression en calculant la valeur ajoutée par le collège. Mais peut-on mettre sur un même pied les évaluations nationales d’entrée en 6ème et les résultats du brevet des collèges ?

Finalement, aucun outil de qualité n’est véritablement fiable. Mais une chose est certaine : eu égard aux sommes colossales investies dans le dispositif (qui explique en partie le fait qu’un collégien coûte aujourd’hui 7401 euros par an, soit une augmentation de 33% entre 91, année du renforcement du dispositif ZEP et 2004, chiffre présenté par le ministre délégué au Budget et à la Réforme de l'Etat, Jean-François Copé en octobre 2007), force est de constater que le niveau des élèves est faible, plaçant la France parmi les mauvais élèves de la classe européenne. Le français est prostitué sous la plume des élèves, les tables de multiplications ne sont pas sues même en troisième. Et ce constat est encore plus criant en ZEP qu’ailleurs. Dès lors, ce sont autant d’arguments de trop à la disposition des fossoyeurs de l’Education Nationale, les promoteurs du privé, les affolés du CAC 40 qui voient leur impôts inefficacement investis et qui brandissent des menaces financières prêtes à occulter les beaux principes de la République.

Il serait pourtant stupide de croire qu’il ne faille pas investir davantage dans les milieux défavorisés. Et la ZEP pourrait très bien y parvenir même avec moins d’argent…

Mais, soucieux de ne pas lasser par un post trop long, j’exposerai demain, tout ce qui permettrait de faire de la ZEP, l’école de l’égalité des chances, ce qu’elle n’incarne que trop peu aujourd’hui. Autant d’idée que le Mouvement Démocrate, je le pense, devra porter, pour offrir une réforme de qualité sans nécessairement couper dans le gras des effectifs, sans consultation parfois, sans nuance souvent.

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commentaires

S
Merci ma petite Hélène qui, je le signale aux lecteurs qui ne la connaitraient pas, est elle aussi affectée en ZEP ! <br /> Bonne vacances au fait :o)
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H
J'adhère complètement à tout ce que tu as écrit là!
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Présentation

  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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