Les jours se suivent et se ressemblent. Irrespirables. A peine la cérémonie de clôture terminée, Vladimir Poutine a remisé ses oripeaux d’hôte souriant pour endosser son costume favori : dictateur.
Ne jouons pas avec les maux : ce n’est pas la Crimée que la Russie vient d’occuper, c’est l’Ukraine qu’elle a envahie. Pour rappeler que sur ses anciens territoires, c’est encore elle qui dirige et décide des politiques à mener, puisqu’elle détient le nerf économique de la guerre : le gaz.
C’est alors que l’invraisemblable inertie des instances internationales saute aux yeux. Tout le monde scrute les événements de Kiev sans oser intervenir face au terrifiant Poutine. Obama a beau menacer de ne pas participer au G8 de Sotchi… La belle affaire.
L’Europe, quant à elle, reste désespérément aphasique. A quoi sert donc cette Europe quand la guerre est à ses portes, avec la moitié des pays qui frappent pour entrer, si sa seule est réponse est d’appeler à la « modération » et à la retenue ? Vendredi dernier, la Commission européenne a appelé à « une solution politique« , risible quand on sait que s’il est bien une chose dont l’Europe est dépourvue, c’est d’avoir un pouvoir politique. Une faiblesse chronique dont les racines remontent à la volonté d’avoir créé, d’abord et en priorité, un marché économique pour construire ses fondements.
Et en cette absence de volonté et de pouvoir politiques, c’est bel est bien l’Europe qui a laissé se dégrader la situation, alors que le monde entier voyait bien que la situation dégénérait. Ses menaces de sanction à l’égard de Ianoukovitch sont restées lettres mortes.
Alors il y aura toujours les nauséabonds, euros(c)eptiques ou autres anti-mondialistes qui trouveront matière pour conspuer la construction européenne qui n’est presque même plus capable de garantir ce pour quoi elle fut édifiée, la paix. Et d’ânonner l’oraison funèbre maintes fois entendue pour tout détruire sur le bûcher de ses errances. Il est tellement plus simple de tout détruire plutôt que de corriger.
La réalité, c’est que la crise ukrainienne doit, bien au contraire, donner l’envie aux postulants de Bruxelles de porter un vrai projet : celui d’une Europe politique, capable de prendre de véritables directions, et qui ne serait plus seulement un vaste marché dicté par une Commission Européenne faite d’experts sans prise avec le Peuple et qui ne représente personne d’autre qu’elle même.
Etre européiste en 2014, vouloir que l’Europe fonctionne, souhaiter qu’elle résiste dans un monde devenu plus concurrentiel que jamais, ce n’est pas défendre des Institutions en les figeant. Bien au contraire, c’est y aller pour faire d’elle une autre Europe, qui pénalise lourdement les produits de l’extérieur de ses frontières qui ne respectent pas les mêmes normes écologiques et sociales que les nôtres, qui accepte le jeu démocratique afin de donner au parlement européen un vrai pouvoir de décision quand, aujourd’hui, c’est la Commission et ses nommés qui décident de tout ou presque.
Le meilleur moyen finalement de ne pas tomber dans le piège de ceux qui veulent faire des Européennes un référendum « pour ou contre » l’Europe, c’est donc de proposer autre chose que des placebos pour lui donner les vrais moyens de réussir.
D’ici là, il reste le cas ukrainien. Et le temps presse.