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3 février 2012 5 03 /02 /février /2012 20:15

C’est devenu un hymne à la mode. Que tout l’UMP reprend en chœur et à l’unisson. Je ne parle évidemment pas d’un nouveau lip daub’, après celui dont il nous avait gratifiés il y a deux ans et après le misérable clip proposé par les hollandais, mais d’un refrain que tous les membres de la droite chantonnent dès qu’un micro se présente à leur bouche : "François Bayrou est de notre famille."

 

François Bayrou, candidat MoDem à l'élection présidentielle 2012, se rend à Sully-sur-Loire, dans le Loiret, le 16 décembre 2011 (CHAMUSSY/SIPA)

François Bayrou se rend à Sully-sur-Loire, dans le Loiret, le 16 décembre 2011 (CHAMUSSY/SIPA)

 

Drague généralisée autour du candidat Bayrou

 

Ah ! Comme dans les vraies familles, on aime se réunir lors des grandes occasions, autour de grandes tablées, même si la veille on s’est disputé âprement avec sa vieille tante ou que l’on appelle cousin une vague connaissance. "Paix générale cette fois / Je viens te l'annoncer ; descends, que je t'embrasse". On rejoue La Fontaine et on suggère une alliance "naturelle".


Il faut dire que toute la "famille" y est allé de bon cœur : JuppéWauquiezGuéantBaroinRosso-Debord… cette dernière allant même jusqu’à déclarer ce mercredi 1er février, interviewée par les équipes de Canal et iTélé suite à l’annonce du projet économique de François Bayrou, que ses propositions étaient très proches de celles que l’UMP préconisait. Gonflée !


De l’autre côté, chez les hollandais, on change de discours comme de chemise. Il faut dire qu’après la création de 60.000 postes de professeurs, puis la création de 60.000 postes dans l’enseignement, et au final un redéploiement de 60.000 postes au profit de l’éducation, l’humeur est à l’évolution. Il y a peu, on évoquait un François Bayrou dans un gouvernement de gauche. Puis on décida de le laisser au centre. Mais au diable l’avarice, pourquoi en faire si peu, quand on peut placer le bougre à droite !

 

Et comment s’étonner de cet accord parfait sur la question avec l’UMP quand on sait que Bruno Le Roux, porte-parole de François Hollande, déclarait cette semaine : "La période qui vient de s'écouler a rebipolarisé (sic) le débat. On revient à un duel Hollande-Sarkozy, quand ces derniers temps certains commentateurs avaient trop facilement installé un match à quatre."


Amis du manichéisme, vous voilà rassurés. L’hydre bipartite renait de ses cendres tel un Phénix ! Alors pourquoi marteler ce qui finalement serait une évidence à les entendre de concert ? Quelle stratégie se cache derrière ce pilonnage d’un enfermement de Bayrou à droite ?


A gauche, l’équation est assez simple : François Bayrou piétine les plates-bandes de François Hollande et prend quelque peu sur l’électorat centre gauche du PS. En droitisant Bayrou, l’équipe de François Hollande espère bien récupérer ce manque à gagner pour garantir le premier tour. Mais l'objectif prioritaire est surtout d'empêcher Bayrou d'atteindre le second tour, là où il serait un candidat autrement plus redoutable que le Président sortant. Ce que confirme Laurent Neumann, rédacteur en chef de "Marianne", qui évoque à mots couverts les sondages commandés en interne dans les QG des deux principaux favoris :

 

Sondages second tour : Bayrou vainqueur dans... par buildfreedom

 

Le candidat MoDem : un important réservoir de voix


Pour autant, la partie est loin de se résumer à une caricaturale attaque à tout va à l’encontre de François Bayrou, qui semble se diriger, quoi qu’il arrive vers un score à deux chiffres. Car il faudra bien, tôt ou tard, rassembler les électeurs, ou pour le moins la majorité d’entre eux autour de la candidature de François Hollande. Et même dans les meilleures prospectives, l’association des voix de Hollande, Mélenchon et Joly dépasse à peine les 40%...


A droite, c’est encore plus étriqué. François Bayrou doit être ramené dans le "giron familial". Quitte à laisser quelques circonscriptions en offrandes. Un piège gros comme une maison qui ne dupe personne et agace même sérieusement le Président du MoDem. A quoi joue l’UMP ? Sa stratégie s’échafaude sur les deux tours.

 

Concernant le premier, il convient de dire que François Bayrou et l’UMP sont sur la même longueur d’ondes et finalement, quitte à voter pour le même programme, autant voter pour le candidat sortant. Très habile : nous invitons donc Nicolas Sarkozy à se déclarer pour le vote des étrangers aux élections locales, pour l’homoparentalité, et bien évidemment pour la proportionnelle aux élections législatives. Vous verrez très vite que les barons de l’UMP ne se trouveront tout d’un coup plus autant d’accointances avec le Béarnais…


L’autre partie du plan réside dans le report de voix au second tour. En adoucissant sa voix, l’UMP veut voir dans l’électorat du Béarnais un apport de voix dont elle a désespérément besoin, celles du FN risquant de s’éparpiller en cas de non-qualification de sa candidate entre l’abstention et l’anti-sarkozysme primaire… Mais comme le rappelait François Bayrou en décembre dernier, certains ont une vision de la famille… recomposée.

 

La danse du ventre de l'UMP par snoopyves1

Pour être au centre, il faut être indépendant

 

Il est vrai que les choses sont différentes avec Dominique de Villepin, qui même au plus fort de la lutte, rappelait dès 2010 à quelle famille il appartenait envers et contre tous…


Le hic, c’est bien évidemment que François Bayrou a définitivement rompu avec cette famille. Une scission qui remonte à 2002, quand Jacques Chirac s’est assis avec arrogance et fracas (au point de ne pas toujours surveiller son langage…) sur les sensibilités qui formaient la pluralité politique de ce pays.

 

Depuis 2002, l’UMP a surtout permis au centre de quitter son hémiplégie droitière pour s’émanciper et véritablement prendre son indépendance. Il y a bien évidemment eu quelques Tartuffe qui ont gâché la fête en voulant s’inviter au festin des centristes, par pure opportunisme, et qui ont rejoint des banquets plus appétissants encore. Mais ceux qui sont restés ont le cuir épais, et surtout tous ceux qui ont tant souffert d’être du MoDem sous l’ère Sarkozy. Le MoDem n’est assurément pas de droite. Ni de gauche d’ailleurs.

 

François Bayrou au forum de la fondation Abbé Pierre, le 1er février 2012 (AFP PHOTO / FRED DUFOUR)

François Bayrou au forum de la fondation Abbé Pierre, le 1er février 2012 (AFP PHOTO / FRED DUFOUR)

 

Le MoDem refuse de s’inscrire dans cette vision partisane, stérile et futile, qui complait ceux qui aiment le jeu des chaises musicales, parce qu’à ce jeu, si vous perdez à une élection, vous vous rattraperez dans une autre. Et ce n’est pas Rachida Dati et Jack Lang qui diront le contraire, pour citer deux des représentants les plus symptomatiques de ce mal français.


Mais le plus grave dans tout cela, c’est que dans ce joyeux tumulte, où UMP et PS s’accordent comme larrons en foire, les uns en préférant le Président comme adversaire, et les autres en souhaitant un syndrome "jospino-ségolien" s’abattre sur François Hollande, il y en a une qui à chaque sortie abêtissante de ces joutes bipartites, engrange à n’en plus finir des voix. Classez, posez des étiquettes, mêmes les plus funambulesques sur tout le monde, et c’est la génitrice de "l’UMPS" qui triomphera. Et là, c’est sûr, ce ne sont pas les mêmes qui rigoleront

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Présentation

  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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