Elle l’a écrit. Le Mouvement Démocrate ne donne pas suffisamment sa chance aux jeunes.
Je n'ai plus le temps de régler mes comptes avec la génération politique au dessus de la notre. Plus le temps de quémander des places pour des gens porteurs d'idées nouvelles. Trop de gens biens en bas des partis. Trop de nazes à l'Assemblée qui squattent depuis 30 ans. Ils n'ont pas voulu de nous.
La condamnation est sévère : « Ils n’ont pas voulu de nous ».
Alors le dévoilement dimanche dernier des places éligibles pour la prochaine Européenne lui donne assurément raison : aucun membre des Jeunes du Mouvement Démocrate ne figure à cette place. Il s’en est pourtant fallu d’un rien. Une candidate de 31 ans a bien failli être tête de liste de la Région Centre. Oui mais voilà : la dite-postulante désirait une autre région, et a finalement décliné l’invitation. L’on ne refera pas l’histoire, mais Quitterie Delmas, qu’on le veuille ou non a mégoté sur la proposition qu’on lui a faite et que tant de personnalités n’auraient jamais refusée. Une affaire d’ego, d’autant que pour les Européennes vous ne représentez rien d’autre que votre pays et non pas un pseudo découpage électoral, mal alambiqué, mal pensé, mal vécu.
Pour autant, Quitterie Delmas soulève une question importante : laisse-t-on suffisamment la place aux Jeunes dans le Mouvement Démocrate ? Les anciens nous laisseront-ils enfin leur place ?
Certains font un parallèle intéressant avec le monde du travail et mettent en exergue ce paradoxe typiquement français : pour avoir un emploi un emploi il faut de l’expérience, et pour avoir de l’expérience il faut avoir eu un emploi. La situation du monde politique calquerait-elle l’ironie du sort du monde professionnel ? La réponse est assurément : NON
Car lorsque, tout juste sorti de son école, le néo-travailleur postule à une fonction, il entend bien commencer au bas de l’échelle, quelle qu’elle soit car il y a des échelles naturellement plus élevées et mieux placées que d’autres, et aspirent à progresser tout au long de sa carrière. Quand une Jeune Démocrate demande à être en place éligible il demande de suite à être dans les meilleurs places… La nuance est énorme.
Mais l’Age, au fond doit il entrer en compte ? Que doit primer dans cette compétition permanente ? Ne serait-ce pas les idées, l’éthique, la capacité à les diffuser, à convaincre, à séduire aussi ? L’age ne devient alors qu’une étiquette… la même que celle de l’origine, de notre sexe, de notre religion … Alors au nom de quoi être jeune devrait être différencier ? Au nom de quoi cette envie de singulariser par l’âge ? Profiter de la théorie très à la mode des quotas pour gagner des places non sur le terrain des idées mais sur l’affichage naturelle du temps qui passe ? Est-ce une manière éthique d’entrevoir la politique ?
Et allons plus loin même : quid de l’intérêt du Mouvement des Jeunes Démocrates ? Quel est son rôle aujourd’hui au sein des militants ? Au sein de la politique ? Au sein de la cité ? Combien de fois ai-je entendu « Au fait, t’as des nouvelles des jeunes Démocrates ? ». Aucune, assurément aucune. François Bayrou n’a jamais été très partant à l’idée de garder cette entité « jeune ». Et je le rejoins sur ce point : si les jeunes ont des idées et du talent, qui peut les empêcher de s’affirmer et de prendre la place qu’ils estiment la leur dans le rôle politique ? Dans la section de Lille, dans le Bureau élu, la moitié des élus sont des jeunes à en croire les statuts ? Cela les différencient-ils des autres quand ils parlent de problèmes locaux et de politique internationale autour d’une table. Pour faire encore partie de ces « jeunes » je peux vous dire que je suis tout autant écouté que notre coordinateur qui anime avec talent notre bureau et qui compte pourtant 14 printemps de plus…
Parce que la véritable question est celle ci : que signifie le fait d’être jeune en politique ? Dans un pays qui voit l’âge moyen d’un électeur atteindre… 51 ans, la question mérite d’être posée. D’autant plus que je connais des leaders politiques qui approchent la soixantaine et qui n’ont jamais été aussi jeunes…
Alors à mon avis, la théorie Dalmassienne tombe à l’eau. On veut de nous… Et nous voulons travailler avec eux… Sans l’ombre d’un doute !