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22 juin 2012 5 22 /06 /juin /2012 09:43

Jean Glavany et Elisabeth Guigou au Conseil national du PS, le 19 juin 2012 (CHESNOT/SIPA)

Jean Glavany et Elisabeth Guigou au Conseil national du PS, le 19 juin 2012 (CHESNOT/SIPA)

 

PARITÉ. Des quatre prétendants au perchoir ce jeudi pour l’Assemblée nationale, il y a peu de chances que Jean Glavany sorte le vainqueur. Non que l’ancien directeur de campagne de Lionel Jospin soit dénué de qualités, et plus personne ne lui tient encore rigueur de ne pas avoir suffisamment pris au sérieux la menace Jean-Marie Le Pen lors de la campagne de 2002.

 

Et Glavany se prit les pieds dans le tapis

 

Son problème est bien plus récent, puisqu’il date de mercredi, quand il a voulu doubler Elisabeth Guigou, donnée favorite pour le poste convoité par une Ségolène Royal lâchée dans les urnes, et qui n’a pas hésité pour convaincre les députés de l’assemblée à déclarer : "Il faut absolument faire avancer la parité. Il est très important qu'aux plus hautes fonctions de l’État, il y ait au moins une femme."


À cela, Jean Glavany n’a pas pu trouver plus intelligent à dire que cette formule aussi sexiste que rédhibitoire : "L’adéquation d’un homme pour le poste, cela ne se mesure pas à la longueur des cheveux ou de la jupe. (…) Je suis le candidat de la France dans toute sa diversité."

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Jean Glavany n’a pas été finaud. Dans une société toute médiatique qui s’empare du moindre lapsus pour en faire des gorges chaudes, rebaptisées "buzz" dans le langage 2.0, ce genre de sortie est suicidaire dans la perspective de la course au perchoir.

 

Et il est toujours surprenant de voir qu’au PS, les vieux réflexes de cette France rance et sans égard pour la gent féminine l’emporte sur le bon sens de l’image et de la communication, qui est pourtant une des pierres d’angles de la politique. Comme si c’était plus fort qu’eux. Pavlovien. Et qui n’est pas sans rappeler les amabilités lancées à Ségolène Royal à l’automne 2006, lors de la primaire socialiste…

 

La première qualité de Guigou selon elle ? Sa féminité !

 

Il faut dire que les femmes du PS en profitent bien et n’hésitent pas à surjouer de leur rôle de femme connaissant à la perfection la faiblesse de leurs adversaires à moustache (ou pas d’ailleurs…). Pourquoi Elisabeth Guigou a-t-elle absolument tenu à mettre en avant sa condition de femme avant d’énumérer les qualités innombrables qui lui permettent de postuler au poste de président de l’Assemblée ?

 

Seulement voilà, la parité est un sujet qui trouble la fête des politiques. Et pour cause : si François Hollande a bel et bien fait ce qu’il faut pour proposer un gouvernement paritaire, force est de constater que les postes-clés sont tenus par des hommes : Vincent Peillon à l’Éducation, Laurent Fabius aux Affaires étrangères, Pierre Moscovici, Jérôme Cahuzac et Benoit Hamon (trois hommes !) au poste de l’Économie. Seul le pôle de la Justice, avec Christiane Taubira et Delphine Batho, sauve la maigre mise.

 

Christiane Taubira et Delphine Batho font leur entrée au gouvernement, le 17 mai 2012 (ALFRED/SIPA)

Christiane Taubira et Delphine Batho font leur entrée au gouvernement, le 17 mai 2012 (ALFRED/SIPA)

 

Mieux : à l’Assemblée nationale seuls 27% des députés sont des femmes, contre 18,5% en 2007, quand la moitié de la population est française... Malgré une loi sur la parité votée en 2000, la cause féminine n’a pas suffisamment avancé, et la France fait partie des pays qui leur laissent la partie la plus congrue.

 

Tout est fait pour contourner la loi. Lors des législatives, une blague circulait à droite, qui en disait long sur l’état d’esprit : "Comment appelle-t-on une candidate UMP aux législatives ? Une suppléante !" Même si la loi sanctionne à présent financièrement les partis, il n’y a toujours pas de parité respectée, et seuls les Verts peuvent s’enorgueillir d’avoir élu autant de femmes que d’hommes.

 

Il ne faut pas une parité mécanique par quotas

 

Pour autant, il serait simpliste de croire que seule le machisme archaïque explique ce déséquilibre. La réalité, c’est qu’il y a beaucoup plus de militants que de militantes dans les groupes politiques. Et plus ce dernier est restreint, plus ce déséquilibre est criant.

 

Au MoDem, nous avons pris l’habitude d’alterner les prises de parole dans les assemblées et autres conseils. Et il est arrivé parfois de faire parler les mêmes femmes plusieurs fois afin de respecter scrupuleusement le principe.

 

De la même manière, combien de femmes ont été placées assez haut dans des scrutins de liste pour remplir les conditions de la parité, davantage que pour leurs véritables compétences ? Si l'on y ajoute des quotas sur la "diversité", comme on le dit avec beaucoup de précaution dans les rangs politiques, et l’implantation géographique, vous comprendrez pourquoi les investitures provoquent tant d’irritation dans les rangs des militants...

 

Croire que les femmes seraient moins intéressées par la politique que les hommes serait évidemment une profonde erreur. La difficulté ne réside évidemment pas dans les gènes, mais dans l’organisation de la société elle-même : tout comme dans le domaine professionnel, combien de femmes doivent prendre en charge les tâches ménagères et s’organiser autour des enfants, quand leur mari en profitent pendant ce temps pour, eux, assister aux réunions militantes ? En d’autres termes, la loi sur les quotas ou les pénalités financières ne changeront rien tant qu’une solution ne sera pas trouvée pour que les femmes puissent consacrer un temps égal à leur engagement que les hommes.

 

Mais une chose est certaine : ce n’est certainement pas en disant que la compétence ne se mesure pas à la longueur de la jupe que l’on fera avancer la cause des femmes…

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20 juin 2012 3 20 /06 /juin /2012 19:51

   

Nous avions quitté Hervé-Marie Morelle lors de la campagne des cantonales. En héraut des illettrés. Son message de départ avait ce je ne sais quoi de troublant. Cachez le, lui que je ne saurais voir. Lui ? Mais le sein bien évidemment :


H2M2

 

Investi pour les législatives, force est de constater qu’Hervé-Marie Morelle n’a pas changé.  Laminé au second tour par Bernard Roman, avec le score le plus faible qu’un candidat UMP ou de droite tout simplement a obtenu le deuxième dimanche dans tout le Nord-Pas-de-Calais, il a quitté la campagne comme la précédente, en honorant la langue française. Mais reconnaissons-lui la beauté du geste. Se voulant fidèle partisan de la langue de Molière, lui qui prétend être professeur d’Histoire Géographie ou bien encore assistant éducatif des études du soir, ce qui est fortement contesté par de nombreuses sources comme le rapportait Nord Eclair durant la campagne, il a osé l’imparfait du subjonctif. Confessons ce péché d’orgueil : il n’a rien inventé. Nicolas Sarkozy s’y était essayé devant des Français abasourdis de voir le pourfendeur syntaxique s’enhardir de la sorte à l’époque.


 

Mais Guaino n’est pas la plume de Monsieur Morelle nul ne l’ignore.  Et le petit Hervé-Marie n’aurait pas dû confier la rédaction de son communiqué aux jeunes en difficulté qu’il prétend aider chaque soir. Il fallait qu’il fût (et non "fusse") plus pointilleux, notre jeune ami…



H2M fautes

 

A moins que cette faute n’ait pas été fortuite mais qu’elle ait été le fruit d’une machination diabolique dont Hervé-Marie Morelle, H Meuh Meuh pour les intimes, aurait été l’innocente victime :


Victimisation H2M

 

A moins qu’il n’ait, à nouveau, fait participer son homme de main, qui aime tant écrire avec ses pieds et qui sur ces pages m’envoya il y a encore 15 jours ce message si affectueux et si bien écrit :


Capture d’écran 2012-06-20 à 21.03.37

 

A moins tout simplement qu’Hervé-Marie morelle ne sache tout simplement pas écrire, puisque même sur ses tracts, il défie la règle de l’accord de l’auxiliaire avoir :


Tract faute

 

Vétille que tout ceci, car il faut être honnête, la campagne des législatives d’Hervé-Marie Morelle fut un véritable parcours "cent fautes".  Il est d’ailleurs bien difficile d’en sélectionner un florilège qui ne s’étende pas trop en longueur. Aussi tâcherons-nous d’être d’aller à l’essentiel pour ne pas faire mourir d’ennui nos lecteurs.

Tout d’abord, égayons-le un peu par quelques images. S’il avait devant lui, disons un peu plus de 7 minutes, nous ne saurions trop lui conseiller de regarder amoureusement son clip de campagne. Car Hervé-Marie Morelle a publié son propre clip, à lui tout seul. N’oublions pas qu’il fut costumier du Lip Dub de l’UMP, un gage de qualité dans un CV. En revanche son budget ayant dû se réduire au cours de la campagne (nous y reviendrons longuement, ne soyez pas si impatients), il a dû faire les moyens du bord pour le mixage du son. Aussi au dessus de cette magnifique musique champêtre entrainante, la voix off caverneuse des toilettes de la célèbre brasserie lilloise Chez Morelle gâche quelque peu le rendu. De même que les enchaînements maladroitement maîtrisés de Windows Movie Maker coupent parfois les dithyrambes déclamés en l’honneur du candidat en pleine acmé… Mais soyez indulgents braves amis, et reconnaissez la densité de l’action de l’intrigue : Hervé-Marie parle aux jeunes Pop' du marché de Wazemmes, Hervé-Marie filme dans le métro et son image reflète dans la vitre (oh la belle anamorphose), Hervé-Marie parle dans un micro sans que l’on puisse apprécier l’assistance, Hervé-Marie parle à ceux qui tractent avec lui mais qui prétendent qu’ils sont de simples citoyens…

 

 

Je ne doute pas un instant que ces images vous ont illuminé votre journée. Et je suis sûr, qu’après coup, certains d’entre vous regrettent de ne pas avoir glissé dans l’urne ce magnifique bulletin qui exprime tant d’humilité, surtout comparé à ceux de ses adversaires :


Tracts

D’autant que notre pauvre ami a beaucoup souffert durant sa campagne. Pensez donc ma brave Dame vous n’imaginez même pas.

Tout commença par son méchant mandataire financier qui voulut provoquer un scandale en divulguant à la presse des informations forcément erronées sur les comptes de campagne d’Hervé-Marie. Jean-Claude Puchaux expliquait que le candidat investi par l’UMP avait explosé les 28000 euros de son budget (!!!! pour ma part il s'est monté à 800 euros...) et qu’il avait dû demander une rallonge de 5000 euros pour éponger ses dettes de campagne de la cantonale… Fort heureusement, l’impétrant revint sur ses mots, et expliqua avec clarté et beaucoup de crédibilité qu’il s’agissait d’une fausse alerte. D’ailleurs, Monsieur Puchaux dut jeter l’éponge en pleine campagne pour raisons médicales.

Sauf que l’affaire n’en resta pas là. A moins d’une semaine du scrutin, la femme du mandataire décida de porter plainte pour, tenez-vous bien "détournement de fonds et abus de confiance". L’occasion pour Monsieur Puchaux d’affirmer que les raisons médicales avancées pour son retrait n’étaient que… diplomatiques :

"Je n'étais jamais mis au courant des dépenses, on me cachait tout. Je découvrais bien après des factures faramineuses, alors que je suis censé donner les ordres d'achat" pestait alors celui qui n’était plus le mandataire financier d’Hervé-Marie Morelle.

C’est alors qu’une deuxième plainte vint confirmer la première, cette fois-ci de la part du mandataire lui-même (et non plus de sa femme, vous suivez ?) dans l’entre-deux tours, histoire que tout le monde saisisse bien les tenants et les aboutissants de l’affaire : usurpation d'identité, faux et usage de faux. "En cause, les documents financiers de la campagne électorale que Morelle aurait signé en lieu et place de la seule personne autorisée à le faire : le mandataire."


HMeuhmeuh

Pauvre Hervé-Marie. Attaqué en pleine campagne dans de sombres affaires de financement ce dont Eric Dillies, candidat pour le FN, s’est fait le porte voix en diffusant des tracts (une tradition du parti, même si le candidat Morelle peut d’être estimé heureux de ne pas avoir été grimé avec la moustache d’Hitler comme ce fut le cas pour un fameux candidat dans le 11ème du Pas-de-Calais), il a décidé de contre-attaquer… Et on le comprend : ce n’est pas seulement sa campagne des législatives qui encourt l’invalidation mais aussi celle des cantonales.

Mais comme le proverbe le dit, jamais deux sans trois. C’est donc un troisième procès qui devrait s’ouvrir pour Hervé-Marie Morelle après ces législatives. Il n’est alors plus question de détournement de fonds, mais toujours d’usurpation d’identité. Le Douaisis dont il est originaire serait-il une terre fertile en carnavals et autres bals masqués pour qu’à ce point notre petit Hervé-Marie ait prit goût à travestir son identité en toute occasion ? Toujours est-il que cette fois-ci c’est un militant UMP qui s’en plaint. L’objet du délit ne se trouve plus sur le Web. Mais comme je ne puis rester sans récompenser votre patience, je vous offre les preuves de l’objet du délit : le site qu’Hervé-Marie Morelle a dédié à… Bernard Roman. Oui, car si notre valeureux candidat se plaint à présent d’avoir été victime d’une cabale et de calomnies, il n’a pas hésité, lui, à communiquer seulement sur les idées, sans le goût de la caricature, sans approcher aux limites de la diffamation. C’est cela aussi les valeurs de l’UMP.

Ainsi, sur feu Tournonslapageduroman.fr, plusieurs questions s’orientent autour du "sulfureux" Bernard Roman, qui est au cœur de courts articles argumentés de déclarations de cadres de l’UMP :

Bernard Roman est-il un député indigne ?

 Roman indigne

Roman est-il un stalinien ?

 Roman stalinien

Roman : un franc-maçon est-il prêt à tout ?

 Roman FM

Roman, candidat à sa succession à l’âge de la retraite

 Roman retraite

Et pour finir le très raffiné "Roman et DSK"

 Roman DSK

On le voit, tout n’est que nuances, délicatesses et tirs à fleurets mouchetés, au-delà de toute indignité possible.

Seulement voilà : David Guenard, qui avait donné son accord verbal pour un site, a découvert que celui-ci avait bel et bien ouvert et que son nom était évoqué sans son accord : "j'avais donné un accord verbal pour l'aider à créer un site mais, ensuite, je n'avais plus eu de nouvelles. Il y a eu usurpation d'identité, en plus des propos diffamatoires. Je suis majeur, je n'ai pas demandé l'avis des cadres de l'UMP. Ça fait des années qu'on le couvre, là c'est le pompom (sic) !"


Capture-d-ecran-2012-06-20-a-21.41.54.png

Ainsi vont devoir se terminer les aventures rocambolesques et drôlatiques d’Hervé-Marie Morelle, l’homme qui fit une campagne "cent fautes" aux législatives. Oh, je vous ai épargné encore quelques perles comme le fait d'avoir réservé le financement provenant de ses voix du 1er tour au CNIP, Centre National des indépendants et des paysans, alors que c'est l'UMP qui a financé sa campagne, mais aussi sa déclaration à DirectLille quand il estime qu’en 2012 "les gens sont propres, ils se lavent tous les jours" ou encore sur le fait qu’il se fasse accompagner au tractage sur le marché de Wazemmes par Eric Portejoie, candidat aux cantonales 2004 pour le compte du… FN.

Mais heureusement toutes les bonnes choses n’ont pas nécessairement une fin. Il vous suffira d’ouvrir les pages "Justice" de vos quotidiens régionaux pour connaître la suite et la fin des pérégrinations d’Hervé-Marie Morelle. Je suis sûr que vous en salivez d’avance…

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 09:22

François Bayrou à Bizanos, le 17 juin 2012 (G.COLLET/SIPA).

François Bayrou à Bizanos, le 17 juin 2012 (G.COLLET/SIPA).

 

Les législatives ont définitivement rendu leur verdict. Peut-on réellement parler de surprises ?

 

La gauche a confirmé son élan de l’élection présidentielle, un classique de la Ve République, avec un PS qui détient à lui seul la majorité absolue. Un groupe Europe Écologie-les Verts va sans doute voir le jour à l’Assemblée pour ce qui convient d’appeler le "casse" du siècle. L'UMP est à la dérive, après avoir fait la manche en piquant dans les poches du FN. Et ce même FN fait son entrée à l’Assemblée nationale puisque les électeurs auront finalement préféré l’original à la copie.

 

Et le MoDem dans tout cela ? Bien peu de choses. François Bayrou, comme prévu, n’a pas résisté à sa triangulaire, comme ce fut déjà le cas à Pau lors des municipales de 2008. Quand à Jean Lassalle, il a lui triomphé non sans mal, après le ralliement de l’UMP, dans la 4e circonscription des Pyrénées-Atlantiques.

 

Ces deux destins résonnent comme le palindrome le plus éclairant : le MoDem ne sera jamais parvenu à se frayer une ligne claire, indépendante et libre aux côtés des deux grands épouvantails du bipartisme.

 

Il lui aurait fallu attendre la chute de l’un des deux, comme Bayrou en profita en 2007 avec la faiblesse de la candidature de Ségolène Royal. L'incapacité de celle-ci à mettre la main sur le PS lors du congrès de Reims à l’automne 2008, dans les conditions que l’on sait, aura scellé les si grands espoirs du MoDem. Le PS peut à ce titre remercier Martine Aubry.

 

Une drôle de tradition

 

Étrange tradition que celle qui veut que le chef de gouvernement tout fraichement nommé dépose sa démission au lendemain des législatives alors même que son parti vient de dominer ces élections. Une épée de Damoclès planait sur la tête des ministres qui s’étaient portés candidats, certains renonçant même à courir ce risque comme Najat Vallaud-Belkacem.

 

Au final, personne n’a mordu la poussière. Les seules figures de proue à avoir échoué n’avaient pas été nommées : Jack Lang, qui a vu son parachute se coincer en pleine descente, après une carrière si riche en saut périlleux à haut vol. Et bien évidemment Ségolène Royal, qui a payé au prix fort des rôles distribués à l’avance et le "deux poids deux mesures" insolent du PS, capable d’avoir l’arrogance de demander à Falorni de se retirer à La Rochelle tout en demandant à Slimane Tir, pourtant arrivé second derrière Dominique Baert, dissident PS à Roubaix, de se maintenir.

 

La sanction sera sans pitié : les deux candidats de la majorité présidentielle feront moins de 40% des voix au second tour.

 

Les communistes refusent de participer

 

Aussi, la tentation est grande de vouloir donner son lot de consolation. Le perchoir promis à Ségolène Royal devait sécher les larmes coulées de désespoir de voir ses illusions présidentielles se dissoudre brutalement. Un ministère pourrait bien effacer ce tweet qu’elle maudira longtemps.

 

Mais le remaniement ministériel pourrait voir d’autres surprises que ces opérations de maintenance internes et cosmétiques. Conscient que François Hollande a été élu avec un score beaucoup plus serré que les sept mois de campagne ne le laissent présager, Jean-Marc Ayrault ne peut se contenter de servir son parti. François Hollande n’a pas laissé entendre que sa politique serait seulement et simplement partisane. Alors ce lundi matin, sitôt l’annonce de la démission du gouvernement connue, des voix ont commencé à se faire entendre.

 

Claude Bartolone a ainsi évoqué la possibilité de faire entrer des communistes au gouvernement. Une éventualité balayée dans la foulée par Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, qui aurait expliqué que "les conditions n’étaient pas réunies" dans un congrès tenu à huis clos.

 

Le centre doit changer de stratégie

 

Entre temps, une autre voix s’est fait entendre. Et celle-ci aurait de quoi expliquer les réticences du PCF : celle de François Rebsamen, président du groupe socialiste au Sénat. Il s’est déclaréfavorable à l’entrée du MoDem au gouvernement : "Même si cela ne dépend pas de moi mais du président de la République, je suis favorable à ce que ceux qui ont soutenu ou voté François Hollande soient représentés ou associés d'une manière ou d'une autre au gouvernement, donc des membres du MoDem", a-t-il déclaré.

 

L’on remarquera l’alternative remarquable : "soutenu ou voté", qui n’exclut donc pas François Bayrou, qui, s’il avait laissé libres ses électeurs de choisir, s’était prononcé à titre personnel pour François Hollande.

 

Cette éventualité ne sera pas sans faire grincer quelques dents, y compris au sein du MoDem, mais elle réjouira ceux qui sont partisans d’un changement de stratégie chez les centristes. Partisans dont je fais partie.

 

J'ai expliqué que le MoDem s’abîmait à vouloir rester indépendant sans ne plus rien représenter. Le mouvement de François Bayrou doit avoir la lucidité de comprendre que son pari (car c’était un pari de croire que l’on pouvait faire mentir les lois mécaniques de la Vème République qui accouchent naturellement du bipartisme) a échoué.

 

C’est en travaillant avec les autres et avec courage que les valeurs démocrates triompheront. Le MoDem ne peut pas se contenter de désirer ardemment l’union nationale et refuser de mettre les mains dans le cambouis s’il n’en est pas le centre. Ce serait folie et arrogance de le prétendre et d’un sectarisme au moins aussi trempé que celui qu’il reproche aux deux grands.

 

Rompre l'isolement

 

Quand des valeurs se partagent, et nos visions sur la société se rejoignent, pourquoi ne pas travailler sur certains sujets ?

 

Nous sommes les premiers à estimer que certains domaines sont trop essentiels pour ne pas s’abîmer dans les querelles partisanes, comme l’éducation par exemple : pourquoi le croire en théorie et le refuser en pratique ? C’est avec humilité que nous devons, non pas réclamer des maroquins, mais nous rendre disponibles pour travailler au service des Français. Ni plus, ni moins.

 

Et si François Bayrou mettait son orgueil dans sa poche et acceptais d’entrer au gouvernement Ayrault ? Dimanche soir, il a assumé avec une incomparable élégance sa défaite. Dans la dignité. Son discours empreint de noblesse avec des allures de tragédies.

 

Le président du MoDem a alors esquissé l’éventualité d’une situation qui s’aggraverait pour revenir sur le devant de la scène. Mais pourquoi attendre que tout aille mal pour agir, maintenant ?

 

Une même vision de la France

 

Le Béarnais a dit vouloir prendre du recul, mais combien sont ceux qui reconnaissent son talent, son courage politique et sa vision ? Qui ne sait aussi qu'au-delà du président du MoDem, des femmes et des hommes ont construit ce mouvement sur des valeurs que nul ne conteste aujourd'hui ?

 

Certains disent même que Hollande a été élu avec un programme socialiste et gouvernera avec celui de François Bayrou... Sans prendre à la lettre cette boutade, qui oserait prétendre au MoDem ne pas se reconnaître dans la vision de la France du programme de François Hollande sans se renier un peu ?

 

Encore une fois, il n’est nulle question de renier ce que l’on est. Nous avons un désaccord profond avec le budget annoncé et les projections de croissance qui sont contradictoires avec ce qu’annoncent les spécialistes de la question.

 

En ce sens, nous sommes plus que réservés sur les 60.000 postes dans l’éducation et les 150.000 emplois avenir. Mais combien de fois faudra-t-il rappeler que l’on peut toujours amender des promesses faites dans la démagogie d’une campagne quand on ne peut s’accommoder de la prostitution des valeurs opérées par la droite et Nicolas Sarkozy ?

 

Ce qui fut intenable il y a cinq ans devient possible aujourd’hui. Pour Bayrou, mais aussi pour tous ceux qui autour de lui partagent les valeurs du MoDem, avec fidélité depuis un lustre, et certains même davantage. À condition, bien évidemment, d’y mettre un peu d’humilité et beaucoup de courage.

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14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 09:21

Ségolène Royal et Olivier Falorni à Paris et la Rochelle en 2011 et 2012 (X.LEOTY/A.KLEIN/AFP)

 Ségolène Royal et Olivier Falorni à Paris et la Rochelle en 2011 et 2012 (X.LEOTY/A.KLEIN/AFP).

 

Le feuilleton Trierweiler n’en finit plus de battre son plein. Exercice de style rébarbatif dans lequel chacun croit trouver le ton juste. En vain.

 

L’UMP use et abuse d’une mauvaise foi sans nom, oscillant entre humour noir et condescendance, tout heureux de voir sa danse de Salomé avec le Front national glisser au second plan.

 

Pourtant, la honte devrait leur interdire toute suffisance : entre Nadine Morano qui s’exhibe en une de l'hebdomadaire Minute, d’autres qui se trouvent des valeurs communes avec Marine Le Pen, ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet, dont on avait du mal à reconnaître en elle en début de semaine l’auteur du livre "Le Front antinational"…

 

Tout laisse à croire que la droite va encore plus loin que l’épisode de 1998 qui avait vu des présidents de régions se faire élire par les voix du FN.

 

L'indécence des parachutages

 

Le PS lui n’en finit plus de flinguer celle qui refuse qu’on la considère comme la "Première dame de France", en la désignant comme l’âne malade de la peste, à qui le lion François Hollande a laissé une liberté qu’il faudrait à présent restreindre à tout prix.

 

Haro sur le baudet. S’il fallait trouver une seule responsable, celle par qui tous les maux naissent, à commencer par une probable répercussion lors du second tour des législatives, ce serait donc elle, Valérie Trierweiler.

 

Ces acteurs de la vie politique se trompent de cible. La seule responsable de tout cela, c’est Ségolène Royal, ou plus précisément la candidature de Ségolène Royal. Et sa défaite annoncée par un sondage mercredi soir, dans des proportions larges, laisse à penser qu’elle serait avant tout une victoire morale. Une double victoire morale même.

 

Tout d’abord, cette défaite condamnerait au fer rouge l’indécent partage des postes qui a eu lieu, non pas au lendemain de l’élection de François Hollande mais dès la fin des primaires socialistes.

 

Voulant obtenir de l’ancienne candidate son implication la plus ostensible pour la présidentielle à venir, et de peur qu’elle ne rende la monnaie de la pièce à ceux qui ne s’étaient pas pressés pour en faire autant en 2007, Martine Aubry et François Hollande avaient promis de sécher les larmes de la "présidente du Poitou" pour lui offrir la tant convoitée place au perchoir de l'Assemblée. Nous n’étions qu’à l’automne 2011.

 

Cynique promesse qui faisait fi de la démocratie, qui elle n’avait pas encore décidé. Mais dans ce beau monde politique, les sièges ne se briguent pas : ils s’échangent et se promettent. La politique est un métier et à un mandat perdu se succède un autre tout fraichement gagné.

 

Le jeu démocratique bafoué

 

Mais au-delà de cette éternelle distribution de cadeaux de Noël qui empêche le renouvellement de la classe politique et qui fait de nos élus des notables d’assemblée, "cumulards" et "rempilards", la défaite de Ségolène Royal punirait comme il se doit l’autre affront fait par la gauche à la règle républicaine et démocratique. Car la gauche a instauré une règle à géométrie variable, c’est le moins que l’on puisse dire.

 

En quoi consiste-t-elle ? Afin de préserver toutes les chances de la gauche et d’éviter des triangulaires qui pourraient rendre marris deux de leurs listes, la règle veut que le candidat de gauche arrivé derrière un autre laisse automatiquement sa place au second tour.

 

C’est au nom de cette règle, qui garantit en théorie la victoire au clan de gauche, que le PS a demandé à Olivier Falorni, dissident PS, de se retirer au profit de Ségolène Royal.

 

Seulement voilà : la règle a été faite pour éviter des triangulaires qui profiteraient à la droite. Elle n’a pas été crée pour laisser seul un candidat au second tour, niant ainsi le jeu démocratique. On se plaint de la désaffection de nos citoyens pour la politique et on propose un second tour où un seul candidat resterait en lice ? Mais de qui se moque-t-on ?

 

Un épisode tragique pour le PS

 

En outre comment expliquer qu’à la Rochelle, on demande à Olivier Falorni, arrivé second de se retirer quand dans le même cas de figure, Slimane Tir à Roubaix, arrivé deuxième avec moins de 10% des inscrits est encouragé à se maintenir face à Dominique Baert, dissident de gauche ? Le deux poids deux mesures s’appliquerait-il donc sans morale au PS ?

 

La vérité, c’est que cet épisode est tragique. Tragique pour le PS qui montre, une fois de plus, que sa persistance au sectarisme et à la survie clanique l’emportent toujours sur le service rendu au citoyen.

 

Tragique aussi pour la classe politique dans son ensemble, puisque les citoyens assistent, éberlués, à ce jeu cynique de candidat, de voix et de report se décliner sous leurs yeux et dans les colonnes des journaux, bien loin de leurs préoccupations quotidiennes et des programmes sur lesquels les débats d’une élection devraient en principe porter.

 

La défaite de Ségolène Royal doit marquer un avertissement pour le PS : il ne faut plus se jouer de la sorte de la démocratie. C’est par ce genre d’ingérence que certains cadres de l’UMP vagabondent sur les contrées de la "Madone de Saint-Cloud", qui, quoi qu’il arrive à présent, sortira comme la grande vainqueur de ces législatives.

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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 09:21

François Bayrou lors de la présentation de son agenda politique 2012-2020 (L.BONAVENTURE/AFP)

 François Bayrou lors de la présentation de son agenda politique 2012-2020 (L.BONAVENTURE/AFP)

 

François Bayrou ne siègera plus à l’Assemblée nationale, pour la première fois depuis 1986. Arrivé second avec seulement 23,63% des voix au premier tour, il n’a pu empêcher une triangulaire, chacun des deux camps réaffirmant sa volonté de se maintenir. La même équation sur laquelle il avait trébuché aux élections municipales de Pau en 2008. Et tout un symbole : pris en étau entre le PS et l’UMP, il va devoir rendre les armes. Non sans panache. Comme si le centre ne pouvait exister dans ce monde bipolaire.

 

Mauvaise foi ?

 

Au sein du MoDem, on a jeté les dernières forces en faisant de la circonscription de Bayrou une histoire d’honneur, quitte à oublier que le MoDem a cinq autres candidats présents au second tour.Une misère pour un mouvement né d'un élan populaire ayant rassemblé sept millions de personnes il y a cinq ans tout juste.

 

Comme très souvent dans notre mouvement, on rejette la faute sur les autres. Le PS et l’UMP. Les médias. Ou encore la malchance. Cette réticence à se remettre en question est certainement l’once de mauvaise foi commune à bien des familles politiques, mais il faut bien avouer qu’elle est tenace au MoDem, comme avait déjà pu le constater un journaliste de "Nord Éclair" durant la campagne des législatives.

 

Quelques reproches au PS

 

Pour autant, il ne faudrait pas être aveugle face à la situation personnelle de François Bayrou, qui tient autant à sa stratégie, sur laquelle nous reviendrons, qu’au sectarisme du PS, comme l’analyse avec justesse Daniel Cohn-Bendit :

 

"Comment définir l'attitude du Parti socialiste dans cette affaire ? Myopie ? Sectarisme ? Toujours est-il qu'ils n'ont pas compris, ou qu'ils n'ont pas voulu comprendre, que ce geste aurait eu une portée symbolique forte."

 

Martine Aubry avait joué, surjoué même, les effarouchées, en expliquant qu’en démocratie cela ne se faisait pas de retirer une candidate au nom du courage de Bayrou dans l’entre-deux tours de la présidentielle. La première secrétaire du Parti socialiste n’a pas seulement oublié que François Hollande doit certainement son élection aux électeurs du MoDem.

 

Elle a aussi occulté des pratiques à géométrie variable au sein même de la gauche. Et les législatives le confirment : comment expliquer que le PS appelle Olivier Falorni à se retirer face à Ségolène Royal, en lui demandant d’appliquer la règle qui veut que seule reste la meilleure candidature de gauche au second tour. Et, dans le même temps, soutienne Slimane Tir sur la 8e circonscription du Nord, le candidat symbole de l’accord PS/EELV, alors qu’il rencontre Dominique Baert, maire de Wattrelos et membre du PS avant sa dissidence des législatives ?

 

Le PS n’en est plus à une contradiction près. Mais il serait trop simple, voire simpliste, d’en faire le seul responsable de l’échec de François Bayrou et plus généralement du MoDem. Car il est une chose qui est désormais certaine, et ce même s’il y a miracle dimanche dans la 2e circonscription des Pyrénées-atlantiques : François Bayrou a échoué dans sa volonté de faire du centre une force libre, indépendante et en position de gouverner.

 

On peut toujours trouver des raisons dans le système même de nos institutions : tant qu’il n’y aura pas de proportionnelle raisonnable, aucune force politique durable ne pourra se frayer une place lui permettant de jouer une minorité d’arbitrage entre les "deux grands". Seule, elle est tenue de travailler avec l’un ou l’autre camp. Les Verts s’en sont bien rendus compte en 2009 après des européennes qui les avaient vus menacer au dixième près le PS, et le Front de Gauche commence déjà à déchanter après une présidentielle particulièrement réussie. Les forces qui veulent exister au-delà des deux grands partis sont soit centrifugées, soit marginalisées en force centripète. Sans force d’action.

 

L'absence de stratégie productive

 

Mais les institutions, seules, n’expliquent pas tout. Comment oublier aussi les erreurs de stratégie, et disons-le avec franchise, l’absence de stratégie productive de François Bayrou depuis cinq ans ?

 

Qu’allait-il faire, par exemple, dans la galère des municipales de 2008 à Pau, lui qui avait tout à perdre, et qui a tout perdu dans l’affaire, alors que les candidats des autres villes attendaient son soutien pour dynamiser leur campagne ? Que reste-t-il de cette élection si ce n’est cette tâche sombre d’un combat perdu et ce sentiment épouvantable d’une folle girouette qui s’allie au PS à Lille et soutient Juppé à Bordeaux ? Bien évidemment, pour le membre du MoDem que je suis, il y avait une cohérence, puisque notre grille de lecture est celle des valeurs et non celle de l’étiage droite/gauche. Mais quelle arrogance de vouloir imposer sa grille de lecture quand on n’a pas pris la peine de s’assurer que la pédagogie avait fait son œuvre…

 

Qu’allait-il faire aussi dans la galère de l’émission d’Arlette Chabot lors des européennes quand il voulut faire "un coup", comme il le confia au bureau stratégique du MoDem deux jours auparavant, devant la mine défaite de ses cadres qui tentèrent en vain d’exprimer leur doute raisonnable ? Mais François Bayrou n’écouta pas, comme trop souvent. Et il suivit son instinct. En une émission, le MoDem venait d’être abattu en plein vol. Il perdit quatre points en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Et pourtant, François Bayrou n’était même pas candidat…

 

Des mauvais paris

 

Négligeant les élections intermédiaires en se fiant à sa seule foi en SON destin présidentiel, François Bayrou a multiplié les mauvais paris, comme celui de l’explosion du PS en 2008/2009, oubliant que la puissance de l’appareil était plus fort que la réalité des urnes.

 

Le Béarnais a laissé en chemin tout pragmatisme dans sa volonté d’indépendance : il a prôné depuis des années l’"union nationale", mais il est incapable de prendre son téléphone et de préparer une stratégie de travail autour des valeurs, ne serait-ce que sur quelques points essentiels pour faire avancer sa cause.

 

Pourquoi ? Simplement parce que François Bayrou a eu l’arrogance de croire que l’"union nationale" ne pouvait voir le jour que s’il en était lui-même le centre. Narcissisme. J’ai souvent utilisé l’image de l’hydre à deux têtes pour nommer le bipartisme. Mais la métaphore sied si bien au président du MoDem !

 

Lui aussi est une hydre à deux têtes.

 

L’une est celle du philosophe, qui s’opposa vigoureusement, et avec quel talent, au sophiste Sarkozy. Le diagnostic et la vision ne lui font jamais défaut. Le François Bayrou que j’admire et respecte tant. L’homme qui parvient toujours à une analyse équilibrée et une éthique irréprochable. Celui qui a compris que ce n’est pas en divisant les Français que l’on remporte les guerres, mais en faisant fi de nos lubies partisanes pour se mettre au service des Français. C’est au nom de ces valeurs que je me suis présenté devant le suffrage universel lors de ces législatives sur la 1ère circonscription du Nord.

 

Mais l’hydre a deux têtes…

 

L’autre est celle de la bête politique, l’obsédé de la présidentielle, dont les contradictions sont plus fortes que les cohérences et dont les fulgurances, pas toujours heureuses, se substituent parfois au pragmatisme. Comment prétendre vouloir faire de la politique "autrement" et croire comme tout le monde que la présidentielle est la rencontre entre un homme et le peuple ? Comment vouloir casser le crétinisme bipartite et ne proposer que des accommodements du système existant ?

 

Pas le courage de ses ambitions

 

François Bayrou, en réalité, n’a jamais eu le courage de ses ambitions : celles du centrisme révolutionnaire que proposait d’ailleurs Jean-François Kahn. Ce centrisme qui viendrait renverser la table. Ce centrisme qui aurait dû commencer par renoncer à son propre nom : car comment incarner "autre chose" quand on se place "au centre" de ce que l’on rejette ?

 

Aujourd’hui, la situation paraît plus bloquée que jamais. Non la révolution n’aura pas lieu. Pour cinq ans ? Au moins… Jean-Marie Vanlerenberghe et Christophe Madrolle proposent une autre voie, opposée l’une à l’autre mais cohérente : celle qui consiste à travailler avec les partis existants. Le premier souhaite revenir aux "origines" du centre-droit, qu’il estime plus naturelles, le second préfère revenir à ses propres origines, et qui semblent celles partagées par ceux qui sont en majorité arrivés depuis 2007, celle du centre-gauche.

 

Dans tous les cas, il ne faudra pas se contenter de proclamer sa liberté quand en réalité ce n’est pas être indépendant que de n’être plus rien du tout. Les valeurs doivent guider les hommes, mais à quoi servent-elles quand elles guident l’inaction ?

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8 juin 2012 5 08 /06 /juin /2012 09:20

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon (VALERY HACHE/ PIERRE VERDY/AFP)

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon (VALERY HACHE/ PIERRE VERDY/AFP)

 

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’après quatre décennies de vie publique, nul ne peut ignorer que Jean-Marie Le Pen est devenu le maître de la blague nazi. De la célèbre réplique "Durafour crématoire", jusqu’au nez insoupçonné d’un journaliste en passant par les vers de Brasillach, le florilège du président d’honneur du Front national pourrait remplir un exemplaire entier de la Pléiade. Puisse-t-on nous en préserver.

 

 

 

Mais il est une autre pierre d’angle de la famille Le Pen, c’est l’argent. Depuis les questionsd’héritage jusqu’au détournement de l’ISF, sans oublier les guerres de tranchées avec son imprimeur, les Le Pen ont toujours montré une aptitude à être sensible sur la question. 

 

Le dernier épisode en date est tout frais. Pensez donc : Madonna, lors du lancement de sa tournée mondiale, a affiché sur grand écran à Tel Aviv, la photographie de Marine Le Pen affublée de la célèbre moustache du Führer et d’une croix gammée. De quoi faire rire le fondateur du Front National ?

 

Point du tout !

 

Inutile d'ostraciser le FN, mais...

 

Alors, avant d’engager toute argumentation, autant le dire tout net : la provocation de Madonna est stérile et cet épisode nous montre que l’ancienne égérie des années 80 ferait mieux de se rhabiller à 50 ans passés plutôt que de radoter ce que l’on considérerait pour de l’insouciance chez une minette et qui apparaît ici comme un fonds de commerce pour le moins douteux.

 

De la même manière, j’avais trouvé la blague de Ruquier complètement déplacée et surtout improductive. Il ne faudra jamais le dire assez : on ne combat pas le FN en l’ostracisant, en l’insultant ou en disqualifiant ses électeurs, mais en démontant, sur le fond, un par un, ses arguments, pour mettre en exergue les insuffisances d’un programme fondé sur la séparation des Français, la peur, la haine de l’autre et une imposture laïque.

 

Ruquier Marine le Pen et la croix gammée par snoopyves1

 

Pour autant, la réaction de la statue du commandeur dont on apprend qu’il rédige ses mémoires(on en frémit d’avance) a de quoi faire sourire. Jaune.

 

Parce que Monsieur Le Pen n’a du tout aimé la provocation de la Madone. Il s’est même fâché tout rouge au point de vouloir lui réclamer… un million de dollars en dommage et intérêts. Rien que ça.

 

Un procès pour gagner de l'argent ?

 

Décidément, les Le Pen n’ont que le mot procès à leur bouche et tout est prétexte à gagner un maximum d’argent. Comme le démontre cette révélation d’une "source" au FN selon 20 minutes qui la cite juste après avoir fait parler Wallerand de St Just, Monsieur "procédure" au parti :

 

"On va gagner de l’argent avec le procès qu’on va faire !"

 

Bien évidemment, IMPOSSIBLE d’en déduire que l’action en justice pourrait être purement guidé par l’avidité…

 

Et pourquoi l'affaire du tract ne choque pas les Le Pen ?

 

Mais au-delà de ces considérations bassement pécuniaires, comment ne pas s’étonner de ce ton si offusqué quand, dans le même temps, un tract grimant Jean-Luc Mélenchon, qui ressemble à s’y méprendre à ceux du début de la semaine, le travestit en Hitler avec des camps de concentration en arrière plan ?

 

Nouveau faux tract anonyme

Nouveau faux tract anonyme (DR)

 

Comment ne pas voir l’œuvre insensée, indécente et pour le dire crument "gerbante" de certains militants ou pour le moins sympathisants FN qui se livrent avec ceux du Front de gauche à une guerre aussi stérile que destructrice pour l’image de la politique française ?

 

Jeudi soir, au journal de France 2, Marine Le Pen n’a pas voulu reconnaître la "paternité" du tract, mais son incapacité à le condamner et surtout sa propension à s’en réjouir ne laisse guère de doute sur l’origine de pareille propagande indigne.

 

Alors résumons : les Le Pen préfèrent la moustache d'Hitler sur Jean-Luc que sur Marine... Disons que c'est une question de goût. L’humour, c’est bien connu, c’est comme les couleurs…

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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 09:19

Elections - image d'illustration (P.EMILE/SIPA).

Elections - image d'illustration (SIPA)

 

Dans cette campagne législative, la tâche de la presse est complexe. Pensez donc : 577 circonscriptions, avec plus d’une dizaine de candidats pour chacune d’elles. Au total ce sont donc 6591 candidats qui se présenteront dimanche devant les électeurs.

 

Hors du clivage droite/gauche, point de salut

 

Aussi la tentation est grande de céder à la facilité. Et de réduire le débat politique à une opposition droite/gauche. Le même simplisme qui a été imposé à l’ensemble des Français lors de l'élection présidentielle, quand la Sarkhollandisation battait son plein. Seuls les combats de chats errants entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon venaient troubler l’ordre établi. Les élections passent, et les tics restent.

 

Dès lors, comment exister dans ce système si fermé ? On peut toujours utiliser les réseaux sociaux. Twitter suscite la curiosité de certains. Mais il faudrait être dupe pour croire que l’on peut faire campagne sur internet. Incontestablement, lnternet permet de diffuser des idées, de prendre des contacts ou de faire connaître son agenda. Mais ce n’est assurément pas sur ces contrées virtuelles que l’on obtient des voix.

 

Reste le cas de la presse locale. Souvent, elle fait œuvre de pédagogie. A Lille par exemple, le gratuit Direct Lille consacre quotidiennement sa page 3 à une circonscription. Un travail de pédagogie salutaire. 

 

Gay pride à Lille : les candidats "stars" dorlotés par les journalistes

 

Pour autant, malgré tous les efforts, les journalistes locaux tombent eux aussi dans l’ornière du bipartisme. J’en ai vécu l’amère expérience ce week-end.

Alors que se déroulait ce week-end la Gay Pride de Lille, sur le thème de "les promesses, ça suffit", l’occasion de revendiquer l’adoption du mariage gay, je fus invité par le président de la LGP Lille à venir défiler en tête de cortège, après qu'il a pris connaissance de mes positions sur le mariage gay, que j’avais exprimées ici même, et que le blog de Noël Mamère avait même relayé. C’est dire.

 

A 14h30, le défilé allait partir, quand une nuée de caméras et de photographes se ruèrent sur le député PS sortant, de la 1ère circonscription du Nord, mon adversaire donc, Bernard Roman. Oubliant un peu trop vite que la Gay Pride n’était pas apolitique, puisqu’elle défend des idées fortes, mais qu’elle se doit d’être "apartisane", le déjà trois fois député s'est longuement exprimé sur la question du mariage gay. J’étais à 3 mètres de lui, comme le montre cette photo :

 

 

Puis le défilé a débuté. Les caméras et les  photographes nous ont suivi durant 20 mètres, puis disparurent au bout de quelques minutes. C’est alors que le député sortant prit congé de ses hôtes en leur souhaitant bon défilé, et qu’il partit sans même me saluer. Pour ma part, comme je m’y étais engagé, je continuai de défiler durant plus de 2h45 pour accompagner la LGP Lille dans ce message fort que représente le mariage gay, qui n’est, ni plus, ni moins que la demande de l’application du pilier central de notre devise, l’égalité.

 

Entre temps, dans l’après midi, Bernard Roman publie ce tweet, un peu hâtivement à en juger par l’orthographe…

 

C’est vrai que sur ses 8 minutes de présence, l’ambiance fut festive, comme je lui rappelais :

 


En tous cas, le député sortant avait réussi son coup. Le lendemain, la presse locale, sous le titre "la Gay Pride, d’abord un message politique", n’évoqua que sa seule présence, alors que j’avais informé le matin même à l’ensemble de la presse de ma participation : "Bernard Roman, député PS sortant de la 1ére circonscription du Nord et Dalila Dendouga, adjointe à l'égalité des droits à la mairie de Lille, ont ouvert le cortège."

 

On le voit, être au PS et sortant, vous garantit le monopole de la lumière médiatique. Les Français vont-ils encore accepter longtemps de se faire forcer la main pour aller voter ? 

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3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 09:17

Marine Le Pen en meeting - Campagne pour les élections législatives - Paris, le 1er juin 2012 (YAGHOBZADEH RAFAEL/SIPA)

Marine Le Pen en meeting - Campagne pour les élections législatives - Paris, le 1er juin 2012 (YAGHOBZADEH RAFAEL/SIPA) 

 

577 circonscriptions réduites à un duel

 

On ne parle plus que de cela. Comme si les débats sur les projets des 577 circonscriptions se résumaient à cet antagonisme irréductible : le duel entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen à Hénin-Beaumont. Les médias jouent aux idiots utiles ou au proxénètes, selon le point de vue que l’on adopte, et mette en exergue le spectacle le plus crétinisant qu’il soit en prétendant nous apporter de l’information.

 

Le débat d’hier sur France 3 fut bien au contraire d’un niveau pathétique, les quolibets de l’une répondant aux remarques acides et ironiques de l’autre dans une cacophonie qui faisait passer lés autres candidats pour des figurants tentant de se faire une place tout en haut de l’affiche. La guerre des ego semble l’avoir emporter sur la défense de ses idéaux.

 

Quel spectacle indécent quand la politique prend en otage une population qui a tant souffert des affres du chômage et de la politique elle-même puisque les dirigeants locaux n’ont pas lésiné dans la crapulerie la plus abjecte.

 

 

Plus qu'un duel, un tandem parachuté qui fonctionne

 

De la même manière que la République s’abîme dans le crétinisme bipartite, cette hydre à deux têtes qui se détestent et s’échangent à tours de rôle les mandats pour leurs lubies partisanes au lieu d’être au service des Français, elle se ridiculise quand l’autre guerre des deux revient à opposer le Front de gauche et le Front national.

 

Et alors que je trouvais la caricature de Plantu franchement mal inspirée à l’époque, elle prend aujourd’hui tout son sens. Car ne nous y trompons pas : les deux nous offrent une partition orchestrée de concert et en pleine harmonie.

 

Les deux sont parachutés. Jean-Luc Mélenchon n’avait même pas songé briguer dans la 11ème du Pas de Calais un mandat de député national avant des sondages flatteurs au printemps de la présidentielle. Marine Le Pen, on le sait, a fait de ces terres des terrils son fief, quand tout le monde sait parfaitement qu’elle est avant tout la madone de Saint-Cloud. D’ailleurs, elle l’avoue elle-même, elle n’est pas de ce monde :

 

MLP se revendique du Peuple Vidéo Snoopyves sélectionnée dans Actualité

 

 

Magnifique combat pour un territoire qu’ils ne connaissent pas, qu’ils ne contribuent en rien à épanouir, qu’ils n’habitent, mais qu’ils n’hésitent pas à exploiter pour leur fortune personnelle. Jean-Luc Mélenchon a l’air malin à présent quand il parle de l’exploitation humaine : que fait-il d’autre dans cette mauvaise farce ?

 

Des méthodes pathétiques du côté du Front national

 

L’affaire du tract a atteint le tréfonds de la médiocrité et il est aisé de reconnaître là les méthodes du FN qui déjà à l’époque de Vitrolles et de Bruno Mégret, ne procédait pas autrement à en lire "Histoire secrète du Fonrt national" de Renaud Dély.

 

Pas surprenant puisque Steeve Briois, le vrai autochtone de Hénin, était un disciple de Mégret au point de l’avoir rejoint dans un premier temps lors de la scission pour la création du MNR. Tout cela pour réponde à une véritable guerre des gangs entre les militants qui s'écharpent comme des chats sauvages dans les rues d'Hénin Beaumont, quand l'atmosphère vespérale assure aux crapules la lâcheté de l'anonymat. La loyauté à laquelle s'engage tous les candidats quand ils déposent leur candidature se trouvent bafouée comme jamais. 

 

Mais surtout, ce qu’il y a de plus grave, de plus accablant encore c’est que l’essence qui coule dans ce moteur de la démagogie publique, celui de la division. Marine Le Pen divise les Français et on ne sait plus très bien dans sa bouche si l’étranger est celui qui n’a pas la nationalité française ou si c’est celui qui roule en coupé et qui vote Mélenchon.

 

Un manichéisme naïf du côté de Mélenchon

 

De la même manière, chez Mélenchon, on oppose ceux qui gagnent l’argent et ceux qui font ce qu’ils peuvent, comme si les uns étaient nécessairement tous coupables et les autres fondamentalement innocents.

 

Pire encore, pour Mélenchon il y a le bon Peuple de Gôôôche et les autres, les moins que rien, ceux qui’ n’ont rien compris et qui inspirent son mépris. La technique de la victime et du bourreau est ainsi déclinée à l’envi et il nous brûle l’envie de leur rappeler que ce monde n’est pas aussi caricatural et manichéen et que Baudelaire l’exprimait dans un chiasme rendu célèbre : "Je suis la plaie et le couteau, la victime et le bourreau";

 

Aujourd’hui, sur nos territoires, nous candidats du terrain, qui arpentons les marchés, qui devons faire la manche pour avoir une interview, nous regardons éberlués ce spectacle décadent de notre démocratie.  

 

Comment faire connaître nos idées quand nos projets sont susurrés alors que leurs insultes sont hurlées à la criée ? Et dans ces conditions, il ne faudra pas s’étonner si le taux de participation le 10 juin ne soit pas à la hauteur de l’audience enregistrée hier par France 3 Nord-Pas-de-Calais. 

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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 09:16

LE PLUS. Depuis la défaite de Nicolas Sarkozy, l'UMP se cherche un leader, et des idées. C'est en tout cas le point de vue d'Yves Delahaie, qui s'insurge contre ce parti qui, selon lui, a fait de la droite un gros mot en chassant sur les terres du Front national.

Édité par Henri Rouillier   Auteur parrainé par Maxime Bellec

François Fillon et Jean-François Copé à Paris, le 28/01/2012. (WITT/SIPA)

François Fillon et Jean-François Copé à Paris, le 28/01/2012. (WITT/SIPA)

 

La loi électorale est dure. Très dure. Surtout depuis l’inversement du calendrier. Pensez-donc : à peine se termine la bataille terrible de la présidentielle qui a vu la défaite du président sortant, ce qui est une première depuis 1981 et la défaire de VGE, la législative bat son plein pour repeupler l’Assemblée.

 

Mais à droite souffle un vent de panique. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. En annonçant précocement, comme s’il avait anticipé l’Histoire, qu’il quitterait la vie politique s’il venait à perdre, le désormais ancien président de la République Nicolas Sarkozy a laissé un grand vide.

 

L'ère Sarkozy : une transformation de la droite

 

Et pour cause, les cinq années passées à l’Elysée – couplées aux trois autres passées à la tête de son parti – ont profondément modifié la droite française. Un virage à droite toute avec Patrick Buisson en guise de commandant de bord, dans l’ombre des caméras, qui lui préféraient les bourdes sans panache mais assurément potaches d’une Nadine Morano ou d’un Frédéric Lefebvre.

 

Il fallait voguer dans les eaux de la Marine en tentant de la prendre de court par tribord. Les pirates de l’UMP se sont improvisés corsaires, évoquant la laïcité, qu’ils substituèrent à une croisade contre l’islam, outrageant la fraternité, en agitant le drapeau rouge sur le thème de l’immigration, et pillant le pilier central de la devise républicaine.

 

D’aucuns pensèrent que sa stratégie avait finalement échoué. Je suis de ceux qui, bien au contraire, constatent que le hold-up passa tout prêt et il ne fallut pas quinze jours de plus pour assister à la plus grande surprise de l’histoire des sondages.

 

L'UMP en mal de chef

 

Alors que le navire a finalement pris l’eau, l’on se rendit compte son personnel ne comptait pas le quitter. La coque semble seulement fêlée et le spectre du Titanic qu’eut représenté une défaite à 55/45 s’est évanoui. Bien au contraire, c’est une véritable mutinerie qui s’est enclenchée pour savoir qui serait le capitaine à bord. De Fillon à Copé, en passant par Juppé qui prit bien soin de ne pas s’abîmer sur un radeau qui prendrait l'eau à coups surs, on se bat à qui mieux mieux pour succéder au poste vacant du commandant.

 

Plutôt que de laisser la guerre des chefs anéantir ce que la fin de la présidentielle avait quelque peu préservé, les barons de l’UMP décidèrent alors d’imaginer le retour du capitaine abandonné. La ronde des hommages a commencé cette semaine, avec notamment François Fillon qui mercredi déclarait :

 

"Nicolas Sarkozy manque à la droite républicaine. Il laisse un vide que personne ne peut prétendre combler. […] Vous savez, à l'UMP, nous sommes tous des amis de Nicolas Sarkozy".

 

Emouvant… Surtout quand l’ombre d’un retour semble toujours planer, dans les mots de l'ex-Premier ministre :

 

"A 57 ans, il est encore jeune. La vie est longue et l'histoire nous dira les choses".

 

Que voulez-vous, ils sont comme ça à l’UMP. Nicolas Sarkozy a eu beau dénaturer la droite en faisant ouvertement sauter la digue avec le Front national, on continue de le regretter, on souhaite secrètement qu'il revienne. 

 

Une droite qui se cherche, sur terres du FN

 

Et comment mieux lui rendre hommage qu’avec ce clip de campagne des législatives, qui va encore plus moin que celui de l’entre-deux tours des présidentielles qui distillait l’image d’un panneau où il était écrit "Douane" en Français et en Arabe. Fini les images subliminales, l’UMP fait le grand saut et ne se voile plus la face :

 

 

Invraisemblable pêche au gros dans l’océan de la Marine : "Il faut dire 'non' aux prières de rues, 'non' aux menus religieux dans les cantines", "le débat sur la burqa", "je suis contre le droit de vote des étrangers", "il faut sanctionner plus durement les récidivistes"… Grandeur dans la caricature. Le "blues Marine" de l’UMP.

 

À titre personnel, je le regrette. Dans ma conception des choses, la vision partisane doit s’estomper et seul le travail au service des Français doit l’emporter sur les visions partisanes. Mais tant que l’UMP voguera sans vergogne dans les eaux du Front national et en épouse les grands principes, tant qu’elle s’évertuera à faire de la division le vent qui souffle dans sa voile, alors non, je renoncerai à travailler avec cette droite-là : cette droite qui regrette Nicolas Sarkozy et qui sombre dans le "blues Marine" ; cette droite qui s’abîme et tire à boulets rouges sur les valeurs de notre République. Les marins exaspérés de voir leur droite ainsi prostituée doivent se ressaisir et se démarquer pour ne surtout pas se laisser assimiler. 

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 20:57

Mais qui est au juste Hervé-Marie Morelle ? Les citoyens du la 1ère circonscription du Nord connaissent-ils véritablement celui qui va se présenter au suffrage universel le 10 juin prochain ? 

Une petite recherche sur google sur le personnage donne rapidement le vertige : les occurrences sont nombreuses. Très nombreuses. Mais ce qui frappe l’œil, ce sont surtout les polémiques qui abreuvent les premières pages : héros d’un esclandre au conseil municipal de Lille, chef de fil des anti-blocage à Lille 3, des sobriquets peu avantageux comme « H meuh meuh » ou « troll »… Mais aussi, défenseur et soutien inconditionnel de son « ami » Benjamin Lancar, même quand ce dernier s’égare en faisant l’éloge de Pierre Laval, Président du Conseil sous le régime du maréchal Pétain et symbole de la collaboration, qu’il présente comme un membre "d'une classe politique autrefois courageuse" en lui reconnaissant d'avoir "redressé économiquement la France en 1932"… Délicat quand on revendique la légitimité pour incarner les jeunes "gaullistes". Il faut dire qu’Hervé-Marie Morelle est avant tout un homme d’image.

H2M4.jpg

 

Comme celles, filmées, qu’il déroba en plein conseil municipal lillois, malgré les avertissements répétés des appariteurs… Ce jour-là, Martine Aubry rappelle à l’impertinent que ses méthodes sont celles d’une autre époque. Puis, fait confisquer le matériel du réfractaire, avant de lâcher un importuné « petit facho », précisant qu’il était un indigne conseiller de quartier. Dérapage que s’empressa de relater très rapidement notre futur candidat à la cantonale, jugeant exquises les délices colériques de la Maire de Lille pour le servir en notoriété. Il fut épaulé pour l’occasion de fidèle façon par les cadres de son puissant parti, jusqu’à Laurent Wauquiez, alors secrétaire d’Etat chargé à l’emploi,  qui s’exprima dans Les 4 vérités, l’émission politique matinale de France 2. Quelle meilleure audience Hervé-Marie Morelle pouvait-il espérer ? Dans son blog, il relaya tout ce qu’il put de coupures de presse en relais-télé, se posant alors en victime. Coup double : il  tente alors de déstabiliser celle contre qui s’oriente systématiquement la moindre de ses critiques, et il se pose en candidat rêvé pour les cantonales dans la capitale des Flandres pour une droite locale qui peine à faire émerger des têtes d’affiche jusqu’à faire appel à la nièce du célèbre Pierre Mauroy pour donner de la consistance… patronymique à son groupe d’opposition.  

Il fallait le voir s’émouvoir, en tous lieux du Web, de ce « petit facho » qu’il a répété à l’envi comme pour retourner l’argument de Martine Aubry (« des méthodes d’une autre époque »…). Pourtant à  voir Monsieur Morelle censurer le moindre commentaire sur son blog et sur sa page facebook, refusant la moindre contradiction, même parmi les plus argumentées, qui oserait lui montrer qu’il fait fausse route, il n’est pas dit que le qualificatif qui fusa ce soir de conseil municipal fût si mal choisi que cela…

Et il faut bien dire qu’Hervé Marie Morelle a donné des gages pour le moins… extrêmes. Lors de la dernière cantonale, il est bouté hors du second tour par le FN, une désillusion pour lui alors que c’est l’UMP qui avait remonté le seuil à 12,5% des inscrits pour se maintenir afin de faire barrage au FN. L’histoire de l’arroseur arrosé. Ce qui ne l’empêcha pas de refuser de maintenir la digue républicaine sous le fallacieux prétexte de ne pas vouloir signer un blanc « sein » au PS… Cachez ce sein que je ne saurais voir…

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En gros plan s'il vous plait :

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Le tournant de Nicolas Sarkozy dans la présidentielle qui suivit n’a donc pas dû lui déplaire. Pourquoi s’offusquer de faire de l’islam un bouc émissaire, de piller le programme du FN en reprenant à son compte ses idées ou bien encore en distillant un panneau « douane » écrit en français et en arabe dans le spot de campagne, lourd de sous-entendu, quand soi-même on tracte à Wazemmes avec Eric Portejoie ancien candidat FN aux cantonales en 2004 ? Pour un homme qui est soucieux de son image, l’action est lourde de sens.

L’image, toujours l’image. Force est de constater que la vidéo est une marotte chez ce Sarkozyste revendiqué (enfin, beaucoup moins depuis qu’il est en campagne étrangement…). Et de voir Monsieur Morelle la proposer à tout bout de champ sous le vocable magique de « vidéo surveillance ». Véritable radotage institué par une véritable, elle, figure de la droite lilloise, Monsieur Christian Decocq, qui en use et abuse dans ses saillies plus ou moins heureuses en conseil municipal, il sert de refrain à son disciple Morelle qui tente d’imiter le Sage en conseil de quartier. Las, ses propositions font sourire, pour les plus indulgents de l’assistance, surtout quand elles visent à empêcher le dépôt sauvage d’ordures sur la voie publique… Peu importe que ces vidéos touchent à l’intimité et aux libertés publiques. Il n’en démord pas. En vain. Le Truman show à la Morelle n’a pour le moment pas encore eu lieu. Mais les électeurs de la 1ère circonscription du Nord sont prévenus.

 

Pourtant, nous avions connu un Hervé-Marie Morelle plus respectueux de ce droit à l’image jusqu’à faire preuve d’un peu trop de zèle comme lors des Européennes où il exigea d’un opposant qu’il retirât de son blog une prise de vue le montrant de dos (donc méconnaissable a priori), en plein tractage pourtant, revêtant fièrement un Tee-shirt d’un goût plus que douteux : « Moi je suis de la France d’en haut »… Réminiscence de ses origines notables du Douaisis qu’il aime rendre ostensibles, y compris sur ses tracts, comme celui qui inaugura sa cantonale sur lequel il paradait lunettes de soleil à la main, col roulé et chevalière au doigt. (voir plus bas) Ou encore dans la conversation, comme ce 9 juin 2009, lors du scrutin européen : alors que les électeurs se faisaient rares dans le bureau de vote qu’il présidait, quelques paroles fut échangées. Jusqu’à ce qu’une employée municipale qui ne savait plus où était la rue Brûle-Maison déclara : « Ah oui la rue de la CAF ! ». Hervé-Marie Morelle lança alors un retentissant « oui, chacun ses références »… Chacun appréciera l’à-propos de sa remarque qui en dit long sur le personnage. Il n’y a donc rien de surprenant à savoir que l’homme ne compte pas que des amis. Et c’est bien normal quand on le voit parler de l’une de ses collègues conseillères de quartiers en des termes assez peu élogieux qu’il adresse… à son fils sur le blog de Le journal de Geed  : « Votre maman ne s’exprime pas en conseil de Wazemmes, elle éructe en gesticulant sur son siège des inepties aussi vieilles qu’elle ! ». L’on comprend mieux à présent ce qu’il entend par « l’énergie de la jeunesse » sur son slogan de campagne… 

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Preuve s’il en fallait que le bonhomme a du mal à canaliser cette énergie et plus précisément sa colère, Hervé-marie Morelle s’illustra avec encore plus de vigueur, et davantage d’incorrection lors de la campagne des régionales en mars dernier, quand Sciences-Po Lille l’invita à débattre au nom de l’UMP. Etant le seul représentant à ne pas figurer sur une liste, il était accompagné de fiches manuscrites par Valérie Létard elle-même qu’il exhiba non sans fierté. Sans doute aurait-elle dû insister plus encore sur le comportement à adopter devant l’adversité. L’impétueux, mal content de son fait, et des arguments incisifs de l’assistance, s’emporta vigoureusement contre une auditrice, à qui il demanda de justifier le bilan d’un maire PS d’une ville située à plusieurs centaines de kilomètres de notre campagne, lui aboyant même dessus. Puis, sommet de goujaterie, alors que Marine Tondelier, pour Europe Ecologie (et candidate aux législatives à Hénin-Beaumont, tout un symbole) lui proposait de relire le programme de son parti, en tentant de corriger les inepties que proférait Monsieur Morelle, ce dernier refusa de prendre le document et le jeta à terre avec dédain en hurlant qu’il ne lisait pas « ça ». Tous les témoins s’en souviennent encore, ahuris devant un tel esclandre, teinté d’impolitesse et d’irrespect pour ses contradicteurs. Le soir même interrogé sur son facebook, il confesse alors n’avoir pas eu la bonne attitude mais se justifie en précisant que « tout le monde était contre [lui] ».

Aujourd’hui, ce sont ses comptes de campagne qui s’abiment dans le rouge au point d’être dénoncés par son propre mandataire financier…

Mais Hervé-Morelle ne se prend pas toujours au sérieux. Du moins l’espère-t-on ! Car qui ne sait qu’Hervé-Marie Morelle fut costumier et accessoiriste du célèbre Lip Dub qui ridiculisa une bonne fois pour toutes l’UMP ! Changer le monde, entonnèrent-ils vêtus des oripeaux fournis par notre candidat aux cantonales. C’est cela aussi l’énergie de la jeunesse et l’expérience du terrain. Sans doute faut-il attendre un prochain clip de Monsieur Morelle pour la législative ? Ah ben il suffisait de le demander :

 

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  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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