Jamais, nous dit-on, la Vème République n’aura vu un néo-président et son gouvernement perdre autant la confiance des Français en aussi peu de temps. Sept mois après le double triomphe des présidentielles et des législatives, les indices sont moroses avec 35% d’opinion favorable pour François Hollande et 33% pour Jean-Marc Ayrault.
Et comment pourrait-il en être autrement quand le gouvernement n’a eu de cesse d’enchainer les couacs comme on enfile des perles durant le second semestre, certains persiflant en parlant de "gouvernement canard". Couac, couac. Difficile de tordre le cou à ce canard quand on se souvient de la sortie de Cécile Duflot et de Vincent Peillon sur le cannabis, celle de Montebourg sur le nucléaire qu’il qualifia de filière d’avenir, ou bien encore la volonté affichée de Najat Vallaud-Belkacem d’outer tous les personnages historiquesdans les livres d’école.
Florilège, loin, très loin d’être exhaustif, surtout quand on ajoute les louvoiements ahurissants de François Hollande lui-même sur le mariage pour tous, quand, en moins de 24 heures, il assure au maire de leur liberté de conscience sur la loi à venir avant de se rétracter suite à la déflagration qu’a représentée ce doigt d’honneur à ce projet de loi qui voit déjà les opposants dominer l’espace médiatique. Comme un aveu de faiblesse. Un de plus.
Ajoutons à cela une croissance qui dément les prévisions, dénoncées pourtant la présidentielles, du camp Hollande, le camouflet de Florange et bien entendu Cécile Duflot et les églises coupables à ses yeux de ne pas en faire assez, et l’on comprendra que ceux qui ont choisi de mettre le bulletin "Hollande" dans l’urne le 6 mai se posent des questions. Légitimes.
Au point d’évoquer des regrets ?
Il ne faudrait tout de même pas que les Français suivent la triste destinée de Jacques Chirac et ne souffrent, eux aussi, d’anosognosie. Car le 6 mai qu’y avait-il en face de François Hollande ? Nicolas Sarkozy.
L’enfant barbare qui a cassé l’école pendant un lustre, détruisant aveuglément des postes, au nom d’une idéologie mortifère, enlevant l’Histoire aux Terminales scientifiques, la formation initiale (sic) des enseignants…
L’homme qui déclara à l’Afrique que ses hommes n’étaient pas entrés dans l’Histoire, qui invita Khadafi dans les jardins de l’Elysées pour un camping mémorable…
L’homme qui nomma Brice Hortefeux, l’homme à l’humour auvergnat ou encore Claude Guéant, qui prit l’islam en bouc émissaire, au poste de Ministre de l’Intérieur.
L’homme qui fit à Grenoble un discours qui résonne encore dans tous les cauchemars, avec les Roms dans le viseur, ostracisme personnalisé comme dans les plus sombres moments de l’Histoire.
L’homme qui voit aujourd’hui ses comptes de campagnes refusés par la CNCCFP, faute d’avoir déclaré les sommes investies, pourtant bien réelles, avant sa candidature officielle, tant il aura confondu la mission de Président et celle de candidat à l’envi. Passant du "roi fainéant" au "président candidat" pendant 5 longues, très longues années.
Enfin, c’est surtout celui qui a écouté avec passion et déraison, les discours doucereux de Patrick Buisson, pillant dans le programme de Marine Le Pen dans un dernier coup de poker, laissant apparaître un panneau "douane" écrit en arabe dans son second clip de campagne. Ad nauseam.
Alors, même s’il est légitime d’être sévère avec l’action de François Hollande et de son gouvernement, qui, finalement, ne fait que payer des promesses intenables, et pour ainsi dire des mensonges qui donnent raison à Pasqua quand il disait que les promesses de campagnes n’engageaient que ceux qui voulaient bien y croire, il convient d’être lucide et de se rappeler avec quelle violence la France fut malmenée pendant 5 ans.
Et qu’enfin, lors des prochaines élections, les Français finissent par comprendre que l’hydre bipartite qu’il révère à chaque scrutin, n’est sans doute qu’une chimère.
Publié le 24 décembre 2012 sur Médiavox.