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11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 19:35

Coluche, Patrick Sébastien, Philippe Torreton, Dieudonné, Ronald Reagan, Beppe Grillo, Olivier Minne et aujourd’hui Véronique Genest. La liste n’est évidemment pas exhaustive, mais tous ont un point commun : parti du statut de comédien, ils ont fini par s’engager dans la politique, avec plus ou moins de réussite. Parmi eux, Philippe Torreton fut élu conseiller de Paris (et par là même conseiller général) et Reagan président des Etats-Unis. Preuve s’il en est que les clowns de la rubrique people peuvent user de leur strass et paillettes pour séduire les électeurs.

Nul n’ignore ce dont le succès politique se nourrit. L’image et la notoriété sont des outils essentiels et nécessaires, même s’ils ne sont pas toujours suffisants. Mais nul salut sans avoir une image bien ancrée chez les citoyens.

Genest.jpg

Etre artiste empêcherait-il d’aspirer à une carrière politique ? Evidemment, non. Tout citoyen, quelles que soient ses aspirations et son activité peut emprunter la voie de l’engagement. Le problème, c’est évidemment quand ces comédiens se contentent d’être des comédiens avec un engagement sans autre épaisseur. Et les cas de Beppe Grillo et de Véronique Genest, chacun dans son genre, et chacun à son niveau en sont une illustration des plus fraiches.

En devenant le troisième homme des élections générales en Italie, Beppe Grillo a la position la plus convoitée de l’autre côté des Alpes : la gauche ne pouvant faire coalition avec la droite de Berlusconi, il est le seul recours possible pour obtenir une majorité. Pour autant, rien ne se fera ni avec l’un ni avec l’autre, et pour cause : le comédien a fait du poujadisme l’essence même de sa campagne, mettant dos à dos gauche et droite au son du « tous pourris », le tout avec des relents d’antisémitisme et de propagande anti-immigration. Toute ressemblance avec un certain parti de France serait purement fortuite.

Pas très loin de là, pour le moins virtuellement, la comédienne française Véronique Genest alias Julie Lescaut, est suppléante de Jonathan-Simon Sellem dans la huitième circonscription des Français de l’Etranger, regroupant notamment l’Europe du Sud Est et Israël. Invitée à décliner les motivations de sa candidature et à dévoiler quelques pans du programme et de la pensée de celui dont elle dit être un simple « porte-voix » dans l’émission « On n’est pas couché », elle abonde dans le sens de son titulaire quand celui-ci explique que « La Palestine est une fiction ». Plus grave encore, elle explique qu’elle a « l’impression qu’on dissimule un antisémitisme dans la création d’un état palestinien ». Véronique Genest, en ingénue politique, malgré une ligne idéologique un peu trop claire n’hésite pourtant pas à dire qu’elle ne fait pas de politique, qu’elle ne fait qu’une entrée, et qu’elle finira bien par en faire. A quelques semaines du scrutin. On croirait rêver.

Alors manipulé ou manipulateur, nos artistes ne sont décidément plus toujours très drôles quand ils décident d’utiliser leur image pour faire avancer un discours politique. Et Dieudonné avait déjà marqué la voie. Brunâtre. Un savant mélange de « bon sens populaire » et de « parler vrai » qui se veut un antidote à la langue de bois des politiques. Les deux vers de Mallarmé pourraient ici s’appliquer à leur vision politique : « Le sens précis rature / Ta vague littérature ».

Car tout ceci ne serait possible avec un peuple averti, un peuple éclairé, un peuple cultivé. Les élites politiques ont, sournoisement et avec un cynisme assumé, laissé le peuple s’abêtir pensant pouvoir les manipuler. Ils se rendent compte qu’à ce rythme, ils se sont coupés de lui et que d’autres en profitent. Les mêmes qui étaient censés le distraire. La valse macabre est engagée.

Publié sur Mediavox le 11 mars 2013

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4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 19:33

«Modernité », « courage », « historique ». Que n’a-t-on pas entendu après la renonciation du Pape Benoit XVI ! Des dithyrambes et des éloges qui furent brodés à la Pénélope après des années de doutes légitimes sur l’action du successeur de Jean-Paul II. La frénésie médiatique fait oublier au plus grand nombre les errances des uns pour leur assurer la postérité. Mais seuls les actes comptent. Et à ce titre, Benoit XVI doit être jugé sur ce qu’il a fait. Et force est alors de constater qu’il aura envoyé un signal terrible de sens aux catholiques et plus généralement au monde entier.

Théologien, le cardinal Ratzinger n’aura eu de cesse, durant son pontificat, de ramener l’église à sa règle dogmatique, refusant de s’ouvrir à la modernité du monde, en considérant celle-ci comme une perversion du message chrétien.

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L’on s’enorgueillit ici ou là que Benoit XVI ait prononcé le « mot » préservatif et en ait parlé, quand son prédécesseur s’était mué en carpe sur la question. Mais comment peut-on oublier que lors de son voyage en Afrique, en mars 2009 il avait estimé que l’on ne pouvait pas régler le problème du sida avec la distribution de préservatifs, estimant que leur utilisation, bien au contraire, aggravait le problème ? Des propos irresponsables et inconséquents et qui montrèrent une bonne fois pour toute que pour le Vatican, le dogme est supérieur à l’intérêt général des humains. Plus qu’un aveu, un crime.

A cette époque, en dehors des champs ecclésiastiques, il n’y eut guère qu’une illuminée pour le soutenir à l’aide d’un site « Touche pas à mon Pape ». Cet enfant du Pontificat porte le nom délicat de Frigide Barjot. C’est aussi cela l’héritage Ratzinger en France.

Sur l’avortement, l’euthanasie ou encore l’IVG, l’église catholique n’aura pas bougé d’un iota. Bien au contraire, elle aura continué d’être complaisante avec les mouvements Provie.

Preuve de ce durcissement de l’église, Benoit XVI réintègrera quatre ex-communiés, dont le tristement célèbre Richard Williamson, qui avait nié l’holocauste dans les chambres à gaz. Volonté exprimée par Benoit XVI de se réconcilier avec les Lefebvristes, ces intégristes se revendiquant de la Fraternité Pie X (dans laquelle se reconnaissent notamment les fidèles de St Nicolas du Chardonnet ou les adhérents de Civitas). Ratzinger réhabilita ainsi la messe en latin d’avant le Concile Vatican II, qui avait sonné comme le début d’une modernité. Avortée.

Loin de faire son aggiornamento, l’église semble de plus en plus proche de sa droite ligne la plus conservatrice, et les premiers échos de sa succession montrent que le prochain Pape ne dérogera pas à la règle. En guise de modernité, on consent bien à évoquer quelques prêtres pédophiles, à demander la démission d’un cardinal aux mœurs jugées déplacées, mais sur le fond, la doxa reste l’incarnation de la lecture fondamentaliste des textes sacrés, ou de leur interprétation quand les mots ne suffisent plus à justifier certaines positions.

Les messages du pape se veulent traditionnellement être de paix. Mais que valent-il quand, par ailleurs, l’église continue de rejeter et de condamner ? Benoit XVI aura su manier cet art du double discours que l’on reconnaît volontiers aux intégristes influents, ou qui se veulent comme tels, comme lorsqu’il écrivit, ou fit écrire, dans La lumière du Monde en 2010 à propos des homosexuels :

« Ils ne doivent pas être rejetés à cause de cela. Le respect de l’être humain est tout à fait fondamental et décisif. Mais cela ne signifie pas que l’homosexualité soit juste pour autant. Elle reste quelque chose qui s’oppose à l’essence même de ce que Dieu a voulu à l’origine ».

Enfin, Benoit XVI aura persisté à faire du message l’église l’affirmation arrogante et insupportable d’une vision suprématiste du patriarcat, refusant à la femme l’égalité des droits. Si l’IVG est toujours fermement condamné par le Vatican, l’accès à la prêtrise lui est tout autant refusé. Au nom de quoi ? D’une traduction biaisée de la genèse qui fit lire aux hommes « la côte de l’homme » quand il fallut lire « le côté » ?

La vérité c’est que le Vatican, version Ratzinger, se sera rapproché par le dogme et la vision des éléments les plus intégristes qui se radicalisent dans les deux autres religions monothéistes. Une véritable période de crispation qui n’empêche pas les rapprochements quand, dans les couloirs du Parlement européen, on s’entend pour limiter les droits à l’avortement ou pour spolier ceux des homosexuels. Paix générale cette foi…

Publié sur Médiavox le 4 mars 2013

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25 février 2013 1 25 /02 /février /2013 19:31

Les chiffres de la Commission européenne sont tombés comme un couperet, ce vendredi, en prévoyant une croissance de 0,1% pour 2013, pas si loin d’une récession donc, contre les 0,8% imaginés par le Gouvernement. Une projection qui annihile bien évidemment le secret espoir de descendre dès 2014 sous le seuil des 3% de déficit, tablant même sur 3,9. La France prend donc le risque d’être, en outre, sanctionnée par l’Europe pour ne pas avoir respecté le calendrier prévu.

Est-ce pour autant surprenant ? Mais qui donc peut être surpris de telles nouvelles ? Tout le monde savait parfaitement que les prévisions de croissance brandies lors de la présidentielles par les équipes de François Hollande étaient illusoires et fondées sur une hypothétique croissance retrouvée. Oubliant que pour la doper, il fallait mettre de l’ordre dans nos finances. Comme l’a fait l’Allemagne depuis 2002.

élections

Depuis deux ans, nos voisins outre-Rhin ne se demandent plus comment ils doivent faire des économies, mais s’ils doivent continuer sur la même ligne pour se prévenir de l’avenir ou commencer à redistribuer le fruit de leurs efforts. Un choix de « privilégiés », qui mais n’est dû qu’à une politique de rigueur et d’austérité depuis une décennie. Tout ce que la France s’est interdit de faire continuant à singer la cigale, en espérant des hivers doux. Douces illusions en vérité qui nous laissent dépourvus en pleine crise aiguë.

Aujourd’hui, le gouvernement continue avec un culot monstre d’accuser le lustre précédent pour expliquer les chiffres d’aujourd’hui, laissant entendre que ce refrain ne lassera personne pour les cinq années à venir. Comme s’il n’avait découvert la situation qu’en mai 2012. Comme s’il ne savait pas quel était l’état de nos finances publiques. Comme si Didier Migaud, socialiste, n’occupait le poste de Président de la Cour des Compte, lui qui fut nommé en 2010 par… Nicolas Sarkozy !

A ce jeu débilitant de désigner le coupable, il n’est pas bien sûr que l’on puisse trouver un gagnant entre les Assemblées nationales détenues depuis 10 ans par la droite avant 2012, et tous échelons locaux par la gauche durant la même période.

Et analyser la situation à l’aune de la dernière décennie revient à regarder par le petit bout de la lorgnette : qui ne sait que ce sont toutes les politiques, qui se sont enchaînées depuis trois décennies, qui ont puisé cet abîme étourdissant de la dette ? Toutes les formations qui ont occupé le législatif ou l’exécutif sont concernées : du PS au RPR en passant par l’UMP et l’UDF, les Verts et les Communistes : qui peut s’enorgueillir de ne pas être au moins en partie responsable de la situation ?

Certains ont le beau rôle de dire « on vous avait dit la vérité, et on ne nous a pas écoutés », à l’image de François Bayrou, le Cassandre préféré des Français. Mais qui dit que les solutions proposées pour autant par le Béarnais dans son programme de 2007 et surtout de 2012 auraient rectifié le tir ? Le Président du MoDem a toujours excellé dans le diagnostique, bien moins pour les solutions apportées. Surtout quand on sait qu’il fut 4 ans ministre lui aussi, sous Balladur puis Juppé. Difficile dès lors de s’exonérer de toute responsabilité.

La seule formation, malheureusement qui peut dire qu’elle n’a jamais participé au jeu de massacre, c’est le Front National. Et Marine Le Pen de rire aux éclats et de mener tout le monde par le bout du nez jeudi soir dans Des paroles et des actes.

Elle peut rire l’héritière. Depuis le temps que l’on dit que tôt ou tard, les Français comprendront que le jeu de l’alternance aboutit à l’abêtissement global et à l’endettement de tous, alors le mal sera fait. Et chacun pourra alors accuser son voisin d’avoir casser la digue républicaine, occultant avec pudeur que ses propres incompétences sont au moins autant responsables. Surtout quand les immenses espoirs placés en eux sont noyés par le manque de courage.

Faut-il en arriver à espérer que les municipales offrent au FN quelques mairies, pour montrer que les exemples de Vitrolles ou de Toulon, même s’ils remontent trop pour faire peur, étaient loin d’être des accidents, mais la conséquence directe d’une ligne politique, économique et sociale désastreuse ?

Quand on en arrive à espérer que le FN puisse démontrer son incompétence, histoire de l’éradiquer des esprits, l’on se dit que l’heure est grave. Qu’a donc à perdre le gouvernement, à titre personnel, à faire preuve de courage quand on sait que l’inépuisable jeu de l’alternance le boutera hors des beaux palais du pouvoir ? Et si l’enjeu était cette fois-ci la République ?

Publié sur Médiavox le 25 février 2013

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18 février 2013 1 18 /02 /février /2013 19:30

Ce fut l’affaire Findus. Puis l’affaire du cheval de Roumanie. Ce sera finalement l’affaire Spanghero. Un scandale qui de rebondissements en révélations nous montre les cuisines parfois peu ragoutantes de notre société.

Tout d’abord il faut rappeler ce qu’est avant tout l’affaire Spanghero. Ce n’est nullement un scandale alimentaire ou vétérinaire contrairement à ce que la psychose laisse entendre. C’est avant tout l’histoire de gros sous. La sombre déclinaison écœurante et lassante de cette avidité qui pousse à multiplier les pains plus que de raison. Vendre un produit ne suffit pas. Il faut encore et toujours plus de marge. Encore et toujours plus d’argent. Quitte à falsifier quelques étiquettes. Si ce gain était en partie redistribué dans la poche des employés, l’on n’y trouverait moins à redire. Las, nul n’est dupe et personne ne peut ignorer que de tels travers riment nécessairement avec le mot « actionnaire ». Une rime millionnaire.

spanghero.jpg

On peut aussi voir cette affaire sous un autre angle : comment accepter que l’on détruise des centaines de tonnes de denrées alimentaires alors que seule l’étiquette est en cause ? La qualité de la nourriture, en termes de réglementation sanitaire, n’est nullement en cause, et certaines associations, dont le secours populaire, se sont portées volontaires pour les récupérer. Une demande qui sera rejetée pour de sombres questions d’images. Parce qu’on n’ose pas donner aux nécessiteux des produits qui, pour des raisons de traçabilité, ne peuvent être mis en vente. Un non sens à l’heure où l’Europe a annoncé des coupes sombres dans ses budgets, alors qu’elle avait déjà réduit son Programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) d’un tiers l’an passé. Va-t-on continuer à se laisser porter par les vecteurs déformants de l’image et d’une prétendue éthique quand des femmes et des hommes ne peuvent même pas manger à leur faim dans notre pays, dans nos villes, dans nos quartiers ?

Par ailleurs, il ne faudrait pas oublier les premières heures qui ont suivi le scandale que l’on appelait alors le « scandale Findus ». Et ce bourreau tout trouvé, celui par qui le scandale serait arrivé. Celui qui, nécessairement, forcément, incontestablement était l’unique responsable de ce trafic de viande : la Roumanie. Haro sur le baudet, tout le monde a enfourché sa selle et montré du doigt le pays qui avait revendu du cheval pour du bœuf. Manque de chance, la Roumanie n’y était pour rien. On lui avait commandé du cheval, et ses abattoirs ont envoyé du cheval. L’effondrement du cours de la viande chevaline n’a aucunement provoqué une quelconque avidité en Roumanie. Bien au contraire, cette situation a excité celle des traders et des géants de l’agro-alimentaire. Cette désignation de la Roumanie comme bouc émissaire rappelle les clichés que ce pays traîne malgré son intégration dans l’Europe. Un a priori insupportable et indigne de nos valeurs.

Enfin, et comment ne pas revenir dessus, on s’étonnera toujours de la candeur du consommateur, qui, à travers cette affaire semble apprendre que les plats préparés ne proposent pas de la qualité d’un point de vue culinaire. Le citoyen prétend découvrir, horrifié, ce qu’est le minerais de viande, produit des morceaux les moins nobles de la bête, que l’on dissimule en les hachant. Ou encore que les steaks hachés sont coupés avec des boulettes de protéines, quand il croyait manger du 100% pur bœuf. A l’heure où l’information est accessible comme jamais, il faut cesser de croire que la traçabilité suffira à « informer » le citoyen : tous ces éléments figurent déjà sur les étiquettes. Mais qui prend le temps de les lire ?

Tant que le citoyen, de lui même, ne se prendra pas en charge, tant qu’il ne s’obligera pas à entendre et écouter la pédagogie de ceux qui connaissent le système, tant qu’il préférera faire semblant de rien en attendant le prochain scandale pour changer ses habitudes alimentaires, rien ne changera.

La moralité de l’histoire est qu’il ne faut pas attendre les crises pour changer sa façon de penser, de manger, de produire ou de faire du commerce. L’éthique n’est pas un serpent de mer, qu’il convient d’agiter en tous sens quand tout s’enflamme. Et il n’est jamais trop tard pour changer.

Publié sur Médiavox, le 18 février 2013

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11 février 2013 1 11 /02 /février /2013 16:05

Que reste-t-il des fabuleux espoirs nés en novembre 2010 après le départ de Ben Ali et le triomphe de la révolution ? Deux ans plus tard, les islamistes ont pris le pouvoir, et un de leurs opposants les plus vindicatifs,Chokri Belaïd, a été froidement assassiné cette semaine, instaurant un climat d’incertitude et de tensions extrêmes. Samedi, à peine 3000 manifestants pro-Ennahda ont défilé pour soutenir le gouvernement en place, et notamment le maintien des Ministres islamistes.

L’effet domino constaté au Maghreb et au Moyen-Orient a bien apporté la démocratie dans des pays étranglés par des dictatures, où la liberté des citoyens était circonscrite à la parole des dirigeants. Pour autant, une vision simpliste de la situation avait fait oublier que les islamistes, c’est-à-dire, puisqu’il faut à tout prix cesser avec les impropriétés liées à l’utilisation de ce terme, ceux qui instrumentalisent la religion, à savoir l’islam, à des fins politiques, étaient largement contenus par les dictatures en place. N’oublions pas, ainsi, que c’est Nasser, en Egypte qui interdit les Frères Musulmans dès 1954, craignant notamment pour sa vie.

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Contrairement à ce que l’on a pu croire, bon nombre de pays arabes, bien qu’étreints dans des dictatures, avec une liberté limitée, ont vécu la fin du XXème siècle dans des Etats laïques. Mais pas une laïcité survenue comme en France après la sécularisation de l’Etat. Une laïcité contrainte, qui éreintait et traitait du même joug, les féministes ou les islamistes. Toute contestation au pouvoir était considérée comme un danger qu’il fallait éradiquer. Et ceux qui se revendiquaient de Dieu étaient, à ce titre, encore plus dangereux, pour le pouvoir des hommes.

Aussi, l’issue des printemps arabes était pour le moins prévisible. Dans ces états qui n’étaient toujours pas sécularisés, et qui n’avaient séparé loi et foi que par l’obligation, les islamistes ont presque réussi le grand chelem, s’engouffrant avec appétit dans les failles de la démocratie.

Beaucoup, en France ou ailleurs, continuent de regretter que la démocratie ait été donnée à des peuples « immatures », et qui n’étaient pas prêts à la recevoir. On peut le comprendre. Mais il faudrait ne pas refuser de voir la leçon que nous apportent ces révolutions à nos propres visions de la démocratie.

Oui, les révolutions arabes éclairent d’un jour nouveau cette idéologie, aveuglante, qui fait de la démocratie le nec plus ultra.

La démocratie n’aspire pas vers la vérité et l’égalité des citoyens : bien au contraire, elle ne fait que donner le pouvoir au plus majoritaire. Elle sert la majorité et fait fi des minorités, même si celle-ci se situe à 49%.

La République (à la française, s'entend) est infiniment plus ambitieuse : elle vise à corriger les inégalités autour de valeurs qu’elle a établies. C’est assurément plus subjectif, mais les risques de s’en remettre à la roulette russe s’amenuisent. Cela ne l’empêche pas de fonctionner avec des principes démocratiques, sans lesquelles toute liberté est impossible. Mais elle sait aussi, parfois, faire des choix qui ne plaisent pas au plus grand nombre mais qu’elle sait bénéfique pour le bien commun.

C’est ainsi qu’en France, on légiféra pour l’IVG en 1975, ou pour l’abolition de la peine de mort en 1981 malgré une opinion majoritairement défavorable.

Si la démocratie est un moyen de parvenir à la liberté et à l'égalité, elle n'est nullement une finalité en soi. Et à ce titre la République lui est largement supérieure : la seconde se fonde sur la première en lui imposant des valeurs pour le bien commun. 

Alors que ceux qui, aujourd’hui, et notamment pour des sujets de société (suivez mon regard) dressent la démocratie comme l’arme absolue, le référendum comme la panacée, ou encore l’affluence de la rue comme une vérité absolue, n’oublient jamais qu’au XXIème siècle, les pires régimes totalitaires ne naissent pas d’un coup d’état mais bien par les urnes.

 

Publié le 11 février 2013 sur Médiavox.  

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 16:01

Ce dimanche 27 janvier vient de refermer le débat citoyen du mariage pour tous. La manifestation des partisans du projet de loi Taubira a fait un écho retentissant des opposants qui continuent de fabuler sur la consistance de leur assistance le 13 janvier et de refuser de payer les dégâts.

Il n’est bien évidemment pas question des dégâts provoqués sur la pelouse du Champ de Mars. Mais des terribles conséquences de cette mobilisation âpre, faite de déclarations, de jugements et de préjugés qui auront animé et envenimé la question depuis maintenant près de six mois.

Ceux qui perdurent d’ailleurs parmi eux à réclamer un débat en prétextant qu’il n’a pas eu lieu sont tout de même culottés : jamais en France l’on aura autant parlé de la place des homosexuels dans la République.

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Bien au contraire, les langues se sont déliées et rarement la justesse, la pondération et la pertinence n’auront pris le pas sur la passion.

A l’issue de la Commission des lois, il y 15 jours, Sergio Coronado, député Europe Ecologie les Verts, rappelait que si les termes avaient été mieux choisis qu’en 1998 par les opposants, ils n’en demeuraient pas moins d’une grande violence à l’égard des homosexuels. Et les chiffres de SOS homophobie le confirment : quand Frigide Barjot se réjouit dans son livre (sic) que grâce au débat, les partisans de l’adoption ont reculé (de 55 à 49%), elle omet de préciser que dans le même temps les agressions homophobes ont triplé…

Ce débat ne fut qu’un leurre pour développer une argumentation en trompe l’œil qui puise sa source dans le même bénitier que 1998. Car autant on peut entendre les réticences à l’égard de la PMA et de la GPA qui relèvent davantage de la bioéthique que de l’orientation sexuelle (d’ailleurs souvent les opposants à la PMA la refuseraient à tout le monde), autant celles à l’égard du mariage et de l’adoption sont clairement suspectes.

N’en déplaise à Henri Guaino qui prétend que seul le Peuple est souverain sur la question, le Conseil Constitutionnel a affirmé exactement l’inverse en 2011, et Jean-Louis Debré a confirmé que la question relevait de l’Assemblée et que les Sages ne censureraient pas le texte si la loi venait à être votée le 12 février prochain. Qui pourra alors se plaindre de voir le petit Sarkozy dispenser des cours à la Fac de Droit, fort de sa licence, quand les députés eux-mêmes, et la plume d’un président de la République lui-même, réinventent par pur mauvais esprit la lettre de notre Constitution ?

Fin de la partie, fin de la parodie. La parole est aux députés et à l’Assemblée. Mesdames et Messieurs, c’est à vous de jouer. Et non de sur-jouer. 

 

Publié le 28 janvier 2013 sur Médiavox

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 15:56

Il est amusant de se pencher à nouveau sur les « débats » qui ont animé la présidentielle. Les guillemets s’imposent puisque je rappelle que d’une part les deux principaux protagonistes ont refusé l’exercice proposé par Nicolas Dupont Aignan et repris par François Bayrou. D’autre part, la cocasserie de la droite actuelle est d’exiger un débat sur le mariage pour tous, alors que Hollande est élu, et que cette mesure correspond même à son 31ème engagement et que les mêmes n’étaient visiblement pas si pressés d’en débattre à ce moment-là…

Toujours est-il que s’il y eut tout de même un point sur lequel le débat fut vif, ce fut celui de l’école. Dès la primaire socialiste, on vit même s’écharper la premier secrétaire du PS de l’époque, Martine Aubry avec celui qui deviendra le Président de la République, notamment sur le bûcher des 70000 postes crées dans l’Education nationale d’ici 2017. Avec la promesse de réformes.  

Réformes de quoi ?

Du temps de travail des enseignants, principal serpent de mer qui est censé expliqué l’effondrement du niveau de connaissance et de culture générale des élèves de France.

Des rythmes scolaires même si l’on sait pertinemment que le Gouvernement ne diminuera pas les vacances d’été pour mettre en crise le secteur du tourisme, l’un des rares à vivre encore de sa prospérité en ces temps difficiles.

Du numérique qui doit s’imposer partout comme si les technologies modernes faisaient office de remèdes miracles…

Et puis… c’est tout.

Vincent Peillon n’a finalement rien proposé de nouveau, ni même de modifications. Oubliant que l’échec de notre école n’est pas celui des professeur mais bien celui des performances des élèves. Et que cette baisse générale, qui se vérifie tant dans la maîtrise de la langue que dans les mathématiques ou bien encore en termes de culture générale, provient de l’abandon brutal de la transmission du savoir.

Peillon.JPG

Cette erreur hystérique est à la charge entière des pédagogistes qui ont sévi pendant trois décennies, Philippe Mérieu en tête, lui qui est devenu vice-président de la Région PaCA pour le soulagement des authentiques pédagogues.

Pendant tout ce temps, l’on constatait le niveau qui baissait sans entreprendre la moindre réforme de fond. Tout d’abord en niant les faits et en prétendant que les élèves savaient aujourd’hui faire des choses différentes (mais le temps ne fait rien à l’affaire de la maîtrise des fondamentaux !).

Puis en plaçant des pansements sur des plaies béantes ou en cassant le thermomètre, car il était entendu que si le niveau baissait, il suffisait de remonter artificiellement les notes pour donner l’illusion du bonheur.

C’est en ce sens qu’a été mis en place le socle commun des connaissances et des savoir-faire, imaginé en son temps par Valérie Giscard d’Esteing, mais qui au lieu d’être un socle minimal de connaissances communes est devenu un socle commun de connaissances minimales. 

De la même manière, on a instauré au collège une note de vie scolaire pour gratifier l’assiduité et le comportement. Une simple note qui vaut autant pour le trimestre qu’une moyenne de mathématiques ! Aujourd’hui un élève est à l’heure et connaît sa table de 4 et l’on crie au génie…

De tout cela, Peillon ne pipe mot, maniant la chèvre et le chou, donnant raison aux pédagogistes lors de la remise de rapport, mais instaurant sur le terrain un statu quo qui fait décolérer le camp d’en face. Le pragmatisme à la Lang persiffleront certains.

Et pour apaiser les susceptibilités de chacun, on crée des postes par milliers alors que les concours peinent à recruter des candidats faute de vocation. Dans un tel capharnaüm, où l’enseignant en a perdu sa mission première qui est tout de même de transmettre des connaissances, on peut le comprendre.

Alors aujourd’hui quand on se demande impatiemment quand sera réformée l’école, nul n’est besoin de préciser que ce n’est pas encore pour maintenant le changement.

 

Publié le 21 janvier 2013 sur Mediavox

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 15:53

340000, 800000 ? Peu importe à vrai dire. La manif pour tous aura été un succès. Et quitte à citer des chiffres, autant délecter nos zygomatiques en lisant ceux affichés par Civitas, l’institut intégriste catholique se revendiquant de la Fraternité Pie X : 60000 annoncés par leur couleur, alors qu’ils ont dû manifester en parallèle du cortège principal, quand ils avaient déjà estimé que les partisans du 16 décembre n’étaient que 12000 à défiler à Paris. Il n’est pas bien sûr que les comptables de Civitas soient conviés à co-organiser la seconde élection à la présidence de l’UMP cet automne…

Que retenir de ce défilé à l’exception notable de la sortie inqualifiable et réitérée de Xavier Bongibault qui a comparé François Hollande à Hitler, analogie déjà faite sur BFM et face à Yves Calvi sur RTL ?

Pas grand-chose, si ce n’est que personne n’oublie que c’est le réseau catholique qui a été le principal artisan du défilé. Un lobby que d’aucuns croyaient en perte de vitesse et qui prouve qu’il n’a rien perdu de sa superbe. Même Christine  Boutin que l’on aurait cru dans un pareil contexte en tête de gondole, doit supporter l’ombre après la lumière de sa croisade anti-PaCS.

Les églises ont ainsi ouvert leur porte aux provinciaux qui avaient dû faire le voyage la veille, Alliance VITA, qui conteste la loi Veil sur l’avortement dans la sinistrement célèbre Marche pour la Vie qui aura lieu la semaine prochaine, co-organise le défilé aux côtés de Frigide Barjot, et nombre de  dirigeants des établissements catholiques ont rappelé par lettre aux enseignants du privé la position de l’église en les invitant à défiler dimanche.

Manif-pour-tous.jpg

Et que dire de l’égérie de cette croisade, Frigide Barjot, qui a publié « les confessions d’une catho branchée » et qui a fondé une association « touche pas à mon Pape », en l’honneur du si « moderniste » Benoit XVI… Son dernier livre « Touche pas à mon sexe » est un Nouveau Testament à lui tout seul, et ses sources s’abreuvent dans le même bénitier que Civitas. Mais bien évidemment la manif pour tous ne relève pas de la doxa religieuse.

L’église  vient donc se mêler du code civil : notre laïcité est bafouée et mitraillée en plein cœur.

Ce dimanche, les chaînes info ont oublié le Mali durant quelques heures pour nous abreuver de cette manif pour tous, avec des témoignages édifiants, notamment celui de cet homme sur I>Télé qui avouait être catholique mais concédant qu’il devait « ne pas en parler aujourd’hui »…

Cachez cette foi que je ne saurais voir. Aujourd’hui l’église bat le pavé de la République et semble lui intimer l’ordre de respecter sa vision de la société. Comment la France peut-elle accepter cet attentat républicain ?

Si l’église a, comme n’importe quelle organisation, le droit de participer au débat, qu’il est révoltant d’entendre que la France doit rester fidèle à ses origines chrétiennes, ou encore qu’elle est la fille ainée de l’église. Et les bigots de l’UMP et du FN, à l’exception notable de Marine Le Pen puisqu’un schisme  a lieu sur la question homosexuelle dans le parti d’extrême-droite, de se sentir renforcés dans leur vision réactionnaire et archaïque.

On le voit la question sur le mariage pour tous n’est pas qu’une question de société. C’est aussi une question de laïcité. Le mariage républicain n’a pas à singer celui de l’église. L’un donne des droits, l’autre confirme la foi. Il ne faudrait tout de même pas tout confondre.

 

Publié le 14 janvier 2013 sur Mediavox

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7 janvier 2013 1 07 /01 /janvier /2013 15:51

Ce sera une première depuis 2006… Pensez donc : il n’y a pas eu depuis lors une seule année sans une voire deux élections ! Pas moins de 9 scrutins qui n’ont finalement laissé aucune famille politique prendre le soin de se poser, de prendre son temps et de penser un programme. A peine une élection avait-elle rendu son verdict qu’il fallait déjà penser à gagner la suivante.


Dans ces conditions, nul ne se s’étonnera de la pauvreté du débat lors de la dernière présidentielle, notamment entre les deux formations qui se sont affrontées au premier tour, du brassage de chimères pour l’une, à la valse avec la force obscure pour l’autre. L’année 2013 pourrait être celle de la réflexion mais aussi des promesses. Encore que…

Au PS, on doit chérir ce moment, à l’heure où les côtes de popularité et de confiance sont au plus bas. Le parti de la rose n’a plus mordu la poussière depuis les Européennes de 2009, où Europe Ecologie Les Verts avait failli le reléguer au troisième rang. Quatorze mois sans élections, et donc sans la pression des urnes devraient donner l’entière liberté d’agir, d’oser l’audace surtout que la gauche est majoritaire dans les deux Chambres. Mais étrangement, François Hollande et son équipe paraissent frileux comme jamais, redoutant… quoi au juste ? Les courbes des sondages ? Ou bien les élus locaux qui craignent pour leur poste aux municipales ?

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La situation aurait pu être profitable à l’UMP mais elle a décidé depuis novembre de revêtir les oripeaux de la droite la plus bête du monde. Et nul doute qu’à ce petit jeu-là , elle a remporté le gros lot avec l’ubuesque élection de la présidence du parti. La droite rejouera le match à la fin de l’année 2013… Un calendrier périlleux, à quelques semaines des municipales. D’ici là, il sera cocasse d’observer comment l’UMP pourra être crédible et légitime avec à sa tête un président à épithète, le président « contesté »…

Redevenu troisième force politique du pays depuis les régionales 2010, le FN a connu une année faste. Mais il sait aussi que ses étoiles ne brillent qu’en période électorale. Entre temps, il faut fédérer. Et il est toujours difficile de composer dans une écurie qui abrite tout et son contraire. Le Front national a toujours été une auberge espagnole qui tente de concilier des positions antagonistes. Et la situation est même aggravée depuis le passage de flambeau car les anciens du parti, représentés par Gollnisch, sont loin de partager tous les combats de Marine Le Pen, à commencer par la laïcité, pour un parti qui compte encore nombre de catholiques intégristes qui défileront notamment la semaine prochaine aux côtés de Civitas. D’ailleurs le sujet d’un mariage pour tous a laissé transpirer quelques fractures… Finalement le seul sujet sur lequel tout le monde s’accorde reste la croisade contre l’islam. Cela sera-t-il suffisant pour présenter des équipes unies pendant quatorze mois ?


Entre ces trois grands, deux destins tentent de se faire un nom. Celui de Mélenchon, même si on entend ici ou là que le PC souhaiterait reprendre quelque peu son indépendance par la force d’un Pierre Laurent qui semble s’être émancipé depuis quelques mois. En tapant si fort sur Hollande, l’extrême gauche a renoncé de facto à toute participation gouvernementale. N’a-t-elle pas eu les yeux plus gros que le ventre ?


Au centre, la gabegie règne, avec l’UDI qui se présente comme parti godillot de l’UMP tentant de prendre sa place maintenant qu’elle a perdu la tête. Et le MoDem qui n’a plus que son chef comme porte-drapeau. Et qu’est le MoDem sans Bayrou si ce n’est son écho ? Les deux formations centristes n’auront d’autres choix que de faire des alliances. Ou de s’allier entre elles. Mais sur quelles valeurs communes ? Ou plus exactement en faisant fi de quelles divergences ?


Même sans scrutin, on le voit, les partis devront travailler sans relâche, tant pour construire leur ligne idéologique que pour se refaire, pour certains, une virginité. Tout reste donc à écrire.

Publié le 7 janvier 2012 sur Médiavox

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31 décembre 2012 1 31 /12 /décembre /2012 15:47

On la promettait si riche, pleine de promesses, et même apocalyptique. 2012 s’achève dans un monde encore entier, mais plus tout à fait le même… Et j’invoque Georges Perec pour me souvenir. Souvenirs.

Je me souviens de ce qui devait être le point d’orgue de cette année. Le 6 mai 2012. La fin du chapitre Sarkozy, quand lui se voyait bien bâtir une saga. François Hollande savoure son triomphe, entre Valérie et Ségolène, qui réserveront leur dessert pour les législatives. L’heure est au changement nous dit-on. Nous promet-on. La fin justifie les moyens et les promesses continuent de bercer d’illusions les Français qui tournent le dos, une fois de plus à la réalité. Eternel recommencement.

Je me souviens justement de Nicolas Sarkozy, refusant la défaite et qui ira braquer la caisse de Marine Le Pen pour faire un hold-up parfait. De justesse évité. Mais la catastrophe pour l’UMP était bien programmée.

Je me souviens de Marine Le Pen et de son parti dédiabolisé. Tant et encore que même l’assaut de bravoure d’Anne-Sophie Lapix, montrant comment l’on peut honorer la démocratie sans sombrer dans la complaisance, fut un coup d’épée dans l’eau. Le Front national ressort plus fort que jamais, en ayant forcé la porte de l’Assemblée Nationale à la faveur de triangulaires… Le monstre bipartite est heureux de vous présenter ses petits.

Je me souviens d’un Mélenchon filant vers une campagne brillante, quitte à doper les chiffres de ses assemblées pour paraître plus beau encore. Mascarade qui prit fin le jour du scrutin, avec un score plus modeste que celui escompté. Qu’à cela ne tienne, il sait qu’il faudra, désormais, compter sur lui. Ou plutôt faire avec lui.

Je me souviens d’un François Bayrou, guidé par son intuition, assez proche début février de refaire le coup de 2007 au refrain d’un Made in France qui avait séduit tant et tant. Las, incroyable milieu de campagne, quand une partie de son équipe décide de se mettre en standby en attendant l’entrée en campagne du président sortant. Stratégie suicidaire. Son vote envers François Hollande n’y changera rien, bien au contraire. Sa main n’était qu’à peine tendue, quand il fallait s’engager.

Je me souviens de Mohamed Merah, (mais surtout de ses victimes) qui a terrorisé la France en ce mois de Mars. De sa sœur qui se dit fière de l’abomination, de l’indicible. Sombre France qui, bien qu’était l’un des pays les plus laïcisés, n’en demeure pas moins un de ceux dont l’intégrisme est le plus virulent. Curieux paradoxe dont profite Civitas pour s’emparer de la fronde contre le mariage pour tous à l’automne, aux côtés des membres du GUD qui tabassent des femmes dont le bouclier est seulement un message peinturluré sur le corps.

Je me souviens des Printemps arabes qui annonçaient des lendemains qui chantent et qui avortent d’une démocratie offerte aux intégristes. La démocratie est une arme puissante que seule la sécularisation permet sereinement d’envisager. Des inquiétudes légitimes avec lesquelles il faudra vivre à présent.

Je me souviens de la folie de Felix Baumgartner, qui nous a fait vivre notre 20 juillet 1969 à nous. Difficile de croire si ce saut est une grand saut pour l’humanité. Mais il est permis de rêver dans ce monde chaque jour endeuillé.

Je me souviens des étoiles de Londres cet été, qui hissèrent sur le toit de l’Olympe Bolt, Phelps, Agnel, Muffat ou Estanguet. Et Roger Federer, parmi eux, qui vint quérir sa première médaille en individuel juste après avoir triomphé une septième fois dans le temple de Wimbledon, pour redevenir n°1 mondial à 31 ans passés. Les héros sont éternels.

Je me souviens enfin de la fin du monde. Un calendrier maya en fut à l’origine, ou plutôt son interprétation usurpée. Une autre ère ? L’idée en tous cas séduit sur le papier.

Je me souviens… Et pourtant déjà je veux voir. Je veux savoir. Je veux entendre. 2013 entrouvre déjà sa porte. Bonne année.


Publié le 31 décembre 2012 sur Médiavox

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Présentation

  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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