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20 mai 2013 1 20 /05 /mai /2013 07:57

Ils sont rares ces moments où l’on peut s’arrêter et contempler la vue avec délectation. Et en ces temps où il est bon ton de s’acharner sur notre Président de la République, il convient de saluer comme il se doit la fin d’une longue période, qui de promesse en bataille, a engendré du plus beau ravalement de notre devise républicaine. Le pilier central, l’égalité, est aujourd’hui plus proche que jamais de l’éclat qu’on lui avait promis voilà deux siècles avec la validation par le Conseil constitutionnel vendredi et la promulgation dans la foulée samedi de la loi ouvrant le mariage et l’adoption aux couples homosexuels.

Oui, il faut saluer la promesse tenue de campagne de Hollande qui avait tant laissé indifférents ses adversaires durant la présidentielle, et qui, soudain, par l’opération du Saint Esprit, en ont fait un casus belli, évoquant les changements de société, de régime ou bien de civilisation. Ceux-là même qui refusaient d’en débattre durant toute la campagne se plaignirent de ne pas être entendus, alors même que la France a saturé de leurs jérémiades.

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Les opposants au mariage pour tous, qu’il convient aujourd’hui d’appeler mariage tout court, n’ont pas seulement fait exploser l’homophobie, pris en otage le Peuple français en prétendant parler en son nom, ou redonner des gages à une extrême droite française que l’on croyait, un peu comme les bancs des églises le dimanche, désertée. Ils ont souillé le pacte républicain en divisant les Français sur la question fondamentale de l’égalité, quand, dans le même mouvement, de nombreux pays font la transition du mariage des couples homosexuels sans heurts, ni drames. Certaines de leurs actions, sombrant dans le délit, ont légitimé l’adage selon lequel la fin justifiait les moyens, plongeant notre Nation dans un climat délétère et malsain.

Il en aura fallu du courage à ce gouvernement pour faire face à cette folie, de ces citoyens maquillés par la déraison de leur passion en délinquants du dimanche. Résister à ceux qui se sont servis des poussettes comme boucliers humains pour ensuite jouer les victimes. Ne pas plier face à ceux qui considèrent que la foi est sur certains sujets supérieure à la loi.

Ne pas renoncer, ne pas céder. François Hollande dont on tance souvent le caractère velléitaire à force de compromis mous ou de synthèses médiocres qui ne satisfont personne, n’a ni plié, ni rompu. Il a tenu. Et a montré de quel bois il était fait en touchant aux fondamentaux de la République et en lui apportant le souffle de modernité qui lui était nécessaire afin de ne pas laisser une partie de ses enfants, sans droits, devant payer l’identité sexuelle de leurs parents. La République les a, enfin, débarrassés du complexe d’Oedipe, et de la culpabilité parentale qu’on leur faisait porter, comme une croix sur le dos.

Pour autant, on ne saurait se contenter d’aussi peu. Dans une France en proie aux doutes, prête pour une frange d’épouser les sillons les plus obscurantistes, le Président de la République doit à présent agir sans compter. Sur l’économie, l’éthique, l’éducation, l’emploi.

Il lui faudra aussi mettre de l’ordre dans sa majorité, afin qu’un Jérôme Cahuzac ne puisse pas, comme il l’a fait cette semaine, laisser planer le moindre doute sur un retour en politique quand on s’est rendu coupable de parjure devant des élus de la République pour cacher avec lâcheté ses délits. Son fantôme menace pourtant de hanter les Municipales pour 2014, dans une année électorale où le PS risque de payer très cher l’impression d’ensemble.

De la même manière, si le pilier central de notre devise, l’égalité, trouve un lustre aux reflets voisins de ceux qu’on lui avait imaginés en 1789, il ne faut pas oublier tous ceux qui sont encore laissés sur le bord de la route, de la reconnaissance des trans, sur la question LGBT, ou des étrangers qui travaillent en situation régulière et qui s’acquittent de leurs impôts sans pour autant bénéficier pleinement de leur citoyenneté par le vote aux élections locales. Avoir repoussé la proposition après les municipales lors de la Conférence de Presse a été perçu pour beaucoup comme un renoncement. Bien loin du Président courageux que j’applaudissais il y a encore quelques mots…

Publié sur Médiavox le 20 mai 2013

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13 mai 2013 1 13 /05 /mai /2013 07:54

Si l’année 2013 est une année vierge d’élection, une première en France depuis 2006, elle n’en aiguise pas moins les appétits. 2014 sera, il faut dire, une année faste avec en perspective les Municipales et les Européennes, les scrutins des régionales et des cantonales ayant été décalés pour surcharge de calendrier.

Et à une dizaine de mois des premières échéances, force est de constater que le paysage politique français ressemble à un champ de bataille… après la guerre. François Hollande va bientôt trouver des gisements de gaz de schiste, malgré l’interdiction de son exploitation en France, l’UMP est gangrénée par la culture de l’ego, le Front de Gauche flatte les ouvriers mais ne ratisse que chez les bobos.

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Quant au Front national, s’il semble plus fort que jamais, ses difficultés à rassembler au-delà de ses électeurs au second tour lui offrent davantage de perspectives pour les européennes que pour les municipales. Même s’il est à surveiller comme le lait sur le feu.

Ne reste que le centre et son hydre à deux têtes : celle de Bayrou, qu’il considère comme le seul « centre » et celle de Borloo.

L’UDI peut envisager l’échéance avec sérénité, son alliance assumée avec la droite, et sa promesse de siéger au PPE, offrant même à l’électorat de droite la possibilité de voter pour un parti en apparence moins en proie avec les problèmes internes.

A l’inverse, la situation du MoDem est bien plus périlleuse. En juin 2013, le MoDem va même jouer très gros, puisque cinq de ses derniers élus, remettront leur mandat en jeu. Et avec un peu de 9% aux présidentiel, et moins de 2% aux législatives, l’heure est plutôt à l’inquiétude.

C’est dans ce contexte difficile que Marielle de Sarnez et François Bayrou tentent de manœuvrer en coulisse.

Cette semaine, Marielle de Sarnez n’a pas exclu de faire des listes communes avec l’UDI, quand François Bayrou semble avoir fait le paon auprès de François de Rugy, en lui laissant entendre que le MoDem soutiendrait sa liste s’il venait à se présenter à la Mairie de Nantes.

Le MoDem, qui a tout sacrifié pour imposer sa liberté et son indépendance, serait prêt à faire des listes communes avec l’UDI, membre de l’opposition et les Ecologistes, membre de la majorité, pour les deux échéances à venir. « Tous ceux qui veulent faire quelque chose d’utile pour l’Europe, au centre de la vie politique française, bien évidemment, je regarde ça avec intérêt », explique en substance Marielle de Sarnez.

Mais de quel « intérêt » parle-t-on ? De celui des Français ou de celui de la préservation des sièges ? Taclé par mes soins sur la question, le Responsable de la communication du MoDem m’a répondu en substance que la ligne politique était restée la même.

Ah oui ? Jusqu’à présent, les partenariats ne s’étaient pourtant éventuellement opérés qu’au second tour, au nom d’un projet de valeurs communes. Pas dans une fusion dès le premier.

La réalité c’est que malgré la proportionnelle, le MoDem aura toutes les peines du monde à continuer d’exister, surtout avec une UDI qui se pose en concurrent direct sur le thème de l’Europe.

Plutôt que de faire la pédagogie de sa singularité, le MoDem préfère s’aveugler des prétendues valeurs partagées. Car lorsque l’on choisit la liste commune dès le premier tour, au moins revendique-t-on l’appartenance à une même famille de pensée, ou pour le moins à être en accord sur l’essentiel.

Quitte à oublier par exemple qu’à l’UDI, François Lebel a expliqué que le mariage pour tous ouvrait la voie à la pédophilie, à la consanguinité ou encore l’inceste ? Que le CNIP, membre de l’UDI, a déjà fait alliance avec le Front national par le passé ? Qu’Edouard Fritch avait demandé à ce que la Polynésie bénéficie d’une laïcité adaptée à son territoire fait d’histoire chrétienne (sic quand on sait qu’il faut attendre le XIXème siècle pour la voir se convertir au christianisme) ?

Quant aux Verts, pendant longtemps, le MoDem a fustigé leur logique « sectariste » d’appareil (demandez à Jean-Luc Benhammias s’ils souhaite y retourner…), décrié le laxisme qui guide leurs décisions en matière de justice et de sécurité. Et que dire de leurs accointances, comme à Roubaix, ou au mieux de leur passivité face à l’intégrisme vert, les écolos jouant depuis des années aux idiots utiles de la République, à l’image de Noël Mamère qui se complaisait à se faire applaudir au Congrès de l’UOIF ? Que penser d’un parti qui avait placé très haut dans ses listes en 2009 un homme comme Ali Rahni qui explique que Tariq Ramadan est sa « référence intellectuelle majeure » ? Ou qui avait fait élire sénatrice une femme qui expliquait que le lobby sioniste n’avait pas à faire sa loi en France ? François Bayrou aurait-il par ailleurs oublié que Philippe Mérieu n’est pas seulement le Vice –Président du Conseil Régional de Rhône-Alpes, mais qu’il est aussi celui qui a ruiné la transmission du savoir de l’Education Nationale depuis 30 ans, et que la profession est reconnaissante envers les Verts de l’avoir éloigné de ses sentiers ?

Certes le MoDem n’a plus le privilège de décider seul de ses alliances. Et comme le jeu politique l’y oblige, il faut savoir faire des compromis pour exister. Car faire de la politique sans avoir d’élus revient à prêcher dans un désert.

Pour autant, le compromis n’est pas la compromission. Avant que de regarder ce qui rassemble, il faut veiller, avant toute chose, à vérifier ce qui vous sépare. Sans aucune concession. La fin ne justifie pas les moyens. Au risque de se renier définitivement.

Publié sur Médiavox, le 13 mai 2013

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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 07:51

A priori nul n’aurait pu croire que les sillons de leurs charrues électorales pouvaient se croiser. Et pourtant…

François Bayrou, issu de la Démocratie chrétienne, et qui tente depuis dix ans de se défaire de l’inféodation à la droite n’a pas toujours les mêmes diagnostics, et encore moins les mêmes solutions que l’héritière de Montretout, Marine Le Pen.

Mais c’est lors de sa campagne présidentielle de 2007, la seconde, que le Béarnais vit alors certains observateurs oser le comparatif. C’est à Bernard de Villardière que l’on dut la première offensive, lui qui au est journalisme, ce que Frigide Barjot est à la rigueur mathématique pour compter ses manifestants. Bayrou serait un « Le Pen light ».

L’hymne avait bien plu, si bien qu’en 2012, la même rengaine fut resservie par les hommes de main médiatiques de François Hollande, histoire de faire peur.

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A croire ces inventeurs en analogie, le crime de François Bayrou serait de proposer une autre voie, de mettre dos à dos la gauche et la droite face à leurs échecs et de flatter par-là même une certaine conception du populisme. Les chancres de l’anti-système mis au ban.

J’avais déjà expliqué en quoi les thématiques et les valeurs défendues de part et d’autres rendaient ce rapprochement inopérant, inique et surtout issu de la mauvaise foi.

Dans son dernier ouvrage, De la Vérité en politique, constatant l’échec répété et prévisible de l’hydre bipartite face à la crise, François Bayrou se veut grave et explique que les Français ont deux solutions : celle du populisme de Marine Le Pen, ou la sienne qui prône l’union nationale. Une proposition d’autant plus alléchante qu’elle semble porté par l’opinion.

Ne lui en déplaise, et n’en déplaise à tous les défenseurs de la République, si pareille alternative était la seule possible dans les mois à venir, François Bayrou a toutes les raisons d’échouer face à Marine Le Pen. Au nom de la voie qu’ils proposent, et partant du diagnostic qui les y a conduits, tout laisse à croire, tristement, que le Président du Mouvement Démocrate fait une erreur, grave, de lecture.

François Bayrou part de l’échec de la droite et de la gauche, qui, successivement, luttent avant tout pour revenir au pouvoir ou pour conserver celui acquis davantage qu’ils ne se mettent au service des Français. Selon lui, ce crétinisme bipartite ne peut fonctionner qu’en temps de prospérité, mais, comme il l’explique aussi dans 2012, Etat d’urgence, il est mortifère quand la Crise menace les fondations. Seule une autre politique, une autre manière de faire de la politique permettrait de sauver la situation.

Jusqu’à ce point, on peut dire sans prétendre qu’ils se ressemblent, que Marine le Pen et François Bayrou partagent le même point de vue, et cela en dehors de toutes considérations idéologiques qui les placent nécessairement aux antipodes.

Mais, fort de ce constat, la Présidente du Front national ne tire pas les mêmes conséquences.

Pour elle, et surtout pour Florian Philippot, l’énarque, jadis passé chez Chevènement, qui est la tête pensante du FN, et à qui on doit les relents républicains d’un parti jadis plus disposé envers les nostalgiques royalistes, la raison de cet enlisement de ce qu’elle appelle « l’UMPS », c’est l’inféodation à l’Europe. Pour elle, c’est elle qui est responsable de tous les maux : de la crise économique et financière, de l’immigration et de la crise culturelle et multiculturalisme que traverserait selon elle le pays.

Marine Le Pen fracasse la lecture gauche/droite en expliquant que la réelle fracture est « européiste ou non ». Elle remplace donc un manichéisme par un autre : on est soit pour, soit contre le rétablissement des frontières, avec à la clé la souveraineté de la France. Et en temps de Crise, le manichéisme est dans le vent.

François Bayrou ne fait pas le même raisonnement. Lui non plus ne souhaite plus de cette grille de lecture gauche/droite, et propose, par l’union nationale, que chacun mette dans sa poche son appartenance partisane pour construire une véritable politique qui prend en considération les citoyens et les situations et non les lubies partisanes.

Sauf que, pour ce faire, Bayrou se place au Centre.

Le Centre ? Quand on aspire à casser l’étiage droite/gauche ? Etre au centre, signifie nécessairement être au « centre de quelque chose ». Et tout dans le discours de François Bayrou, qui n’entend se passer ni de l’un, ni de l’autre (faute d’équipe, railleront certains), le condamne à être au centre de la gauche et de la droite. A proposer une politique, qui, loin des sentiers d’une sixième République, qui lui permettrait de gouverner avec davantage de proportionnelle, l’enlise dans une Cinquième qui le condamne élection après élection.

Le Béarnais prétend, depuis deux lustres, offrir une grille de lecture différente à l’alternative droite/gauche, quand en réalité, il ne fait que se placer à l’intérieur de cette grille en parlant de nouveauté. Et c’est là que le bât blesse. Et la cohérence avec.

François Bayrou a beau être plébiscité par les Français pour une union nationale dans laquelle il serait le Premier Ministre : il n’en demeure pas moins que si la présidentielle avait lieu demain, il resterait aux alentours de 10%, en cinquième homme, loin, si loin de Marine le Pen. Car face à celui qui prétend incarner une politique nouvelle dans le même appareil, les Français choisissent celle qui propose de faire exploser le dit appareil. Au risque de faire exploser la République et ses valeurs.

L’Europe traverse une sale période car elle doute d’elle-même. Les populismes qui montent dans tous les pays en crise veulent lui faire la peau, et ceux qui ne l’ont pas compris et qui continuent de dire qu’elle est nécessaire sans s’obliger à faire de la pédagogie, seront irrémédiablement condamnés.

En période instable, le discours de la raison sera toujours balayé par celui de la passion. 

Peu importe la vérité en politique : ce qui compte, c’est ce que les Français sont prêts à croire. Mais la carrière entière de François Bayrou montre une absence totale de lucidité sur la question.

 

Publié sur Médiavox, le 6 mai 2013

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29 avril 2013 1 29 /04 /avril /2013 07:48

Le ventre de la République a rendu un verdict qui ne laisse planer aucun doute, malgré les incantations des bigots, des charognards, ou de ceux qui refusent à la France l’application stricte du principe d’égalité, pilier central de notre devise.

La nouvelle n’a pas empêché de nouveaux débordements. Dans l’Assemblée, des abrutis ont tenté de déployer une banderole en faveur d’un référendum sur la question, niant les préconisations du Conseil Constitutionnel, qui, il y a deux, ans expliquait que seul le législateur était légitime en la matière. Niant aussi la Constitution qui empêche le recours au référendum pour des lois sociétales. Niant aussi le règlement de l’Assemblée qui exige la neutralité des spectateurs. Hervé Mariton et Jacques Bompart, l’ancien fondateur du FN, auraient fourni les invitations aux pourfendeurs. Les mêmes qui pendant dix ans au gouvernement ou le parti le soutenant exigeaient encore plus de justice, de morale et de règles à respecter en renvoyant les délinquants à des peines toujours plus lourdes. Amère ironie du sort.

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Le soir-même, des excités ont bravé, une nouvelle fois les forces de l’ordre, avant de s’en prendre aux journalistes. Certains y voient un 68 mai à l’envers, quand il ne faut y voir que racaillerie bourgeoise, ou pire racaillerie brune. Les saluts nazis ont fleuré bon dans ces soirées printanières qui avaient des relents de nationalisme effrayants.

Le mariage pour tous aura réveillé certains bas instincts et les enseignements à tirer ne sont pas à négliger pour construire notre avenir.

La droite continue de croire, comme l’avait dit dans un élan méprisable François Baroin, que la Gauche ne peut arriver au pouvoir que par effraction, et tente par tous les moyens de montrer leur illégitime à gouverner. A l’heure où, pourtant, les Français rêvent d’union nationale. Douce utopie.

L’église ne doit plus être regardée à l’aune de ses bancs qui se désertent, mais en fonction des l’influence qu’elle possède. Beaucoup de questions se posent encore sur le financement de la Manif Pour Tous, et l’église semble avoir des trésors inavoués de ressources. On la croyait moribonde et chacun pensait que les idées les plus réactionnaires étaient l’apanage des intégristes. La France laïque a découvert avec effroi que l’ensemble du Clergé n’est assurément pas du clan des progressistes, et que les Français étaient au moins autant laïques que catholiques dès qu’il s’agissait de « penser la société ». De quoi effrayer ceux qui savent que certains imposteurs n’hésitent pas à faire arrêter la laïcité là où s’achève le catholicisme, sur le bucher de l’islam. Nier que l’opposition du mariage pour tous ne se nourrissait pas du même feu que le débat sur l’identité nationale revient à être borgne chez les aveugles.

On a souvent cru que le clivage droit/gauche relevait d’une conception différente de l’économie quand le débat du mariage pour tous a montré et démontré sans l’ombre d’un doute, que ce clivage était bien plus prégnant sur les questions sociétales. Comme deux visions du monde irréversible. L’une lorgnant vers le passé et la sclérose, l’autre vers l’avenir et la modernité. A chacun de reconnaître son camp.

La droite, elle, s’acoquine, bras dessus, bras dessous, avec le FN, dans les manifestations, et signent d’une même main des amendements pour spolier des citoyens des mêmes droits que les autres. Une première dans la Cinquième République. La Droite populaire et celle dite forte boivent du Petit lait. Guillaume Peltier peut y voir la légitimité de son parcours qui en d’autres terres serait indigne.

Et le Centre dans tout ça ? A ne rien y comprendre : Borloo se plante de bouton, Fromantin, censé expliquer la liberté de vote fait un réquisitoire de sa vision personnelle du dossier qui puise sa source dans la même bénitier que Boutin, Bayrou dit qu’il n’aurait pas voté la loi, tout en expliquant que le texte doit passer au Sénat. Bref, un centre, fidèle à lui même : illisible.

Mais le plus gros enseignement reste cette jeunesse retrouvée de l’extrême droite, pure et dure, qui sans complexe affiche ses prétentions, de tribunes en coups de poings. Marginalisée, elle représente aujourd’hui non pas un nombre conséquent, mais une force d’existence majeure, capable d’ébranler les fondements de la République. De Civitas au Printemps français, des Jeunesses nationalistes aux mouvements Provie (appellation frelatée pour « anti IVG), le brun est de saison.

Et il est à craindre que cette loi du mariage pour tous fera date… et pas seulement pour ses bienfaits.

 

Publié sur Médiavox, le 29 avril 2013

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22 avril 2013 1 22 /04 /avril /2013 07:46

L’histoire marquera au fer rouge ceux qui, aujourd’hui, revendiquent fièrement appartenir à la droite. Car, si les médias pointent avec une fascination quasi morbide, la descente aux enfers de François Hollande dans les opinions favorables, ils en oublient que cet effondrement dans les abysses n’est nullement le fruit d’un combat digne et légitime de la part de l’autre tête de l’hydre bipartite.

Les années Sarkozy auront marqué un tournant, que d’aucuns ont baptisé avec fierté « la droite décomplexée ». Cette droite qui ose tout, et qui surtout part d’un postulat, factice, selon lequel des tabous brideraient la liberté de parole en France. Cette prétendue libération de l’expression a surtout été l’occasion d’un déchainement idéologique sur des bouc émissaires : les pauvres, les assistés, les musulmans, les fonctionnaires ou encore les Roms. Ainsi, le débat sur l’identité nationale ou cet autre sur la laïcité n’avaient fait qu’attiser des haines et des tensions, séparant les Français entre eux.

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Mais l’entre deux tours de la présidentielle apporta quelque chose de nouveau. Patrick Buisson emmena dans son ténébreux sillon un président sortant prêt à tout pour ne pas perdre. Dans le spot de campagne, on vit alors apparaître un panneau « douane » écrit en français et en arabe. A Toulouse, on agita la notion de frontière. Puis Nicolas Sarkozy s’amusa à piller dans la besace de Marine le Pen en agitant une improbable présomption de légitime défense des forces de l’ordre.

La coup manqua d’assez peu. François Hollande fut élu et Nicolas Sarkozy contraint de prendre le large. La droite eut alors le choix : exiger un droit d’inventaire pour recomposer une droite moins attirée par son extrême, ou bien encore poursuivre ce chemin de la radicalisation. Ceux qui tentèrent la première voie, à l’image de Roselyne Bachelot furent crucifiés sur le champ.

Aujourd’hui, qu’est devenue la droite ? Un gigantesque zoo qui n’est même pas capable de trouver son chef. N’ayant trouvé que pour seul os à ronger « le mariage pour tous », alors qu’elle n’avait eu de cesse de dire que ce sujet n’était pas la priorité des Français et que le gouvernement l’utilisait pour faire diversion, elle s’enfonce jour après jour dans l’indignité la plus éloignée des idéaux républicains.

Henri Guaino prétend que l’Assemblée nationale n’est pas légitime pour légiférer. Puis il accuse la préfecture de police de mentir, demande au préfet de la police de « changer de métier » (sans oublier sa Gentil-lesse à l’égard du juge du même nom estimant qu’il avait « déshonoré la Justice »).

Laurent Wauquiez défend mordicus que le référendum sur le mariage pour tous serait constitutionnel quand, dans un livre de droit, il a écrit et démontré l’inverse il y a onze ans.

Christine Boutin appelle à la guerre civile ou évoque « l’étoile jaune », quand les chefs de groupe du Sénat demande eux-même la publication des élus n’ayant pas voté comme le groupe.  

Hervé Mariton parle de « coup d’état législatif » quand on ramène trop rapidement à son gout un texte qui aura pris tellement de temps, qu’entre temps deux pays ont déjà doublé la France…

Philippe Cochet, député,  dit à l’Assemblée que le gouvernement est en train d’ « assassiner des enfants ».

Marc le Fur, député, provoque lui-même les forces de l’ordre.

Yves Albarello, député, frappe un huissier en pleine séance de travail à l’Assemblée nationale.

Cette même droite, qui rechigne à condamner les violences homophobes ou celles perpétrées contre les forces de l’ordre toute la semaine, qu’elles soient signées du Printemps français ou encore des « Jeunesses nationalistes ». Pire, quand elle s’y plie, elle n’oublie pas de rappeler que le seul responsable de la situation c’est le gouvernement, expliquant que cette violence est née de la frustration et qu’elle s’explique.

Cette même droite qui avait voulu durcir la loi avec les récidivistes, et qui trouvaient que la Justice n’était pas suffisamment sévère avec les délinquants. Les barons de la droite deviennent aujourd’hui ces mêmes délinquants. En toute impunité.

La droite n’est pas seulement irresponsable : elle est aujourd’hui indigne, paradant, main dans la main, avec l’extrême droite et des responsables du Front national pour refuser à des Français des droits, tous convaincus de leur vision suprématiste de la société. Aujourd’hui, la droite pactise avec ceux qu’elle prétendait combattre.

Ce dimanche, Yves Jégo, de l’UDI n‘en revient pas de voir certains des siens se laisser aller de la sorte : « Comment peut on se dire de centre droit et défiler côte a côte avec un haut dignitaire du #FN tout en niant la légitimité du Parlement ?! ». Oui, Monsieur Jégo, comment ? Comment en est-on arrivé à cette droite indigne ?

Publié sur Médiavox, le 22 avril 2013

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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 07:42

Je me souviens l’été 2012 quand je m’attardais sur la rhétorique d’Alain Escada de l’Institut Civitas et de Christine Boutin qui préparaient leur croisade contre le mariage pour tous. Combien m’ont soufflé, même parmi mes amis et mes proches, que je m’intéressais là à un épiphénomène, marginal, qui n’aurait aucun impact sur la France.  Et de glisser au passage que la loi passerait comme une lettre à la poste.

Dix mois plus tard, la République est exsangue. Gangrénée par une extrême droite qui n’avait pas le visage qu’on voulait bien lui donner.

La question n’est donc pas celle du nombre. La question est celle de la portée, de la capacité à mobiliser et à nuire. Et force est de constater que celle de l’extrême droite impressionne durablement.

On a souvent considéré que le Front national était « L’Extrême droite ». C’était oublié qu’à ses côtés, d’autres factions, parfois bien plus radicales, vivotaient en sous sol.

L’extrême droite n’est pas un mouvement et encore moins une famille de pensée. C’est une nébuleuse complexe, qui va des nostalgiques pétainistes aux négationnistes, en passant par les anti-IVG (qui par pudeur médiatique se nomme Provie), l’œuvre française ou encore les catholiques traditionalistes intégristes

Et aujourd’hui, elle trouve un terreau unique et historique (pour la première fois depuis les années 30 ?) pour allier ses forces, elle qui a toujours eu tendance à se faire la guerre plutôt qu’à se rassembler. Le mariage pour tous est devenu une aubaine pour une révolution qu’ils appellent de tous leurs vœux, contre les principes de la République et la République elle-même.

C’est ainsi qu’est né « le printemps français ».

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Une référence aux révolutions arabes pour le moins sarcastique quand on sait que l’immense majorité des mouvances d’extrême droite a une idéologie xénophobe et tout particulièrement à l’adresse de l’islam (ce qui ne les empêche pas, parfois, de vouer un culte pour les dictateurs du Moyen Orient…).

Il ne se passe à présent pas une journée sans que les exactions ne viennent empoisonner notre pays : les membres du gouvernement ou encore les élus qui ont décidé d’apporter leur voix à l’égalité se retrouvent ainsi soit empêchés de tenir des réunions publiques, comme Erwann BinetNajat Vallaud-Belkacem ou encore le courageux Jean-Pierre Michel, vice-président de la Commission des lois du Sénat.

Chantal Jouanno (UDI) et François de Rugy (EELV) ont eux eu le « plaisir » de se voir réveiller par un comité d’accueil musclé, la première ayant découvert que son adresse et le nom de ses enfants avaient été au préalable jetés en pâture en guise de flyer.

Et qui aura oublié Christophe-André Frassa (UMP), menacé de mort pour avoir voter pour le projet en Commission des lois, et qui étonnamment s’est abstenu lors du vote solennel, après avoir fait l’aveu de l’épée de Damoclès qui pesait sur ses épaules. 

Chacune de ses démonstrations de force porte la même signature : le printemps français.

Alors très vite, les hérauts qui se veulent respectables de l’opposition au mariage pour tous tentent par tous les moyens de s’en laver main, et d’expliquer que cette radicalisation n’est pas de leur fait. C’est le cas évidemment de Christine Boutin, de Frigide Barjot ou encore de la droite, emmenée à l’Assemblée par Christian Jacob.

Et d’aller plus en déresponsabilisant ceux qui commettent ces actes en accusant le gouvernement d’en être la cause.

Pourquoi cette surenchère quand une simple condamnation aurait suffi ? Tout simplement parce qu’ils sont les premiers à tendre la mèche à la flamme qui ne demande qu’à s’embraser ! Christine Boutin évoque la guerre civile, quand Frigide Barjot prédit avec délectation et fureur « du sang » et pendant que Christian Jacob anticipe des « confrontations violentes ».

Loin de condamner ces réactions extrémistes, Boutin, Barjot et Jacob ne font que les alimenter en attisant tant et plus les braises pour tenter de récupérer les marrons du feu. Et tous ceux qui pensaient qu’ils étaient modérés se rendent compte qu’un double discours soutenait leur argumentation.

Aujourd’hui libérée par une opinion publique complètement retournée et excitée par les hérauts de l’opposition au mariage pour tous, l’extrême droite française triomphe en faisant régner la terreur, leur représentant s’enorgueillissant même de voir les leurs mis en garde à vue après leurs méfaits.

Aujourd’hui la droite, et ses satellites de la manif pour tous sont entièrement responsables non pas de ce printemps français, mais de ce printemps brun. Avec le spectre du 6 février 1934 en épée de Damoclès.

 

Publié sur Médiavox, le 15 avril 2013.

 

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 07:36

Je voudrais écrire autre chose. J’aimerais voir une lueur d’espoir. Je souhaiterais tant vanter les vertus d’une République qui, dans l’Histoire, en a fait naître ou prospérer tant d’autres. L’exemple.

L’exemplarité, c’est celle qui devrait guider l’action de nos élus. Jérôme Cahuzac avait su inspirer le respect de tous, même celui de l’opposition ce qui est une rareté dans un paysage politique marqué au fer rouge par l’hydre bipartite aux réactions manichéennes et pavloviennes. Cahuzac, c’était la version face du gouvernement. Le contrepoids pragmatique et nécessaire aux promesses électorales les plus folles. Le symbole de l’économie, de la rigueur et de la raison pour endiguer les marées électoralistes qui déferlent au vent des Présidentielles.

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En mentant sur son ou ses compte(s) ) l’étranger, dans le but de soustraire de l’argent au Fisc, lui dont la mission était justement de lutter, comme jamais, contre l’évasion fiscale, Jérôme Cahuzac n’a pas seulement trahi la République, dans son ventre. Il n’a pas seulement floué tous les Français.

Il a tout simplement ruiné toutes tentatives à moyen terme du gouvernement de faire passer la rigueur ou les efforts au Peuple français.

Il a ouvert les vannes aux discours populistes, qui n’en demandaient pas tant, pour chatouiller des esprits repus de trahisons.

Plus grave, il a montré que l’impunité était courante en France. Et puisque les politiques eux-mêmes d’affranchissent des lois quand il s’agit d’eux mêmes, il n’y a aucun raison que les citoyens lambda n’en fassent pas de même.

D’ailleurs, Henri Guaino ne réinvente-t-il pas lui même la Consitution, en redéfinissant son article 11 sur le référendum, prétendant que dans le vocabulaire juridique « affaires sociales » et « affaires sociétales » sont synonymes ? Ne fantasme-t-il pas nos Institutions en déclarant que l’Assemblée Nationale n’est pas légitime pour légiférer ? Ne fait-il pas fi de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice en insultant le juge d’instruction Gentil qui a mis en examen Nicolas Sarkozy ?

Aujourd’hui, les hommes et femmes politiques n’ont de cesse de faire la pédagogie de l’effort et de la justice quand eux-mêmes s’en accommodent en toute impunité. Seul l’ego semble primer.

Dès lors il n’y a rien de surprenant à voir les opposants au mariage pour tous, mécontents de leur sort, déchainer leur haine et cracher sur la République.

La semaine dernière fut un déferlement ininterrompu d’incivilités allant jusqu’au terrorisme avec un sénateur, menacé de mort, et contraint, malgré des dénégations fort peu convaincantes, de changer son vote.

La France est dans un marais et s’enfonce jour après jour dans les méandres de l’obscurantisme. Chacun pour soi et Dieu pour tous : la République n’est plus qu’un paillasson sur lequel on essuie ses forfaits, pour reprendre l’image que Rama Yade réserva à Kadhafi il y a cinq ans.

Notre République n’est pas seulement malade : on lui assène coups de couteaux sur coups de couteaux, à tous les échelons de la société. L’heure est grave. Mais le plus alarmant est qu’il en existe certains, au sein même de notre pays, pour s’en réjouir.

Publié sur Médiavox, le 8 avril 2013.

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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 07:29

La Cour de Cassation avait-elle conscience que son jugement sur l’affaire de l’employée voilée licenciée de la crèche Baby Loup allait sans doute changer la loi française ? Nul ne le sait. Mais elle ne pouvait ignorer que sa décision serait suivie d’un très vif intérêt et que ses conclusions qui contredisaient les jugements en première instance et en appel, allaient faire couler beaucoup d’encre.

Contrairement à ce que les soi-disant hérauts de l’islam proclament ce week-end à l’annuel Congrès de l’UOIF au Bourget, Ahmed Jaballah, son président en tête, la montée de boucliers face à cette décision n’est pas une discrimination de plus envers l’islam. Ni envers les libertés individuelles. Et encore moins une entrave à l’égalité. Une dernière accusation honteuse qu’Ahmed Jaballah tente d’intrumentaliser en expliquant qu’au “moment où on autorise la loi sur le mariage homosexuel, on émet des propositions de loi restrictives concernant les musulmans, qui ne me paraissent pas constituer des éléments d’égalité”. Honteuse car l’UOIF ose montrer la loi du mariage pour tous en référence quand l’organisation avait déclaré en janvier dernier que le projet de loi constituait une menace de dérive vers la zoophilie et la polyandrie, puisqu’il semble convenu qu’un homme ayant plusieurs femmes étant parfaitement normal pour l’UOIF.

 

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La réalité, c’est qu’aujourd’hui, un établissement ayant pour mission de d’occuper des enfants a le droit d’être confessionnel mais n’a pas le droit de se réclamer des valeurs laïques !

Incroyable paradoxe qui fait les délices des intégristes de tous poils qui s’enfourchent dans la brèche pour repousser, toujours plus loin, les frontières de l’acceptable au sein de la République.

Il n’est pas question ici de changer les règles du privé : ainsi Fanny Truchelut qui avait refusé à une de ses clientes de déambuler en voile dans les parties communes de son hôtel n’a aucune excuse, et n’en aurait eu aucune après la loi qui a été esquissée dans son grand oral par François Hollande : les discriminations envers les femmes voilées dans l’espace public sont des actes intolérables qui prostituent les libertés individuelles et qui doivent être sévèrement réprimés.

Mais l’affaire Baby Loup n’est pas du même cuir : il est question ici d’un établissement, financé en partie par des fonds public qui plus est, et dont la mission est d’intérêt général auprès des enfants. Un établissement qui n’a pas spécifiquement pointé du doigt une femme voilée du jour au lendemain, mais qui avait en vigueur un règlement intérieur datant de 17 ans et que l’employée, adjointe à la directrice avait respecté jusque-là. Il n’y avait qu’à voir en 2008, la présence renforcée des « grands Frères » au tribunal pour intimider Elisabeth Badinter ou encore Jeannette Bougrab, alors présidente de la Halde, ce que cette dernière raconte dans son livre “Ma République se meurt”, pour s’autoriser à croire que le voile n’était, ici, qu’un prétexte pour tester les lois de la République.

Il n’y a dès lors plus de choix : quand il y a une faille, il faut la colmater. Au risque de voir nos valeurs républicaines gangrénées par les germes belliqueux du communautarisme.

Cela ne nous empêche pas d’être vigilants et de prendre conscience que certains instrumentaliseront l’affaire pour assouvir leur haine viscérale envers l’islam : mais le courage politique n’est-il pas justement de mener la bataille sur les deux fronts, celle des valeurs laïques et celle contre le racisme et les discriminations ? Ce qui éviterait à l’avenir de confondre ceux qui combattent l’intégrisme et ceux qui organisent des croisades en pseudo héritiers de Charles Martel.

Aussi, aujourd’hui, plus que jamais, il faut soutenir l’appel lancé sur Marianne par les incontournables Elisabeth Badinter et Jeannette Bougrab, le Président du PRG Jean-Michel Baylet, l’éclairant philosophe Abdennour Bidar, ou encore l’essayiste Caroline Fourest pour que l’on légifère, afin que les établissements privés relevant de l’utilité publique puisse se doter, si leur mission l’exige, d’un règlement relevant des valeurs laïques. Il n’est pas question d’interdire quoi que ce soit ou de restreindre la liberté de croyance, mais juste de préserver la neutralité là où la République juge que c’est nécessaire.

 

Publié sur Médiavox, le 1er avril 2013

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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 19:40

On pensait avoir tout vu. Et surtout avoir atteint le fond quand Nicolas Sarkozy avait pillé dans le programme de Marine le Pen pour tenter le hold-up face à François Hollande en mai 2012.

D’aucuns avaient imaginé un droit d’inventaire, une remise en question de cette course poursuite vers l’extrémisme. La droite républicaine ne pouvait alors plus se regarder dans le miroir. Presque un an plus tard, et après le spectacle ridicule de la présidence de l’UMP qui mit davantage en exergue une culture de l’égo qu’une véritable fracture sur le plan des idées, l’UMP sombre, jour après jours dans une caricature indigne qui fait honte à la république.

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Henri Guaino, qui se rêve en Malraux des temps modernes, a franchi la ligne rouge vendredi dernier suite à la mise en examen de Nicolas Sarkozy. Contestant la décision du juge Gentil, lui demandant des comptes, il a estimé que la Justice était partiale dans cette affaire et que son comportement était indigne. Accuser ses détracteurs de ses propres maux, une bien vile habitude pour la droite française. Car Monsieur Guaino, qui vient de découvrir les vertus du suffrage universel, et en prenant quel risque puisque se présentant dans les Yvelines, où même un âne investi par l’UMP gagnerait comme l’écrit dans « Ma République se meurt » Jeannette Bougrab, n’est pas le premier dans son camp à bafouer l’indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs. Le lustre de Sarkozy en est l’illustration parfaite.

En novembre 2011, alors que la Cour des comptes émettait des doutes sérieux sur la gestion et l’efficacité des forces de sécurité en France, Claude Guéant, furieux, est alors monté au créneau en dénonçant, selon l’AFP qui s’est procuré une copie, « un nombre important d’inexactitudes, d’erreurs d’analyse, d’oublis et d’appréciations manquant parfois d’objectivité », ainsi que des « formulations abruptes » et des « sous-entendus contestables ».

Xavier Bertrand s’était, quant à lui, occupé de la presse en taxant Médiapart de « fasciste » quand le média dirigé par Edwy Plenel avait commencé l’enquête Bettencourt. Et quand on sait avec le recul du temps, ce que révèle cette affaire, on apprécie à sa juste mesure la prise de risque de l’Ancien Ministre du travail.

Et qui a oublié Monsieur Hortefeux qui, tour à tour, avait dénoncé en sa qualité de Ministre de l’Intérieur le laxisme de la justice en 2010, pointé du doigt des magistrats un peu plus tard avant de qualifier une décision de justice « disproportionnée ».

Et quel exemple donna celui qui est aujourd’hui mis en examen, Monsieur Sarkozy lui-même quand il avait fait fi, devant la France entière de la présomption d’innocence dans l’affaire Clearstream, en parlant de coupables au lieu de prévenus…

Ce dimanche, c’est Laurent Wauquiez qui accusait la police d’avoir « gazé » des enfants dans la manif pour tous, oubliant que les manifestants n’avaient pas respecté l’interdiction faite de défiler sur les Champs-Elysées, et occultant le fait qu’il est tout proprement irresponsable de ramener bambins et poussettes dans une manifestation aussi compacte, surtout quand on sait que le GUD s’y invite depuis novembre. Monsieur Wauquiez et ses compères étaient prompts, hier soir, à expliquer et à justifier les débordements sous le prétexte que les opposants n’étaient pas occupés. Un comble de la part de ceux qui revendiquaient fièrement pendant cinq ans de ne jamais avoir cédé à la rue…

L’UMP se radicalise. Ses prises de positions ne sont plus seulement outrancières. Elles mettent à mal la République et ses principes.

La droite française s’abîme et décrédibilise la classe politique dans son ensemble, elle qui, de jour en jour, perd sa légitimité aux yeux des électeurs. La crise, on le voit n’est pas seulement financière : c’est une crise de la République.

Publié sur Médiavox le 25 mars 2013

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 19:37

Sympathique. Humain. Simple. Les éloges pleuvent depuis que le Vatican, devenu centre du monde pour deux jours, a pu déclarer avec fierté « habemus papam ». La modernité semble même semble même avoir soufflé sur le choix des cardinaux à en croire certains, puisque l’heureux élu est d’origine argentine.

Alors, c’est vrai qu’il y eut bien les zones sombres de la jeunesse, notamment dans sa passivité face à la dictature militaire de Jorge Rafael Videla qui ressurgirent et que d’aucuns banalisèrent en parlant de tradition moribonde anticléricale comme lorsque Benoit XVI fut ramené aux jeunesses hitlériennes.

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Mais au-delà de cet aspect historique, toujours complexe à apprécier, il est des faits et des prises de position récents qui, eux, forment la ligne directrice de la vision du monde du nouveau Pape et qui en disent davantage que les soupçons que représentent les fantômes du passé. Et les positions défendues par Jorgé Mario Bergoglio ne laissent aucun doute : les progressistes peuvent se faire du souci.

Non content de s’opposer au mariage des homosexuels en Argentine, qu’il a assimilé à « une manœuvre du père du mensonge pour confondre et tromper les fils de Dieu” dans une confession faite à “La Nacion”, il estimé que l’homosexualité était “un démon infiltré dans les âmes”. Pour Bergoglio, les homosexuels ne seraient donc pas les agneaux de Dieu mais les loups de Satan… Ou les agneaux démoniaques de Dieu, selon.

Non content de s’opposer à l’avortement qu’il estime n’être “jamais la bonne solution”, il avait qualifié de “lamentable” la mesure qui dépénalisait à Buenos Aires les IVG en cas de viol. Sans doute estimait-il que les viols étaient voulus par Dieu ou alors que les enfants issus du viol l’étaient…

Ajoutons à cela les oppositions traditionnelles de l’église sur l’euthanasie et le prêtrise des femmes et vous aurez le portrait du parfait conservateur liberticide. 

Alors bien évidemment, l’on peut toujours affirmer que l’Eglise n’a pas à approuver le mariage des homosexuels ou encore l’avortement. C’est vrai. Mais son devoir est de protéger et de considérer tous les humains, quels que soient leurs péchés imaginaires. Surtout quand il n’est nulle question de telle condamnation dans les Evangiles, dans lesquelles semblent vouloir puiser Bergoglio.

Par ailleurs, il est toujours aisé pour nos pays de prendre du recul face à des dogmes aussi caricaturaux eu égard à nos lois et nos principes républicains. Mais c’est oublier que nos pays sont sécularisés comme jamais et que si l’église y a perdu toute son influence, il n’en est rien en Amérique du Sud ou encore en Afrique où son rayonnement est total. Dans ces pays, toutes ces prises de positions sont autant d’interdits que la société s’impose ou plus exactement que certains imposent à la société toute entière.

Alors on pourra toujours dire que c’est le Pape des pauvres et que son combat contre le néo-libéralisme est un signe précieux pour ceux qui croient encore en l’existence d’un monde nouveau : quand ces luttes légitimes s’accommodent des idées les plus conservatrices et les plus liberticides pour les femmes et les homosexuels, cela revient à lutter contre des inégalités pour en ouvrir d’autres. Pire. Cela revient à dire qu’il y a des inégalités qui méritent plus que d’autres à être combattues. Au nom de Dieu. 

Publié sur Médiavox le 18 mars 2013

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Présentation

  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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