Suite à un appel à contribution concernant les réformes à engager dans l’Education Nationale auprès de quelques amis et autres sympathisants du Mouvement Démocrate, mon ami « de Seignosse » (qui par ailleurs fut sauvé de la noyade en plein Forum des Démocrates…) Blackangel59 de son pseudo, nous propose sa vision des choses, enrichie de son expérience et de son pragmatisme :
Je crois que l'une des solutions est le programme français de 1966. Je ne pense que ce soit un problème d'effectif, mais plutôt un grave problème sur les méthodes d'enseignement et les programmes scolaires.
Au Cameroun, pays dont je suis originaire, existe encore le concours d'entrée en 6ème et le C.E.P.E. Aucun enfant ne peut entrer en 6ème sans savoir lire, écrire, compter et multiplier jusqu'à 9.
Il est impossible de passer en Terminale sans l'examen probatoire de 1ère, examen qui contient toutes les matières et non uniquement le français.
C'est un programme difficile, celui de 1966, mais il fait ses preuves.
Ce programme a été maintenu au Cameroun car ils n'ont pas assez d'universités, alors il faut bloquer un maximum d'élèves, on vise ainsi un taux d'échecs par la difficulté. En France, on vise un taux de réussite afin de remplir les universités, et ainsi on baisse le niveau des programmes.
C'est assez désolant.
Le grand hic, c'est que le niveau de la fac n'a pas bougé, le déphasage entre le lycée et les facultés est grand. Un petit exemple en mathématiques: Les espaces vectoriels sont vus en 2nde dans l'ancien programme, alors qu'aujourd'hui, ils sont vus en 1ère année d’université.
Est-ce qu'à l'école primaire aujourd'hui, les jeunes savent ce qu'est un verbe pronominal, un adjectif qualificatif, un complément circonstanciel de manière ?
Mon commentaire :
Je trouve ta réponse extrêmement enrichissante d'autant que l'on nous parle sans arrêt que de l’exemple de la Finlande ou de la Corée du Nord, alors que la culture et la densité de population de ces deux pays sont aux antipodes de notre système.
De par notre histoire commune, le Cameroun a un écho bien plus significatif et ce que tu expliques confirme ce que je pense. A savoir qu'à force de niveler le niveau par le bas dans les petites classes, on détruit l'ensemble d'un système.
On peut très bien, en France, non pas stopper le nombre d'élèves par la difficulté, mais reconnaître que l'on ne peut envoyer 50% d'élèves en université quand on est un pays de 63 millions d'habitants. Vision utopiste et cache-misère. Tout cela parce que l'on dénigre avec arrogance l'enseignement professionnel et ses vertus. Et pourtant : de combien de plombiers, serruriers, et autres artisans en tous genres manque-t-on aujourd'hui ? En comparaison combien d'étudiants sortent avec une licence d'AES, de psycho, ou pire encore avec une licence "pluridisciplinaires", et ne savent au fond rien faire, pas même une lettre de motivation sans fautes d'orthographe, l'enseignement primaire ayant renoncé à ses fondamentaux ?
L'on a longtemps cru au nom de l'égalité qu'il fallait envoyer tout le monde à la fac et au lycée. Sous entendant que les "boulets" devaient être mis dans les LP. Pour se donner bonne conscience on a crée quelques passerelles histoire de récupérer éventuellement depuis le Bac pro ceux que l'on aurait mal orientés ou ceux qui se seraient révélés sur le tard...
Plus on mettra en place un processus de sélection avec un niveau d'exigence, plus on dotera nos futurs étudiants d'armes essentielles dans notre monde moderne.
Pour faire une comparaison acrobatique, je rappellerai qu'il y a dix ans, la Fédération française de Natation avait déclenché des grands remous en imposant des temps de très haut niveau pour tous ceux qui prétendaient à une place dans un grand championnat, en contraignant, qui plus est, les nageurs à décrocher une des 2ères place au championnat de France, et en fixant des temps minimum en séries et/ou en demi finales pour se mettre dans le contexte des championnats. A l'époque, l'équipe de France sombrait dans l'anonymat, rentrant bredouille, à des années lumières de l'Allemagne, des Etats-Unis et de l'Australie...
Dix ans après ces mesures courageuses, la France compte 3 champions du monde différents, 1 championne olympique, 5 records mondiaux, et va envoyer plus de 30 athlètes à Pékin dont les 3/4 ont signé une des 10 meilleures performances mondiales de tous les temps. En 2008, les fous sont devenus des sages. Au plot de départ, l'Education nationale sait à présent quelle nage adopter… Quant à ceux qui persistent à croire que différence sociale et difficultés des quartier s’accordent mal avec niveau d’exigence et concours d’entrée, je persiste à dire qu’ils se trompent. Leur vision se résume à de l’égalitarisme qui a conduit vers l’illettrisme tant et tant d’élèves, condamnés dès leur arrivée en 6ème. Pourtant si l’on investissait ne serait-ce que la moitié des moyens colossaux engloutis par les ZEP, REP et autre ambition réussite, dont les « activités » ne servent que d’animation, de remplissage d’emploi du temps, tout en confortant les élèves dans leur culture de quartier au lieu de leur apporter une autre vision et le savoir qu’ils n’ont pas, dans un vrai programme qui viserait à découvrir littérature, goût de la langue, découvertes des sciences (ce que l’enfant du lycée Henri IV a au biberon…), l’on casserait la spirale infernale qui confine ad vitam æternam l’élève de banlieue dans les ronces de l’ignorance.