La Sénatoriale a rendu son verdict. Et le constat est amer pour la majorité présidentielle : pour la première fois de l’Histoire, la gauche devient majoritaire au Sénat.
La droite est plus moribonde que jamais. Les 5 ans de Sarkozysme n’auront connu finalement qu’un seul bol d’air : les européennes de 2009. l’UMP s’en sortit sans trop de dégâts quand le PS buvait une tasse historique face au tsunami Verts.
A huit mois de la présidentielle, l’avertissement est clair d’autant que les sénatoriales concernent les grands électeurs, composés notamment des élus et de leurs délégués. La droite ne maîtrise même plus sa base d’élus, devenue incontrôlable. Même les zones rurales, habituellement proches de la droite, ont manifesté leur mécontentement. Un lourd tribut payé aux échecs successifs aux élections intermédiaires et notamment aux municipales 2008, une droite qui ne se retrouve pas dans la marque présidentielle et une réforme territoriale qui a beaucoup fâché.
Le PS et à un degré moindre les Verts sortent grand vainqueurs et ragaillardis pour la dernière ligne droite des présidentielles. Jamais sénatoriale n’aura autant fait de bruit. Et à vrai dire, jamais elle n’avait pu annoncer des lendemains qui chantent…
Pour autant, la gauche devra bien se garder de tout triomphalisme.
D’une part, elle doit désigner un candidat, même si Jean-Pierre Bel semble bien parti pour être celui-ci, et veiller à ce que le vote au Sénat se passe comme l’imaginent les projections, ce qui rappelons n’est pas aussi clair que dans les conseils municipaux et généraux, car bon nombre d’élus sont sans étiquette ou en tout cas sans l’étiquette PS (classés "divers gauche" voire "non inscrits").
D’autre part, si quantité d’élus accompagnés de leurs délégués n’ont pas rallié la cause de l’UMP, s’engouffrant dans le tumulte d’une droite séparée parfois sur plusieurs listes, la gauche a donc profité d’un scrutin à la proportionnelle. De la même manière, la poussée de la gauche est mécanique puisqu'elle a remporté toutes les élections locales intermédiaires.
Les grands électeurs n’ont donc pas signé un blanc-seing à la gauche. Ils ont juste mis en lumière l’état de la droite après cinq années de Sarkozysme. Valétudinaire. De quoi donner des forces à tous ceux qui ne partagent pas les valeurs portées par le président de la République depuis la dernière lustre. Mais la gauche le sait bien, elle n’est pas la seule à être légitime sur ce créneau…
Publié sur Le Plus du Nouvel Obs le 26 septembre 2011