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11 octobre 2011 2 11 /10 /octobre /2011 18:18

La tentation est grande, après des sénatoriales triomphantes et une primaire qui ont éclipsé tout le reste de l’échiquier politique, de faire du PS le grand favori des présidentielles. Quoi qu’en dise Copé, qui ose comparer la fréquentation de la braderie de Lille avec celle de la primaire, la consultation citoyenne de dimanche a été un franc succès, surtout qu’outre le mauvais temps et une population que l’on dit fâchée avec la politique, il fallut payer pour voter (même si ce ne fut qu’un euro). 

Ceux qui mégotent et coupent les cheveux en quatre à grands coups d’éléments de langage pour tenter de se convaincre du contraire en sont donc pour leur frais :

 


Copé la mauvaise foi c'est son métier par snoopyves1

 

Pour autant, Martine Aubry et François Hollande ont du souci à se faire. Car la frénésie médiatique qu’a occasionnée cette primaire a agacé, notamment le CSA, par la voix de Christine Kelly, qui s’inquiète de voir un seul parti, en l'occurrence l'opposition, monopoliser autant les antennes. Au point même d’entrevoir des sanctions possibles pour les chaînes fautives. La fenêtre médiatique pourrait donc se restreindre après dimanche prochain.

 

Par ailleurs, on sait que cette semaine risque d’être celle de tous les dangers entre les deux anciens secrétaires du Parti socialiste qui ne s’apprécient guère, ce qui est de notoriété publique.

 

Mais surtout parce que la poussée d’Arnaud Montebourg vient poser une équation insoluble pour les deux candidats : les deux lorgnent sur les voix du député et du président du Conseil général de Saône et Loire (quand vous voulez pour appliquer les beaux principes de non-cumul des mandats…),  mais doivent, pour en tirer profit, aménager leur ligne un peu plus à gauche qu’elle ne l’est normalement… Au risque donc de déplaire à leur électorat naturel qui se situe davantage au centre gauche. Une aubaine à court terme mais un bien mauvais calcul pour mai 2012.

 

Et cela serait d’autant plus hasardeux que rien ne dit que ce soit un potentiel électorat PS qui se soit rué sur le bulletin Montebourg : des citoyens amenés à voter Mélenchon ont sans doute dû vouloir s’inviter à cette élection davantage citoyenne que socialiste.

D’autre part, quand on sait que le Bloc identitaire a appelé à voter pour lui, et que Marine Le Pen après avoir épargné Montebourg de ses anathèmes habituels s’est félicitée de voir le concept de démondialisation avoir tant de succès à la primaire, on peut légitimement se poser des questions sur la nature de ces 17% que même les sondeurs n’osent pas décrypter.

 

A l’inverse, en voulant n’avoir en tête que le premier tour de la présidentielle, et en se privant du virage à gauche imposé par Montebourg, le risque est grand de perdre dès dimanche toute chance de représenter le PS pour la course au poste suprême. Car aucun des deux derniers postulants n’est à même de se dispenser de cette manne que représentait les 17% de Montebourg, dimanche dernier. Que "représentait" car rien ne dit que la participation soit aussi importante dimanche prochain.

François Hollande et Martine Aubry avant le debat de la primaire le 15/09/2011 - CHESNOT/SIPAFrançois Hollande et Martine Aubry avant le débat de la primaire le 15 septembre 2011 (CHESNOT/SIPA).

 

Arnaud Montebourg n’a assurément pas rendu service à Martine Aubry et à François Hollande en arrivant en troisième position avec autant de points. Ce qui était tout de même prévisible puisque déjà en 2006, Fabius en empruntant le même chemin face à DSK et Royal avait déjà atteint presque 19% à la primaire (mais à l’époque, il n’y avait que trois candidats et le scrutin ne concernait que les militants).

 

On comprend mieux pourquoi, au milieu des arguments de mauvaise foi de la majorité présidentielle, François Fillon fit une sortie autrement plus subtile en mettant au défi Aubry et Hollande et leur demandant s'ils auront "le cran" de tenir la ligne sociale-démocrate ou s'ils seront prêts à "céder aux surenchères de l'aile gauche". Astucieux, puisque derrière le "cran" se terre le risque de la défaite face à celui qui ferait main basse sur les 17%... tout en sachant alors qu'il sera bien difficile de revenir en arrière, une fois franchi le Rubicon Montebourg, sans laisser une brèche coupable dans la carapace du futur candidat.

 

Finalement, la seule véritable solution serait de remporter la primaire sans être complaisant vis-à-vis de Montebourg, de son programme et de ses électeurs. En d'autres termes de s'en passer. Encore faudrait-il alors que ni l’un, ni l’autre ne le fasse… Mais à les écouter depuis dimanche, l’un et l’autre, ils ne semblent pas partis pour emprunter la voie de la raison. Et les petites victoires d’un jour auront peut-être semé les graines d’un nouveau désastre en mai 2012…

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  • : Les Nouveaux Démocrates
  • : Enseignant et essayiste. Auteur de La Croix et la bannière sur la rhétorique des intégristes à propos du mariage pour tous (Golias, novembre 2012) et de Mariage pour tous vs Manif pour Tous (Golias, mai 2015) Auteur également d'articles sur Prochoix, la revue tenue par Fiammetta Venner et Caroline Fourest (n°57,58,59, 63 & 66) Ancien membre du Conseil national du MoDem et candidat aux Régionales 2010 et législatives 2012. Démission du MoDem en octobre 2012. Blog d’un militant du Mouvement Démocrate (MoDem).
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