Mardi dernier, Marielle de Sarnez était l’invitée politique de l’émission de Marc-Olivier Fogiel T’empêches tout le monde de dormir. Patiente. Il a fallu l’être. Breteau et l’affaire des réfugiés du Darfour, Liane Foly, Ingrid Betancourt puis Alexandre Jardin vont passer l’un après l’autre. Marielle est assise sagement, souriante, intervenant pour l’affaire Breteau. Il est une heure du matin quand elle prend enfin la parole… Une heure où, comme chacun le sait, tout le monde est prêt à entre la complexité d’un discours politique…
L’entretien commence après un portrait qui s’appesantit sur les médisances entendues durant le départ des traîtres. Puis on lui donne ENFIN la parole. Pour dire quoi au juste ? Car la question est posée : les émissions de divertissement sont-elles légitimes pour parler de politique ?
Durant la campagne Présidentielle, François Bayrou avait réduit au strict minimum ses apparitions dans les émissions de divertissement : une seule en tout et pour tout, Le Grand Journal de Michel Denizot, ce dernier ayant laissé à chaque candidat à l’élection le soin d’être le rédacteur en chef d’une édition. Il s’agit du même plateau sur lequel Arnaud Montebourg se singularisa par sa célèbre réplique : « Ségolène Royal n'a qu'un seul défaut, c'est son compagnon » (émission 17 janvier 2007). N’était-ce pourtant pas ce même Montebourg qui avait solennellement annoncé dans Arrêt sur Images qu’il n’irait plus sur les plateaux de télé-divertissement après avoir été piégé, selon ses propres termes, dans l’émission de… Canal +, à l’époque animée par Stéphane Bern (émission du 12 avril 2006) ?
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Le serpent se mord la queue et pour cause : la politique a besoin de la télévision pour convaincre les électeurs, et la télévision utilise la politique pour faire de l’audience. Le sursaut démocratique qui a vu plus de 85% des électeurs se déplacer vers les urnes lors de la dernière présidentielle ne doit duper personne : C’est l’opposition entre la rhétorique bien huilée et séductrice de Sarkozy face à la plastique et au produit marketing de Ségolène Royal qui a crée un enthousiasme qui ne s’est jamais démenti tout au long de la campagne.
Aujourd’hui encore les émissions de divertissements continuent de faire de l’audience en prenant systématiquement le point de vue du glamour ou encore de la polémique : Cécilia et Carla, Ségo et Hollande, le coup de gueule de la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, les déboires des frères de Rachida Dati, les lycéens dans la rue…
Politique et divertissement font un mariage d’intérêt, nauséabond et contre-productif. Marielle de Sarnez a pu s’en rendre compte puisque Fogiel a longtemps et lourdement insisté sur sa personnalité, ce qui chez elle expliquer la raison du départ des proches de Bayrou, se justifier sur les accusions de secte… De la haute voltige ! Dès que cela sent le fumier, on remet de l’huile sur le feu.
Alors, Monsieur Montebourg ayant eu une intuition sans en respecter l’éthique (quelle surprise), prenons son appel comme un principe : Boycottons les émissions de divertissement. Elles n’apportent rien au débat démocratique et pire elles pervertissent l’image de la politique. Il y a bien assez d’émissions politiques durant lesquelles il est déjà bien difficile d’exposer clairement un point de vue. On peut être visible et se faire entendre sans devoir subir les blagues d’un comique raté, assis entre une actrice de porno reconvertie dans l’écriture autobiographique, une ancienne candidate de la télé-réalité qui avoue avoir pensé au suicide et une chanteuse à texte qui dit que « la guerre c’est pas bien et l’amour c’est beau » !